[cinéma] Hier, j'ai vu... mais pas au cinéma.

Ben oui, parce que la course aux nouveautés c’est bien joli, mais on peut très bien découvrir des films plus anciens et avoir envie de partager son enthousiasme pour un chef d’oeuvre intemporel ou de déconseiller vivement une infâme bouse.

Bref, je ne crois pas qu’il y avait un topic pour cela et je pense que ça manquait.

Hop ! Une bonne chose de faite !

…et donc hier j’ai (re)vu Rubber de Quentin Dupieux. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que pour une histoire de pneu, ça sort sacrément des sentiers battus :“Après avoir assisté à un incendie de pneu, Robert le pneu décide de venger son peuple”. Derrière ce pitch à la gomme se cache un film qui en plus de son humour absurde dévastateur, propose une mise en abîme vertigineuse, une ambiance tendue comme un câble de frein, des acteurs en roue libre et une esthétique pas piquée des crampons…

Tourné à l’appareil photo par ce drôle d’Oizo de Quentin Dupieux, Rubber n’est probablement pas un “grand” film, mais c’est, sans aucun doute, la chose la plus rafraîchissante qu’il m’ait été donné d’observer depuis bien longtemps. Au bout de seulement 10 minutes de métrage on est assez déconcerté pour s’attendre à tout et surtout à n’importe quoi, tant le film part dans tout les sens. Et pourtant on reste accroché par les changements de tons radicaux, l’esthétique léchée, la qualité du jeu d’acteurs et les dialogues savoureusement absurdes.

De plus le film propose une réflexion assez intéressante sur la relation entre un film, son auteur et le public. Qui est le maître à bord ? Qui impose sa vision du cinéma ? Les auteurs/acteurs qui en tant que fabricants décident de ce que sera le film ? Le spectateur qui imprime le film de ses références, sa culture, sa sensibilité ? Où alors le film lui-même, objet incontrôlable et doué de sa dynamique propre, comme Robert le pneu anti-héros, qui prend la direction qu’il souhaite sans jamais combler les ambitions de ses créateurs ni les attentes des spectateurs ?

Une œuvre radicale, aussi stupide qu’intello, aussi inutile qu’indispensable, aussi inquiétante qu’amusante, qui nous éloigne pour notre plus grand bien des habituelles recettes, usées jusqu’à la corde.

Ma note : :shock: :lol: / 10

air dit:Derrière ce pitch à la gomme
:pouicbravo:

Pour ne citer que celle-ci, le reste de l’article étant à l'avenant.
Félicitations.

Cool le sujet ! Je vais rarement au cinéma parce que j’en ai marre de ce lieu pour plusieurs raisons (très peu de VO, gens bruyants, etc.).

En attendant que Prometheus sorte en DVD, sur les conseils de je sais plus quel article, j’ai attaqué la saga Alien par le premier film de 1979 réalisé par Ridley Scott, Alien. Il fait partie de ces sagas dont je n’ai jamais regardé un seul épisode à la télé (de même que Terminator, Star Wars, Rocky, Rambo, etc. Toute une culture à refaire ma bonne dame !).

J’ai pas trop accroché, j’ai trouvé ça vraiment long pour ce que c’était, même en le replaçant dans son contexte de l’époque ; d’ailleurs je trouve que le film n’a pas très bien vieilli. La première demi-heure était d’une lenteur horrible (failli m’endormir), heureusement, dès qu’ils regagnent le vaisseau, ça devient plus intéressant. Le jeu des acteurs ne m’a pas emballé (à part les mécanos et le capitaine). Bref, j’avoue, j’en attendais peut-être beaucoup et j’en ressors un peu déçu.

Prochaine étape : Aliens mais surtout The Dark Knight pour préparer la vision du film de l’année. 8)

Bah tiens justement: Visionné Batman Begins hier et The Dark Knight ce soir. Y a pas à dire ces deux films claquent, c’est profond, mature, intense, jouissif … c’est maitrisé! aaaah J’adore! et la musique!!!:pouiclove: une tuerie!
Alors honnetement est ce que The Dark Knigt Rises peut être loupé?
Batman n’est pas un super héros, c’est une légende!

( Oui moi aussi j’ai trouvé Rubber bien jouissif malgré ou grâce à son côté énervant … )

Et puis la scène de la douche de Psychose avec un pneu… Rha c’est bon.

viking dit:( Oui moi aussi j'ai trouvé Rubber bien jouissif malgré ou grâce à son côté énervant ... )
Et puis la scène de la douche de Psychose avec un pneu... Rha c'est bon.


C'est le seul moment que j'ai trouvé réussi. Le reste m'a un pneu gonflé. :mrgreen:

Déterrage de topics phase n° 2
The master :
Incontestablement, c’est jusqu’ici le meilleur film sortit cette année qui soit passé sous mes yeux.
Le cinéma de P.T.Anderson est toujours aussi ambitieux aussi bien sur le plan formelle que thématique. Il poursuit ici son excursion à travers les genres cinématographiques et les fléaux qui ternissent les valeurs de l’Amérique, car c’est bien de cela dont il est encore question dans The Master.
En effet, c’est le portrait d’une Amérique traumatisée et en quête de sens qui est dréssée ici, bien plus que celui de la scientologie (même si les références y sont plus qu’explicites) ou même de personnages finalement accessoires. Et si le film n’atteint pas le même degré de fascination hypnotique que There will be blood, il offre néanmoins un impressionnant panel de grilles de lecture et de moments de bravoure tant dans la mise en scène que dans le jeu des comédiens.
Voilà donc un film pertinent, intelligent et exigeant comme le cinéma américain n’en offre que trop rarement.

Le prénom : sur la conseil de ma chère et tendre j’ai acheté le DVD sans trop de conviction. Et bien j’ai passé un bon moment !
Jack Reacher, pas mal mais sans plus, des passages longs.


Southland Tales, 2ème film du brillant Richard Kelly est un film qui est considéré ici comme un chef d’œuvre et là comme un infect navet et il est évident que ce genre d’objet filmique non identifiable ne peut faire le consensus. En effet, Rien n’ai fait pour simplifier la compréhension de ce film ultra référencé, gavé de culture pop-rock, de Hard SF et précédé de trois comic-books quasi introuvables en guise d’introduction.
De plus , tout est traité avec excès, les personnages sont caricaturaux, les enjeux politiques actuels, mondiaux en général et américains en particuliers, sont illustrés de façon grotesques (mais pas maladroites pour autant) et rien, surtout pas l’humanité, n’est à sauver.
Mais, déjà, le casting semble vouloir nous indiquer de ne pas nous fier aux apparences : Le catcheur The Rock qu’on attendrait plutot dans le registre “action body-buildé basse du front” fait preuve ici d’un vrai talent de comédien et d’une sobriété bienvenue. Sarah Michelle « Buffy » Gellar incarne une ancienne star du porno reconvertie en icône à la sauce Britney dont les sourires discrets et le regard mélancolique trahissent une tristesse indicible. Mais la plus grosse surprise vient de Sean William Scott qu’on aurait pu croire condamné aux rôles d’abrutis dans des comédies pour adolescents à la cervelle liquide et qui tient ici magistralement un rôle d’une complexité et d’une finesse extraordinaire. Tout les personnages du film, décrits comme des stéréotypes révèlent à l’arrivée une complexité inespérée, presque miraculeuse.
Tout le propos du film est là, derrière la vulgarité et la superficialité apparentes, qui envahissent chaque jour un peu plus nos quotidiens se cache une profondeur métaphysique, des torrents de larmes, des secrets ténébreux, des failles temporelles et la détresse d’une éspèce. Propos servi par un visuel exceptionnel, à la symbolique très chargée.
Southland Tales, la plus belle fin du monde vue au cinéma, (avec Melancholia peut-être.) secoue discrètement les tripes car comme dans ses personnages caricaturaux, il y’a une âme là dedans, en sale état, certes, mais elle nous observe du fond de sa nuit noire et nous dévoile les restes de notre humanité, mise à nue.

Revu hier en vidéo :

Ce n’est peut-être pas un chef d’oeuvre à proprement parler, mais j’ai autant apprécié la deuxième fois que je l’ai vu que la première fois (en salle) cette histoire dont le véritable sujet n’apparaît pas tout de suite…
Il faut le prendre comme un joli conte de Noël (bien que ça n’en soit pas un), surtout ne pas essayer d’en savoir trop avant de le regarder, et se laisser porter par l’ambiance, les personnages, et les images.
Et puis c’est amusant de retrouver Chloë Grace Moretz sans flingue (mais qui cherche quand même l’aventure) et Sacha Baron Cohen sans grossièreté (mais quand même un peu décalé), et Sir Ben Kingsley qui est toujours aussi remarquable.
Martin Scorsese s’amuse à expliquer qu’il a réalisé ce film afin que sa fille de 12 ans puisse enfin voir une de ses oeuvres… :mrgreen: