Comment j'ai pourri le web

Alors ça fera +2.

Vous prônez "pas d'Internet à l'école" ou dénoncez seulement les excès de l'administration ?

Elle demande de faire quoi exactement l'administration ?

Je pense que ce qu'ils veulent dire c'est qu'enseigner c'est avant tout faire passer des connaissances d'une personne à une autre. Ce processus n'est pas aussi simple que l'on peut le croire. Il nécessite presque toujours des efforts et au moins une certaine motivation de l'apprenant. Or aujourd'hui
- Les profs ont énormément perdu en "aura" : relisez Pagnol pour vous rendre compte de ce qu'était un instituteur au début/milieu du XXe
- Le savoir inculqué par l'école n'est plus une garantie d'emploi. D'ailleurs les profs sont des minables qui bossent et gagnent mal leur vie (il n'y a qu'à regarder les TV réalité pour voir ce qui compte vraiment)
- Einstein disait que révéler le véritable train de vie du 1% le plus riche créerait une révolution immédiate. Aujourd'hui cela s'affiche sans pudeur. L'héritage et le népotisme sont proéminent, le savoir et l'effort... comment dire... (au pire on peut dealer c'est mieux payé).
- Le collège unique, 80% d'une classe d'age au bac, pas de redoublement (c'est cher et statistiquement les redoublant réussissent moins bien) : tout un tas de conneries idéologies et statistique (mal comprises) qui ont transformé l'idéal de l'école républicaine en champ de ruines. Par contre ne vous inquiétez pas il reste des lieux "protégés" y compris publics, n'obéissant pas à ces conneries (mais pour y inscrire votre enfant il faudra qu'il soit exceptionnel ou que vous ayez pognon ou relations).

Alors croire que la réponse réside dans le numérique, parceque c'est cool les ordis vont remplacer les profs pour moins cher c'est se foutre le doigt dans l'oeil jusqu'à l'épaule.

Je suis d'accord avec plein de choses que vous avez dites, et ça m'inspire quelques réflexions :

Les élèves de lycée qui copient les "profils" ou wiki
Est-ce que ce n'est pas surtout parce que ce qui est demandé, c'est avant tout d'avoir "la bonne note"? Finalement, la réflexion sur le texte, les intentions de l'auteur... l'élève, c'est surtout la note qu'il recherche, pas la connaissance qui va avec. C'est pas un peu la mentalité qui est développée encore plus maintenant?
Donc on utilise les outils pour décrocher ce précieux sésame.

Qu'est-ce qu'apprendre?

Jérémie dit:Je pense que ce qu'ils veulent dire c'est qu'enseigner c'est avant tout faire passer des connaissances d'une personne à une autre.

Ou est-ce que ce n'est pas plutôt apprendre à fabriquer ses connaissances?
Ce n'est pas forcément un processus forcément transmissif, mais comme je crois que tu le disais, le problème de l'utilisation actuelle, c'est copier directement une pensée sans la refabriquer.
Mais c'est un peu ce qui est demandé aujourd'hui par l'Education Plus Nationale.

L'informatique à l'école
el commandante dit:je suis atterré des "instructions" qui font entrer le numérique à l'école. TNI, postes de travail numériques individualisés par élève, etc. Au final ça coûte un max de blé, ça aurait plutôt tendance à réduire le nombre d'heures d'enseignement (il y a toujours un truc qui plante - ben oui, nos impôts financent windows ) la numérisation tend à simplifier l'expression et le contrôle des connaissances

jmguiche dit:Vous prônez "pas d'Internet à l'école" ou dénoncez seulement les excès de l'administration


Je suis d'accord avec le commandante, oui et non.
Je suis juste en primaire, mais pour l'instant, ce qui réduit surtout les horaires d'enseignement, c'est :
- la réduction des horaires justement (-3 semaines d'école en primaire par an quand même avec le samedi matin qui a sauté)
- l'absence de remplaçants qui fait que des journées entières sautent (je ne compte plus les absences des profs de mon fils et du coup les retours à la maison devant un écran....)
Pour le matériel informatique à l'école et les instructions, ce qui nous est demandé est effectivement fou : on doit évaluer dans tous les sens, faire tout sur informatique, c'est impossible à moins de devenir moine, d'arrêter les jeux de société pour se consacrer entièrement à son travail, et ne plus aller sur Tric Trac. Impossible.
Mais perso, j'utilise avec mes primaires l'informatique et l'internet. Pour être concret :
- j'ai demandé à mes CM2 de bosser sur un powerpoint sur l'astronomie pour présenter le système solaire aux CE2. Sélection des informations intéressantes, recherches sur wiki, mise en forme sur powerpoint.
- mes CE2 ont fabriqué un livre avec leurs contes étiologiques, saisie, correction, mise en forme, impression et reliure pour que chacun ait son livre.
- J'ai un TBI en classe et il me sert bien : diffusion d'images pour toute la classe pour la géographie, l'histoire ou l'art. Par exemple, lundi dernier, sur le travail des enfants, on a commenté une image d'un livre en allant directement montrer au tableau les détails de la photo, c'était plus difficile avant. Idem, on peut diffuser de nombreuses images de lieux sans avoir les posters. On fabrique également des jeux de calcul mental ce qui était plus fastidieux auparavant. On peut également très facilement montrer des travaux de camarade : par exemple, avant les vacances, chacun travaillait sur une technique pour répartir des oeufs dans des boites de 6, j'ai pris des photos des cahiers des enfants en train de bosser, et on a commenté collectivement sur le TBI les différentes méthodes. C'est enrichissant et très valorisant pour les élèves.
Tout dépend ce qu'on en fait je pense.

Mais les consignes de l'administration ne nous aident pas, c'est sûr.

"fabriquer" ses propres connaissances, c'est quand même assez ambigu. En fait quelqu'un construit un cadre favorable dans lequel l'élève pourra "re-fabriquer" une connaissance déjà connue. En ce sens c'est quand même un processus biaisé et il y a pour moi une forme de transfert (d'ailleurs les manipulations les plus efficaces se font elles aussi en suivant ce schéma, laissant croire au manipulé qu'il est arrivé tout seul à la conclusion voulue).

Les histoires de nains sur les épaules de géant, c'est un peu vrai quand même :holdpouic:

Jeremie dit:"fabriquer" ses propres connaissances, c'est quand même assez ambigu. En fait quelqu'un construit un cadre favorable dans lequel l'élève pourra "re-fabriquer" une connaissance déjà connue. En ce sens c'est quand même un processus biaisé et il y a pour moi une forme de transfert (d'ailleurs les manipulations les plus efficaces se font elles aussi en suivant ce schéma, laissant croire au manipulé qu'il est arrivé tout seul à la conclusion voulue).
Les histoires de nains sur les épaules de géant, c'est un peu vrai quand même :holdpouic:


Je ne peux parler qu'au niveau primaire bien entendu, mais si je prends mon exemple des oeufs à répartir, je vois deux "possibilités" :

- transmissif : "la meilleure solution, les enfants, c'est la division, on va l'apprendre et vous la répéterez jusqu'à la savoir." Pour des tas de raison, je ne suis pas favorable à ce système.

- "reconstructeur" : les enfants font comme ils veulent avec ce qu'ils ont. Par exemple, certains vont dessiner tous les oeufs (96 en l'occurence) et dessiner les boites autour. D'autres vont juste dessiner les boites et marquer 6 dedans. D'autres vont poser "6+6+6+6+6...." certains vont les cumuler par deux pour faire 12, puis 24..... Certains vont poser 6x2, puis 6x3, vont essayer d'ajouter. Certains vont déjà tatonner en posant jusqu'à 6x12, 6x13.... D'autres encore vont déjà passer par 6x10, puis chercher ce qui peut faire le reste dans la table de 6. Un seul enfin en l'occurence va poser de suite la division parce qu'il a déjà vu les CM2 le faire et a compris.
L'intérêt, c'est que chacun soit à son niveau de compréhension du moment et fabrique sur du solide sa propre compréhension de la technique. Et puisse bénéficier des représentations des autres pour l'aider en cas d'échec.

Je comprend bien le coté "renconstructeur" et il est amha très intéressant surtout car il rend les enfants actifs dans l'apprentissage.

De plus si tu as vraiment amené de faux oeufs tu permets une manipulation physique et mine de rien cela semble utile pour le cerveau. Je connais au moins une variante efficace pour apprendre les formes géométriques en utilisant un sac contenant des formes, les enfants doivent chercher dedans sans voir.

Il n'en reste pas moins que ce n'est pas par hasard que tu poses ce problème aux enfants, que la première fois tu utilises sans doute des nombres qui tombent rond et que de toutes façons tu sais très bien quels sont les objectifs de la séance (même si son déroulement exact dépend des élèves). Du coup, je trouve même si les enfants "reconstruisent" il y a bien dans le fond une "transmission" en utilisant autre chose que le cours magistral.

Bah là, c'est une question de mot. Nous sommes d'accord sur l'idée, pas sur le mot qui la définit.
Mais pour faire raccord au sujet, l'aspect "transmissif-magistral" peut tout à fait être remplacé par un ordinateur.
L'aspect "reconstructeur" nécessite de l'humain dedans.

Ouaip globalement on est d'accord.

Pour l'ordinateur, je pense que c'est avant tout un outil et qu'il pourrait parfois il pourrait être mieux exploité. Je suis d'accord pour dire qu'il faut un humain pas loin pour contrôler la chose (enfin on peut imaginer des choses ou le niveau s'adapterait en enchainant des activités, mais cela n'est pas mur aujourd'hui. Surtout le coté identification des points non assimilés).

Sur les avantages de l'ordinateur sur l'humain :
- Inlassable et peut donner des 'récompenses' très régulièrement à l'enfant
- L'on est forcément actif devant (problème avec les enfant répondant au hasard)
- Plus facile d'avoir un aspect ludique et peut s'adapter à chaque enfant la ou le prof est un peu obligé de quand même avoir un rythme de progression moyen (trop lent pour les meilleurs, trop rapide pour les élèves en difficulté).

Je me souviens d'avoir appris mes tables de multiplication avec une petite fusée devant exploser des cubes programmée par mon père. Pareil pour certaines règles de grammaire avec une baguette de fée. C'était efficace et atténuait le coté fastidieux de cet apprentissage.

Jeremie dit:Ouaip globalement on est d'accord.
Pour l'ordinateur, je pense que c'est avant tout un outil et qu'il pourrait parfois il pourrait être mieux exploité. Je suis d'accord pour dire qu'il faut un humain pas loin pour contrôler la chose (enfin on peut imaginer des choses ou le niveau s'adapterait en enchainant des activités, mais cela n'est pas mur aujourd'hui. Surtout le coté identification des points non assimilés).
Sur les avantages de l'ordinateur sur l'humain :
- Inlassable et peut donner des 'récompenses' très régulièrement à l'enfant
- L'on est forcément actif devant (problème avec les enfant répondant au hasard)
- Plus facile d'avoir un aspect ludique et peut s'adapter à chaque enfant la ou le prof est un peu obligé de quand même avoir un rythme de progression moyen (trop lent pour les meilleurs, trop rapide pour les élèves en difficulté).
Je me souviens d'avoir appris mes tables de multiplication avec une petite fusée devant exploser des cubes programmée par mon père. Pareil pour certaines règles de grammaire avec une baguette de fée. C'était efficace et atténuait le coté fastidieux de cet apprentissage.


On est pas mal garnis en jeux pédagogiques, c'est vrai, et ça peut être assez attrayant pour les enfants.
Cela dit, au passage, on a aussi plein de jeux mathématiques "en dur" qui motivent bien : jeu de mémory des tables de x, dés multifaces pour faire du compte est bon, yathzee avec des D10, et autres... L'intérêt de le faire en dur est que les enfants jouent en plus ensemble, peuvent s'aider, se corriger, travaillent sur la socialisation en prime.

Par contre, par rapport aux avantages que tu donnes, deux soucis me viennent à l'esprit :

- le côté actif : bah pas forcément. Un enfant peut être tout à fait passif, voire saisir une routine de réponse quand il a compris comment fonctionne le logiciel. Du coup, la compétence qu'il développe est "répondre à un ordi" et pas la compétence recherchée. J'ai un élève qui par exemple a repéré dans Quizztop les récurrences dans le jeu de découpage des phrases. Il est capable de faire l'exercice sans lire et comprendre et les phrases, il repère juste des césures de mot. Ce n'est pas un hasard, il a développé cette compétence car il sait très mal lire.

- le côté "adaptation" : la difficulté est que si l'ordinateur est une mécanique, l'élève n'en est pas une. On a souvent bien peu d'idée de ce qui se passe dans le cerveau d'un élève lorsqu'il effectue une tâche. On pourrait concevoir des logiciels super progressifs qui en fonction des erreurs des élèves vont travailler des sous-compétences liées jusqu'à trouver "la faille".
Le problème c'est qu'un enfant, surtout en difficulté, ne "marche" pas comme ça. Parfois, sa tête n'est pas disponible pour le travail. Parfois, un soucis personnel va l'emporter sur la réflexion. Parfois, il aura besoin de se sécuriser en faisant, refaisant, refaisant le même exercice sans progresser, pour vérifier sa capacité à réussir. Parfois, un savoir acquis se perd. Parfois, un savoir n'est pas acquis, mais se construira à l'occasion d'une compétence d'un niveau supérieur qui remettra en cause la représentation qu'il se faisait de ce savoir. (par exemple, un enfant peut avoir mal construit la numération décimale, mais à l'occasion du travail sur les nombres à virgule, reconstruire tout son système)
Souvent, les enfants ont besoin du support affectif et du regard bienveillant de l'adulte pour OSER penser, risquer. Et des idées et représentations des camarades. Et d'une ambiance de classe fondée sur la recherche collective.
Ca, un ordinateur ne peut pas le donner.

Pour le premier exemple cela est quand même un peu un 'bug' de l'application. Pour le second point, je suis d'accord rien de satisfaisant n'existe aujourd'hui dans l'adaptation automatique permettant d'identifier les sources des difficultés. En plus un prof utilise inconsciemment pas mal de savoir extérieur sur ses élèves quand il fait une activité. Bref, les classes sans prof c'est pas pour demain (à la limite j'y crois plus pour les adultes)...

Je pense que toutes les applications ont des "bugs", les élèves sont très malins avec les ordinateurs.
Mais le même élève utilise la même stratégie lorsqu'il est confronté au même travail sur papier à découper. Sauf que moi, je me suis aperçu de sa stratégie, et j'ai agi en conséquence. L'ordinateur, lui, ne peut pas s'apercevoir si on "triche" avec lui.

Pour les classes sans prof, je pense que même si c'est possible, ce n'est pas une bonne chose, surtout par rapport à ce que je disais : l'aspect affectif qui est fondamental, et le rôle primordial du groupe et de l'entraide. Bon, cela dit, je parle des petits là. Il nous faudrait des avis de profs du supérieur.

Je suis dans le supérieur, mais de ce que j'ai pu voir les seuls qui s'en sortent sans prof sont déjà en thèse, en poste ou bien dans une école type normale sup ou X.

D'ailleurs fait assez amusant, la manière la plus efficace pour eux de découvrir un nouveau domaine est de se retrouver chargé de TD du domaine en question. En plus cela est parfois bon pour les étudiants (écart de niveau moins grand masquant moins les points difficiles).

Par contre je sais que chez Google par exemple, la formation interne s'appuie fortement sur des vidéos que chacun regarde à son rythme. Une fois vues, une réunion avec un formateur est organisée pour répondre aux questions encore en suspends.

A titre perso, j'ai déjà modifié totalement un cours après avoir vu une autre manière de présenter les choses sur videolecture.net. Certains des cours y sont vraiment excellents et sur des notions difficiles (parfois c'est tellement bon que les élèves dans la salle sont passif et n'ont pas l'air de se rendre compte de la qualité de ce qu'est en train de faire le prof).

Mais le point commun de tous les cas qui marchent c'est que l'apprenant est motivé pour acquérir la compétence du cours.

Jeremie dit:
Mais le point commun de tous les cas qui marchent c'est que l'apprenant est motivé pour acquérir la compétence du cours.


C'est la clef de notre boulot en primaire : il faut être suffisament attrayant pour motiver les élèves à apprendre.

Ouaip... Et j'ai tendance à croire que ce point est nécessaire à tous les niveaux quelque soit la source de cette motivation (promesse d'avenir radieux plein de €€€, intérêt personnel, amoureux du prof,...)