Chine: la honte!

Kouynemum dit:
et s'il s'agit d'aligner des cadavres d'enfants, quels qu'ils soient, pour soutenir un raisonnement sur ce forum, ça me dégoûte franchement.

c'est plus aligner les cadavres dans la réalité qui me parait dégoutant, quels qu'ils soient on est bien d'accord
alighieri dit:
Kouynemum dit:
et s'il s'agit d'aligner des cadavres d'enfants, quels qu'ils soient, pour soutenir un raisonnement sur ce forum, ça me dégoûte franchement.

c'est plus aligner les cadavres dans la réalité qui me parait dégoutant, quels qu'ils soient on est bien d'accord


ben non, on n'est pas d'accord.
ce qui est dégoutant, c'est l'argumentation ou l'instrumentalisation, ici et maintenant.
les cadavres dans un conflit, d'enfants ou d'adultes, c'est insoutenable et totalement révoltant.

je parlais d’être d’accord sur le “quels qu’ils soient”, c’est à dire qu’une victime a autant de poids qu’une autre, indépendamment de sa nationalité et de celle de son agresseur
c’était d’ailleurs le sens de l’intervention de Wasabi : pas de deux poids deux mesures en fonction de la réputation internationale de celui qui tue : dans les deux cas, ce sont des colons.
après, je ne comprends pas ce que tu entends par “instrumentalisation” : c’est bien parce qu’il y a des morts qu’on s’indigne et qu’on en parle, en exprimant une saine préférence pour les victimes, non ?
je ne fais pas semblant de ne pas comprendre…

alighieri dit:après, je ne comprends pas ce que tu entends par "instrumentalisation" : c'est bien parce qu'il y a des morts qu'on s'indigne et qu'on en parle, en exprimant une saine préférence pour les victimes, non ?
je ne fais pas semblant de ne pas comprendre...


ce que dit wasabi, c'est qu'on s'indigne plus rapidement et plus systématiquement d'un mort tibétain que d'un mort palestinien.
non seulement, c'est objectivement faux :
je le répète, il suffirait de faire une recherche sérieuse sur les occurences dans les médias. les exactions chinoises sont diplomatiquement et depuis très longtemps largement minimisées ou passées sous silence.
mais en plus, je trouve nauséabond de mesurer un problème international à la qualité médiatique supposée de ses victimes.
voilà.
le problème du Tibet est ancien; les ong n'ont pas attendu l'écho médiatique actuel pour en rendre compte.
la différence, c'est qu'aujourd'hui, à 5 mois des JO, il prend une résonnance nouvelle.
parler du Tibet n'exclut donc pas de parler d'autres drames; en parler ne signifie pas qu'on les ignorent non plus.
mais faire des amalgames ne sert personne.
Kouynemum dit: je trouve nauséabond de mesurer un problème international à la qualité médiatique supposée de ses victimes.

si tu rajoutes "et bourreaux", on est parfaitement d'accord
je pense que Wasabi s'est mal exprimé en se plaçant sur un terrain quantitatif : c'est plutôt qualitativement que cela pose problème. dans un cas (Tibet/Chine), est considérée comme objective une dénonciation sans équivoque d'une situation coloniale. dans l'autre (Israel/Palestine), est considérée comme objectif un discours disant que "les torts sont partagés entre colons et colonisés"
alighieri dit: dans un cas (Tibet/Chine), est considérée comme objective une dénonciation sans équivoque d'une situation coloniale. dans l'autre (Israel/Palestine), est considérée comme objectif un discours disant que "les torts sont partagés entre colons et colonisés"


ça, c'est ton avis.
le mieux, c'est de le développer dans un sujet spécifique.
en ce qui me concerne, je ne porte pas d'appréciation sur ce que doit être une dénonciation objective, ici ou ailleurs,
par contre, j'ai une idée assez précise de la situation des droits de l'homme (et de la femme) en Chine et je m'en tiens là pour regarder ce qui se passe au Tibet actuellement.

Il semblerait que le représentant emblématique du Tibet soit le Dalaï-Lama, et cela depuis quelques années à ce qu’on m’a dit.

Il est étonnant de voir le décalage de son discours envers le gouvernement chinois et envers les JO avec la levée de bouclier internationale actuelle.

ben, le dalai-lama actuel a un petit coté Juan Carlos : il veut moderniser son pays, alors qu’il est sensé être le gardien des traditions. il s’oppose farouchement à la politique d’acculturation chinoise, veut que son peuple garde sa religion, mais en même temps il veut la modernité économique pour le Tibet, qui passe, il en est bien conscient, obligatoirement par la Chine. en plus, il se considère comme “semi-retraité”, et plus absolument concerné…
du coup, oui, il parait tiède dans le concert d’indignation actuel ; il n’est sans doute pas 100% d’accord avec certains tibétains plus radicaux

Le Dalaï Lama est un homme intelligent. Il sait que son peuple ne veut pas et ne peut pas revenir en arrière. Les tibétains veulent évoluer certes mais simplement ils veulent le faire à leur rythme. Faire un équilibre entre une modernité maintenant incontournable et leurs traditions.

La Chine peut leur apporter quelque chose si seulement les dirigeant voulaient les comprendres, respecter les droits de l’homme et de la religions.

je me demande dans quelle mesure les JO ne sont pas contreproductifs pour les Tibétains. Le gouvernement chinois a intérêt à ne pas permettre ce genre d’événements pendant les Jo eux-mêmes, et donc à frapper vite et surtout très fort sur les moindres velléités de rebellion. Ils vont déguster, les abonnés orange.

alighieri dit:du coup, oui, il parait tiède dans le concert d'indignation actuel ; il n'est sans doute pas 100% d'accord avec certains tibétains plus radicaux

toute proportion gardée, après m'être tapé un bouquin d'histoire sur la Résistance française, cela me rappelle les divergences de vue entre de Gaulle et ceux de l'intérieur, notamment les FTP.
Je ne connais pas grand chose à leurs histoires mais comment veulent-ils parvenir à une solution politique négociée (dans la mesure où aucun État jamais ne soutiendra l'indépendance du Tibet, à moins que le reste de la Chine n'explose aussi) tant que le chef spirituel reste à l'extérieur.

Personnellement ce que je n’apprécie pas c’est l’atiture du CIO. Pour que les JO se fassent en Chine il y avait 3 conditions :
- Des batiments (ca pas de soucis c’est plutot facile pour eux)
- Faire de vrai effort pour l’écologie (ils ont passé plusieurs lois la dessus)
- Faire en sorte que les droit de l’homme soit respecter dans leur pays.

Le CIO a vérifier les 2 premiers points et sur le 3ème points ils ne réagissent pas…

Talo dit:...

le bâtiment ça vend bien;
les technologies vertes ça vend bien aussi (et la disparition du baiji on s'en tape, sa viande n'était pas commercialisée);
les droits de l'homme ça vend moins.

Le CIO est une petite bête fragile et toute pourrie sensible à ce genre d'arguments.

pour éclairer la position de la Chine par rapport au J.O. et ses implications locales (économiques, écologiques, sociales…), Le courrier International consacre assez régulièrement des articles à ce dossier.
(notament dans les deux derniers numéros)
concernant le Tibet, le numéro de cette semaine contient des points de vue de spécialistes, mais aussi des points de vue en Chine, de HonkKong, du Royaume Uni, d’Allemagne…
d’où il ressort quelques éléments forts :
-l’exaspération extrême des Tibétains laïcs face aux problèmes économiques, sociaux et culturels. les manifestations se produisent aussi dans les zones voisines de peuplement tibétain.
-la marge de manoeuvre étroite du pouvoir chinois entre répression et JO propres. le pouvoir veut résoudre rapidement le problème mais accentuer la répression, c’est s’exposer aux solutions de boycott international de la très emblématique manifestation sportive.
-la position du Dalaï Lama, qui réclame pacifiquement une plus grande autonomie du Tibet (et non pas son indépendance) diverge d’une frange plus radicale de Tibétains, plus jeunes, qui prônent des actions concrètes plus fortes et des choix politiques plus fermes.
-la présentation en Chine qui est faite par le pouvoir chinois des événements actuels renforcerait le nationalisme chinois anti-tibétain : l’accent est mis dans la presse sur les victimes civils Hans. (Nationalisme dejà fortement cristallisé autour de l’organisation des JO.)

Courrier International du 20 mars

VU DE PÉKIN • La modération face à la provocation

Après les manifestations de Lhassa, qui se sont terminées en scènes d’émeutes, les autorités chinoises ont été promptes à rejeter la responsabilité des violences sur le dalaï-lama. Lors d’une conférence de presse organisée le 18 mars, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a affirmé que l’accusation de “génocide culturel” perpétré par la Chine au Tibet n’était qu’un “mensonge”. Il a justifié l’intervention des forces de l’ordre pour réprimer les vols, les incendies volontaires et les violences fomentés, selon lui, par les exilés tibétains. “Il y a suffisamment d’indices pour prouver que cet incident a été organisé, prémédité, planifié et instigué par la clique du dalaï-lama. Cela montre bien que ses affirmations selon lesquelles elle cherche non pas l’indépendance mais le dialogue pacifique ne sont que des mensonges”, a-t-il déclaré.
“A l’étranger, de nombreuses voix ont appelé le gouvernement chinois à faire preuve de ‘modération’ dans son traitement des violences au Tibet”, peut-on lire dans un éditorial du China Daily. “Mais ces voix, intentionnellement ou non, sont presque silencieuses quant aux actes de violence perpétrés à Lhassa. Car la nature de ces actes ferait prendre des mesures drastiques à la plupart des gouvernements dans le monde”, poursuit le quotidien anglophone officiel. Le gouverneur de la région autonome du Tibet, Qiangba Puncog, présent à Pékin pour la session parlementaire annuelle, a affirmé de son côté que la police avait fait preuve de “mesure” et n’avait pas fait usage d’armes “létales”. Le China Daily précise que 300 incendies auraient été allumés, 214 maisons et magasins et 56 véhicules auraient été réduits en cendres. Soixante et un membres des forces de l’ordre auraient été blessés, dont six gravement. Un civil aurait été arrosé d’essence et brûlé vif.
Politiquement, les troubles au Tibet pourraient avoir un effet dévastateur sur la faction de Hu Jintao au pouvoir à Pékin, selon des sources internes du Parti communiste chinois citées par l’éditorialiste Willy Lam dans le webzine hongkongais Asia Sentinel. En effet, dans la montée au pouvoir de Hu Jintao, l’étape tibétaine, qui l’a vu diriger le parti de la région autonome entre 1988 et 1992, aura été décisive, poursuit Willy Lam. A ce titre, il a fait face aux émeutes de 1989 à Lhassa, en imposant la loi martiale, et c’est une des “raisons majeures” qui ont poussé Deng Xiaoping à le désigner comme futur leader dès 1992. “Dix-neuf ans plus tard, le commandant en chef des armées et les protégés de Hu ont échoué à contenir les troubles malgré une présence plus forte de l’armée”, note Asia Sentinel. Hu avait en effet renforcé les troupes stationnées au Tibet et au Xinjiang en 2007, afin de s’assurer que les deux régions autonomes resteraient calmes pendant la période des Jeux olympiques. De plus, les dirigeants du Parti pour ces deux provinces sont des protégés de Hu Jintao. Or aujourd’hui, c’est toute la faction de Hu qui pourrait subir les effets négatifs des événements actuels au Tibet.
La modération affichée par les autorités chinoises dans leur répression des manifestations est à replacer dans ce contexte. Il est en effet dans l’intérêt de Hu d’éviter un bain de sang et le possible boycott des Jeux olympiques qui suivrait. Mais, quoi qu’il en soit, conclut Willy Lam, le rêve suprême de réaliser des Jeux olympiques immaculés s’évanouit, ainsi que celui de propulser aisément une nouvelle génération de dirigeants passés par le Tibet.

Denis dit:Il semblerait que le représentant emblématique du Tibet soit le Dalaï-Lama, et cela depuis quelques années à ce qu'on m'a dit.
Il est étonnant de voir le décalage de son discours envers le gouvernement chinois et envers les JO avec la levée de bouclier internationale actuelle.


pour quelques éléments sur le Dalaï Lama

Courrier International 20 mars
PORTRAIT • L’homme qui incarne le Tibet

Accusé par le Premier ministre chinois d’être l’instigateur des événements de ces derniers jours, le dalaï-lama a indiqué le 18 mars, depuis Dharamsala, en Inde, où il est en exil, qu’il était prêt à démissionner de son rôle de chef d’Etat si la situation devait se détériorer. Il s’est élevé contre les violences et le développement de sentiments antichinois. Symbole de la lutte des Tibétains pour la reconnaissance de leur cause, le dalaï-lama a joué un rôle crucial dans la survivance de ce conflit sur la scène internationale. Si, pendant dix ans, au Tibet même, son nom n’était plus évoqué, récemment dans les rues de Lhassa, les gens parlaient de lui spontanément. Son discours du 10 mars, pour marquer le 49e anniversaire du soulèvement antichinois de Lhassa, a été émaillé de phrases plus sévères qu’auparavant, selon certains observateurs. “La langue, les coutumes et les traditions tibétaines disparaissent peu à peu”, a-t-il notamment déclaré. Les politiques de transfert de population non tibétaine menées par les autorités chinoises augmentent, “réduisant les Tibétains à une minorité insignifiante dans leur propre pays”. Depuis presque soixante ans, “dans tout le Tibet historique [U-Tsang, Kham et Amdo], les Tibétains doivent vivre sous le joug chinois, dans un état constant de peur, d’intimidation et de suspicion. La répression continue de s’accélérer, avec de nombreuses et graves violations des droits de l’homme et la négation de la liberté religieuse. Je demande instamment au gouvernement chinois de mettre un point d’arrêt immédiat à ces politiques”, a-t-il ajouté. Pékin accuse le dignitaire de demander l’indépendance, ce qui était vrai il y a trente ans. Depuis le début des années 1970, le dalaï-lama parle d’autonomie. Dans un entretien accordé en septembre 2007 au Wall Street Journal, il expliquait : “Nous ne demandons pas l’indépendance. Nous cherchons une solution en accord avec la Constitution chinoise”, qui reconnaît l’égalité entre toutes les nationalités. Pour certains observateurs tibétains, le gouvernement chinois joue la montre dans l’attente de la disparition du dignitaire. Le dalaï-lama en a bien conscience. “Il y a de plus en plus de signes de frustration, non seulement chez les exilés, mais aussi à l’intérieur”, affirmait-il lors de son entretien au Wall Street Journal. “Les suicides, les attentats, toutes ces choses sont possibles. Mais nous demandons toujours aux gens de rester en paix”, concluait-il.

et

Point de salut dans la violence

La sinisation à outrance du Tibet explique cette poussée de fièvre. Pékin a donc tout intérêt à renouer le dialogue pour éviter une crise sans fin.

La violente répression des manifestations au Tibet met à mal la légende de l’“ascension pacifique” de la Chine au statut de grande puissance. Mais les émeutes déclenchées par les fidèles du dalaï-lama sont aussi révélatrices de l’exaspération que suscitent ses appels à la résistance non-violente contre la domination chinoise. Reste à savoir laquelle de ces deux voies permettra de résoudre la situation épineuse sur le Toit du monde.Tout avait pourtant commencé dans le calme. Le 10 mars, dans la capitale, Lhassa, environ 300 moines avaient profité de l’anniversaire du soulèvement tibétain de 1959 – à l’issue duquel le dalaï-lama avait dû se réfugier en Inde – pour manifester contre l’incarcération de quelques-uns de leurs coreligionnaires. Plusieurs moines avaient alors été molestés et interpellés, ce qui avait entraîné de nouvelles manifestations, lesquelles ont débouché, le 14 mars, sur de grandes émeutes et sur des troubles dans d’autres parties du Tibet. Le dimanche 16, les dirigeants chinois en sont venus à imposer dans les faits la loi martiale [ils se défendent d’avoir formellement pris cette mesure et affirment n’avoir fait appel qu’à la police armée, et non à l’armée]. Le dalaï-lama a réclamé l’ouverture d’une enquête extérieure sur ce qu’il dénonce comme le “génocide culturel” du mode de vie tibétain, en particulier l’interdiction des pratiques bouddhistes. A quelques mois des Jeux olympiques, la brutalité de la répression contre ces manifestations en faveur de la liberté compromet gravement la grande fête censée célébrer l’entrée de la Chine sur la scène mondiale. Au moment même où les sportifs décrocheront des médailles à Pékin, des troupes seront peut-être encore déployées dans les rues de Lhassa. Il faut que les dirigeants chinois renouent sans conditions le dialogue avec le dalaï-lama. Depuis des décennies, il fait preuve d’une extrême patience, ayant même renoncé à ses revendications indépendantistes en faveur d’une “autonomie importante” pour le Tibet. L’action non violente doit susciter une réaction non violente.
En tant que chef spirituel du Tibet (et lauréat du prix Nobel de la paix), il a exprimé sa sympathie envers les manifestants. En Chine même, les Tibétains sont traités comme des citoyens de second ordre, et leurs droits sont plus sévèrement restreints que dans d’autres régions. Les autorités ont usurpé la hiérarchie bouddhiste et répandent des calomnies sur le dalaï-lama. Mais c’est la campagne visant à submerger le Tibet de Chinois d’ethnie han, surtout après la construction de la voie ferrée Pékin-Lhassa, il y a deux ans, qui a provoqué une résurgence du ressentiment, ces nouveaux immigrants bénéficiant d’avantages injustes.
Les Tibétains perdent foi dans l’approche non violente du dalaï-lama, et craignent de se retrouver sans chef après sa mort. L’Europe et les Etats-Unis doivent répondre de façon positive à son appel à l’ouverture d’une enquête, si l’on veut que son peuple en colère suive ses recommandations pacifiques. Sans un retour sur la voie de la non-violence, le Tibet pourrait un jour connaître le sort du Kosovo, les violences provoquant une intervention occidentale sous une forme ou sous une autre. Ironie du sort, la Chine a accepté, mi-mars, de reprendre les négociations avec les Etats-Unis sur les questions des droits de l’homme. Quant à la population de Taïwan, elle se prépare à rejeter par les urnes le projet du président sortant, qui voulait proclamer officiellement l’indépendance de l’île, ce qui a provoqué des menaces de la part de Pékin.
Il faut mettre à l’épreuve la volonté de la Chine, afin de voir si elle est d’humeur à se montrer généreuse avec le Tibet. On peut lui donner une nouvelle chance de prouver qu’elle peut avoir recours à des moyens pacifiques pour garantir la liberté au Tibet. Mais le temps passe, et la confiance s’amenuise.

The Christian Science Monitor

Répression

“La manière qu’a le Parti communiste chinois de considérer la question des minorités est souvent à courte vue”, estime l’écrivain chinois Wang Lixiong, auteur de plusieurs essais sur le Tibet et le Xinjiang. “Cela reflète une mentalité de dominant qui révère la force, sans aucun sentiment pour les sans-pouvoir et les minorités. Ces méthodes cruelles sont une transposition à grande échelle sur les minorités de la politique consistant à ‘éradiquer les germes de toute instabilité’, qui avait été appliquée après la répression du mouvement de Tian’anmen, en 1989.”

enfin sur les réactions internationales et le CIO

Editorial de Philippe Thureau-Dangin

Des Jeux olympiques déjà entachés

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les réactions internationales après les événements de Lhassa ont été mesurées. Européens comme Américains ne veulent surtout pas déranger la Chine, leur partenaire commercial et leur fidèle créancier. Alors, oui, Washington a élevé une protestation contre la répression et a simplement appelé Pékin à “engager le dialogue avec le dalaï-lama”. Autant ne rien dire du tout. Précisément, c’est parce que le dialogue avec le dalaï-lama était dans une impasse depuis plus de trois ans que les moines tibétains et les jeunes ont osé manifester et s’en prendre à des Hans ! Il est patent que les autorités chinoises n’entendent pas dialoguer, ni accorder aucune forme d’autonomie réelle au Tibet. Au contraire, ils poursuivent l’entreprise de conquête des bords du monde han, entamée depuis des lustres. Et la dislocation en 1989-1990 de l’empire russo-soviétique ne peut que les prévenir contre tout relâchement !
Pourtant, rappelle le dissident chinois Wei Jingsheng dans une tribune, “seule la conjugaison de la pression internationale et d’un mouvement interne peut mener à des résultats tangibles”. Or les Tibétains, qui subissent une intégration à marche forcée, se sentent bien peu aidés par la communauté internationale. La voix de la modération, incarnée par le dalaï-lama, n’obtenant rien, ils ont voulu profiter de la proximité des Jeux olympiques de Pékin pour exprimer leur désespoir. Pour l’heure, leur mouvement, peu préparé, n’aura quasiment rien obtenu. Mais, sur le plus long terme, il aura peut-être deux effets. D’abord, il semble que le pouvoir à Pékin soit divisé sur la conduite à tenir, entre le président Hu Jintao – celui-là même qui réprima les manifestations au Tibet en 1989 – et son prédécesseur, Jiang Zemin, qui a ouvert la voie à la discussion avec le dalaï-lama. Ensuite, il est fort probable que de nombreuses contestations viendront troubler les Jeux. Même si le Comité international olympique se tient coi, des sportifs ou d’autres personnalités, après Steven Spielberg, élèveront la voix. Au mois d’août ou peut-être dès demain…



ce qui ne rend pas tellement optimiste sur l’issue de cette crise, c’est que, indépendament de la complexité économico-diplomatique des liens de la Chine avec le reste du monde, le gouvernement chinois mise sur l’oubli rapide par les médias occidentaux du mouvement tibétain, à l’instar de ce qui s’est passé en Birmanie : Une médiatisation extrême mais de courte durée, sans véritable suivi à moyen terme.

De toute façon il ne faut pas se leurrer, nous n’avons aucun moyen de faire plier la Chine sur ce sujet. Le gouvernement Chinois le sait et même le Boycotte des JO n’apportera à l’occident qu’une victoire à la pyrus dans sa quête de promotion des droits de l’homme (en tout cas c’est l’impression que j’en ai) puisqu’elle radicalisera les chinois sur plein d’autres sujets où on ne peut pas se passer d’eux.

Pour moi la seule chose qui pourra permettre au Tibet de s’en sortir c’est que la Chine continue à assouplir la politique au fur et à mesure de l’arrivée de la prospérité économique et cela ne pourra venir que de l’intérieur comme toutes les réformes qui ont déja eu lieux (car on critique ce pays de l’extérieur mais quand on voit le chemin parcouru depuis la révolution culturelle et la population à gérer j’avoue que je ne suis pas certains que les réformes puissent aller plus vite sans des bains de sangs monstrueux).

En plus dans un même temps, les Chinois ne désirent pas en priorité la démocratie mais la prospérité économique donc le Tibet est parti pour attendre très longtemps à mon avis.

A++ Stouf

En réponse à Kouyne : je suis au courant de ces infos et le sens de mon intervention était justement de soulever les divergences de vue au sein même du peuple tibétain, et donc des divergences de vue entre certains Tibétains et une certaine opinion internationale.
Si nous, occidentaux, faisons un choix d’action (boycott ou autre) sommes-nous sûrs que cela répondra aux envies des Tibétains ? Ou seulement d’une partie des Tibétains ? Une partie majoritaire ou minoritaire ?

Quel pourcentage de Tibétains est pour l’indépendance ? Quel pourcentage de Tibétains est pour une autonomie au sein de la Chine ? Il y a même d’autres solutions que l’indépendance ou l’autonomie.

Allons-nous faire pression sur la Chine dans le sens de l’une ou l’autre de ces solutions en étant sûr qu’elle correspondra à l’attente d’une majorité de Tibétains ? Allons-nous choisir pour eux ? Quelle réponse précise attendons-nous de la Chine à une action internationale ?

Ceci étant dit, qu’il n’y ait pas de “kiproko” : je suis de tout coeur avec les Tibétains. Juste, je ne sais pas lesquels, de Tibétains, car je ne sais pas lesquels ont raison, je ne sais pas ce qui est le mieux pour eux.

Denis dit:Quel pourcentage de Tibétains est pour l'indépendance ? Quel pourcentage de Tibétains est pour une autonomie au sein de la Chine ? Il y a même d'autres solutions que l'indépendance ou l'autonomie.
Allons-nous faire pression sur la Chine dans le sens de l'une ou l'autre de ces solutions en étant sûr qu'elle correspondra à l'attente d'une majorité de Tibétains ? Allons-nous choisir pour eux ? Quelle réponse précise attendons-nous de la Chine à une action internationale ?


je crois que l'intervention de pays tiers n'a aucunement à déterminer une solution ou à privilégier une solution plutôt qu'une autre.
la pression internationale vise à rétablir le dialogue entre le gouvernement chinois et le dalaï lama, représentant officile du Tibet.
pour l'instant, le discours de la chine vise à faire comme si ce que réclamait le dalaï lama, l'autonomie plutôt que l'indépendance, b'était qu'un discours de façade cachant ses véritables objectifs en liaison avec les émeutiers ("la clique du Dalaï Lama" sic).
depuis longtemps, le gouvernement chinois tablait sur une résolution du problème à la faveur du décès du Dalaï Lama. mais les événements bouleverse ce plan.
l'autre personnalité représentative, le panchen Lama a été emprisonné par les autorités chinoises depuis sa petite enfance. un autre a été désigné par la Chine mais non reconnu par les tibétains.
il existe également un gouvernement en exil.
En tout cas, la question fait débat.

Le poids politique du dalaï-lama, exilé depuis quarante-neuf ansLEMONDE.FR | 21.03.08 | 16h04 • Mis à jour le 21.03.08 | 16h20
Sa personnalité et ses enseignements drainent les foules du monde entier. Son charisme et sa posture de non-violence ont largement contribué à populariser la cause du Tibet dans les pays occidentaux, sans toutefois obtenir des gouvernements démocratiques qu'ils s'engagent fermement contre le régime chinois. Celui qui incarne la voix du Tibet n'a pourtant plus foulé le sol du "pays des neiges" depuis 1959. Au regard des protestations qui secouent actuellement le Tibet, le discours modéré du quatorzième dalaï-lama semble dépassé par une jeunesse tibétaine plus radicale et inquiète pour son avenir, questionnant le poids politique réel du chef spirituel.
"Il y a un décalage entre les actes de ceux qui se battent au Tibet et la parole du dalaï-lama, reconnaît Katia Buffetrille, tibétologue et chercheuse à l'Ecole pratique des hautes études. Pour une partie de la jeunesse tibétaine, la politique modérée du dalaï-lama ne conduit à rien." Les Tibétains de l'intérieur estiment que le dialogue entre Pékin et le gouvernement en exil à Dharamsala, en Inde, est dans une impasse. "Depuis plus de vingt ans, le dalaï-lama répète qu'il ne demande pas l'indépendance, mais l'autonomie", explique Marie Holzmann, spécialiste de la question des droits de l'homme en Chine. Mais les autorités chinoises soutiennent que la demande d'autonomie du dalaï-lama ne serait qu'un discours de façade, qui masquerait un désir d'indépendance. "Nous sommes face à un dialogue de sourds. Les Chinois font semblant de ne pas entendre ce que dit le dalaï-lama. C'est proprement surréaliste", s'indigne Marie Holzmann.
UN TITRE DONNÉ PAR LES MONGOLS, CONFIRMÉ PAR LES CHINOIS
Il faut remonter le cours de l'Histoire pour comprendre d'où vient la légitimité politique du dalaï-lama, littéralement "le maître dont la sagesse est aussi grande que l'océan". C'est en 1578 que, pour la première fois, le prince mongol Altan Khan, qui gouverne alors le Tibet, donne le titre de dalaï-lama à Sonam Gyatso, abbé du monastère de Shigatse, situé dans l'ouest du pays. Le dalaï-lama n'a, à l'époque, qu'un pouvoir spirituel. C'est le cinquième dalaï-lama qui reçoit, en 1642, des mains du chef Güshi Khan, l'autorité politique temporelle sur le Tibet. Un mandat confirmé ensuite par les empereurs chinois qui prennent la suite des Mongols au début du XVIIIe siècle et qui voient, à travers cet unique interlocuteur politique et religieux, un moyen de mieux contrôler la région.
L'actuel dalaï-lama est découvert par les religieux tibétains à l'âge de 3 ans. Il a 13 ans quand, en 1950, les troupes chinoises envahissent son pays, et 15 quand, dans l'urgence, le gouvernement tibétain lui remet les pleins pouvoirs. En 1959, il fuit le Tibet devant la répression féroce du soulèvement des moines tibétains. A Dharamsala, il reconstitue le gouvernement en exil, qui aura la charge, notamment, de veiller à la communauté tibétaine installée en Inde. Depuis peu, ce gouvernement s'initie à la démocratie ; en 2001, un scrutin a été organisé au sein de la diaspora pour élire le premier ministre tibétain. Depuis, le dalaï-lama reconnaît lui-même s'être mis "en semi-retraite" pour laisser place à l'exécutif élu.
"VIVE LE DALAÏ-LAMA !"
Aujourd'hui, les Tibétains de l'intérieur se prosternent devant des cadres vides, toute représentation du dalaï-lama leur étant interdite. Sa parole et son image étant tellement contrôlées, les discours du dalaï-lama sont-ils relayés au Tibet ? La plupart des spécialistes s'accordent pour dire que les Tibétains manient parfaitement les nouvelles technologies et parviennent à s'informer. "En surfant sur les différents blogs, les Tibétains arrivent à avoir beaucoup d'informations en provenance de l'étranger, explique Katia Buffetrille. A l'exception bien sûr de ces derniers jours, où l'information est complètement verrouillée."
Vraisemblablement, les Tibétains ont entendu le discours prononcé par le dalaï-lama le 10 mars pour marquer le 49e anniversaire du soulèvement de 1959. Il s'y montre plus incisif que d'habitude, évoquant le "joug chinois", de "graves violations des droits de l'homme" et une "répression inimaginable". Bien que les manifestations ont commencé avant que ne soit prononcé le discours, il a, en revanche, servi à remettre le dalaï-lama au cœur des discussions politiques à Lhassa. Signe que son influence perdure, sur les affiches brandies par les manifestants tibétains ces derniers jours, les quelques slogans rageurs – "Libérez le Tibet !" ou "Mort à Hu Jintao !" – étaient minoritaires par rapport à ceux qui proclamaient "Vive le dalaï-lama !".
Mathilde Gérard