Café philottéraire

El comandante dit:Au fond, l'être humain post-moderne confond souvent subtilité et confusion, et a tendance à se complaire en elle au nom d'une pensée critique prétendument autonome car détachée de toute référence rigoureuse. Houellebecquisation de la société ?



Libération dit:
...
Toujours et encore, dans une figure à la Houellebecq, c’est le sentiment d’injustice qui donne ses particules élémentaires à cette extension du domaine de la lutte.
...


C'est la seconde fois en une semaine que je vois une référence à cet auteur pour parler du temps présent, dans des contextes différents, et avec des intentions différentes

Crétin que je suis, j'avoue être passé à coté de la pensée de cet auteur. Le peu que j'en ai lu ne m'a pas donné envie de poursuivre. :oops:

Quelqu'un pour tenter de m'expliquer cette "Houellebecquisation" du Monde ?

Et ne répondez pas "mission Impossible" :pouicboulet:
bertrand dit:Quelqu'un pour tenter de m'expliquer cette "Houellebecquisation" du Monde ?


jamais lu Houellebecq.
mais je risque quand même une explication de la récurrence à cette référence dans la presse généraliste :
effet du microcosme journalistique sur le vocabulaire usuel.

au même titre que les d'jeunz adoptent un langage commun pour se reconnaître entre eux, je crois que parfois on assiste au même phénomène dans la presse orale ou écrite : on voit apparaître par vague des expressions reprises, au départ avec un sens précis, puis de plus en plus éloigné du sens premier.
un peu comme lorsqu'on jette un caillou dans l'eau :
l'effet premier est assez éclaboussant puis on a les ondes de propagation de plus en plus larges mais avec des effets de plus en plus atténués.

je ne retrouve pas immédiatement d'autres exemples.
tout ce qui me vient c'est la "grenellisation" des réunions de concertation en vue de définir des mesures sur un sujet d'intérêt général...ou "les éléments de langage" pour qualifier ce qu'en d'aures temps on appelait la langue de bois.

L’explication de Kouynemum me parait assez pertinente.

J’ai un autre exemple, pas un livre avec une route sans que l’on ne se sente obligé d’invoquer Kerouac (ayant “un peu beaucoup” parcouru Kerouac, cela laisse sceptique), alors qu’il y a quelques années, c’était l’adjectif picaresque qui revenait dans ce genre de situation.

J’ajoute que Houellebecq (comme Kerouac) a l’avantage redoutable d’avoir écrit un livre avec un titre ouvert “Extension du domaine de la lutte” (“Sur la route” chez Kerouac), ce qui permet aux deuxièmes et troisièmes cercles pour reprendre l’image d’utiliser le titre en l’adaptant à leurs besoins (tu mets ce que tu veux dans la lutte, et pareil sur la route).

Cela devient aussi les syndrome des classiques dont Primo Levi disait ceux sont “les livres qu’il faut relire, même si on ne les a jamais lu”. Bref une idée de leur contenu est passé dans l’opinion publique sans que le lien entre l’oeuvre et l’idée soit forcément intégral. Ainsi dans la même idée, le moindre dilemme est cornélien (alors que Corneille c’est bien plus), un trouble devient shakespearien etc…

Pour moi, ce qu’écrit Houellebecq (le bonhomme, connais pas), c’est le monde qui tourne autour de mon nombril (ou de ma bite, souvent des deux). Une forme de détachement de tout universel, si ce n’est de celui de la médiocrité. Une forme de postmodernisme où tout se valant, ce que je dis valoir vaut au moins autant que le reste, voire plus.
Attention, j’ai bien aimé Extension et Les particules, qui restituent bien une époque. J’aime moins l’époque.
Je ne vois pas trop ce que veut dire l’extrait de Libé. A mon humble avis, une “injustice à la Houellebecq”, c’est un sentiment de frustration envieuse plutôt connectée avec le cerveau reptilien.


Pour le coup, Kerouac, j’en ai plutôt ressenti le contraire. le monde autour de la Beat. Tout aussi écrasé par le monde mais avec le regard sur l’horizon.

En évoquant Kerouac, je ne parlais pas trop du fond, mais plutôt d’un exemple similaire d’utilisation.
Une tendance à utiliser un auteur comme un saint patron, brandi sur quelques mots clés ou une similitude supposée avec l’image que l’on se fait / projette de ses écrits (et en se moquant dans une large mesure du contenu réel de son oeuvre)…

OC qui se dit qu’il doit toujours lire Dharma et que ce n’est pas la période de Kerouac qu’il préfère

Cheesegeek dit:Une tendance à utiliser un auteur comme un saint patron, brandi sur quelques mots clés ou une similitude supposée avec l'image que l'on se fait / projette de ses écrits (et en se moquant dans une large mesure du contenu réel de son oeuvre)...




De l"usage social de la production littéraire...
El comandante dit:
Cheesegeek dit:Une tendance à utiliser un auteur comme un saint patron, brandi sur quelques mots clés ou une similitude supposée avec l'image que l'on se fait / projette de ses écrits (et en se moquant dans une large mesure du contenu réel de son oeuvre)...


De l"usage social de la production littéraire...


Et tu n'aurais pas une recension, pour que je puisse brillamment en parler sans l'avoir lu? :^:

Je vous avoue user et abuser de recensions , d'articles, d'essais ou "d'émission"pour effleurer une oeuvre. Spéciale dédicace à la vie des idées, Judith et Tony Judt :artistpouic:

Et merci à vous pour vos réponses

Celle-là est pas mal :
http://www.biblioblog.fr/post/2007/06/1 … rre-bayard

Celle de RFI aussi :
http://www.rfi.fr/culturefr/articles/08 … _49943.asp