Alors j’ai vu ce weekend le dernier Danny Boyle, réalisateur que j’apprécie beaucoup et dont je suis le travail religieusement…
En padawan discipliné, je me suis rendu voir cette merveille annoncée qu’était Slumdog Millionnaire à en écouter les différents JT, les 4 Golden Globe obtenus et certains magazines spécialisés. Mais quand même pas super enthousiaste car mes critiques préférées avaient enfoncé le film. Je voulais donc vérifier si c’était justifié ^^
Et (malheureusement) oui, c’était justifié de descendre Slumdog Millionnaire.
Le film est extrêmement dérangeant dans le sens où Boyle nous présente le parcours d’un orphelin des bidonvilles de Mumbai, idée jusque là très louable, avec une certaine malhonnêteté ou manque de recul, je ne saurais pas définir. Bref quelque chose qui fait qu’on ferme les yeux sur des événements révoltants…
On voit un vaurien s’en sortir ok, c’est mignon, y a des bons sentiments jusque là admettions. Mais tout au long du film, Boyle nous dépeint brièvement en toile de fond des horreurs, et je pèse mes mots ! On y voit un enfant se faire arrcher un oeil à la cuillère pour être ensuite mis sur le trottoir afin de gagner plus d’argent en faisant la manche, une jeune fille vierge proposée à un vieux venu en Inde faire du tourisme sexuel, la misère totale des bidonvilles où les gens y vivent comme des chiens (“slumdogs”), la persécution des musulmans par les hindous (avec une torche humaine à la clé)… Bref des choses censées faire réagir tout être humain normalement réfléchi. On devrait sortir de ce film révolté, se dire qu’il faut changer ça !
Mais non, le traitement du film est tel qu’on suit, presque le sourire aux lèvres l’itinéraire de ce gamin, et finalement, les autres indiens qui vivent dans leurs bidonvilles, et bien on s’en contrefout parce que notre héros il finit richissime et on aura pas réussi à lui marcher dessus… Et finalement ce qui se passe en Inde c’est cool, le toursime sexuel, la main mise de la mafia sur l’économie du pays, tout ça, parce que quand on joue à “Qui veut gagner des Millions” on peut devenir quelqu’un (Remercions donc Jean-Pierre Foucaud en passant, car avec lui je deviendrai peut-être quelqu’un un jour !). Le film est joyeux, coloré, ça finit merveilleusement bien, la réalisation est dynamique et c’est donc un film agréable à regarder alors que ça ne devrait pas, pas si on nous montre ce type d’images chocs !
Et c’est là que pour moi le film est un ratage. Le pire c’est que je ne l’ai pas réalisé de suite, il m’a fallu quelques heures pour digérer et comprendre que non ce que j’ai vu n’est pas agréable, n’est pas glorieux, que le héros n’a rien gagné !
Finalement, Slumdog Millionnaire, ça serait un peu comme un bonbon à la merde, mais avec tellement de sucres ajoutés qu’on le savourerait facilement et que beaucoup en redemanderaient presque
Je ne partage pas ton avis.
C’est d’abord une histoire qu’on peut trouver un peu mièvre et calibrée, certes, mais c’est une histoire, un conte.
Ensuite, on voit l’Inde, dans toute sa misère, son horreur, sa corruption. C’est vrai, ça existe. Et tu fais quoi, toi, ici ?.. rien. Comme moi. On sait que ça existe, mais on sait pas à quel point. Et je ne suis pas sûr que de ne pas le montrer change grand chose.
Par contre, le film de Danny Boyle le montre, sans racolage, sans voyeurisme. Alors oui, il y a de la merde, du sang, des larmes, du sexe, mais rien de racoleur. Juste une vision de la réalité, sorte de contrepoint au conte genre Dickens.
Et puis moi, j’aime bien, cette histoire du mec qui part mal, et qui arrive dans une situation… qu’il n’a pas vraiment cherché pour les raisons qu’on imagine… Limite il s’en fout. Mais je suis bon public, c’est vrai.
De plus, Danny Boyle me bluffe une fois de plus, avec une façon de tenir la caméra (la poursuite dans les bidonvilles), de toujours se moquer de lui-même (le générique bollywoodien), mais de toujours respecter ses acteurs et de faire preuve d’humanité.
Le dérisoire, et le sublime.
J’ai bien aimé.
Et puis… ferme les yeux qui veut… Moi, j’ai encore dans ma tête l’énucléation, le plongeon dans la merde et d’autres scènes sordides…
Je n’y pourrai rien du fond de mon trou d’occidental, mais je ne ferme pas les yeux, et n’y pourrai rien changer.
Mirmo dit:
Et c'est là que pour moi le film est un ratage. Le pire c'est que je ne l'ai pas réalisé de suite, il m'a fallu quelques heures pour digérer et comprendre que non ce que j'ai vu n'est pas agréable, n'est pas glorieux, que le héros n'a rien gagné !
N'est-ce pas particulièrement pour ça que le film est réussi ?
Parce que finalement, toutes ces images chocs, il aurait très bien pu choisir de les faire sauter et proposer une vision bolliwoodienne de l'Inde...
N'est-ce pas tout le succès du film de faire passer de manière quasi-subliminale ces images sous la couche de bons sentiments ? Toutes ces choses qui, mine de rien, reviennent trotter dans ta tête quelques heures après la sortie de la salle ?
Complètement… j’approuve.
Déjà ça me rassure que ces images restent dans la tête de certaines personnes mais tout ce que j’ai pu lire dans des magazines ciné ou bien sur allocine dans les critiques spectateurs laisse à penser que beaucoup trop de personnes se limitent au plaisir immédiat qu’ils ont éprouvé devant le film (et je l’ai éprouvé un peu aussi !) au travers de cette love story impossible et de l’accomplissement du personnage…
Bizarrement, je tendrais à rapprocher ce film d’Import Export (sorti une semaine avant) qui aborde des thématiques identiques en Europe de l’Est (plus paticulièrement en Ukraine) : commerce du sexe, tourisme sexuel, difficulté de l’émigration, xénophobie… Sauf que dans ce film le traitement était beaucoup plus fin, bien plus réaliste et humain, l’accomplissement de la réussite des personnages se fait en demi-teinte, en retenue. Et c’est là mon problème, Boyle malgré tout le respect que j’ai pour ce qu’il a fait jusque là, n’a pas un style adapté à ce type de réalisation…
Voir un musulman entrain de brûler filmé comme dans un clip de Madonna, personnellement, ça me met hors de moi… Autant quand c’est un zombie qui brûle, je trouve ça cool dans 28 jours plus tard, autant là c’est totalement inapproprié !
Qu’est-ce t’as contre les zombies ?..
Deckard dit:Qu'est-ce t'as contre les zombies ?.....
Je les aime tendrement

Enfin pas tous... Ma préférence va aux zombies nazis aquatiques

Point Godwin en vue ?..
Mirmo dit:
Bizarrement, je tendrais à rapprocher ce film d'Import Export (sorti une semaine avant) qui aborde des thématiques identiques en Europe de l'Est (plus paticulièrement en Ukraine) : commerce du sexe, tourisme sexuel, difficulté de l'émigration, xénophobie... Sauf que dans ce film le traitement était beaucoup plus fin, bien plus réaliste et humain, l'accomplissement de la réussite des personnages se fait en demi-teinte, en retenue. Et c'est là mon problème, Boyle malgré tout le respect que j'ai pour ce qu'il a fait jusque là, n'a pas un style adapté à ce type de réalisation...
Je comprends ton point de vue, mais Import Export restera un film confidentiel que quasiment personne ne verra parce que ça ne fait rêver personne, aussi réussi soit-il.
Le film de Boyle touchera infiniment plus de monde. Personnellement, je trouve la démarche plutôt intéressante. Encore une fois, rien ne l'obligeait à garder les passages dérangeants. Il arrive à les intégrer sans repousser une grande partie du public, c'est un tour de force en soit, même si ses procédés sont discutables.
Mirmo dit:Deckard dit:Qu'est-ce t'as contre les zombies ?.....
Je les aime tendrement![]()
Enfin pas tous... Ma préférence va aux zombies nazis aquatiques
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Shock Waves avec Peter Cushing ! Trop facile...

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Corbax dit:Mirmo dit:Deckard dit:Qu'est-ce t'as contre les zombies ?.....
Je les aime tendrement![]()
Enfin pas tous... Ma préférence va aux zombies nazis aquatiques
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Shock Waves avec Peter Cushing ! Trop facile...![]()
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Pas que... J'ai été initié par Jean Rollin avec Le Lac des Morts Vivants. Jean Rollin c'est un peu mon maître quoi

Ouiap, Danny Boyle il était tout de même plus marrant dans Bienvenue chez les Chtits.
Sinon je suis plutôt d’accord avec mes camarades Deckard et Shingouz. L’histoire est abordée sous l’angle d’un conte, et ne prétend pas proposer un tableau noir de la misère de l’Inde. Par ailleurs je n’ai pas trouvé que l’ambiance rose bonbon/ happy love story de certains passages occultait toutes les horreurs montrées dans le film; le contraste n’en est au contraire que plus saisissant. Bref j’ai bien aimé ce film; l’éloge dithyrambique qu’il reçoit est sans doute exagérée (8,7 de moyenne sur imdnb actuellement !), mais de là à parler de film raté, je trouve ça un peu sévère.
Z’avez qu’à lire le bouquin dont est tiré le film : lui met tout le monde d’accord http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/12927
Moi, j’ai vu le film hier. Je dois être beaucoup plus rustre que certains et ne pas être capable de bien analyser, mais slumdog millionaire est mon grand coup de cœur de l’année.
Désolé de ne pas être assez intelligent pour comprendre la comparaison du film avec un bonbon à la merde, je l’ai pris pour un conte et l’ai apprécié en tant que tel.
J’ai été voir le film et j’ai assez apprécié.
Ce qu’il me reste du film, ce n’est pas cette histoire d’amour quasi impossible ou le côté conte de fée … mais plutôt la vie de m**** du personnage principal et l’horreur de la vie quotidienne des pauvres.
Effectivement la scène ou le mulsulman est brulé vif est choquante de part l’acte de haine en lui même et l’indifférence des représentants de la lois dans leur vanne et c’est ce qui m’a frappé, aucunement la mise en scène ni la musique.
J’ai plus l’impression que le film cherche à montrer la vie quotidienne (par ses rêves avec l’acteur idolatré au début du film, par son horreur avec la mutilation du jeune chanteur, l’exploitation des filles/femmes, le meurtre banalisé, la haine religieuse, …) et ce qu’elle peut avoir de révoltante (j’imagine que le l’histoire aurait tout aussi bien put être en Amérique du Sud) tout en mettant un conte de fée pour édulcorer, rendre la tragédie moins horrible dur l’instant afin que le spectateur puisse tout voir.
surame dit:
Désolé de ne pas être assez intelligent pour comprendre la comparaison du film avec un bonbon à la merde, je l'ai pris pour un conte et l'ai apprécié en tant que tel.
C'est pas une question d'intelligence...
Tu as vu un conte sauf que ce qu'on nous montre dans ce conte est plutôt révoltant selon moi. Et je trouve que le traitement (et je parle vraiment de la forme !) n'est absolument pas adapté et en total décalage avec le fond. Car oui on y voit de la merde dans le film (au sens propre comme au figuré) et oui c'est la réalité, jusque là on est tous d'accord. Sauf que la forme est en totale inadéquation selon moi (la misère humaine filmée façon MTV je trouve ça douteux). Et c'est là où je trouve que Boyle est passé à côté de son sujet.
Après le film reste très regardable et même plutôt agréable, j'ai pas boudé mon plaisir. De là à lui porter autant d'éloges...!!
Je peux également aussi casser la narration qui est tout de même assez minable, les questions du jeu suivant exactement la chronologie de la vie du personnage... Comme ça on prend pas de risques avec des élipses risquées, on se casse pas trop le cul pour le montage (n'est pas Guillermo Arriaga qui veut !), et le public ne sera pas perdu, on le brossera donc bien dans le sens du poil... Boyle a tout de même une filmo conséquente et reconnue, il aurait donc pu et du prendre ce type de risque narratif (après le bouquin est dans ma table de chevet mais je ne l'ai pas lu, d'ailleurs le film ne m'a pas vraiment donné envie d'approfondir la chose malheureusement...)
Enfin, Slumdog Millionnaire fait également aussi un peu l'apologie de la télé-poubelle, bah oui "Who wants to be a Millionaire" c'est de la boulette, ça permet de réussir sa vie et de retrouver la femme qu'on aime

yber dit:J'ai été voir le film et j'ai assez apprécié.
Ce qu'il me reste du film, ce n'est pas cette histoire d'amour quasi impossible ou le côté conte de fée ... mais plutôt la vie de m**** du personnage principal et l'horreur de la vie quotidienne des pauvres.
Effectivement la scène ou le mulsulman est brulé vif est choquante de part l'acte de haine en lui même et l'indifférence des représentants de la lois dans leur vanne et c'est ce qui m'a frappé, aucunement la mise en scène ni la musique.
Oui, je trouve que le film dépeint bien la dure réalité de la vie en Inde. Je pense que la scène de l'homme brulé vif est forte mais elle montre aussi une réalité, les tensions religieuses entre hindouisme et islam en Inde. Faut voir qu'entre l'Inde et le Pakistan, il y a eu je ne sais plus 3 ou 4 guerres depuis l'indépendance.
Boyle ne cherche t’il pas avec cette mise en scène à rendre le film regardable par la majorité ?
Sans ce style de mise en scène ou d’histoire le film serait peut être plus dans le documentaire et surement moins regardable par le commun des mortels tant par le fait qu’il faut résister à une documentaire sur la violence pendant 1h30 …
C’est une façon de dédramatiser sur le moment l’horreur que l’on sait être réelle dans la “vraie vie” afin de permettre au spectateur de la voir sans le faire gerber.
Je ne peux juger sur les similitudes avec MTV, je ne regarde pas la TV
Je suis d’accord que chez nous, ce style d’emission est de la tété-poubelle, mais la-bas … c’est un phénomène semble t’il.
Cela n’a rien de “poubelle”, c’est aussi fort que le bonheur d’apercevoir et avoir un authographe par son acteur préféré au début du film … cette émission les fait rêver … autant, voire même plus, que certains sportif qui courent après un ballon et qui touchent des sommes faramineuse pour ne toucher ce ballon que quelques minutes par match …
J’oserais même dire que cette émission est peut être moins poubelle que le foot : elle permet d’apprendre, de se cultiver … chose qui n’arrive pas devant un match de foot (sauf pour lire les ingrédients sur le paquet de chips ou savoir si telle ou telle bière est meilleurs que l’autre … ).
Pour la réalisation en elle-même, je te fais confiance sur paraole , je suis totalement néophyte dans le domaine.
yber dit:
J'oserais même dire que cette émission est peut être moins poubelle que le foot : elle permet d'apprendre, de se cultiver ...
Boyle prépare la suite du film, avec le Julien Lepers indien (encore un sosie de Michael Keaton !!)... "Slumdog Questions pour un Champion"... Mais à la fin il gagne 1 000 euros, un radio réveil et un Larousse, c'est moins glamour

Et il retrouve pas sa meuf parce que bon elle regarde pas cette émission, c'est trop chiant ^^
LoL
Juste une précision suite à la citation sortie de son contexte , quand je parle de culture devant ce style d’émission, c’est par rapport au foot bien sur …
Il y a d’autres moyens plus intéressants de réellement se cultiver … mais à la TV, j’ai du mal à trouver à vraie dire …