Joueur de jeux de société avant tout (et jeux de figurines mais sur des petites échelles, escarmouches et sports ultra-violents), j’ai toujours été attiré par le monde fabuleux du wargame. J’adore l’Histoire avec un grand H dans toutes ses périodes, mais surtout les guerres. Je sais ce n’est pas beau…Les guerres Napoléoniennes, la guerre de sécession, la première et la seconde guerre mondiale titillent ma fibre guerrière et mon imaginaire belliqueux. Ne nous méprenons pas, j’ai dévoré assez de livres et de reportages pour en mesurer toute l’horreur, mais c’est justement ce qui en fait tout l’attrait. Comment des hommes ont pu en arriver là ? On put faire cela, vivre dans de telles conditions, braver le danger etc… « Le bruit et la fureur », un reportage disponible gratuitement sur youtube apporte de nombreux éléments de réponse à travers la vie d’un soldat narrée lors de la première guerre mondiale sur fond de vidéo d’époque, cela prend aux tripes.
Alors certes, wargames et jeux de société ont pas mal de fils illégitimes, Asyncron en est d’ailleurs le fier porte drapeau. Et si 1812 et consorts, Quatermaster General, regorgent de qualité ludiques et m’ont fait passé de bons moments, il me manquait quelque chose. Car oui, je jalouse le wargamer. Cet être qui absorbe quantité de règles, et joue à des jeux capables de simuler la pénétration d’un obus dans un mur de brique par jour de grand vent, le tout sur des fronts de plusieurs centaines de kilomètres avec des piles de pions aux symboles abscons par milliers sur une carte géante de papier mais…Trop peu pour moi de prime abord, et de prime abord seulement. Je viens d’un monde où je dois me taper l’explication des règles à mes collègues qui me ralent lorsque je leur fais l’affront de venir avec des figurines non peintes et dont la durée d’attention ne dépasse guère celle d’un collégien mal réveillé lors d’un cours de math sur les cosinus. Un monde où les plateaux sont superbes et les illustrateurs adulés comme des Rockstars. Un monde où une partie de 3 heures est trop longue. Bref un monde qui ne ressemble pas du tout au pays du wargame…
Prenant mon courage à deux mains, tel un Christophe Colomb à la recherche de la terre promise je partis en quête de jeux capables d’étancher ma soif de combat, de stratégie et de beauté. Cherchant la simplicité je m’offris Napoléon at Waterloo et Scotland Rising, deux jeux d’initiation sympathiques mais qui manquaient encore de profondeur. De plus, leurs maps en papier m’obligea à les « pimper » en allant les faire imprimer en dur (et en plus gros pour Napoléon at Waterloo) et je fis même des figurines en 6mm pour remplacer les pions, bref…je m’égarais. Mais bon Dieu, suis-je le seul dans ce bas monde à trouver les symboles Otan moche et à rejeter en bloc des boites de jeux vendus plus de 60€ avec des maps en papier dedans et des illustrations basiques !!!
Worthington Games, un petit éditeur de wargames accessibles américain avait tout pour me séduite. Un certaine recherche graphique, des plateau en dur ( mounted map ), aussi je tentais ma chance malgré mes craintes en acquérant Antietam 1862, un wargame aux règles simples, traitant de la guerre de sécession. Un plateau en dur, des soldats dessinés sur les pions, une charte graphique sobre mais agréable, je fis le grand saut.
Première claque ! J’avais vraiment l’impression de mener une bataille. Une ligne de front très étendue, de très nombreux pions, une grande fluidité, notre première partie fut un régal (il est fort possible que le rhum arrangé ait joué un rôle dans cette allégresse). Hormis la première partie avortée en cours car la défaite fût évidente après plus de 3h de jeu, les suivantes prirent dans les 10h, voire plus…bref on se le fit à coup de 3 soirées.
Après on ne se refait pas, quelques parties plus tard, il me fallait explorer d’autres horizons, Shiloh la suite d’Antietam, Devil Dogs (pas aimé), Custer’s Last Stand (super mais pour de l’initiation…mais super !). Bref j’ai fait mon marché chez Worthington Games.
Ma boulimie ludique me reprenait et la soif de découverte avec. Finalement, avec mon cahier des charges, cela alla plutôt vite. Des jeux n’excédant idéalement pas les 3h, du beau matos et impérativement un plateau en dur, on écrème drôlement…et si possible pas de symboles Otan (ben oui, je suis pas un vrai wargamer…j’assume). J’ai tenté chez GMT la trilogie sur la révolution américaine car les avis étaient dithyrambiques et je n’ai pas aimé du tout, trop de petites règles de-ci delà qui nuisaient à la fluidité. Je m’orientais donc en terrain connu (j’ai le jeu sur IPAD), Battle of the Bulge de Compass Games. Nouvelle claque ludique, un matos de qualité, une activation alternée qui apporte un sel fou au jeu et des règles très abordables. Mais quel pied !!! Puis Verdun l’Enfer d’Acier, « cocorico » un wargame français et en français ! Une nouvelle claque, réussir à rendre palpitant la guerre de tranchée, il fallait le faire. Le jeu est « card-driven » (dirigé par des cartes), du coup c’est très simple à prendre en main et si profond à jouer. Un matos à tomber une fois de plus, fidèle à mon cahier des charges. A présent je jette mon dévolu sur la série Old School Tactical qui traite sur 3 volumes de la seconde guerre mondiale sur le front de l’Est, de l’Ouest et le Pacifique (j’ai opté pour ce dernier pour changer un peu). Une très large map en dur, des jolis pions et des règles en cours de traduction qui ma foi laissent transparaître une grande simplicité et une bonne profondeur de jeu. J’en bave. Dans le style Conflict Of Heroes est aussi très bon en en français lui...Car oui, c’est un autre problème avec les Wargames. La quasi-totalité des jeux sont en anglais, aussi sis vous n'êtes pas familier avec la langue de Shakespeare ses portes vous resteront fermées...ou presque. Heureusement Fellowship Simulations, Hexasim, Asyncron, Nuts et j’en passe, permettent d’avoir des jeux en français dans ce secteur de niche et pourtant si passionnant.
Voilà, une petite tranche de vie ludique, sur ma visite toute personnelle dans le monde des wargames, qui permettra peut-être à certains, qui comme moi, regardaient du coin de l’œil cet univers sans oser sauter le pas ou tout du moins à minima d’avoir l'avis d'un profane.