C’est quand même un métier que l’on peut sincèrement aimer… Et où il est bon d’avoir une réflexion sur son évolution. Car tout évolue, et dans l’enseignement comme ailleurs ! Les attendus du métiers ne sont plus les mêmes quand on veut faire émerger une élite (but du bac à sa création) ou mener toute une classe d’âge au bac, les objectifs changent. Mais plutôt que déplorer des changements auxquels on ne peux pas toujours grand chose, il faut réfléchir sur notre adaptation.
Les matières ont elles aussi une utilité qui évolue. Pour ma part, je suis prof d’histoire-géo… bon, ben le but de mon cours n’est plus de faire connaître au petits Français le roman national de leur grrrrrand pays, mais probablement plus de développer leur capacité de décryptage de l’actualité, leur curiosité (hier un bien “vilain défaut”).
C’est une réflexion que les enseignants doivent mener entre eux, car si l’apprentissage du français (il me semble que c’est plus l’objet du débat, mais attention, je suis pas prof de français) doit permettre de savoir s’exprimer en laissant une place à l’imagination, il faudra (il a déjà fallu d’ailleurs) faire son deuil d’une grammaire précise et encyclopédique. De là peut venir un premier blocage.
Il existe aussi une réflexion nécessaire sur l’école qui concerne les parents et tuteurs, qui doivent pouvoir être présents dans l’éducation de leurs gamins. Mais ici, elle est différente, car on ne leur demandera pas de suivre de programmes ou de mener un projet pédagogique, mais plutôt de contribuer à donner au gamin une culture scolaire. S’intéresser à ce qu’il fait, le faire réviser, lui demander de réexpliquer des choses travaillées en cours pour qu’il se les réapproprie, utiliser la télé comme outil éducatif. Bon, cela demande de considérer sérieusement l’éducation du p’tiot, et tout le monde n’a évidemment pas le temps (ne l’oublions pas avant de jeter la pierre un peu rapidement) ou l’envie de s’investir là dedans. C’est le deuxième blocage, et c’est aussi le plus dramatique. Les profs changent, sont remplacés, les vieux râlent un peu sur les jeunes qui sortent de l’iufm avec plein de grandes idées sur le métier , mais par contre le blocage est ici durable. Et c’est peut-être à ce niveau qu’il faudrait vraiment agir… Mais comment ?
Bon et puis il y a une réflexion sur l’école qui doit s’étendre, et qui le fait, tant mieux, à toute la société. Tout le monde est concerné, tout le monde a été élève et a des contacts avec d’anciens élèves qui ont été changés, en bien ou en mal, par cette formation. De là, on en vient à la dimension politique, de la question de l’éducation : c’est une question politique, au sens original, une question qui concerne l’organisation de la cité et la façon dont celle-ci se reproduit. Et trop souvent on la limite à un débat un peu stérile ou, comme c’est bizarre, la limite entre les pros et les antis passe à peu près au même endroit que celle entre la gauche et la droite. C’est un troisième blocage justement : l’existence de pros et d’antis, alors que le but serait d’aller vers un mieux. Comme tout problème politique, il lui manque un peu de sereinité. C’est peut-être le plus visible des trois blocages, mais c’est aussi le moins grave…
Non, parce que bande de feignants, vous diriez pas ça en ayant nos élèves, oui mais vous avez plein de vacances, oui mais elles sont pas payées, oui mais on aimerait bien les avoir même pas payées, oui mais passez le concours, hinhinhin je préfèrerais être tout plutôt que prof, ça va pas chercher très loin, et ça n’a pas beaucoup de conséquences. Malheureusement, ça occulte un peu les vraies questions…
Bon, c’est l’avis d’un mec qui est pas prof depuis longtemps !
spleen dit:le poney dit:
Si prof était juste un métier de feignasse, avec autant d'avantages, il y aurait bien plus de monde à se presser de le devenir.
Mais il faut supporter entre 20 et 35 pré-ados ou ados qui sont diversement motivés, dont le comportement varie du fayotage à la violence verbale et physique, soudainement il y a moins de monde.
arrete, tu vas nous faire pleurer
n'exagérons rien. Je dis juste que ce n'est pas parce que leurs conditions sont différentes qu'elles ne sont pas pénibles.
Si tu demandes à un mec à la chaine s'il trouve ce métier pénible, il va te rire au nez. Pareil pour un commerçant qui fait 60 heures par semaine ou un cadre qui passe plus de temps dans sa boite qu'avec sa famille...
Pourtant être debout et gueuler (parce qu'il faut gueuler) pendant plusieurs heures après des personnalités qui veulent s'affirmer, essayer de transmettre un savoir à des cerveaux parfois bien obtus, gérer les contraintes de programmes, de concertation avec des collègues qui ont leur idée bien arrêtée du métier, gérer également la violence potentielle qui règne dans beaucoup d'établissement, en même temps ne pas sombrer dans la déprime devant l'égarement total de certains gamins...
Bref, ça n'est pas aussi simple qu'on veut bien l'admettre, beaucoup d'entre nous (dont moi) ne souhaitent vraiment pas faire ce métier, c'est qu'il y a de vraies raisons.
Je suis professeur et j’ai un avis perso là-dessus. Pour ce qui est du français, les fautes réalisées aujourd’hui sont plus nombreuses et plus graves qu’avant. Les élèves écrivent bien souvent comme ils parlent. (on a l’impression d’avoir reçu une copie-texto…). Maintenant, il ne faut pas généraliser pour éviter de soulever des conflits. On peut trouver des origines nombreuses à ce problème: la culture livresque disparaît peu à peu au profit des consoles et des dvd, la culture de consommation amène trop d’enfants à ne plus faire l’effort d’ouvrir un livre pour effectuer une recherche (ils aiment aller sur internet et faire une impression sans pour autant la lire),les parents se sentent moins concernés et laissent le soin à l’école de faire l’éducation de leurs enfants (ils ne posent plus de questions sur les devoirs). Biensûr, il y a d’autres raisons et certains diront le contraire, mais je tenais à donner un avis parmi 1000. Dr Max
Nb: pour ceux qui disent que “les profs en branlent pas une”, venez vous occupez des jeunes d’aujourd’hui et vous verrez le changement… On ne fait plus ce métier pour les vacances, ni pour la paye (depuis 1993, les enseignants sont le seul métier dont le pouvoir d’achat n’a pas augmenté…)
Une info qui a été diffusée il y a une semaine: la tranche d’âge où il y a le plus d’analphabète est la tranche 50-60 ans. Celle où il y en a le moins est celle des moins de 20 ans.
L’enseignement d’aujourd’hui n’est sans doute pas parfait ( la perfection n’est pas de ce monde ), mais je pense tout de même que la tendance de décennie en décennie va à l’amélioration.
daguiseb dit:Wasabi dit:scand1sk dit:
* pour finir, certains �l�ves sont paresseux. En ce qui me concerne, je lie �a directement aux "probl�mes familiaux". La volont�, �a s'apprend.
Eleves paresseux qui plus tard deviendront profs.........
?????? T'es prof, toi ???? Pauvres élèves...
J'enseigne le cyrillique......
Sinon, je n'ais rien contre les profs, bien au contraire, je trouve que c'est un metier bien plus utile a la societe que bon nombre d'autres metiers.
Mais ca me fait marrer quand on rejete les responsabilites que sur un cote.
Comme toujours, les responsabilites sont partagees.
Enfin faut avoué que parfois, les profs préfèrent ne prendre aucune responsabilité et rejeter la faute sur l’élève qui ne travaille pas (ou pas efficacement), c’est toujours la solution facile. Ensuite c’est une question de conscience professionnelle. Il y a des bons profs, d’autres moins bons, mais si ça ne les dérange pas d’être en partie responsable de l’échec de quelques élèves de sa classe, on y peut rien.
Un proverbe chinois dit : “On peut mener un cheval à l’abreuvoir, mais c’est lui qui doit boire.”
Deckard dit:Un proverbe chinois dit : "On peut mener un cheval à l'abreuvoir, mais c'est lui qui doit boire."
C'est un peu ce que disait Freinet aussi...
Zyler dit:Enfin faut avoué que parfois, les profs préfèrent ne prendre aucune responsabilité et rejeter la faute sur l'élève qui ne travaille pas (ou pas efficacement), c'est toujours la solution facile. Ensuite c'est une question de conscience professionnelle. Il y a des bons profs, d'autres moins bons, mais si ça ne les dérange pas d'être en partie responsable de l'échec de quelques élèves de sa classe, on y peut rien.
c'est là le problème, on devrait y pouvoir quelque chose.
Le souci c'est que les vraies brebis galeuses ne sont pas sanctionnées, du coup, comme dans toute profession, ça tâche son image.
le poney dit:c'est là le problème, on devrait y pouvoir quelque chose.
Le souci c'est que les vraies brebis galeuses ne sont pas sanctionnées, du coup, comme dans toute profession, ça tâche son image.
Pas évident de déterminer qui est une brebis galeuse.
Moi, cette année, je vais certainement en être une, parce que j'ai eu une classe de branquignols, et que les évals 6eme ne vont pas voler bien haut.
J'ai ramé toute l'année pour revoir ce qu'ils ne savaient pas/plus.
Mais je sais que l'administration va se baser sur les résultats aux évals.
Et comme l'administration est bornée, elle ne va prendre comme stat que les élèves du collège de secteur, sans tenir compte de la "fuite des cerveaux" : les quelques élèves un peu doués qui partent dans le privé ou dans un autre collège.
Bilan : un outil qui sert au départ à avoir une idée au niveau national est récupéré pour faire n'importe quoi par l'EducNat et ses IEN, en mal de chiffres pour asseoir leurs tr... euh, politique.
Zyler dit:Il y a des bons profs, d'autres moins bons, mais si ça ne les dérange pas d'être en partie responsable de l'échec de quelques élèves de sa classe, on y peut rien.
Comme dans tous les métiers, il y a des consciencieux et d'autres moins.
La responsabilité peut être biensûr des 2 côtés, voire des 3 si on tient compte des parents. Entre un prof qui se laisse vivre, ou un élève qui ne travaille pas,ou des parents qui ne s'intéressent pas à leur enfant, quel est le plus coupable ?
Je ne connais pas beaucoup de profs qui se réjouissent de l'échec de leurs élèves,de même en ce qui concerne les élèves: peu d'élèves se plaignent de la nullité de leurs profs (ils ne les aiment pas quand ils ne sont pas marrants, ou trop autoritaires) mais je connais par contre pas mal de gens qui voient chez les profs la cause de tous les maux scolaires...(regardons les réformes entreprises à l'égard des profs, et l'approbation des gens: "les profs , ils en foutent pas une !")
Je suis prof d’histoire-géo, et très heureux de mon métier. Je travaille dans la joie, vraiment !!
Maintenant, concernant tout cela, je pense que l’on doit réfléchir à plusieurs problèmes distincts :
- des pratiques d’évaluation des élèves parfois désuètes et peu motivantes ;
- la nécessité d’allier apprentissage rigoureux de sa langue natale et plaisir d’apprendre (je ne veux pas qu’au nom du développement de la créativité, on jette aux orties la grammaire et l’orthographe) ;
- les moyens d’évaluer aussi les enseignants (allez-y, lynchez-moi !!), quitte à ce que la réflexion aboutisse à dire que l’on ne peut pas - mais en tout cas il ne faut pas exclure cette hypothèse d’emblée.
En effet, il y a de mauvais enseignants : certains n’ont plus aucune motivation, d’autres n’ont pas d’autorité. Ces enseignants s’accrochent parfois à leur situation en attendant la retraite, c’est dommage pour eux et encore plus pour les élèves. Le problème est que les possibilités d’évolution et de carrière sont limitées, et qu’il n’y a pas d’authentique gestion des ressources humaines dans cet énorme ministère. Une collègue qui ne supportait plus les élèves a eu l’intelligence de se renseigner et de partir vers des fonctions administratives, mais j’en vois qui se voilent la face et qui en souffrent, au lieu de se recouvertir. Cela vient en partie des concours : quand vous les avez obtenus, quelle sécurité ! Mais si vous voulez momentanément faire une autre activité pro, vous devez démissionner et vous perdez votre concours : pour revenir à l’enseignement, il faut le repasser !! Cela n’incite pas à la mobilité du personnel, à la recherche d’autres voies, etc.
Zyler dit:Enfin faut avoué que parfois, les profs préfèrent ne prendre aucune responsabilité et rejeter la faute sur l'élève qui ne travaille pas (ou pas efficacement), c'est toujours la solution facile. Ensuite c'est une question de conscience professionnelle. Il y a des bons profs, d'autres moins bons, mais si ça ne les dérange pas d'être en partie responsable de l'échec de quelques élèves de sa classe, on y peut rien.
Quand un enfant est difficile, désobéissant, tourne mal, les parents peuvent culpabiliser, se demander ce qu'ils ont raté dans l'éductaion de leur fils / fille pour qu'il/elle devienne ce qu'il est, mauvaise graine ou graine de voyou ou pire. En se disant aussi que pourtant cet enfant-là a été élevé normalement, comme son ou ses frères et soeurs. Les parents peuvent aussi s'en foutre comme de l'an 40 et se dire que c'est pas de leur faute que c'est un sale gamin et puis c'est tout. Les bons parents, les mauvais parents... Et qu'est-ce que cela change pour l'enfant en question? Chacun a sa conscience pour soi, effectivement.
Alors, certes un prof n'est pas un père pour l'élève. Mais n'ont-ils pas tous les deux, le père (la mère) et le prof, en charge l'éducation de l'élève. Le prof ne prend-il pas l'habitude de voir la personne au-delà de l'apprenant? Ne parle-t-on pas de la démission de plus en plus grande des parents qui se reposent sur l'école pour apprendre à l'élève une bonne partie de ce qu'ils auraient eux-mêmes dû lui apprendre (politesse, savoir-vivres, tempérance, respect, ...)
De plus, les parents aujourd'hui ont 2, 3 enfants ; ma grand-mère en a eu 8... Un enseignant a face à lui chaque année entre, mettons 20 et 80 nouveaux visages. Alors, bien sûr il a une conscience professionnelle. Bien sûr, quand une information n'a manifestement pas été comprise pa l'ensemble d'une classe, il va annuler le contrôle ou la question. Si l'incompréhension (du théorème, du concept, de la méthode, du fait, de la règle etc.) n'est pas compris, il va se poser des questions, l'enseignant : Est-ce qu'ils sont cons ou est-ce moi qui explique mal?"
Le métier d'enseignant est à mon sens l'un de ceux ou l'on se remet le plus en question, en cause. Et personnellement. D'une manière quasi intime parfois et c'est assez éprouvant. "Je ne suis / Vous n'êtes peut-être pas fait pour ce métier" : où, ailleurs, entend-on cette phrase aussi souvent que dans l'enseignement?
Alors oui, peut-être qu'un prof va mal s'y prendre avec l'un ou l'autre élève et cela va peut-être bloquer l'élève voire l'entraîner vers l'échec. Mais il y a vingt-cinq autres élèves qui eux ont bien compris.
Plus haut, quelqu'un disait qu'il y avait le prof, l'élève et les parents de l'élève. J'ajoute qu'il y a aussi un système, qui est parfois mal fait mais avec lequel on doit composer. Les élèves le splus difficiles devraient avoir des cours particuliers, car ils sont souvent difficiles en groupe et violent (la violence des élèves est la chose la plus difficile à encaisser - sans jeu de mots) sans pouvoir être calmés quand ils ont un public.
L'état me donne une vingtaine, une trentaine d'élèves.
Si je veux suivre le programme donné, je perds des élèves en cours de route. Si je m'adapte au niveau des élèves, je n'avance pas assez dans la matière et le niveau global n'est pas assez élevé pour l'école.
Un prof est constamment le cul entre deux chaises mais il voit là un problème qu'il souhaite résoudre, un défi qu'il accepte. Et bien souvent pour l'élève.
Si vous saviez ce que l'on peut être content quand un élève a compris quelque chose, qu'il a progressé, qu'il ne bute plus sur une difficulté qui l'a longtemps gêné ! Je faisais le paralllèle avec le rôle de parents plus haut et bien dans ce cas (l'élève qui progresse), vous êtes aussi fier que lorsque votre gamin ou votre gamine fait ses premiers pas.
En tant que prof, je ne travaille pas avec des données, je ne m'échine pas sur du binaire ou sur des statistiques. Mon "matériau de base" est humain. Moi aussi. Il en sort forcément une interraction où se retrouve de l'émotionnel, de l'engagement personnel. Je ne veux pas généraliser mon cas, mais je ne connais personne qui se soit dit "je vais faire prof pour les congés et la sécurité de l'emploi", ces gens-là, avec en tête ce calcul-là, ne tiennent pas. Que le système et le temps fasse changer nos idéaux, je crois que ce n'est pas réservé à l'enseignement, si?
Budnic dit:
Quand un enfant est difficile, désobéissant, tourne mal, les parents peuvent culpabiliser, se demander ce qu'ils ont raté dans l'éductaion de leur fils / fille pour qu'il/elle devienne ce qu'il est, mauvaise graine ou graine de voyou ou pire. En se disant aussi que pourtant cet enfant-là a été élevé normalement, comme son ou ses frères et soeurs. Les parents peuvent aussi s'en foutre comme de l'an 40 et se dire que c'est pas de leur faute que c'est un sale gamin et puis c'est tout. Les bons parents, les mauvais parents... Et qu'est-ce que cela change pour l'enfant en question? Chacun a sa conscience pour soi, effectivement.
Alors, certes un prof n'est pas un père pour l'élève. Mais n'ont-ils pas tous les deux, le père (la mère) et le prof, en charge l'éducation de l'élève. Le prof ne prend-il pas l'habitude de voir la personne au-delà de l'apprenant? Ne parle-t-on pas de la démission de plus en plus grande des parents qui se reposent sur l'école pour apprendre à l'élève une bonne partie de ce qu'ils auraient eux-mêmes dû lui apprendre (politesse, savoir-vivres, tempérance, respect, ...)
De plus, les parents aujourd'hui ont 2, 3 enfants ; ma grand-mère en a eu 8... Un enseignant a face à lui chaque année entre, mettons 20 et 80 nouveaux visages. Alors, bien sûr il a une conscience professionnelle. Bien sûr, quand une information n'a manifestement pas été comprise pa l'ensemble d'une classe, il va annuler le contrôle ou la question. Si l'incompréhension (du théorème, du concept, de la méthode, du fait, de la règle etc.) n'est pas compris, il va se poser des questions, l'enseignant : Est-ce qu'ils sont cons ou est-ce moi qui explique mal?"
Le métier d'enseignant est à mon sens l'un de ceux ou l'on se remet le plus en question, en cause. Et personnellement. D'une manière quasi intime parfois et c'est assez éprouvant. "Je ne suis / Vous n'êtes peut-être pas fait pour ce métier" : où, ailleurs, entend-on cette phrase aussi souvent que dans l'enseignement?
Alors oui, peut-être qu'un prof va mal s'y prendre avec l'un ou l'autre élève et cela va peut-être bloquer l'élève voire l'entraîner vers l'échec. Mais il y a vingt-cinq autres élèves qui eux ont bien compris.
Plus haut, quelqu'un disait qu'il y avait le prof, l'élève et les parents de l'élève. J'ajoute qu'il y a aussi un système, qui est parfois mal fait mais avec lequel on doit composer. Les élèves le splus difficiles devraient avoir des cours particuliers, car ils sont souvent difficiles en groupe et violent (la violence des élèves est la chose la plus difficile à encaisser - sans jeu de mots) sans pouvoir être calmés quand ils ont un public.
L'état me donne une vingtaine, une trentaine d'élèves.
Si je veux suivre le programme donné, je perds des élèves en cours de route. Si je m'adapte au niveau des élèves, je n'avance pas assez dans la matière et le niveau global n'est pas assez élevé pour l'école.
Un prof est constamment le cul entre deux chaises mais il voit là un problème qu'il souhaite résoudre, un défi qu'il accepte. Et bien souvent pour l'élève.
Si vous saviez ce que l'on peut être content quand un élève a compris quelque chose, qu'il a progressé, qu'il ne bute plus sur une difficulté qui l'a longtemps gêné ! Je faisais le paralllèle avec le rôle de parents plus haut et bien dans ce cas (l'élève qui progresse), vous êtes aussi fier que lorsque votre gamin ou votre gamine fait ses premiers pas.
En tant que prof, je ne travaille pas avec des données, je ne m'échine pas sur du binaire ou sur des statistiques. Mon "matériau de base" est humain. Moi aussi. Il en sort forcément une interraction où se retrouve de l'émotionnel, de l'engagement personnel. Je ne veux pas généraliser mon cas, mais je ne connais personne qui se soit dit "je vais faire prof pour les congés et la sécurité de l'emploi", ces gens-là, avec en tête ce calcul-là, ne tiennent pas. Que le système et le temps fasse changer nos idéaux, je crois que ce n'est pas réservé à l'enseignement, si?
Je fais remonter ce topic simplement pour applaudir Budnic, dont le post reflète complètement ce que je pense, en très bien dit
![Clin d'oeil :wink:](https://forum.trictrac.net/images/emoji/twitter/wink.png?v=9)
On oublie je crois trop souvent le côté humain du métier, la dose d'affectif que l'on peut y mettre, et l'aspect intime de la remise en question, qui touche au plus profond... ce qui ne veut pas dire qu'on se remet pas en question, hein, on est d'accord !
David, prof qui aime son métier justement pour ça.