Le monde de l’art est un monde sauvage, dur et vous allez très vite l’apprendre en jouant à Bioutifoul. Pour gagner le maximum de points, vous allez devoir jongler avec la cote des artistes, afin d’exposer dans votre galerie les plus belles toiles. Mais les autres joueurs ont le même but, et pour l’atteindre ils n’hésiteront pas à faire chuter la cote de votre favori. Saurez-vous avoir la galerie la plus Bioutifoul ?
« Bioutifoul »
Un jeu de Pascal Notredame
Illustré par Sophie Gerl, Silvère Oriat
Publié par Petit joueur
2 à 6 joueurs
A partir de 8 ans
Langue de la règle: France
Durée: 30 minutes
Prix: 13,00 €
Les règles
Être le gérant d’une galerie d’art n’est pas de tout repos, et vous aurez tout le loisir de vous en rendre compte avec Bioutifoul. Votre but ultime avoir le plus de points en fin de partie. Pour cela vous allez devoir acheter des œuvres, parfois aussi en vendre, pour pouvoir ensuite monter des expositions.
L’élément central du jeu est la cote variable que vont avoir les artistes, et qui va directement influencer sur le prix de leurs œuvres. Cette cote vous allez la faire monter ou chuter à l’aide de cartes influence, vous débutez avec 3 d’entre elles, et à votre tour vous pouvez en jouer 1,2 ou 3, voir pas du tout. En jouant ces dernières vous pourrez faire monter ou descendre la cote d’un artiste qui va de 1 à 4, au prorata du nombre de cartes jouées.
Lors de la seconde phase vous pourrez acheter, vendre ou bien monter des expositions, pour cela vous avez droit à 3 actions. À l’aide de vos 3 lingots vous pouvez acheter les tableaux d’un artiste, leurs prix dépendant de la position de celui-ci sur l’échelle, de sa cote, s’il est tout en haut ses tableaux vaudront 4 lingots, tandis que tout en bas ils ne vaudront qu’un seul lingot. Vous pouvez acheter jusqu’à 3 tableaux, le maximum que vous pouvez avoir dans votre galerie. Si vous décidez de vendre l’un de vos tableaux, on applique le même système de cote, un tableau d’un artiste haut placé vaudra plus (jusqu’à 4 lingots) qu’un artiste en bas de l’échelle.
Enfin dernière action possible durant cette phase : monter une exposition. Pour cela vous devez vous défaussez de deux tableaux, en rapport avec l’une des 6 cartes expositions disposées devant vous. Ces cartes sont doubles elles peuvent représenter un seul artiste des deux côtés, dans ce cas il faudra défausser 2 cartes tableaux de celui-ci, ou bien deux artistes différents et dans ce cas il faut défausser un tableau de chaque artiste. Vous récupérez alors la carte exposition, qui vaut 1 point en fin de partie ainsi qu’une carte influence. Votre tour prenant fin vous récupérez 1 lingot dans la banque, et mettez à disposition des autres joueurs de nouvelles cartes à la place de celles que vous avez prises sur la table.
Les règles sont simples, mais Bioutifoul dispose de quelques subtilités qui font toute l’originalité du jeu. Tout d’abord au niveau des influences lorsque vous décidez de faire monter ou descendre la cote d’un artiste, les cartes que vous jouez pour effectuer cette action ne sont pas défaussées mais données à votre voisin de droite. Vous ne pouvez avoir plus de 3 cartes influences en main, il faudra donc vous défausser de certaines. Première subtilité à mes yeux qui se complète parfaitement avec le fait de récupérer une carte influence lorsque l’on monte une exposition.
Second point de règle intéressant le comptage des points qui prend en compte, en plus des expositions montées, la majorité des artistes chez un joueur, cela permet de ne pas bloquer le jeu en ne prenant qu’un seul artiste.
Les règles sont simples, et leur mise en pratique n’est pas complexe. A deux joueurs quelques adaptations sont à faire, mais rien d’insurmontable.
Comme l’indique le titre ce sont les règles.
Le matériel
Comment parler avec objectivité du matériel et du style graphique d’un jeu qui parle d’œuvres d’art, c’est assez complexe. Pour ma part le style graphique ne m’a pas gêné, même si j’aurais aimé que les toiles des artistes soient plus, différentes, mais cela aurait compliqué la production du jeu en impliquant plusieurs illustrateurs. De même pour les visages des artistes que je trouve assez « inexpressifs », mais au final ce n’est pas vraiment important pour le jeu. Par contre, certaines personnes avec qui j’ai testé le jeu n’ont pas du tout accroché au style graphique. Un jeu sur l’art ça amène forcément des commentaires sur les graphismes, mais au final tout ceci relève des goûts de chacun et n’a que peu d’influence sur le reste.
Après au niveau de la lisibilité et qualité du matériel en règle général tout est de très bonne facture, les cartes toilées sont agréables en main, les icônes permettent de bien s’y retrouver tout comme les rappels de couleur par artiste. Ce petit beige dans le fond permet de ne pas jouer avec des cartes sur fond blanc c’est bien trouvé.
Non vraiment Bioutifoul dispose d’une édition de qualité (qui est donc à souligner puisqu’il ne s’agit que du second jeu de petit joueur), sur laquelle il ne faudra pas s’arrêter au niveau graphique, car ça serait passer à côté d’une expérience très intéressante que je m’en vais vous décrire dans le paragraphe suivant.
Quelques exemples des cartes que vous trouverez dans la boite.
Le ressenti durant les parties
Il faudra quelques tours de chauffe avant d’entrer parfaitement dans le monde que nous propose de découvrir Bioutifoul, une fois cette étape d’apprentissage passée, le jeu se déroulera sans accrocs, avec une certaine fluidité.
Sous ses aspects enjoués, Bioutifoul cache un jeu malin, mais non dénué de programmation et de calcul, bien gérer sa galerie, et savoir quand vendre ses œuvres ou les conserver pour monter une exposition et attendre le moment propice, demande un certain temps d’adaptation, mais surtout une réflexion parfois intensive, tant les autres joueurs ne vous feront pas de cadeau.
Si on peut redouter les revers de médaille, due à une cote fluctuante lors du premier contact, ces doutes s’envolent une fois l’ingénieux système de passe des cartes influences assimilé, qui permet de vraiment faire fluctuer la valeur d’un artiste.
Mais ce qui m’a le plus intéressé dans le jeu c’est la justesse (bien que simplifiée pour le jeu) du monde que l’on propose d’intégrer, on sent que chaque coup compte, et si l’on joue sérieusement le jeu prend une véritable ampleur stratégie et économique.
Pour moi ce fut une très agréable surprise, surtout que le jeu partait avec un handicap : son thème, pas simple à traiter. Ici le jeu adopte un style graphique et des personnes assez léger, voire drôles, qui ne se prennent pas au sérieux. Je serais bien curieux de voir l’accueil du public avec un aspect graphique plus réaliste, voir utilisant des œuvres connues, je pense que l’avis et la manière de jouer pourrait être bien différentes. Enfin, ce n’est qu’une divagation de ma part.
Il est à noter que le jeu est tout aussi intéressant quelque soit sa configuration. Entre 4 et 6 joueurs le jeu peut-être, un peu chaotique et des offres peuvent vous passer sous le nez, il faut optimiser au maximum chaque tour, tandis qu’à 2, celui-ci devient plus tactique. Il faut prévoir à l’avance et tenter de stopper l’autre au maximum. La configuration à 3, est-elle aussi très plaisante, à cheval entre les deux autres.
La mise en place en début de partie, avec en haut les artistes, en dessous leurs oeuvres, et en bas les expositions.
La durée de vie
Du fait de son originalité, Bioutifoul attirera toujours, je pense, les personnes que vous pourrez inviter à votre table de jeu. Son petit format et ses règles logiques permettent donc de le sortir assez facilement, après si le thème peut être un avantage, il peut aussi repousser, encore ce souci de monde de l’art qui n’intéresse pas toujours, et cela, même si le jeu reste léger.
Pour ma part je pense que je le proposerais assez facilement aux joueurs qui m’entourent ne serai-ce que pour leur faire découvrir un jeu intelligent, dont le thème, justement peu simple à aborder est ici pleinement utilisé à bon escient, tout en étant assez réaliste, sans oublié de rester abordable. Non vraiment le thème colle parfaitement à la mécanique, le tout tourne bien, il n’y a donc pas de raisons de ne pas le sortir pour des parties rapides et intelligentes entre amis ou en famille.
Le dos des cartes, qui sont bien différents, un détail très utile et bien pensé.
Mon avis
Bioutifoul nous propose une expérience : devenir le gérant (ou la gérante) d’une galerie d’art, et sur ce point il réussit son pari avec brio. Les mécaniques de jeu roulent à la perfection, tout est assez fluide, même si chaque action compte et que le hasard fait parfois mal les choses, il est tout à fait possible de se retourner en réfléchissant bien. Comme je l’ai évoqué plusieurs fois, mais sans pointer cela comme un véritable défaut, Bioutifoul possède un aspect graphique particulier que l’on ne peut s’empêcher de juger, étant donné le thème du jeu, et ça serait pour moi le seul frein possible pour le proposer à d’autres joueurs, surtout s’ils n’accrochent pas au design. Mais s’arrêter à ce détail visuel vous ferait passer à côté d’une expérience assez unique, même si d’autres jeux ont su exploiter ce thème (mais sous un autre angle), Bioutifoul est intelligent, malin, et pas cher, ça serait bête de passer à côté.
Si vous désirez voir plus de photos je vous invite à vous rendre sur le blog des 1D Ludiques.
D’autres tests également sur le blog Les 1D Ludiques.