[Downfall of Empires]
“En 1914, après un demi siècle de paix, que savaient-ils de la guerre ? Ils ne la connaissaient pas ! Elle était une légende héroïque et romantique. On la voyait comme dans les livres d’école et les grands tableaux des musées. D’éblouissantes attaques de cavaliers en uniforme resplendissant, une foudroyante marche à la victoire sans beaucoup de victimes, une aventure sauvage et virile, une expérience aussi merveilleuse et excitante. Et c’est pourquoi ils chantaient et poussaient des cris de joie dans les trains qui les menaient à l’abattoir.” - Stefan Zweig
Le 28 juin 1914, l’assassinat à Sarajevo du prince François-Ferdinand d’Autriche, héritier de l’empire austro-hongrois, et de son épouse par Gavrilo Princip, un nationaliste du mouvement Jeune Bosnie, met le feu à la poudrière des Balkans. Dans les jours qui suivent, l’Autriche-Hongrie, soutenue par son allié allemand, adresse un ultimatum à la Serbie qu’elle accuse d’avoir fomenté l’attentat. Cette dernière rejette la demande de son voisin et en appelle à son protecteur russe qui commence à positionner ses armées sur la frontière austro-hongroise, et ce malgré les demandes du Kaiser Guillaume II à son cousin, le Tsar Nicolas II. Liés à la Russie par la Triple-Entente, l’Angleterre et la France s’inquiètent de cette montée des tensions tout en étant convaincues que si guerre il doit y avoir, elle sera nécessairement… courte et glorieuse.
Le 28 juillet, un mois jour pour jour après l’assassinat de François-Ferdinand, et après le rejet de son ultimatum, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie, entraînant dans son sillage les plus grandes puissances européennes. Ainsi, le 1er août, l’Allemagne déclare à son tour la guerre à la Russie, et le 3 août à la France du fait de son alliance avec les russes ; cette dernière a anticipé le casus belli en déclarant la mobilisation générale depuis la veille.
Les troupes allemandes attaquent immédiatement à l’ouest en violant l’intégrité du territoire belge ; le 4 août, le Royaume-Uni, garant de la neutralité de la Belgique, entre à son tour dans le conflit.
La guerre est inévitable ; elle durera plus de quatre ans et fera près de 20 millions de morts.
Bonjour à toutes et tous.
En préambule, vous me pardonnerez, je l’espère, cette synthèse (très) rapide sur l’enchaînement des événements qui amenèrent au déclenchement de la première guerre mondiale ; j’ai bien conscience des enjeux et des rivalités ancrés dans le paysage européen du début du XXème siècle et qui conduisirent au conflit bien plus certainement que le “fait divers” de Sarajevo. Mais nous sommes sur un forum dédié au(x) jeu(x) et non à l’Histoire, bien que cette dernière soit passionnante… et intimement liée à ma pratique ludique.
En effet, celles et ceux qui me connaissent (virtuellement) un peu (d’ici ou d’autres forums) savent que je suis un grand amateur de jeux d’histoire, intérêt né dans les années 90 avec la lecture de mes premiers magazines Casus Belli, et longtemps sacrifié sur l’autel du jeu de rôle, beaucoup plus pratiqué dans mon entourage. Je suis revenu aux wargames il y a presque une dizaine d’années maintenant, cherchant à rattraper en quelque sorte le temps perdu.
Toutefois, depuis peu, mes enfants ont rejoint la table (ludique) familiale et nous multiplions les sessions de jeux (de plateau) tous ensemble. Reste qu’il est encore difficile de sortir avec eux, et avec madame, les jeux de guerre les plus complexes. D’abord parce qu’ils se jouent souvent à deux (et nous sommes quatre !). Ensuite parce que les règles sont généralement assez longues à appréhender… et encore plus à maîtriser ! Et ce sans compter la barrière de la langue, la plupart des productions étant en langue anglaise.
Pourtant, impossible de renier mon attrait pour l’Histoire et pour la chose ludique, et donc par conséquent pour ces jeux qui réunissent les deux. C’est ainsi que je me suis mis en quête de wargames abordables pour jouer en famille, ce qui m’a amené du côté des éditions Shakos, acteur français relativement nouveau sur le marché mais qui a déjà démontré son savoir faire, notamment avec la série des Napoléon 18XX (déjà trois titres parus) qui a emporté l’adhésion des belliludistes (et à laquelle il va falloir sérieusement que je m’intéresse un de ces quatre).
Pour autant, il ne s’agit pas aujourd’hui de revivre l’épopée du “petit caporal” mais bien de nous pencher sur les événements des deux guerres mondiales avec Downfall of Empires (pour la première) et Downfall of the Third Reich (pour la seconde), deux jeux écrits par Víctor Catalá (et illustrés par Jesús Peralta). C’est en 2015 que cet auteur espagnol s’est lancé le défi de créer un wargame pour plusieurs joueurs, avec des règles simples, et permettant de rejouer intégralement l’un de ces conflits en une seule (grosse) session de jeu. Ses réflexions ont abouti à la sortie de DoE en 2020, d’abord en édition (très) limitée, avant qu’un éditeur (espagnol lui aussi), Do It Games, ne s’intéresse à son travail. DoE, et son grand frère Do3R, vont alors faire l’objet d’une campagne Kickstarter à succès achevée en mars 2022.
Et Shakos dans tout ça me direz-vous ?
Eh bien, nos “frenchies” ont conclu un partenariat avec Do It Games pour éditer, en français, les deux jeux de la série ; ils sont actuellement en précommandes sur leur site (avec une réduction par rapport au prix qui devrait être affiché en boutique).
Question suivante ? Vous n’avez jamais fait de jeux d’histoire et il paraît que c’est super compliqué ?
Eh bien (bis), c’est ce que nous allons essayer de voir avec ce compte-rendu de partie que je me propose de rédiger. Ainsi, vous pourrez vous faire votre propre opinion en toute connaissance de cause.
J’en profite pour remercier Do It Games (et Shakos) qui nous fournissent avant même la sortie du jeu tous les outils permettant de l’essayer (mise à disposition des règles et d’un module Vassal). Et j’en profite également pour rappeler que par respect pour les auteurs et les éditeurs qui produisent tous ces merveilleux titres que nous dévorons, il est d’usage qu’au moins l’un des participants possède une version physique du jeu. Bon, ici, c’est un peu plus compliqué, le jeu n’étant pas encore sorti, mais vous avez certainement compris l’esprit !
Et maintenant, voyons voir ce que ce Downfall of Empires a dans les tripes.