C’est une terre vaste et inconnue, que traverse un fleuve se perdant dans les origines montagneuses de l’horizon. C’est un monde tantôt vert, tantôt ocre, tantôt amarillain, que les veines minérales d’un bleu profond inondent de lumière et de vie. Une lande promise, qu’à grands coups de rames, de palmes, de pagaies qui sagayent et s’égayent, nous allons explorer, remonter, découvrir, investir.
Voyage en Terrain Connu
Début Juillet, nous nous rendions avec Monsieur Guillaume transmettre le bonjour et renifler les nouveautés du futur (voir y déposer le corps et l'esprit) chez JD Editions. JD Editions, ça ne vous dit peut-être rien, mais pourtant vous connaissez. Dans ce bâtiment du BIP de la rue bipbapboup à Bipbipbapbap se situe un temple à la gloire de la déesse ludique où officinent les glorieux apôtres Space Cowboys, Space Cow, Zygomatic et autres Days of Wonder. Et c'est à ces derniers que nous nous intéressons dans le présent récit sacramenteludique.A l'occasion de notre pèlerinage, nous avions pu jouer à la prochaine nouveauté DoWinéenne qu'est The River, présentée, depuis, lors de la GenCon outre-atlantique de ce beau et (f)estival mois d'Août. N'en pouvant plus de retenir notre langue liée par le secret religieux (et croyez-moi, avoir une langue nouée de sainteté pendant 1 mois, ça tire), nous avons enfin reçu l'onction nous permettant, à notre tour, d'oindre vos propres esprits des merveilles fluviales.
Fluide Fluviale
Niveau mécanique, The River est un jeu de pose d'ouvriers, ouvriers vous permettant tantôt de récolter des ressources pour construire des bâtiments, tantôt d'explorer le continent et de le coloniser par ses fondements (normal, quand on y songe, pour des colons), tantôt d'aller embêter vos petits camarades parce que cela est fort plaisant. Oui mais oui mais ! The River est aussi une course ! Et une course, ou plus l'on va vite, plus l'on risque de s'épuiser ! Et puisque plus d'un fleuve y mènent à Rome, il va falloir bien faire attention aux boosts soudains de vos petits camarades, en particulier ceux qui on su jongler entre point de bascule et économie d'efforts ouvriers.
The River se déroule en manches, dans lesquelles les joueurs placent chacun leur tour un ouvrier et en retirent des bénéfices, jusqu'à épuisement de leur stock de pelos disponibles. L'un des sels du jeu va résider dans votre gestion de l'action la plus rentable, entendu que certaines actions vont vous faire perdre définitivement des ouvriers (colons s'installant sur ces splendides nouveaux mondes) quand quelques autres vous en feront gagner (mais point trop s'en faut). Tous les joueurs ne joueront donc pas des tours identiques, ni d'une même intensité à chaque tour.A la fin d'une manche, on vérifie si l'une des deux conditions de fin de partie n'a pas été remplie. C'est-à-dire, est-ce qu'un joueur a construit son cinquième (ou plus) bâtiment, ou bien est-ce qu'un joueur a rempli la totalité de son plateau d'exploration ? Voilà soulevée ici une autre particularité aquartistique de The River, la gestion des terrains explorés. Chaque tuile terrain va venir s'installer, en remontant le tracé de la rivière, au sein d'une grille de 3 par 4 tuiles. Chaque tuile vous apportant bonus, espace de stockage de ressources, pouvoirs, production de ressources potentielle (au risque d'écraser des emplacements déjà disponible originellement sur votre plateau personnel). Mais surtout, chaque tuile correspond à un paysage qui vous rapportera, en fin de partie, plus de points le long d'une colonne de terrains identiques.
Comme un poisson dans l'eau
Si vous êtes friand de gestion et d'optimisation, le combo entre ressources et logique d'agencement promet de gentiment faire fumer votre esprit d'une extase toute ludico-cérébrale. Car que vaut-il mieux, dans la gestion du bonus qui va bien s'accouplant au terrain qui va bien à placer où cela va bien avant que l'adversaire ne le prenne parce qu'il vise évidemment la même chose en pas pareil, ou bien plutôt aller justement prendre la tuile ou le bâtiment qui arrangera le voisin pour le freiner dans son élan, quoique ne vaut-il pas mieux privilégier quelque abondance de ressources ou espace de stockage sur un terrain inadéquat, que l'on déplacera par la suite avec l'effet associé, sauf que zut, vous allez devoir y placer définitivement un colon qui, s'il y fera sans aucun doute sa vie pleine et épanouissante en bâtissant des petites maisons dans la prairie, vous fera cruellement défaut par la suite ?
L'aspect course du jeu souscrit également à une agréable ambiance de tension tout au long de la partie, obligeant à suivre du coin de l'oculaire les avancées des adversaires. A vous de trancher dans le cornélien entre décision de foncer et sécher tout le monde par une impromptue fin de partie, ou prendre votre temps en grassissant de points de victoire de quelque autre façon. Un rythme toujours sur le fil, où chaque action pèse dans la balance du niveau de flottaison, et qui vibre parfaitement dans l'air du temps du jeu cérébral en temps concis. Avec ses 30 minutes, The River a un efficace goût de reviens-y et de allez-on-a-le-temps-revanche.The River réjouira les amateurs de gestion en moins de deux heures, de cérébral optimal, d'emplacement bien rentable, de promenade au fil de l'eau avec le moteur planqué à l'arrière, de vitesse contrôlée, de freins sur le boost et de boost soudain sans les freins.