Fadest dit:Sinon, pour répondre à un post un peu plus haut, exprimer un accord avec des idées véhiculées par le nazisme est interdit par la loi, au même titre que peindre une croix gammée (qui en fait, n'est qu'un des moyens d'exprimer ses idées - un cas particulier de la loi en quelque sorte).
Le truc, c'est que tant que les idées restent dans la tête des gens, c'est dur de leur interdire de penser.
Mais peut-on interdire de penser ? Non, on ne peut pas.
Et doit-on le regretter ? Non !
Car c’est finalement toute la problématique de la liberté d’expression, et plus intimement de la liberté de pensée, qui est en arrière-plan de ce topic passionnant.
Plus je prends mes distances avec la France, et plus je prends la mesure de la part sombre, liberticide, transmise implicitement dans l’héritage de la révolution de 1791. Je me rends compte que c’est paradoxalement l’humanisme du siècle des lumières, en postulant que la raison humaine a le pouvoir d’éclairer le monde, qui a donné naissance aux horreurs modernes dont nous discutons ici. Je ne suis pas sûr qu’il y aurait pu y avoir de Lénine, de Staline, d’Hitler, de Mao ou de Pol Pot, sans une lecture radicale de Voltaire ou Rousseau. Les crimes de l’histoire récente ne relèvent plus de la barbarie ou de la bestialité, comme ceux de Genghis Khan ou de Qin Shi Huang, ils relèvent du pur intellect et d’une perversion mentale qui lui est propre.
En effet, l’idée que la raison peut rendre le monde intelligible portait en elle-même le germe de ses pires dérives. C’est cette idée qui sous-tend l’hypothèse paranoïaque qu’une dictature éclairée de la raison peut rendre l’homme meilleur. Et c’est bien encore cette idée qui constitue aujourd’hui le mode de pensée dominant en France, sous la forme d’une tyrannie douce de la pensée unique. Elle justifie la censure et l’autocensure, brime considérablement la liberté d’expression, et finalement prive chacun de cheminer à son rythme vers ce qui pourrait le rendre bon envers lui-même et envers l’autre.
Pourtant ni l’homme ni le monde ne peuvent devenir meilleurs sous la contrainte d’une acceptation forcée. Et surtout pas par le vecteur de la raison. Apprendre à s’aimer soi-même et aimer l’autre est une affaire de cœur, un parcours personnel que l’on devrait pouvoir explorer sans entrave.
L’histoire du grand-père d’Enpassant est bouleversante. Honorer la mémoire de ceux qui ont souffert sous le joug du nazisme, c’est justement, et paradoxalement, reprendre la même lutte qu’eux : celle de la liberté, sous toutes ses formes, donc aussi celle de s’exprimer et de penser.