[Anachrony][Kitchen Rush][Rome & Roll][Teotihuacan : La Cité des Dieux]
En juillet 64 après J-C, un gigantesque incendie ravagea Rome pendant 6 jours. L’empereur, Néron, profita de l’occasion pour commencer à reconstruire la ville avec des bâtiments grandioses et monumentaux, ce qui l’a désigné comme responsable de l’incendie pour certains auteurs de l’époque, tandis que d’autres écrivains le décrivent ouvrant les portes de ses palais pour reloger les personnes ayant tout perdu. Quelle que soit la cause de l’incendie, il constitue l’occasion pour vous, haut dignitaire romain, de prouver votre valeur aux yeux de l’empereur en l’aidant à reconstruire afin de, peut-être, devenir son bras droit. Mais n’échouez pas ! Car n’oubliez pas, du Capitole à la roche tarpéienne, il n’y a qu’un pas !
Rome and roll est le nouveau bébé de Dávid Turczi, auteur notamment de Kitchen rush et des très exigeants Anachrony et Teotihuacan, et de Nick Shaw, localisé par Super Meeple. Il s’agit d’un roll and write dans lequel vous devez marquer un maximum de points en construisant des bâtiments dans la ville, en conquérant des provinces, en les reliant à Rome et en commerçant dans l’empire. Chaque joueur incarne un personnage important de la ville, et chacun est différent, ce qui apporte de l’asymétrie au jeu.
C'est parti pour la reconstruction de Rome !
Un plateau central représente la ville de Rome et les provinces. Les joueurs disposent d’un plateau personnage effaçable qui comprend un entrepôt pour stocker des ressources, une aide de jeu qui rappelle les actions possibles, des conseillers qui apportent des bonus au cours de la partie, des pistes de score, de soldats et de sénateurs, et une partie pour noter ses points de manière détaillée en fin de partie. Ils ont également un feutre et 2 meeples à leur couleur (l’un servira à se déplacer sur le plateau central représentant la ville pour construire des bâtiments, et l’autre à sélectionner le type de bâtiment à construire). Près du plateau central sont disposées des cartes bâtiments, que vous pourrez construire pendant la partie, des cartes faveur des dieux, qui vous octroieront des bonus à usage unique, et une pile de cartes faveur de Néron qui, une fois épuisée, marquera la fin de la partie.
Les tours s’enchaînent de la façon suivante. Au début du tour, le premier joueur lance les dés et en choisit un, puis tous les joueurs font de même dans l’ordre du tour. Puis, ils recommencent en débutant cette fois-ci par le dernier joueur. Ensuite, le premier joueur va utiliser l’un de ses dés pour réaliser une des 6 actions possibles, puis c’est au tour du joueur suivant, et ainsi de suite jusqu’à ce que tous les joueurs aient utilisé leurs 2 dés. Sur les faces de chaque dé se trouvent des icônes d’ouvriers, qui sont nécessaires pour réaliser certaines actions, et des ressources, que vous pouvez dépenser pour faire votre action ou pour corrompre un conseiller, ou stocker dans votre entrepôt.
Sans entrer dans le détail des actions, vous allez pouvoir construire des bâtiments dans Rome (cela vous apportera des productions de ressources et des points de victoire), lever des légions (qui vous apporteront des soldats), utiliser vos soldats pour conquérir des colonies dans les provinces (afin de gagner des points de victoire et de pouvoir taxer des ressources), développer le réseau de routes entre Rome et les provinces conquises (pour gagner des points de victoire et pouvoir taxer des ressources), taxer vos colonies dans les provinces (pour engranger les ressources qu’elles produisent) et enfin échanger vos ressources contre de l’or (qui rapportent des points de victoire et activent la production des bâtiments). En plus de ces actions, vous pouvez utiliser l’un de vos sénateurs pour ajouter une icône d’ouvrier à votre dé, ou corrompre un conseiller en lui donnant du poisson ou un bijou (ces conseillers débloquent des bonus utilisables en cours de partie).
Les différents bâtiments constructibles pendant cette partie
Les 4 pistes au bas de chaque fiche personnage permettent d’amasser des points de victoire sous la forme de pièces d’or, de bâtiments et de routes construits, et de provinces conquises. Lorsqu’un joueur a coché l’une de ses pistes jusqu’à la case à fond bleu, il remporte la carte faveur de Néron du dessus de la pioche, ce qui lui octroiera un bonus de points de victoire. Lorsque toutes les cartes faveur de Néron ont été attribuées, les joueurs terminent le tour en cours, en jouent un dernier, et la partie se termine. Les joueurs marquent les points de leurs 4 pistes de score, ceux de leurs bâtiments construits, ceux de leurs cartes faveur de Néron, et des points pour les soldats et sénateurs obtenus durant la partie. Celui ayant le plus de points l’emporte.
Du côté du matériel, il n’y a rien à redire sur Rome and roll. Les plateaux de jeu sont bien épais et effaçables, les feutres Velléda à la couleur de chaque joueur permettent une bonne lisibilité sur le plateau central de quel bâtiment est à quel joueur, les cartes sont grandes et toilées, et les dés sont énoooormes ! Les illustrations réalistes ne plairont sans doute pas à tout le monde, mais bon, on reste dans du jeu « à l’allemande ». Les plateaux individuels sont très ergonomiques, l’aide de jeu rappelant les actions possibles est très utile pour les premières parties. La partie « entrepôt » où vous notez les ressources récupérées est plus lisible quand vous effacez au fur et à mesure les ressources utilisées que si vous choisissez de simplement les barrer. Mes joueurs n’ont d’abord pas compris pourquoi les lettres pour symboliser les ressources étaient en anglais, même dans la version française ; mais quand on y réfléchit, difficile de faire autrement quand trois d’entre elles commencent par un « B » (brique, bois et bijou) et deux par un « P » (poisson et pierre) …
Oh les beaux dés ! (crédit photo : Super Meeple)
J’ai beaucoup aimé la gestion de l’interaction entre les joueurs. En effet, la plupart des actions réalisées pendant la partie impactent les autres : draft de dés, système des sénateurs qui donnent des bonus si on construit son bâtiment près des adversaires (le plateau central, recto-verso, s’adapte au nombre de joueurs pour favoriser cette interaction), levée de légions qui octroient des pièces aux joueurs adverses si on utilise leurs bâtiments, construction de routes qui peuvent leur permettre de taxer leurs provinces, échange de ressources qui activent les bâtiments de production de tous les joueurs, … Il est quasiment impossible pour un joueur de se développer dans son coin, les interactions sont importantes, et il faudra surveiller les adversaires.
Le plateau de joueur bien rempli !
Rome and roll, c’est aussi un jeu asymétrique par le truchement des plateaux joueurs. Chacun donne un bonus de départ différent, les cases bleues des pistes de victoire ne sont pas les mêmes, et les conseillers corruptibles diffèrent également. Cela se traduit par des stratégies divergentes pour marquer des points de victoire, des focus sur certaines actions, et parfois même lorsque vous jouerez un même personnage à plusieurs reprises, vous irez dans des directions différentes pour vous imposer. La boîte de base dispose de 4 personnages différents, et une extension propose 3 personnages supplémentaires, de quoi varier les expériences donc.
Vous l’aurez compris, Rome and roll vient occuper un créneau peu fréquent des jeux de roll and write, puisqu’il s’agit d’un jeu clairement expert. Cela se ressent dans la recherche nécessaire d’optimisation des actions, car il s’agit d’une course aux points, même si l’assimilation des règles est plutôt facile pour un jeu de ce calibre. Certains de mes camarades de jeu sont ressortis de la partie en se demandant « pourquoi en avoir fait un roll and write alors qu’il aurait pu s’agir d’un simple jeu de gestion, avec des ressources en bois et des figurines de bâtiments à placer ? » Et finalement, pourquoi pas ? La mécanique fonctionne parfaitement, le jeu est extrêmement plaisant à jouer et la mise en place est bien plus facile avec un roll and write que pour un gros jeu de gestion avec des ressources partout. Si vous êtes un joueur averti avide de nouveaux challenges, je ne peux que vous le recommander !
Fiche technique
Éditeur : Super Meeple
Auteur : Dávid Turczi et Nick Shaw
Illustrateur : Fabrice Weiss et Andreas Resch
Nombre de joueurs : 1 à 4 joueurs
Âge : 14+
Durée : 60 à 90 minutes
Et pour rester dans l’ambiance : l’excellente série "Rome" qui nous plonge dans l’histoire de la république romaine dans sa période de transition vers un empire, de la prise de pouvoir de Jules César à l’avènement d’Auguste. Fait amusant, la série a été annulée au bout de 2 saisons sur les 5 prévues car elle nécessitait un trop gros budget !