La grande bataille des pingouins
Vous avez peut-être lu quelque part le nom d’auteur de jeu Junias. Japon Brand a présenté l’un de ses jeux pendant le salon d’Essen cette année : あかずきんは眠らない, Eat Me If You Can, un jeu d’ailleurs plein de fraîcheur et très sympa dont je ne parlerai pas dans quelques temps.
L’auteur, Junias, Jun’ichi Sato, de son vrai nom, très sympathique. Une belle rencontre !
Pendant le Tokyo Game Market, Junias faisait partie des auteurs que j’ai contactés pour essayer leurs jeux. Sa gentillesse m’a vraiment épatée. Très à l’écoute et disponible, il m’a présenté son jeu, Waritori Penguin, avant de me remercier très chaleureusement. Il m’a fallu un peu de temps avant de pouvoir chroniquer son jeu. Non pas qu’il soit difficile à saisir, la règle est d’ailleurs très succincte et bien écrite (j’en ferai peut-être une traduction française pour BGG) mais le temps m’a manqué.
Le pitch du jeu est particulièrement nippon, entendez “mignon à souhait”. Chaque année, de nombreuses équipes de pingouins se retrouvent pour une compétition qui permettra de décerner le prix “du pingouin de l’année” à l’un d’entre eux. La compétition se déroule sur la banquise et le but du jeu, c’est de parvenir à piéger ses concurrents pour les envoyer loin de l’aire de jeu, sur un morceau de banquise, qu’on aura brisé à coups de pattes !
Chaque joueur sera à la tête d’une équipe de deux pingouins parmi quatre disponibles : les rouges, les bleus, les verts et les blancs. On constitue la banquise, l’aire de jeu, à l’aide de tuiles carrées épaisses. En tout, c’est 25 tuiles associées les unes aux autres pour réaliser un espace carré. En plus de vos pingouins, vous avez deux tuiles “action” qui vous permettront de déplacer un ou deux de vos pingouins ou de tenter de briser la glace pour isoler un pingouin concurrent.
On place donc ses pingouins sur l’un des coins d’une tuile que l’on aura choisie n’importe où sur l’aire de jeu. Une fois que les 8 pingouins sont placés, on peut commencer à jouer, en choisissant ses actions de manière secrète. L’action “mouvement” permet de déplacer l’un de ses pingouins d’une case (de deux cases si vous décidez de doubler l’action “mouvement” et de l’employer sur un seul de vos pingouins). Dans le cas où un autre pingouin est présent à l’emplacement où on souhaite se déplacer, le joueur qui effectue le mouvement pousse le second d’un espace. L’action “briser la glace” (et il ne s’agit pas ici de se faire de nouveaux amis !) permet de placer un token sur lequel est dessiné une brisure. Il est important de noter qu’on doit choisir l’orientation de son mouvement ou de la brisure que l’on souhaite réaliser avant même de poser la tuile devant le plateau.
Le jeu en cours ! Les tuiles sont découvertes au moment de jouer, une à la fois. Un joueur une action…
Alors, vous me direz que tout ceci est bien joli, mais comment gagne-t-on des points ? Et bien… c’est plus simple à dire qu’à faire. Il s’agit pour gagner des points de réussir à casser une zone. Vous remportez autant de points que de tuiles désormais mises hors jeu. Vous pouvez aussi, faisant d’une pierre deux coups, isoler des pingouins concurrents sur des zones de banquise et les inviter à voyager loin, loin, très loin de la zone principale de compétition.
Mais attention, si vous parvenez à désolidariser plus de trois tuiles, votre pingouin, quoi qu’il soit vainqueur dans cette zone, devra accompagner cette partie de banquise au large, et ainsi être retiré du jeu. Cette situation vous fera aussi perdre un point… C’est donc un peu la double peine : vous sacrifiez l’un de vos pingouins et vous perdez un point !
Le jeu se termine une fois que l’une des trois conditions suivantes est remplies : un joueur a gagné plus de 7 points, lorsque l’aire de jeu ne s’étend plus que sur moins de 6 tuiles, lorsqu’il ne reste plus que deux pingouins présents dans la compétition.
L’équipe qui a gagné le plus de points remporte la compétition et est couronnée “meilleurs pingouins de l’année” !
Plus / Minus
Les plus !
- un jeu très joliment réalisé. A noter que sur l’image que j’ai postée, les pions représentant les pingouins ne sont pas ceux disponibles dans la boîte du jeu. Les vrais pions sont réalisés dans une sorte de plastique incrusté. C’est très joli et d’une simplicité matérielle qui ne pêche aucunement.
- la mécanique est facile à comprendre et laisse les joueurs imaginer des tas de plans sur la comète. Difficile de prévoir les actions des autres joueurs, puisque le jeu évolue en permanence. Cela demande de s’adapter en continu aux actions des autres joueurs, rendant le jeu très tendu. Il y a beaucoup d’interaction entre les joueurs.
- les parties sont courtes, ne traînent jamais en longueur et donnent généralement envie de faire la revanche.
- le thème… non, mais sérieusement, les pingouins, c’est comme les pandas, faut vraiment être aigri pour ne pas craquer.
- rien à voir avec le jeu, mais la gentillesse de l’auteur, Junias, m’a fortement donné envie d’essayer le jeu !
Les moins !
- le prix, comme souvent. 3000 yens pour une petite boîte faite mains et un matériel très limité. Je me suis fait une raison depuis longtemps sur le rapport qualité matérielle/prix au Japon, mais bon… il me semble nécessaire de le rappeler.
- des parties qui peuvent parfois tourner à l’avantage d’un autre joueur par hasard. Avec l’expérience, le jeu demande vraiment d’être concentré sur les actions des autres !
Cet article est, dans notre univers du jeu noyé sous le maintenant du tout de suite, un peu une vieillerie mais c’est un petit jeu coup de coeur auquel mon épouse et moi jouons régulièrement. Il me semblait donc intéressant d’en parler ici, avant de vous proposer quelque chose qu’il est mieux bien meilleur, encore un peu hors l’actualité, mais bon.