Par “discrimination” je préfère entendre ce qu’il y aurait de négatif à diviser l’humanité en deux sexes, plutôt que le fait de considérer qu’il y a des hommes et des femmes et qu’ils sont différents.
Je trouve ce que fait ce professeur très intéressant, mais il ne faut pas oublier que l’être humain a besoin de s’identifier ; s’il continue et maintient de telles expériences il va casser au fur et à mesure ces identifications, d’autant que les enfants sont très influençables ou qu’on peut facilement créer des chocs psychologiques, et la question “est-ce que cela permettra à l’enfant de se construire mieux” est encore à poser. Est-ce que cela l’aidera plus tard ? Quelle part de responsabilité y a-t-il ?
Par contre, les propos anti-discrimanatoires et la valeur anti-discriminatoire de ce qu’il fait et de son debriefing sont inconstestables.
J’aimerai cependant ne pas être affublé de macho si je me contente de dire que non, il y a des différences et les différences de corps font que le psychique est aussi différent : les hormones, le neuropsychologique, tout ça montre que l’homme réagit différemment dans toute situation que la femme, par prédisposition physique autant que par le reste. Sans dire qu’il y a de bon ou de mauvais, il y a des différences. Est-ce que ce sont celles-ci qui expliquent la différence tant marquée au niveau des jeux de société ?
Je ne pense pas. Mais la vérité serait plutôt : je ne SAIS pas.
Je pense que le problème ne se situe pas dans les jeux de société eux-mêmes, et dans leurs mécanismes compétitifs ou non. Le mécanisme compétitif marche plus dans la phase ado qu’après, surtout, mais je trouve ça plus une question d’âge que de sexe.
Je ne pense pas situer non plus l’origine du problème à une simple pression sociale “ACTUELLE”, mais plutôt aux pressions sociales passées ou aux moments où l’homme ou la femme que l’on est s’est construit auparavant.
Pour en venir aux jeux de société, j’apprécie énormément ce que nous dit Hachman.
Tout d’abord, il faut aussi élargir un peu le cercle de nos propres expériences si l’on veut vraiment parler de l’homme, de la femme et du jeu de société. On ne peut pas dire comment une femme réagit juste en observant des “pièces rapportées” (l’autre moitié du couple) dans le monde du jeu. J’ai vu à certains endroits certains dire qu’il y avait 50 % de femmes, c’est complètement faux. Peut-être dans leurs parties, peut-être que 100 % des hommes en couple dans leur cercle associatif, qui sont dans les jeux de société (suffisamment pour y aller en asso) ont alors pu amener leur femme avec plus ou moins de succès dans cet univers, mais si vous faites une moyenne nationale on aboutirait à un misérable 1-5 % (tout âge confondu).
Tout ce que vous avez dit est exact.
Mais ça dépend aussi beaucoup de la tranche d’âge où vous vous situez.
Pour la fille-enfant, je trouve ça très regrettable que l’on perçoive que jouer à des jeux de garçon serait pas bien. Toutefois, les garçons ne jugeraient pas si mal que ça une fille qui viendrait jouer avec eux (si, ils la condamneraient parce que “c’est une fille”, mais d’un autre côté ils la valoriseraient beaucoup plus parce qu’elle au moins elle joue à des jeux de mec).
A l’inverse, un mec qui viendrait jouer aux jeux de fille, ça se voit moins. On peut y dire que c’est le jugement des autres mecs qui serait plus violent, ou des autres filles ; mais peut-être aussi que jouer à Ken et à la Barbie est moins intéressant ? Je veux dire, c’est moins imaginaire, moins créatif, ne crée que des situations normales… c’est peut-être être un mec qui m’influence mais… le jeu lui-même est différent non ?
Les jeux de petite fille sont des jeux où elle simule des activités de la vie commune (cuisine, Ken qui vient voir Barbie, etc). Les jeux de garçon sont plus physiques et aussi souvent des jeux plus placés dans l’imaginaire (dans celui de super-héros par exemple, ou de guerre, etc). Garçn comme fille ont par contre deux besoins : celui de s’extérioriser dans le jeu, et celui de se défouler.
Soit l’on porte la responsabilité de tout ça aux jeux, et l’on considère que ce sont ces habitudes qui préparent la suite, on trouvera alors que les filles sont moins disposées à jouer aux jeux situés dans l’imaginaire, parce qu’elles y ont été beaucoup moins préparées. Vous remarquerez d’ailleurs que les Sims marche sensationnellement avec les filles.
Pour parler plus de la femme adulte maintenant… je parlerai de la femme “lambda”, pas celle qu’on voit autour de nos parties, car celles-ci se sont affranchies d’un passif de pression sociale importantes déjà. La femme a toujours peur d’être jugée. Elle a peur du qu’en dira-t-on. Elle a peur de ce qu’on dira sur l’appart quand on reçoit des gens, de ce qu’on dira sur elle si elle est mal coiffée, etc. Elle accordera beaucoup d’importance à tout ça, et beaucoup moins au jeu qu’on choisira par exemple (alors que le jeu qu’on choisira aura plus de conséquences sur le fait que la soirée se passera bien ou non, que la poussière en haut de l’armoire). Dans une soirée, sa réaction par défaut sera d’essayer de se faire remarquer en se pliant en quatre pour un gâteau, un truc, enfin n’importe quoi qui pourra l’aider à se sentir “sur son terrain”. elle se comparera automatiquement aux autres filles présentes dans la soirée. Je parle ici de comment était ma fiancée au début
Une fois dans le jeu, elle sera tellement concentrée sur le reste (qu’est-ce que cette personne pensera de moi) qu’elle ne s’intégrera pas au jeu.
Enfant, elle était complètement garçon manquée, jouait au foot, à la bagarre, montait aux arbres et se salissait etc. C’est d’ailleurs intéressant de voir que c’est la fin de l’adolescence qui l’a sans doute remise dans le monde des femmes plus classiques. Comme quoi…
Le même problème des jeux de petite fille se retrouve par contre au niveau des magazines branchés (qui ne parlent que des choses communes de la vie), des lectures à la France Loisirs (qui racontent que des histoires vécues de femme le plus souvent), des films vus au cinéma (entre les films fantastiques et les films à la Bridget Jones, le choix est vite fait),bref, jamais des choses placées dans l’imaginaire. En plus de ça la façon dont les filles se comparent socialement et physiquement pendant l’adolescence, et les clans qui se font dans n’importe quelle classe scolaire de fille, font que toute activité marginalisée (comme le jeu) leur paraît ringard et enfant. Je ne vous raconte pas comment on était mal jugés et se prenaient des piques et les mauvais regards des filles quand on se mettait à jouer à des trucs aux heures où les autres allaient traîner dans les bars.
Mais pour dire enfin une chose qui n’a pas été dite plus haut et revenir en arrière, si la femme est socialement axée pour la vie maternelle, l’homme a aussi sa part à jouer dans la famille. Les psychothérapeutes ont écrit des choses intéressantes. C’est souvent à l’homme d’introduire certaines limites mais aussi d’introduire “le jeu” à un bébé ; “jouer avec papa” est une chose qu’autant le père que le bébé font volontiers.
Non, il n’y a pas à dire, les jeux de société eux-mêmes ne sont pas sexistes, ce sont plutôt les femmes qui ont du mal à abandonner ce contexte où elles étaient plongées avant. Je trouve un peu sexiste les propos qu’on retrouve souvent où l’on dit “la femme est plus mature”, “la femme doit assumer tout un tas de responsabilités et y est plus préparée”… c’est vrai, c’est d’une certaine façon très palpable, mais ce n’est pas se surstresser pour des choses artificielles (j’ai dit artificielles, comme une poussière, je n’ai pas dit “imaginaires”), ce qu’elle fait pourtant, qui est pour moi preuve de maturité psychologique. Elle reste souvent dans le contexte de sa fin d’adolescence, de comparaison et de “qu’en dira-t-on”. A l’inverse, les filles que j’ai vu qui sont affranchies de tout ça, sont très souvent tournées vers le jeu.
Ensuite, il y a assurément des jeux que la plupart des filles abordent plus facilement (si vous trouvez un Sims sur plateau, vous êtes sûr de pouvoir amener des non joueuses !) mais je considère une non-joueuse comme devenue joueuse à partir du moment où elle est capable de prendre tout autant plaisir dans un jeu basé sur l’imaginaire.
Et pour ma plus grande satisfaction, ça arrive ; ça arrive de plus en plus ; parfois cela les amène ensuite à lire des oeuvres fantastiques ou mieux apprécier les films fantastiques, parfois c’est l’inverse (les livres ou les films qui travaillent le côté imaginaire et les amène aux jeux) ; mais autant il y a un effet de mode qui va à l’encontre du jeu de société, autant le courant s’inverse (le marketing aidant des fois, des fois pas).
Tout comme Hachman, j’apprécie beaucoup la meilleure qualité de partie qu’on a quand une fille est à la table de jeu, déjà parce que les mecs se tiennent mieux. Toutefois, petite parenthèse : le côté fesse et amour-sentimentaliste, je préfère l’éviter dans tout jeu de rôle pour ma part. Un peu comme dans les oeuvres de fantasy (le Trône de Fer mis à part) je trouve que la sexualité et “le sexe” se sont importés dans le monde de la fantasy (celui qui s’est créé après l’heroic fantasy) et que ce sont de mauvais imports qui n’apportent qu’une forme de cybersexe dans le jeu de rôle (mais c’est vrai, c’est plus réaliste ainsi). Mais c’est mon avis, et c’est une parenthèse. C’est le fait que ça s’ajoute quand une fille est à la table qui m’énerve, c’est une influence des magazines chébrans des filles qui parlent du sexe à chaque numéro.