Qui n’a pas joué un jour à construire sa ville, imaginé mettre ici le centre commercial, là le parc, par ici l’école, deux ou trois usines de ce côté, un aéroport un peu éloigné, mais pas trop et des habitations pas loin du centre commercial finalement, oui, mais il y a la déchèterie, derrière, avec ses odeurs… Zut, j’aurais du faire une place pour la maison de retraite, tant pis, les vieux sont sourds, je vais les foutre prêt de l’aéroport, tant pis s’ils sont loin de l’hôpital qui est coincé entre 2 autoroutes… Mince, ce n’est pas facile de bien agencer une ville !
Et bien c’est ce que vous propose « Suburbia » de Ted Alspash.
Essen 2012
« Suburbia » a été présenté en octobre 2012, durant le salon d’Essen, sur le stand Bézier Games. Son auteur, Ted Alspash, est plutôt connu dans le monde du ludique pour son comic strip « board 2 pieces » et ses nombreuses extensions pour « Age of Steam ». Mais voilà qu’une version française se profile et c’est Ystari qui s’y est collé.
L’idée générale.
« Suburbia » nous propose d’agencer le mieux possible des tuiles hexagonales représentant les éléments composant une ville, avec pour objectif la rendre la plus attirante possible afin de faire venir la population. Chaque joueur va commencer avec 3 tuiles, une « Banlieue verte », un « Parc gris » et une « Usine Jaune » et quelques pièces de monnaie.
Alors, voyons… l’aéroport ou le collège ?
A son tour, le joueur actif va choisir une tuile « immobilier », en payer le coût, la poser dans son espace de jeu, effectuer les ajustements immédiats et/ou déclenchés, toucher ses revenues, ajuster sa population, faire glisser les tuiles « immobilier » du marché, puis en ajouter une nouvelle en bout de ligne.
Là, vous avez tout le jeu. Un enfant de 10 ans peut le comprendre. Bon, là où l’enfant de 10 ans va avoir du mal, c’est sur l’intérêt de tel choix et, surtout, sur la gestion de tous les effets déclenchés, car tout le sel du jeu est là. Si l’exécution est simple, voire d’une évidence déconcertante, l’optimisation va demander un peu d’apprentissages. Oui. Parce qu’il y a des combos, et on ne les voit pas forcément tout de suite.
De l’immobilier.
Pour comprendre l’idée générale de la mécanique, observons une tuile « immobilier ». Une tuile a :
un nom qui permet de l’identifier.
Un coût qu’il faudra payer à l’achat (parfois ajusté d’un supplément si vous voulez tout de suite la tuile qui vient d’arriver et que vous ne voulez pas attendre qu’elle vous passe sous le nez)
parfois un effet instantané qui se déclenche une fois, à l’achat.
Parfois un symbole qui la fait rentrer dans un type de bâtiment
très souvent un effet permanent.
Lorsque vous posé une tuile dans votre ville, vous êtes libre de la mettre où vous voulez, mais il va falloir calculer l’emplacement le plus avantage pour vous et votre stratégie. Le plus souvent, vous allez essayer d’éviter les effets négatifs, mais parfois, ces effets négatifs peuvent vous permettre d’optimiser votre fin de partie… C’est subtil.
Quels sont ces effets donc ?Il y a 3 choses à gérer durant le jeu. Vos revenus financiers, car pas d’argent pas de contrôle sur les achats, votre réputation, car si elle est mauvaise, pas de nouveaux habitants, et, la dernière et la plus importante, les habitants (qui sont accessoirement une partie de vos points de victoire). Les tuiles vont vous permettre de faire grimper ou descendre 3 curseurs, celui de vos revenues, celui de votre réputation et, forcément, celui de vos habitants. Par exemple, lorsque vous poserez un bâtiment « jaune », ou « vert », ou « bleu » à côté de votre tuile « Parc », vous ferez monter de 1 le curseur de votre réputation. Si posez un bâtiment « Gris » ou « vert » prêt de votre usine, vous descendrez votre curseur de réputation de 1 cran… Et ça, c’est pour le plus simple, car il existe des tuiles qui vous feront monter ou descendre pour l’ensemble des tuiles de telle | couleur dans votre ville, ou chez tous les joueurs. Pareil pour certains symboles ou type de bâtiment… De la combo.Il y a donc des combinaisons, des stratégies comme celle des restaurants, ou des aéroports… Ces combinaisons sont assez difficiles à mettre en place, le jeu est assez opportuniste, on ne sait pas ce qui va vraiment arriver et, surtout si cela va arriver, car les tuiles « immobilier » sont réparties en 3 piles, les A, les B, et les C. Au fur et à mesure que ces piles s’épuisent, les coûts augmentent, les effets aussi, mais comme on retire un certain nombre de ces tuiles au hasard en début de partie, on n’est pas sûr du tout que… et tout le plaisir est là, si tant est que vous aimiez ce type de challenge, ajuster, analyser, calculer le « différentiel », prendre le risque d’attendre ou pas… |
Grimpé, mais pas trop.
On sent que Ted Alspash est un grand amateur de « Age of Team », tout est très tendu, très serré. Il va falloir vous fabriquer un moteur à pognon et un moteur à réputation. Seulement ce serait trop simple. Je vous explique. Lorsqu’un joueur a acheté, posé et déclenché les effets de sa tuile, il passe à ses revenus. Il va donc toucher de l’argent en fonction de la position de son curseur « revenu » et faire grimper sa population sur le tableau de score en fonction de la position de son curseur « réputation ». Le truc vil, c’est que la piste de score est remplie de petite ligne rouge, lorsque votre marqueur passe l’une de ces lignes rouges, vous devez reculer de 1 case vos marqueurs de revenu et de réputation ! Et, attention, on peut être négatif, c’est-à-dire que si vous gérez mal, vous allez devoir de l’argent et voir votre marqueur de score final reculer parce que les gens ne veulent pas rester dans une ville mal gérée !!!
Oui, mais comment je gagne ?
Je vous passe les détails techniques qui pourraient vous faire croire que le jeu est compliqué alors que pas du tout, mais il en est un important en fin de partie, celui des Bonus. En préparant le jeu, on a caché dans la dernière moitié de pile de tuile C, une tuile « fin de partie ». Lorsqu’elle est révélée, chaque joueur joue un tour histoire que tout le monde est eu droit au même nombre et on compte les points. Vous avez votre score de base, visible, et à cela, on va rajouter des Bonus. Ils sont de deux types, ceux visibles et ceux secrets. En début de partie, et en fonction du nombre de joueurs, on a révélé des tuiles qui donneront des points à celui qui aura rempli le « contrat ». Par exemple, celui qui aura le moins de « Lac », ou celui qui sera le plus haut en « réputation », ou à celui qui sera le plus bas en revenu… Là, les objectifs sont visibles, mais chaque joueur a reçu en début de partie son propre objectif secret à réaliser, et là, il faut se débrouiller pour ne pas se faire griller par un malpropre qui marche sur vos plates-bandes sans le savoir…
La version française arrive sur les étals des boutiques d’ici peu, voire maintenant pour les plus à la pointe, et coutera autour de 40€. Le jeu se pratique de 1 à 4 joueurs, oui à partir de 1. Il y a un mode solo à base de score à atteindre…
Et dans le fond alors ?
« Suburbia » est un subtil jeu de comptable opportuniste camouflant ses atouts sous une mécanique assez fluide pour peu que l’on ne se vautre pas dans les déclenchements des effets. Pour cela l’aide de jeu est assez bien faite, et très rapidement vous allez pouvoir vous en passer grâce à la technique du doigt posé et du doigt circulaire…
Si vous voulez en tirer le maximum, vous allez vous faire mal à la tête, vous allez devoir tout calculer au poil prêt et vous allez hurler à l’injustice du tirage, ce à quoi le vainqueur pourra vous dire « T’avais qu’à pas me laisse cette tuile » là où vous lui répondrez « mais il me manquait 1 d’argent », ce qui le fera rire puisqu’il lâchera un « mais t’aurais pas dû poser ce bâtiment… », et là, le joueur opportuniste que je suis à la banane et redemande une partie tout de suite. Par contre, j’en connais qui feront manger la boite par leur chien en représailles… à vous de voir. Mais vous pouvez vous la jouer plus cool, par contre vous ne gagnerez pas s’il y a un champion de l’optimisation à la table…
Les parties seront forcément assez différentes grâce aux tuiles « Bonus » qui vont aiguiller la partie. Ces tuiles bonus sont nombreuses et variées. Vous ne pourrez pas toutes les faire, il va falloir choisir, observer qui fait quoi, qui se lance sur quoi, contre qui vous allez pouvoir lutter ou pas… C’est fondamental, sans Bonus à la fin de la partie, vil va être très difficile de gagner. Si vous en faites la moitié (entre celle proposée publiquement et la vôtre), la victoire risque de vous revenir… |
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► Le site Board2Pieces de Ted Alspash avec ses Strips, c’est par là !
« Suburbia »
Un jeu de Ted Alspash
pour 1 à 4 joueurs
à partir de 10 ans
pour des partie de 60 à 90 minutes
édité en français par Ystari
Prix : autour de 40€
sortie prévue : là, dans quelques jours de début juillet
NdlR : Une Tric Trac Tv a été tournée, elle arrive bientôt…