Mitsoukos dit:Est-ce que notre personnalité est une somme des deux ou y a t-il d'un coté un personnage et de de l'autre une personne authentique?
Des deux cotés, il y a une part de personnage et une part d'authenticité. Mais je trouve qu'il est plus facile sur le net d'occulter nos défauts, et de mieux montrer nos qualités. On ressemble plus à l'image qu'on se fait de soi même quand on est numérique. Après, là où ça devient pathologique, c'est quand les deux personnalités sont trop éloignées l'une de l'autre.
Philippe dit: Après, tu sais, chacun a son histoire. Certains d'entre nous ont probablement vu / vécu / fait des trucs qui blindent un peu, au moins pour un certain temps.
ou inversement, j'avais tendance à être complètement blindé et à ne pas laisser parraître grand chose de mes sentiments et le gros coup du sort que j'ai vécu, pour lequel je n'étais évidemment pas assez blindé (j'en ai parlé sur TT il y a un peu plus de deux ans) à plutôt eu tendance à briser l'armure qu'à la renforcer... c'est sur que quand quelque chose m'y fait penser j'ai un coup de blues qui remonte (même si le quelque chose n'est pas intrinsèquement triste), mais j'ai quand même l'impression d'être globalement plus sensible.
brunbrun dit: c'est sur que quand quelque chose m'y fait penser j'ai un coup de blues qui remonte (même si le quelque chose n'est pas intrinsèquement triste), mais j'ai quand même l'impression d'être globalement plus sensible.
pareil, même bien cicatrisées, il y a des blessures qui restent plus sensibles que d'autre.
Et bien dites donc,c’est bien joli tout ça, moi aussi, je suis super sensible, enfin je crois, enfin je pense qu’assez peu de personnes se décriraient réellement comme sans coeur. C’est quand même pas très “socialement désirable” d’être dénué d’émotion. Ce n’est pas très intéressant non plus… Bref, étant véritablement un intellectuel froid et distant, prétentieux et vaniteux, je trouve quand même que ce qui me définit le mieux, c’est mon nombrilisme, ma peur d’avoir quelqu’un, d’être heureux (ou plutôt d’être dans une situation de bonheur qui pourra ne pas duré, donc éviter cette situation pour éviter sa fin).
Comme le disait précédemment Jenesaisplusqui citant Jenesaisplusquelauteur, les gens qui pleurent devant tel film n’ont pas de coeur. A force de trop grands élans de sensibilité (sensiblerie ?), de “je suis quelqu’un de sensible, de fragile au fond et personne ne me connait vraiment”, on se recroqueville sur nous même (écoutez “les timides” de Jacques Brel, très bien observé), tout persuadé qu’on est de tenir toute la misère du monde et un désespoir indicible.
Dans les “Scènes de la vie conjugale”, d’un cinéaste nordique dont j’ai oublié le nom, les personnages (un couple d’intellectuels en plein divorce) finissent pas se dire qu’ils sont des “analphabètes de l’affectif”. Je trouve que c’est également très bien observé : dans l’incapacité d’exprimer correctement nos émotions (selon nos propres critères du “correctement”), nous préférons les garder pour nous, tous fiers d’avoir de belles et abyssales cicatrices que personnes ne remarque. Plutôt que de vivre nos émotions, nous les rêvons presque, nous les sublimons. Le fait que nous puissions pleurer devant Bambi ne signifie pas pour autant que nous soyons de grands humanistes. Le fait de se dire que l’on est un grand humaniste ne suffit pas à affirmer que nous aurions sauver la maman de Bambi.
Enfin (puisque tout a une fin), je vous dis tout ça parce que je suis effectivement un grand “sensible” (plutôt un grand romantique torturé, timide, rêveur et à moitié destructucteur, ennuyeux à souhait) et que finalement c’est bien beau tout ce lyrisme refoulé, délicatment déposé sur un forum, mais ça ne fait pas de nous des acteurs. Un con qui marche ira toujours plus loin qu’un intellectuel assi, disait Desproges (je crois) et si ce n’est pas aussi simple que cela, ça reste assez vrai. Surtout, nous semblons tous avoir une magnifique capacité d’abstraction qui consiste à parler de concepts assez complexes (voire pas vraiment définis) sans jamais donner d’exemple vraiment concrets, pour toujours éviter de se mouiller (même malgrè la formidable déshinibition du forum activant une seconde personnalité ou un personnage !)
Ouiiiiii… Soit, mais je vois mal où tu veux en venir, en fait. Si c’est peu approprié d’afficher nos émotions et maladroit de les cacher, quid ?
Tu sembles suggérer qu’il faudrait vraiment parler d’exemples réels et précis de ces problèmes de sensibilité, mais, en ce qui me concerne, je ne souhaite tout de même pas exposer ma vie. J’espère que personne ne prend mal le fait que mes confidences se font plutôt les yeux dans les yeux et pas ainsi, sur le forum.