En hiver, dans une station de recherche située en Antarctique, une équipe de chercheurs est confrontée à une créature extra-terrestre sortie des glaces. Cette chose protéiforme s’avère être capable de s’immiscer dans les cellules d’autres organismes, s’emparant d’eux ! Combien parmi vous, dans ce lieu fragile et isolé, sont encore ceux qu’ils prétendent être ? Parviendrez-vous à protéger l’humanité de cette menace venue d’un autre monde ?
Si ce scénario vous évoque quelque chose, c’est parce que The Thing, le jeu, est une nouvelle adaptation du film du même nom, celui de John Carpenter de 1982, lui-même étant la seconde adaptation de la nouvelle Who Goes There ? de John W. Campbell. Ce film de science-fiction horrifique et paranoïaque est considéré par beaucoup comme la meilleure adaptation ciné d’une histoire au style « lovecraftien », le jeu lui rend hommage en en étant une adaptation particulièrement fidèle.
Fidèle et pleine de traîtrise à la fois
Le thème se prêtait parfaitement à un jeu coopératif avec traître caché. Destiné surtout à être joué nombreux, un livret distinct contient toutefois des règles spécifiques pour le pratiquer de 1 à 3. Jusqu’à 8 joueurs incarnent les personnages directement issus du film, chacun doté d’une capacité spéciale plus ou moins en rapport avec leur rôle dans la station. Ainsi Windows peut réparer 2 points de dégât au lieu d’un, le docteur Blair récupère davantage de jetons Labo et MacReady a plus de choix quand il se fournit à l’armurerie.
Lorsque tous les participants ont choisi leur personnage, chacun reçoit un jeton figurant un husky au recto, un seul portant au verso la marque de la contamination (là-aussi, ceux qui ont vu le film en saisiront la raison). Le joueur qui a reçu ce jeton se gardera bien de le révéler tout de suite, mais il passe dès cet instant dans l’autre camp, celui de la créature !
Comme la morsure du loup-garou
Tous les joueurs vont devoir s’entraider pour maintenir la base en état, tout en cherchant le moyen de la quitter et en luttant contre la chose, essayant de repérer les infectés.
Je dis bien « les infectés » car si, incarnée par un seul joueur, la créature n’est pas en position de force au début du jeu, cette situation peut s’inverser au fur et à mesure qu’elle infecte les autres, qui changent alors de camp : les joueurs contrôlant ces personnages devront dorénavant lutter contre les humains pour gagner. Contraints par un test sanguin, ou de leur propre volonté (si la chose se sent assez forte), ces personnages peuvent révéler leur vraie nature sans que cela ne signifie la fin pour eux. Dans ce cas on place les profils de créatures répugnantes prévues à cet effet sur le plateau et c’est collectivement que tous les joueurs « Alien » révélés vont les contrôler pour lutter physiquement contre les humains, tentant de les tuer, de les assimiler eux aussi ou bien de détruire la base.
Ainsi les humains gagnent si tous ceux qui sont encore en jeu arrivent à s’enfuir de la base… à condition qu’aucun infecté ne se trouve parmi eux.
Tandis que la chose gagne si
– elle assimile le dernier humain
– il y a au moins 1 humain qui meurt de froid
– elle parvient à s’échapper de la base sans être dévoilée, avec ou sans les humains survivants.
Cela signifierait certainement une extinction rapide pour l’humanité entière !
Dead in Winter
En attendant de se révéler, ce qui n’arrivera donc pas obligatoirement, le ou les traîtres font mine de coopérer du mieux qu’ils le peuvent, alors qu’ils tentent en réalité de discrètement saboter les efforts du groupe.
Un tour se déroule comme suit.
1. Les conditions météo sont déterminées. Se servir de la station météo peut aider le groupe.
2. Vient la maintenance de la base et progression de l’hélicoptère de secours (s’il a été appelé). En cas de tempête la chaufferie et le générateur consomment davantage et l’hélico progresse moins.
3. Les joueurs dévoilés en tant que chose vont se concerter pour attaquer la base et les joueurs.
4. Les personnages agissent. Pour ce faire ils donnent chacun une carte Action. Elles sont de trois types : Utiliser (effectuer l’action correspondant au lieu où se trouve l’un d’eux), Réparer ou au contraire, Saboter. Les cartes données sont mélangées avant d’être révélées, de manière à ce qu’on ne sache pas qui a donné quoi, un mécanisme parfait pour créer de la suspicion, qu’on avait vu lors de la résolution des crises de Dead of Winter. Une fois les cartes révélées, c’est le « leader » pour le tour qui les attribue ensuite à chacun.
5. C’est ensuite le temps du repos, qui permet d’échanger des objets et des paroles, donc de formuler des accusations. On ne « brûle » personne pour le moment, mais on fait avancer certains personnages sur la piste de suspicion. Être très suspect limite les possibilités de nuire et met le personnage sur la sellette pour la phase suivante.
6. À l’aide de poches de sang ou d’un lance-flamme et d’un câble préalablement récupéré (pour se raccorder au film toujours), les joueurs peuvent faire une analyse pour révéler la vraie nature du plus suspect d’entre eux.
7. C’est l’heure des repas, encore un truc dont il faut penser à s’occuper dans la base !
8. Les chiens se déplacent (eux aussi peuvent être contaminés) et le leader change.
Is the thing among us ?
J’ai cité Dead of Winter plus haut, mais c’est surtout le jeu vidéo Among Us que ce The Thing évoque ! Parce qu’on suspecte, on accuse, mais surtout on doit s’affairer à des tâches à divers endroits, tout en tremblant à l’idée que le collègue qu’on croise fortuitement dans cette pièce sans autre témoin ne soit pas aussi humain qu’il en a l’air… Cela dit, ce n’est qu’un juste retour des choses tellement ce jeu vidéo doit lui-même au film (surtout ce niveau situé dans une base polaire…). Encore une fois, tout a été fait ici pour retranscrire au mieux le chef d’œuvre de John Carpenter. Si le jeu ne force bien évidemment pas à suivre son scénario, il en inclut autant d’éléments que possible et surtout, il permet d’en reconstituer l’ambiance paranoïaque et les scènes de terreur dramatiques. Vous pourrez même mettre le feu à cette fichue base !
Un jeu de Giuseppe Cicero et Andrea Crespi, illustré par Davide Corsi et Riccardo Crosa.
À partir de 14 ans.
1 à 8 joueurs
90 minutes