De comment ça marche la distribution...

En complément de l’excellent post sur l’édition des jeux :pouicbravo: , je me posais la question de la distribution.

Histoire de ne pas faire dévier le post cité, je crée un nouveau fil,

Pourquoi trouve t on des jeux comme LoupGarou, JungleSpeed un peu partout (magasin de bd, grande surface du jeu…) et pas d’autres jeux qui seraient tout aussi accessibles d’un public “non-joueur”

pourquoi dans une certaine grande surface du jeu (P… W… pour ne pas la nommer) on trouve des jeux comme Caylus qui sont pour moi assez compliqués pour le grand public, autant AdR, Du Balai etc… je comprends.


Qui choisit ? Qui prend le risque ? L’éditeur a t il un contrat avec le distributeur engageant les lieux où le(s) jeu(x) serait (seront) vendu(s) ? y a t il un choix par jeu ?

voili voilou, en espérant être compréhensible;
:)
MrF.

L’idéal serait qu’un distributeur te réponde, mais ils ne viennent pas trop sur TT…

Je me posais aussi cette question!
:wink:

Mais j’ai peur qu’il n’y ai guère de réponse claire… :(

J’ai d’ailleurs l’impression que les gros éditeurs comme Hasbro n’ont pas de produit ciblé (ni de gamme) vers les adultes en jeux de société.

En est-il de même de l’autre côté de la frontière ? L’Allemagne semble avoir une pratique plus étendue des jeux de société mais trouve-t-on pour autant des jeux d’auteurs en grande surface?

Est ce un problème de marge? Les grandes surfaces ajoutent-elles des marges si importantes que seul le Docteur Maboul a des chances d’être à 30 euros?

Et enfin pourquoi les jeux à licence sont-ils presque toujours dénués d’intérêt ludique alors que de " vrais auteurs " seraient sans doute prêts à participer à leur développement?

BK

Je me trompe peut-être mais je pense que c’est avant tout parce que la grande distri impose des conditions qui ne conviennent pas aux petits éditeurs du monde ludique (petits comparés à d’autres secteurs, très petits même)

Je dis ça parce que j’ai travaillé un certain temps dans le domaine et j’ai vu comment ça se déroulait, notamment pour les logiciels, jeux vidéos, etc…

Du coup seuls les plus grosses maisons d’éditions arrivent à répondre aux exigences de ce monde pourri (désolé c’est plus fort que moi) de la grande distri.

Ce n’est peut-être pas la seule raison mais en tout cas je pense qu’elle existe.

Gaffophone dit:Je me trompe peut-être mais je pense que c'est avant tout parce que la grande distri impose des conditions qui ne conviennent pas aux petits éditeurs du monde ludique (petits comparés à d'autres secteurs, très petits même)
Je dis ça parce que j'ai travaillé un certain temps dans le domaine et j'ai vu comment ça se déroulait, notamment pour les logiciels, jeux vidéos, etc...
Du coup seuls les plus grosses maisons d'éditions arrivent à répondre aux exigences de ce monde pourri (désolé c'est plus fort que moi) de la grande distri.
Ce n'est peut-être pas la seule raison mais en tout cas je pense qu'elle existe.


En gros, il y a de ça.
Je ne suis pas du tout en contact avec la grande distri, mais je crois savoir que les conditions pratiquées (marges demandées, quantités) sont impossible à tenir pour les petits éditeurs français.
Karis dit:L'idéal serait qu'un distributeur te réponde, mais ils ne viennent pas trop sur TT...


Certes, certes, mais pour satisfaire ma curiosité, le point de vue d'un éditeur m'intéresse ! :wink:

Par exemple; pourquoi dans cette grande surface du jeu, je peux trouver Caylus (gros jeu selon moi) alors que Mykérinos n'est pas présent (davantage accessible, tjs selon moi). L'éditeur étant le même.

Est ce que Ystari a son mot à dire ou pas du tout, dans le choix des jeux ?

merci,
MrF.
Misterfourmi dit:
Par exemple; pourquoi dans cette grande surface du jeu, je peux trouver Caylus (gros jeu selon moi) alors que Mykérinos n'est pas présent (davantage accessible, tjs selon moi). L'éditeur étant le même.
Est ce que Ystari a son mot à dire ou pas du tout, dans le choix des jeux ?


Déjà un élément de réponse simple : Mykerinos est épuisé depuis plus d'un an et il est donc devenu difficile à distribuer ;)

Sinon, c'est effectivement le distributeur qui choisit où placer les jeux. Je dirais que l'éditeur a eu le choix au moment où il a choisi un distributeur (il s'est normalement renseigné sur son réseau) et qu'il est toujours libre d'en changer s'il s'aperçoit qu'il a fait une erreur (moi ça va, merci).

Après il ne faut pas confondre non plus. Le distributeur ne place pas les jeux à volonté, il ne fait que les proposer aux clients (les boutiques et dans le cas présent la moyenne distribution) qui décident s'ils en veulent ou pas.

En ce sens, Caylus est un jeu à part puisque son succès a largement dépassé le public auquel il était destiné. Il intéresse donc des boutiques qui n'auraient normalement pas grand chose à en faire. Après je n'ai pas le détail des chiffres pour dire si cela fonctionne ni s'il y aurait la place pour des jeux encore plus marginaux. Mais pour être franc, je suis heureux d'être principalement diffusé en boutique spécialisées et je n'ai pas vraiment envie que cela change. La synergie fonctionne très bien ainsi...

Tiens, je passe régulièrement faire un tour dans ces « moyennes surfaces », grands magasins de jeux… Et je trouve que l’offre se détériore à chaque fois : les jeux des petits éditeurs qu’on aime sont de moins en moins nombreux, en faveur des jeux à piles ou des variantes du Monopoly…

Je suis à peu près sûr que « nos » jeux étaient de toutes façons là pour le prestige, et que la plupart des vendeurs ne les connaissent pas et sont donc incapables de les conseiller. En grande distribution, c’est encore pire, il n’y a pas de conseillers aux rayons jeux & jouets, il faut donc des trucs « connus » ou ressemblant à du connu, ou encore des règles qui tiennent dans l’accroche derrière la boite, et qui se vendent tout seuls…

Je pense aussi que par rapport à la marge dégagée dans les rayons jeux et jouets des grandes surfaces (hors jeux vidéos qui ont un statut à part), la grande distribution souhaite d’une des fournisseurs capables de fournir une gamme fiable (soit souvent classique) et assez variée.

Travailler avec Ravensburger, c’est s’assurer une gamme classique du puzzle à Labyrinthe en passant par Chromino et Des Chiffres et des Lettres. Travailler avec Hasbro, c’est les Parker type Monopoly, Cluedo, Abalone et les MB type Docteur Maboul et 10 de chute.

Bref, avec ces 2 là, la grande distribution ne prend pas de risque et assure le strict minimum dans l’offre à la clientèle qui permet de mettre du jeu vidéo en tête de gondole, lequel offre plus de marge et un moindre cout de stockage. :^:

Bon, la grande distri de jeux et jouets travaille avec un peu plus de monde, et prend un peu plus de risque, c’est pourquoi on trouve un peu d’Asmodée (Time’s Up et Jungle Speed au moins) et parfois du Haba et du Bioviva (pour les enfants), mais l’esprit reste le même.
Pour l’instant le jeu de société ne rentre pas encore dans l’esprit de la grande distribution comme un marché potentiellement assez porteur pour se casser le c** à prendre des risques.

Tant mieux parce que ça préserve encore un peu la France d’une société de consommation pure dans le jeu de société. Le jour où le jeu de société connaitra la même dimension que le jeu vidéo, oubliez la créativité, la communication des éditeurs, le service après-vente, la stabilité des prix et la régularité des localisations… :skullpouic:

J’espère que ce jour là n’est pas prêt d’arriver :pouicdeguise:

TS Léodagan dit:
Tant mieux parce que ça préserve encore un peu la France d'une société de consommation pure dans le jeu de société. Le jour où le jeu de société connaitra la même dimension que le jeu vidéo, oubliez la créativité, la communication des éditeurs, le service après-vente, la stabilité des prix et la régularité des localisations... :skullpouic:
J'espère que ce jour là n'est pas prêt d'arriver :pouicdeguise:


A noter d'ailleurs qu'en Allemagne on trouve le Spiel et quelques autres dans les "grandes surfaces" et que cela contribue à la dérive générale du marché, puisqu'au lieu d'être vendu comme un produit prestigieux, il est diffusé à un prix d'appel "cassé" (par exemple à 13/15€ pour du Keltis) pour faire venir le chaland et lui fourguer d'autres trucs au passage. On ne peut pas dire que cela tire le marché vers le haut...
Karis dit:A noter d'ailleurs qu'en Allemagne on trouve le Spiel et quelques autres dans les "grandes surfaces" (...)

Je confirme, au Luxembourg, dans les grandes surfaces d'influence allemande, le choix des jeux de société bien plus vaste que dans nos grandes surfaces francaises qui y sont implantées.
L'an passé après les fêtes, j'ai pu acheter un LADR édition Märklin (en francais!) pour une dizaine d'euros, et j'étais tombé sur des boîtes d'Heroscape (en allemand) pour un prix équivalent :P
Ils ont un choix conséquent de jeux type Ligretto, Kaker Laken Poker, etc.
Autant je passe dans les rayons des hyper francais avec une appréhension masochiste, autant je prend plaisir à arpenter les rayons des magasins germanisés.
Karis dit:
A noter d'ailleurs qu'en Allemagne on trouve le Spiel et quelques autres dans les "grandes surfaces" et que cela contribue à la dérive générale du marché, puisqu'au lieu d'être vendu comme un produit prestigieux, il est diffusé à un prix d'appel "cassé" (par exemple à 13/15€ pour du Keltis) pour faire venir le chaland et lui fourguer d'autres trucs au passage. On ne peut pas dire que cela tire le marché vers le haut...

J'suis bien d accord avec ca...
supergromz dit:Autant je passe dans les rayons des hyper francais avec une appréhension masochiste, autant je prend plaisir à arpenter les rayons des magasins germanisés.

mais cela me semble aussi logique...

Bien qu'au final je me dirige de toute manière vers une boutique spécialisée plutot qu'une gde surface du jeu...
Et certes, cela nous permet de ne pas trop sombrer vers du consumérisme à tout va.... mais pas évident de savoir ce qui peut etre le mieux pour le "jeu"

MrF.

La grande distribution mets dans ses rayons des articles pour le plus grand nombre donc en jeux, on trouve du Trivial poursuit, du Cluedo, le poker… et bien sur du Pokemon et Yugio, car ce sont des produits grands public qui se vendent comme des petits pains.

Nos jeux ne sont pas grand public, mêmes si le marché se développe (tant mieux). Nous sommes donc dans un secteur niche, qui s’adresse à des passionné donc on va en boutique spécialisé pour se les procurer (vendeur sympathique et aussi passionné en général) et comme ça on fait vivre les petites boutiques spécialisé.

La grande distribition c’est le “mal” lol, ils veulent vendre tout et n’importe quoi du moment qu’il y a de bonne marge et qu’on puisse écouler des stocks conséquent donc un petit jeu qui se vends à juste “quelques” milliers d’exemplaires dans les meilleurs cas, ça ne les intéressent pas, de plus comme dit plus haut les conditions sont trés dure pour les éditeurs, qui en général doivent rependres les invendus, de plus la grandes distribtion régles ses achats au prés de ses fournisseurs à 180 jours fin de mois (6 mois pour les non matheux, lol) voir plus dans cetains cas. Il faut donc avoir les reins solide pour accepter cela, les grandes marques y arrivent, en délocalisant à mort, licensiant… mais nos petits éditeurs soint loin d’etres des multinationale, ce sont surtout des PME.

Donc pour moi franchement, il n’y a aucun intêret aussi bien pour nous que pour les acteurs du marché à entrer dans ce canal de distribution, si ce n’est y perdre leur âmes.

La grand distribution, c’est l’industrialisation de la distribution, rien de plus. Il ne faut pas y voire le mal absolue (ou alors, il faut retourner 200 ans en arrière).
C’est pas pire que toute industrialisation existante dans d’autres domaines !

Si c’était si mauvais que ça pour les “fabricants”, ça n’existerait plus. Chacun y retrouve son compte là dedans. Évidemment, il y a des contraintes que tous le monde ne peut pas supporter, et c’est pour ça qu’il existe des boutiques spécialisées, que ce soit des boutiques de jeu, des librairies ou des boucheries !
La grande distribution ne peut pas tout faire, elle doit se contenter de ce qui se vend le plus. C’est pour ça qu’on ne retrouve pas la même qualité de produit que dans les boutiques, car un produit doit pourvoir se vendre en masse dans un super marché. Les chaines de grandes distributions ne peuvent pas se permettre de stocker des produits pendant des années.

La grande distribution n’a pas détruit le petit commerce comme on l’entend souvent. Elle l’a fait évolué. Dans le domaine de la culture, on n’y trouve que les best seller… Pas forcément mauvais, pas forcement bons ! Et le tout avec un service minimum, car on ne va pas spécialiser des gens dans un domaine.

Ce n’est évidemment pas adapté à un petit éditeur, ou sur un jeu que l’éditeur est certain de vendre en masse.

Une pratique qui était faite dans les années 90 (qui doit toujours être d’actualité, mon père leur vendait des couteaux à l’époque) :
Le commercial leur propose un produit. Ils t’en commandent 10000 exemplaires d’un cout qu’ils font livrer dans les 5 ou 6 centres existant en France (avec une bonne remise, évidemment). Ils ne payent que quand ils ont réussi à vendre une partie du stock, sinon, ils demandent au fournisseur de reprendre le stock.
C’est une aubaine pour l’éditeur (10000 jeux en une commande, avec une grande visibilité), mais il faut avoir les reins solides et la certitude que le produit se vendra.
Après, il peut y avoir des arrangements locaux, mais ça n’est pas vraiment adapté à la culture.