[Bomarzo]
Encore un jeu récupéré à Essen. Après IKI, je vous propose ce lieu pour échanger, se la péter entre heureux privilégiés qui l’ont eu en Essen pick-up et faire baver ceux qui attendent leur livraison.
Pour démarrer par un aspect entièrement subjectif, j’adore l’esthétique liée au thème. Le parc de Bomarzo a l’air d’un bel endroit de folie baroque à l’italienne. Ça donne des idées de destination pour un prochain voyage. Cet aspect esthétique m’avait attiré vers le KS dès son lancement. Ajoutez à cela la revue d’UndeadViking. Grosso modo : « un excellent jeu de gestion où on peut jouer des coups qui font instantanément couiner les autres »… Je ne pouvais que craquer.
Alors comment ça sent ?
Qui aime bien châtie bien, commençons par ce qui fâche…
En flagrante contradiction avec l’iconographie « Pain, Vin, Argent », les ressources fournies dans la boite sont de minables cubes jaunes violets, et gris, tout riquiquis. Comme si cela ne suffisait pas, les cubes jaunes peuvent être confondus avec les marqueurs de compétence du joueur jaune ! A peine récupéré, mon exemplaire à Essen, je me suis sans délai rué sur le stand de <biiip> pour m’y procurer, des pièces, des bouteilles et des epis de blé. Hop +10€ de matos …
Passons sur ce qui fâche et parlons sensations de jeu.
Chacune des huit divinités du parc permet si on lui fait une offrande d’effectuer l’une des actions de base du jeu. Chaque divinité favorise un domaine particulier et accordera ses faveurs sous forme de points de victoire aux deux meilleurs dans son domaine. Genio, Dea et Tartaruga favorisent chacun l’une des trois pistes de savoir. Gigante, Balena et Elefante favorisent la construction de cartes de développements réparties en trois catégories (bâtiments, connaissances, ou personnages). Enfin Orco et Draco favorisent l’accumulation de richesses sous forme de nourriture (Orco), ou de pièces (Draco).
Seulement voilà, les divinités sont hiérarchisées entre elles. Seules les trois divinités les mieux classées rapportent de gros points en fin de partie, les deux suivantes un peu moins, les deux suivantes presque rien, et la dernière rien du tout. Il faut donc bourriner sur les meilleures div… Nononon ! c’est plus subtil que ça. Draco permet de secrètement chambouler la hiérarchie des dieux en jouant des cartes face cachée sous nos dieux favoris. La hiérarchie réelle ne sera connue qu’en fin de partie, après révélation de toutes les cartes.
La résolution des faveurs des dieux en elle-même implique des majorités vicieusement imbriquées. Au cœur du jeu, le choix des cartes de développements que l’on va construire, puis upgrader. Construites en version « de base » (grise) elles font progresser sur la piste de faveur de Genio, Dea ou Tartaruga et révèlent un petit symbole dont l’accumulation est synonyme de points en fin de partie, upgradées en version « turbo » (jaune), elles permettent de progresser sur la faveur de Gigante, Balena ou Elefante et fournissent un pouvoir permanent franchement puissant, mais… perdent le petit symbole dont auquel je me réfère ci-dessus. Il faut choisir judicieusement les développements que l’on décide d’upgrader (pour le pouvoir et la faveur) et ceux qu’on laisse en version de base (pour le symbole). On est très tenté d’upgrader à fond pour bourriner, mais les symboles côté gris sont l’une des seules sources de points à peu près contrôlable sans trop d’interférences des autres malfaisants présents à la table. Choix cornéliens en perspective, donc…
Il faut en permanence subtilement surveiller le jeu des autres, leurs ressources, quelles divinités ils favorisent, l’état fluctuant des huit majorités, sans négliger les quelques façons de marquer des points sûrs. Ajoutez à cela les pourrissages lors des offrandes aux divinités, la possibilité de copier l’action d’un autre « à la volée », l’obligation de gérer son revenu (mais que l’action de Dea permet d’améliorer) et deux fainéants d’ouvriers non disponibles en début de partie…
Aïe aïe aïe ! C’est compliqué ce jeu ! Maman, ça fait mal à la tête !
Ce jeu génère une sensation d’incertitude permanente. Il faut constamment « surfer » sur la dynamique de la partie. On peut savoir si un coup va dans la bonne direction, mais on n’est jamais sûr de sa valeur intrinsèque. Si vous appréciez ce genre de sensations de jeu, ne manquez pas une occasion d’essayer Bomarzo… En revanche, si vous y êtes allergiques à l’incertitude, accro au contrôle total, je crains qu’il ne déclenche chez vous des crises d’analysisparalitite aigües. Essayez-le à vos risques et périls. Je vous aurai prévenu !
Moi, j’adore.
Mon camarade TS Léodagan qui a plus de mal à percevoir la dynamique du jeu le juge diplomatiquement « pas mal ».
Alors 3 mois, il sent comment ce Bomarzo ?
Je n’ai pas enchaîné les parties comme avec IKI, mais il me plait toujours bien.
Les parties sont tendues et il faut avoir un oeil sur tout, sans jamais trop savoir qui domine. Tiens, puisque t’en parles je vais peut-être le ressortir, ça fait longtemps.
Après une deuxième partie à trois joueurs, je me pose les questions suivantes:
- Lorsque quelqu’un joue sur l’Ogre, et qu’il choisit de récupérer un type de ressource sur chaque carte, prend-il également la ressource sur la carte Ogre si elle est présente (typiquement, une nourriture)?
- A la fin du jeu, les pièces et nourritures qui restent sur les plateaux des joueurs comptent-elles pour le calcul des majorités des divinités Dragon et Ogre (ou on ne compte que les éléments apportés par nos travailleurs, ainsi que ceux apparaissant sur nos cartes)? On l’a joué sans intégrer les ressources restantes, partant du principe qu’il s’agit de perte, et en aucun cas d’offrandes pour les divinités, mais ce n’est pas certain…
Merci d’avance pour vos réponses.
En tout cas, le jeu est vraiment intéressant avec son principe d’influence des dieux afin de nous attirer ses faveurs! Il faut accepter de ne pas tout maîtriser, notamment avec la pioche des cartes, qui ne nous apporte pas forcément des avancées dans les domaines désirés…
Dommage pour les soucis d’édition… (mais les illustrations sont au top!)
Quand tu choisis de prendre une ressource par divinité avec Orco, OUI tu peux reprendre tout de suite l’offrande à Orco, ce qui rend l’action effectivement assez puissante.
Tu peux aussi chosir de laisser un petit quelques chose à Orco, pour qu’il ne se retrouve pas sans rien le pauvre… Oh pis c’est dommage, les suivants ne pourront plus bénéficier de cette combo, c’est triste, ça me fait de la peine pour eux.
A la fin du jeu ce sont bien les ressources présentes sur ton plateau qui comptent et pas le revenu en ressources. Je me suis demandé d’où pouvait venir la confusion, puis j’ai constaté qu’il y a une contradiction dans la règle Française.
La règle dit “Le joueur ayant le plus grand nombre de ressources correspondant aux demandes des Divinités est considéré comme majoritaire”
L’exemple explicatif dit “Orco (Ogre) fait marquer des points de victoire au joueur qui a la majorité de symboles nourriture. Gigante (Géant) fait marquer des points de victoire au joueur qui a la majorité en symboles bâtiments”
Dans toutes les autres langues, l’exemple est formulé différemment. On retrouve bien la formulation “symboles” pour Gigante et les bâtiments, mais pas du tout pour Orco et la nourriture.
Anglais :
Orco : “the most food ressources”, Gigante : “the most building icons on second level Development”
Italien :
Orco :“maggioranza di Cibo”, Gigante :“maggioranza di simboli Edificio”
Allemand :
Orco : “Mehrheit an Nahrung”, Gigante :“Mehrheit an Gebäudesymbolen”
… On dirait bien que l’erreur est dans l’example en français.
En effet, l’erreur semble être dans l’exemple de la règle française.
Ce qui m’a mis la puce à l’oreille est le passage dans la fin du paragraphe “Points de victoire des divinités”:
Remarque: En fin de partie, le vin est inutile: vous ne pouvez pas le convertir en Nourriture ou en Pièces (par exemple lorsque vous marquez les points pour Orco ou Tartaruga).
Ce change pas mal la donne!
Ok pour l’effet du pouvoir de la divinité Orco: on trouvait l’action trop puissante, c’est pourquoi on avait mal interprété la chose.
Merci pour tes réponses, et pour tes conseils stratégiques: en effet, on ne s’était pas encore aventuré sur la majoration des offrandes minimum, histoire de bloquer encore plus ses voisins (alors qu’on faisait bien attention aux quantité de vins chez nos adversaires, afin de ne pas se faire copier les actions).