Denis dit:Il semblerait que le représentant emblématique du Tibet soit le Dalaï-Lama, et cela depuis quelques années à ce qu'on m'a dit.
Il est étonnant de voir le décalage de son discours envers le gouvernement chinois et envers les JO avec la levée de bouclier internationale actuelle.
pour quelques éléments sur le Dalaï Lama
Courrier International 20 mars
PORTRAIT • L’homme qui incarne le Tibet Accusé par le Premier ministre chinois d’être l’instigateur des événements de ces derniers jours, le dalaï-lama a indiqué le 18 mars, depuis Dharamsala, en Inde, où il est en exil, qu’il était prêt à démissionner de son rôle de chef d’Etat si la situation devait se détériorer. Il s’est élevé contre les violences et le développement de sentiments antichinois. Symbole de la lutte des Tibétains pour la reconnaissance de leur cause, le dalaï-lama a joué un rôle crucial dans la survivance de ce conflit sur la scène internationale. Si, pendant dix ans, au Tibet même, son nom n’était plus évoqué, récemment dans les rues de Lhassa, les gens parlaient de lui spontanément. Son discours du 10 mars, pour marquer le 49e anniversaire du soulèvement antichinois de Lhassa, a été émaillé de phrases plus sévères qu’auparavant, selon certains observateurs. “La langue, les coutumes et les traditions tibétaines disparaissent peu à peu”, a-t-il notamment déclaré. Les politiques de transfert de population non tibétaine menées par les autorités chinoises augmentent, “réduisant les Tibétains à une minorité insignifiante dans leur propre pays”. Depuis presque soixante ans, “dans tout le Tibet historique [U-Tsang, Kham et Amdo], les Tibétains doivent vivre sous le joug chinois, dans un état constant de peur, d’intimidation et de suspicion. La répression continue de s’accélérer, avec de nombreuses et graves violations des droits de l’homme et la négation de la liberté religieuse. Je demande instamment au gouvernement chinois de mettre un point d’arrêt immédiat à ces politiques”, a-t-il ajouté. Pékin accuse le dignitaire de demander l’indépendance, ce qui était vrai il y a trente ans. Depuis le début des années 1970, le dalaï-lama parle d’autonomie. Dans un entretien accordé en septembre 2007 au Wall Street Journal, il expliquait : “Nous ne demandons pas l’indépendance. Nous cherchons une solution en accord avec la Constitution chinoise”, qui reconnaît l’égalité entre toutes les nationalités. Pour certains observateurs tibétains, le gouvernement chinois joue la montre dans l’attente de la disparition du dignitaire. Le dalaï-lama en a bien conscience. “Il y a de plus en plus de signes de frustration, non seulement chez les exilés, mais aussi à l’intérieur”, affirmait-il lors de son entretien au Wall Street Journal. “Les suicides, les attentats, toutes ces choses sont possibles. Mais nous demandons toujours aux gens de rester en paix”, concluait-il. et
Point de salut dans la violence La sinisation à outrance du Tibet explique cette poussée de fièvre. Pékin a donc tout intérêt à renouer le dialogue pour éviter une crise sans fin.
La violente répression des manifestations au Tibet met à mal la légende de l’“ascension pacifique” de la Chine au statut de grande puissance. Mais les émeutes déclenchées par les fidèles du dalaï-lama sont aussi révélatrices de l’exaspération que suscitent ses appels à la résistance non-violente contre la domination chinoise. Reste à savoir laquelle de ces deux voies permettra de résoudre la situation épineuse sur le Toit du monde.Tout avait pourtant commencé dans le calme. Le 10 mars, dans la capitale, Lhassa, environ 300 moines avaient profité de l’anniversaire du soulèvement tibétain de 1959 – à l’issue duquel le dalaï-lama avait dû se réfugier en Inde – pour manifester contre l’incarcération de quelques-uns de leurs coreligionnaires. Plusieurs moines avaient alors été molestés et interpellés, ce qui avait entraîné de nouvelles manifestations, lesquelles ont débouché, le 14 mars, sur de grandes émeutes et sur des troubles dans d’autres parties du Tibet. Le dimanche 16, les dirigeants chinois en sont venus à imposer dans les faits la loi martiale [ils se défendent d’avoir formellement pris cette mesure et affirment n’avoir fait appel qu’à la police armée, et non à l’armée]. Le dalaï-lama a réclamé l’ouverture d’une enquête extérieure sur ce qu’il dénonce comme le “génocide culturel” du mode de vie tibétain, en particulier l’interdiction des pratiques bouddhistes. A quelques mois des Jeux olympiques, la brutalité de la répression contre ces manifestations en faveur de la liberté compromet gravement la grande fête censée célébrer l’entrée de la Chine sur la scène mondiale. Au moment même où les sportifs décrocheront des médailles à Pékin, des troupes seront peut-être encore déployées dans les rues de Lhassa. Il faut que les dirigeants chinois renouent sans conditions le dialogue avec le dalaï-lama. Depuis des décennies, il fait preuve d’une extrême patience, ayant même renoncé à ses revendications indépendantistes en faveur d’une “autonomie importante” pour le Tibet. L’action non violente doit susciter une réaction non violente.
En tant que chef spirituel du Tibet (et lauréat du prix Nobel de la paix), il a exprimé sa sympathie envers les manifestants. En Chine même, les Tibétains sont traités comme des citoyens de second ordre, et leurs droits sont plus sévèrement restreints que dans d’autres régions. Les autorités ont usurpé la hiérarchie bouddhiste et répandent des calomnies sur le dalaï-lama. Mais c’est la campagne visant à submerger le Tibet de Chinois d’ethnie han, surtout après la construction de la voie ferrée Pékin-Lhassa, il y a deux ans, qui a provoqué une résurgence du ressentiment, ces nouveaux immigrants bénéficiant d’avantages injustes.
Les Tibétains perdent foi dans l’approche non violente du dalaï-lama, et craignent de se retrouver sans chef après sa mort. L’Europe et les Etats-Unis doivent répondre de façon positive à son appel à l’ouverture d’une enquête, si l’on veut que son peuple en colère suive ses recommandations pacifiques. Sans un retour sur la voie de la non-violence, le Tibet pourrait un jour connaître le sort du Kosovo, les violences provoquant une intervention occidentale sous une forme ou sous une autre. Ironie du sort, la Chine a accepté, mi-mars, de reprendre les négociations avec les Etats-Unis sur les questions des droits de l’homme. Quant à la population de Taïwan, elle se prépare à rejeter par les urnes le projet du président sortant, qui voulait proclamer officiellement l’indépendance de l’île, ce qui a provoqué des menaces de la part de Pékin.
Il faut mettre à l’épreuve la volonté de la Chine, afin de voir si elle est d’humeur à se montrer généreuse avec le Tibet. On peut lui donner une nouvelle chance de prouver qu’elle peut avoir recours à des moyens pacifiques pour garantir la liberté au Tibet. Mais le temps passe, et la confiance s’amenuise.
The Christian Science Monitor
Répression “La manière qu’a le Parti communiste chinois de considérer la question des minorités est souvent à courte vue”, estime l’écrivain chinois Wang Lixiong, auteur de plusieurs essais sur le Tibet et le Xinjiang. “Cela reflète une mentalité de dominant qui révère la force, sans aucun sentiment pour les sans-pouvoir et les minorités. Ces méthodes cruelles sont une transposition à grande échelle sur les minorités de la politique consistant à ‘éradiquer les germes de toute instabilité’, qui avait été appliquée après la répression du mouvement de Tian’anmen, en 1989.”