Que se passerait-il si Aladin, Ali Baba, ou encore Shéhérazade décidaient de construire un palais, et bien ça donnerait Sultaniya. Conviés par le prince perse Oldjaïtou à bâtir le plus beau palais. Il faut savoir qu’au XIIIe siècle, Sultaniya était la capitale d’une dynastie mongole, où fut érigée un mausolée le dôme de Soltaniyeh. Voici pour la petite histoire. À cheval entre réalité et conte des 1001 nuits plongée au cœur de Sultaniya.
« Sultaniya »
Un jeu de Charles Chevallier
Illustré par Xavier Collette
Publié par Bombyx
2 à 4 joueurs
A partir de 8 ans
Langue des règles: France, Royaume-Unis
Durée: 40 minutes
Prix: 36,00 €
Les règles :
Au début du jeu chaque joueur reçoit un plateau individuel, à partir duquel il va construire un palais. Sur ce plateau se trouvent les différents objectifs que le joueur devra accomplir pour gagner des points, et cela selon le personnage qu’il a choisi. Ils diffèrent selon les plateaux, mais chacun des objectifs existe en deux versions (coupole ou jardin, par exemple), sauf le dernier qui se joue entre tous les joueurs, puisque celui qui possède le plus de soldats sur son palais remporte 9 points, le second 6 et le troisième 3. Chaque joueur prend également deux tuiles avec des objectifs secrets, ces tuiles vont servir à délimiter les frontières de votre palais. Ces dernières se plaçant aux deux extrémités du plateau prévues à cet effet, tout en bas de ce dernier.
Pour construire leur palais, les joueurs vont pouvoir révéler 1,2 ou 3 tuiles, d’une des 4 piles, et prendre une tuile (sur n’importe quelle pile) qu’ils vont obligatoirement ajouter à leur palais, en respectant bien entendu les règles depose, qui sont les suivantes : on ne peut pas construire dans le vide, il doit toujours y avoir une tuile en dessous d’une autre, les tuiles posées au-dessus doivent toujours être en décalage horizontalement par rapport à celle du dessous, on ne doit pas dépasser les limites imposées par le plateau, et enfin les dessins doivent coïncider avec les tuiles adjacentes. Il existe 4 piles, correspondant aux 4 étages de votre palais, chacun des étages possède une couleur distincte pour le différencier. Sur les tuiles vous trouverez donc les éléments pour la construction de votre palais, mais également des saphirs, ou des soldats, parfois même des bonus sur les dernières tuiles qui composent les toits.
À votre tour de jeu vous pouvez également bénéficier des pouvoirs de l’un des djinns, pour cela vous devrez payer en saphir, le coût de sa prestation magique. Voici leurs pouvoirs :
Le djinn bleu : pour 1 saphir, vous pouvez prendre toutes les tuiles posées devant 1 pile, les remettre en dessous du tas, puis en révéler 3 nouvelles.
Le djinn rouge : pour 2 saphirs, vous pouvez interchanger une tuile de votre palais vers un emplacement vide, ou bien remettre cette tuile dans la pile.
Le djinn vert : pour 2 saphirs, vous pouvez construire deux fois pendant votre tour.
Le djinn jaune : pour 3 saphirs, vous pouvez prendre une tuile dans l’une des piles et l’ajouter à votre palais.
Dernière action possible, passer son tour, cela permet de gagner 2 saphirs. Le jeu se termine lorsqu’un joueur pose la cinquième tuile de son toit, les autres joueurs terminent alors leur tour, puis on procède au décompte des points à l’aide du plateau prévu à cet effet.
Le joueur ayant le plus de points remporte bien entendu la partie.
Il existe une variante pour joueurs avertis, qui vous propose de jouer avec les objectifs secrets dévoilés. De même qu’il existe un mode solo, où votre partie est alors limitée à 20 tours, pendant lesquels vous allez devoir construire votre palais en faisant le plus de points possible.
4 bras donc 4 fois plus de chocolat, c’est ça ?
Le matériel :
ça tient en un mot : superbe ! Pourquoi s’embêter avec un suspense insoutenable. Les plateaux sont forts jolis, les tuiles que l’on pose dessus, le sont tout autant. Les illustrations de très grande qualité nous plongent directement dans l’ambiance du jeu, tout en n’étant ni trop sérieuses, ni trop caricaturales. Quant aux Djinns, ils sont ravissants, avec leur joli plastique translucide et leur petite lampe à leurs pieds. Les gemmes, classiques en plastique bleu, collent au reste du jeu. Quant au plateau de score, même si celui-ci n’est pas indispensable (il aurait aussi bien pu être remplacé par un carnet), il reste dans le même ton, et ne gêne en rien. Quant au thermoformage, il n’y a rien à redire, tout tient, il est très bien pensé. Le tout en ne proposant pas une boite surdimensionnée.
Si vous craquez pour le design, vous aurez déjà à moitié succombé aux charmes de Sultaniya.
Une vidéo open the box est disponible ici.
Un matériel prolifique et de qualité !
Le ressenti durant les parties :
Il vous faudra quelques tours pour bien comprendre et appliquer les règles de pose, une fois cela fait, tout tourne bien, sans faire de nombreux allers-retours (attention, pluriel de ce mot sujet à discussion) vers la règle de jeu, même si un petit aide-mémoire aurait pu être un bonus agréable, ne serait-ce que pour le pouvoir des djinns, même si ces derniers sont bien sur expliqués à la dernière page de la règle. Le plus compliqué par la suite sera de faire attention à la construction du palais, et de ne pas faire de trous. Car il n’y aura pas forcément le nombre nécessaire de tuiles pour que chaque joueur puisse finir son palais (même si le djinn peut grandement aider à ce niveau) si les joueurs n’y prennent pas garde. Et c’est ici que le nombre de parties jouées devient un avantage.
Le jeu demande beaucoup de réflexion pour augmenter son score et optimiser la place, de même pour penser à utiliser les djinns à bon escient. Mais malgré cela Sultaniya reste très accessible, grâce à son format et son matériel. Le jeu est assez fluide et rapide pour être sorti régulièrement, même pour 2 parties à la suite. Pour les besoins de ce test j’ai multiplié les parties avec diverses personnes, et ces dernières n’ont pas hésité à demander une revanche. On m’a même demandé de nouvelles parties quelques jours plus tard. Si le jeu est demandé c’est qu’il plait, c’est donc bon signe.
Ali Baba a récupéré dans son giron 2 génies, et son palais est bien commencé.
La durée de vie :
Sultaniya ne s’apprivoise pas aussi facilement, il vous faudra plusieurs parties avant de bien comprendre comment bien construire son palais, et encore quelques parties pour apprendre à optimiser les tuiles afin de scorer au maximum. Donc oui sa durée de vie est assez longue, surtout que les parties ne sont pas très longues (45 minutes environ). Avec ses superbes graphismes il ne pourra qu’enchanter. C’est clairement le type de jeu que l’on va ressortir de temps à autre, pour une partie à 3 ou 4 joueurs, mais également à 2, car celui-ci ne souffre pas du tout de cette configuration.
Après le tout sera de succomber à son charme, et surtout d’aller au-delà des premières parties qui peuvent sembler assez complexes ou frustrantes si jamais vous n’avez pas réussi à terminer votre palais. Autre petit inconvénient, le fait que les joueurs devront avoir le même niveau, car un débutant aura bien plus de mal face à un joueur ayant déjà quelques parties à son actif. Sultaniya ne permet pas le mélange des niveaux, comme beaucoup de jeux me direz-vous, certes, mais ce point se devait d’être énoncé pour éviter toute déception.
Je n’ai pas résisté à l’envie de vous montrer les génies.
Mon avis :
Même si mon test peut sembler être en demi-teinte, il n’en est rien, Sultaniya m’a clairement plu. Mais Sultaniya est à mes yeux un jeu exigeant qui demande un temps pour pouvoir montrer tout son potentiel ludique. Pour moi il n’est pas forcément adapté aux novices, même si la facilité des règles et le thème peuvent séduire.
Sultaniya est un très bon jeu, joli profitant d’une très belle édition, rapide, intense, plaisant à jouer. Seul défaut à mes yeux sa prise en main. Mais est-ce que cela doit vraiment peser dans la balance ? Je ne pense pas, car ça serait passer à côté d’un fort beau jeu, aux qualités ludiques indéniables. Le jeu sort en boutique le 19 mai, à vous de voir si vous allez succomber à son charme ou non ?
Les femmes ne sont pas en reste (et non ce n’est pas une femme à barbe mais Ali Baba)
Pour aller plus loin :
Charles Chevallier est également l’auteur d’autres jeux notamment de Continental Express, également édité chez Bombyx, dans leur série petits jeux en boite métal. Dans celui-ci vous devrez récupérer des wagons de marchandises pour marquer des points, on retrouve donc une notion de piles. C’est également l’auteur d’Ici Londres chez Cocktail games, Intrigo chez Edge, ou encore de Jurassik chez Ilopeli. Des jeux donc très diversifiés, aussi bien dans les thèmes que les mécaniques.
Chez Bombyx, dans le même format de boîte vous trouverez Gentleman Cambrioleur (une boite 20x20 cm) dans la gamme de jeu intermédiaire, qui pour l’instant est le seul, ou Takenoko qui est de la même taille que Sultaniya, ils font tous les deux partie de la gamme familiale plus. Sans oublier le très attendu Abyss, qui sort le 25 août (si tout va bien) et dans le même style de jeux vous pourrez vous tourner vers Continental Express ou les bâtisseurs, deux jeux en petites boites métal, que Bombyx appelle lui-même la p’tite ludothèque.
Plus de photos sur le blog Les 1D Ludiques.
D’autres tests sur le blog Les 1D Ludiques.