[Cinema]
Voici un chef d’œuvre d’animation disponible sur youtube, il suffit de chercher thief cobbler recobbled cut… Contrepartie : ce dessin animé d’une heure trente est saucissonné en onze morceaux et surtout il est ici rafistolé par un fan à partir de plusieurs copies (avec insert de tests, storyboards, etc.) car il s’agit d’un film inachevé. Eh oui, on tient là un nouveau réalisateur poissard ! Richard Williams qu’il s’appelle, et vous le connaissez : cet animateur hors pair qui a fait l’essentiel de sa carrière dans la publicité est aussi le réalisateurs des animations de Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, son plus grand succès, mais aussi sa plus grande malédiction… Pourquoi ? Revenons sur la production de The thief and the cobbler (“le voleur et le cordonnier”): en 1965, Williams, à la tête de son propre studio à Londres, décide d’adapter une fable du folklore musulman en autofinançant le film grâce à l’argent de la pub. Mais il n’y a jamais assez d’argent ; le tournage s’éternise.
En 1984, de passage aux USA, Williams projette douze minutes du film. Il est alors remarqué par Spielberg, Zemeckis et des gens de Disney, qui l’embauchent sur Roger Rabbit. Son travail sur ce film, récompenser par un oscar en 1989, décide la Warner à produire The thief… Problème : en 1992, le film n’est toujours pas fini et Disne sort son Aladdin, un conte oriental assez proche, dans le ton et l’esthétique, de The thief & the cobbler. Warner panique et refile le projet à Fred Calvert qui en coupe des pans entiers pour caser des scènes chantées animées en Corée; Le film sort en Australie et en Afrique du sud en 1994 sous le titre The Princees and the Cobbler, puis aux Etats-Unis sous le titre Arabian Knight. Echec au box-office qui ont de plus l’air de plagier Aladdin.
Car dans Aladdin et The Thief and the Cobbler on retrouve un héros pauvre qui s’éprend de la fille d’un roi en blanc manipulé par un vizir en noir avec un oiseau comme acolyte… Le vizir de The Thief… (double par Vincent Price ! ) a la peau bleue et la barbiche du génie d’Aladdin. Plus généralement les styles visuels des deux films sont assez proches. On retrouve aussi dans les deux films des gags troublants de ressemblance (The Thief ayant quand même quelques clin d’œil adultes -voire graveleux- supplémentaires). Roger Rabbit est donc bien la malédiction de Richard Williams puisque les les extraits The Thief… qui ont présidé à son embauche sur le film ont, disons, fortement " inspiré " les gens de Disney qui les ont vu en 1984… Ce procédé seriat moins honteux s’ils n’avaient pas enterré The Thief and the Cobbler qui, même dans une version youtube bancale reste plus éclatant qu’Aladdin. Une minutie extrême s’y déploie : chaque passant, chaque brin d’herbe ( ) est animé. Les morceaux de bravoure s’enchaînent : actions chorégraphiques (vol, course de chevaux, tour de cartes, acrobaties diverses, réactions en chaîne de machineries…), mouvements de caméra complexes (obligeant à animer le décor) et illusions d’optique. le tout mis en scène dans un décor d’une précision maniaque où le jeu avec les perspectives est constant. Un festin visuel !
Ces dernières années, il était question que le film soit retauré/compléter par les studios Disneys sous le contrôle de Richard Williams, mais vu que le prochain dessin animé Disney ( The Frog Princess ) sera signé des réalisateurs d’Aladdin, il vaut mieuX ne pas trop espérer…
En attendant, Richard williams réalise un nouveau film en autarcie, un film dont il ne montre aucune image, cette fois.
Bande annonce : http://fr.youtube.com/watch?v=eeOq3O1MrzQ