Sigurd dit:
Un problème du phénomène bio, ce sont les exploitants qui ont agi par pur opportunisme lors de leur conversion récente en s'engraissant de subventions au passage, et qui deviennent à leur tour les fossoyeurs des petits exploitants précurseurs. Au final, par le cahier des charges européens et les conversions massives qui s'en sont suivies, on a eu droit à un nivellement par le bas de la qualité des produits (pour la viande du moins, c'est incontestable, les dérogations sont légions), un non sens écologique (le bio intensif ça existe) et une dégradation du tissu économique locale (les petits mangés par les gros).
Même si l'opportunisme existe, je ne suis pas sûr que les agriculteurs qui se sont convertis au bio se sont "engraissés de subventions". Les subventions et aides à la conversion ne sont pas grand chose en comparaison de celles versées à l'agriculture intensive. Pour l'instant, la politique agricole menée en France et en Europe est toujours de verser des subventions proportionnelles à la taille de l'expoitation. Plus tu es gros, plus tu as des bêtes, et plus tu es aidé.
Le bio intensif existe peut-être... mais quand tu ne peux plus répendre des pesticides, insecticides et fongicides sur tes rangs de salades ou ta vigne, ben ça t'oblige à beaucoup plus de temps, d'attention et de soins pour arracher les mauvaises herbes, prévenir et traiter les maladies, etc. Je ne suis pas sûr que ce soit plus rentable et qu'on se lance là-dedans par pur opportunisme et appât du gain, surtout quand on a été habitué pendant des années à passer une heure à sulfater plutôt que de passer une journée à prendre soin de ses plantations.
Les conversions sont quand même motivées par une prise de conscience de certains agriculteurs, une envie de préserver leur santé, leur environnement, et ceux des autres. Je ne dis par qu'il n'y a pas du tout de fumisterie là-dedans, les brebis galleuses existent partout, mais ne généralisons pas.
Le bio ne représente, en France, qu'un peu plus de 2,5 % des surfaces cultivées il me semble, et ça n'a pas beaucoup augmenté ces dernières années, alors que l'objectif du Grenelle de l'environnement était d'atteindre 6 % en 2012. Alors si le bio est une poule aux oeufs d'or, pourquoi n'attire-t-il pas plus de monde ?