Merci pour ce beau post, Sysyphus (mon clavier a failli prendre cher sur une des plaisanteries, heureusement que je sais me tenir ).
Alors… qu’est-ce qui me plaît dans un jeu pour que je passe le cap de l’achat ?
Déjà, l’éditeur. Si c’est un Pearl Games, par exemple, je saute dessus lis tout ce qu’il y a dessus et même les règles (oui, normalement je préfère lire les règles sur papier glacé avec la boîte ouverte devant moi que sur un écran froid), parce que je sais que la zone plaisir de mon cerveau jeu répond peu ou prou aux mêmes stimulis que celui de sebduj (dois-je m’inquiéter ? ), et que la configuration 2 joueurs tourne toujours bien chez eux. Je trouve aussi que SuperMeeple fait de très beaux choix d’édition, même si leur relookage se paie en devises (mais bon, j’ai l’impression que toutes les rééditions se paient au prix fort, même RFTG a vu son prix grimper sans avoir rien changé ou presque ; le prix des matières premières ? Le fait qu’aujourd’hui les éditeurs se paient décemment ?).
Donc, l’éditeur va attirer mon attention.
Ensuite, la configuration. J’ai déjà craqué sur des jeux qui ne fonctionnent bien qu’à partir de 3 voire 4 joueurs. Quand c’est du jeu d’ambiance, rien à dire, mais quand c’est du jeu réflexif à jouer plusieurs fois de suite pour en saisir la substantifique moelle, force est de constater que nous ne jouons pas de façon assez répétée à plus de deux joueurs pour que cela vaille le coup (à ma grande tristesse). Cela a aussi pour conséquence qu’à trois ou quatre, je propose rarement un jeu auquel nous jouons beaucoup à 2 même s’il est bien à 3 ou 4 (et en même temps, si c’est pour être face à des joueurs un peu perdus après 50 parties de mon partenaire préféré et moi, c’est pas drôle ni pour les novices ni pour nous).
Donc, la configuration 2 joueurs excellente est un critère de choix pour moi.
Après, le temps (coucou el payo !). Si ça ne me dérange pas de m’investir toute une après-midi dans un bel améritrash voire même dans un monstereurogame, il faut avouer que j’en ai peu l’occasion. D’autant plus que la plupart ne sont valables qu’à partir de 3, 4, 5 voire encore plus de joueurs, et que là, même pas en rêve je trouve du monde qui a autant de temps, on n’est plus à l’âge de la récré et des vacances scolaires (et quand on arrive parfois à se dégager un samedi aprem avec les amis, on opte pour du jdr, ça réduit fortement l’option jdp).
Donc malheureusement, chez nous, le temps, c’est un critère de sélection (à mon grand regret).
La hype. Bien sûr, je me fais hyper, comme tout le monde. Après, est-ce que je passe à l’achat ? Ça dépend de plein de choses : si je n’ai pas déjà acheté quelque chose récemment, si j’ai le budget, si le jeu n’est pas trop long (s’il ne sortira pas que dans mes rêves les plus fous), s’il est bon à deux voire en solo (eh oui, on fait ce qu’on peut)… Des fois, je me pose la question tellement longtemps que la hype est retombée. Surtout aujourd’hui. Autant il y a quinze ans la hype sur un jeu ça pouvait durer plusieurs mois voire années (coucou Tigre et Euphrate, Princes de Florence, etc.), autant aujourd’hui si on craque pas dès les deux premières semaines, c’est ensuite rarement sous l’influence de la hype. Sauf si le jeu fait l’objet d’un moubourrage confidentiel sur TT ensuite, auquel cas son achat pourra éventuellement me faire envie en lisant les descriptions détaillées de parties, tactiques, stratégies, etc. d’un jeu longuement éprouvé et non suite à trois premières parties faites-avant-tout-le-monde.
Là par exemple, comme beaucoup, je suis hypée par Ark Nova. Mais encore pas au niveau du craquage (j’ai d’autres jeux dans le créneau).
Donc la hype, oui et non.
Le thème.
Le thème peut me faire craquer vers un oui absolu, genre j’ai pris Calico les yeux fermés, pas à cause du chat, mais parce que pour une fois qu’un thème sortait des sentiers battus du jeu de société (coucou l’antiquité, coucou la colonisation, la domination du monde, les thèmes qu’on veut sérieux parce qu’on est des hommes, des vrais, avec des poils partout même sur les jeux). Si vous préférez, à l’époque j’avais pris RFTG non pas les yeux fermés mais aussi parce que son thème m’attirait (et j’ai découvert à ma grande surprise qu’un grand nombre des compagnes des TTciens semblaient rebutées par la SF, OMG moi qui aimais tant ça, étais-je une vraie dame ?).
Le thème peut aussi parfois me faire craquer vers un non absolu, comme Happy Pigs qui pour moi dépasse vraiment les bornes. D’autres m’ont aussi refroidie, mais je ne vais pas les citer ici, pas besoin de polémique. Parfois, je peux me le raconter autrement et ça me va, parfois non.
Donc, le thème peut avoir une importance et même si c’est rarement le cas, il peut être décisif.
Le matériel.
Moui, bon, bof, m’en fiche un peu, du moment qu’il est à peu près en rapport avec le prix demandé et qu’il ne tombe pas en miette/ne s’efface pas après deux parties (et encore, j’ai même supporté l’effacement quasi instantané des vers du mini heckmeck).
Donc le matériel, surtout qu’il soit en rapport avec le prix (et que les cartes aient une âme, de préférence, sinon c’est pas des cartes).
L’apparence.
Bien entendu, si un jeu est esthétiquement à mon goût, ça va m’influencer et j’ai déjà acheté des jeux presque seulement sur un oh-il-est-trop-beau-il-me-plaît-trop (Paper Tales, mais bon, j’avais quand même imprimé le pnp et essayé avant de passer à l’acte, pour une fois qu’un éditeur fait cet effort), mais curieusement, je n’ai jamais été déçue par ces jeux. Mais je dois avouer que la plupart des jeux que je possède me laissent relativement indifférente niveau esthétique : je les trouve bien mais ne passe pas des heures à m’extasier durant la mise en place ou le jeu. Ils sont peu qui me font cet effet-là. J’en ai tout un tas de moches aussi, qui font très bien le job pour jouer, et ce n’est pas un problème pour moi du moment que les choses y sont lisibles (parce que bon, moche et illisible, là ça commence à demander d’être vraiment parfait mécaniquement pour compenser).
Il y en a plein aussi que je trouve très bien alors que beaucoup de monde les trouvera moches (genre Caylus premier du nom, moi il me charme), et aussi, j’ai un petit faible pour les hexagones, couvrez une carte d’hexagones et oh, je regarde le jeu de plus près.
Donc l’apparence, oui et non.
La courbe de progression.
Mon critère préféré ou presque. Je peux acheter un jeu juste parce que je sais qu’au début je vais en baver et que petit à petit je vais finir par comprendre comment ça marche. Monsieur Proute sait que lorsque nous avons un nouveau jeu, il doit profiter de ses dix (ou plus) premières parties qu’il va gagner en jubilant, adorant profiter de ma lenteur d’esprit et de mes bourdes pour m’écrabouiller (oui, c’est un truc qu’il aime bien faire dans les jeux), puis passé un cap, il rigolera plus du tout et aura l’impression d’être surtout un sparring partner. Du coup, Spirit Island, il aime bien. Et là, je peux vous dire que la variété à la mise en place, tout ça, c’est que du du décorum par rapport à un jeu qui en a sous la pédale de au début tu joues comme ci, puis comme ça, puis tu découvres tel rouage, puis tel autre, et finalement ça marche pas du tout comme on croyait au début qu’on se trompait on s’était fait avoir par notre naïveté, etc. Oui, j’ai cette chance de ne pas avoir un cerveau ultra-performant qui capte toutes les subtilités dès la lecture des règles, ça me permet de profiter pleinement de ce type de jeux avec délice et volupté.
Donc, la courbe de progression, oui oui et oui.
Le plaisir de jeu.
Bien sûr. Mais on ne peut pas le connaître à l’avance, seulement le supposer.
Donc en théorie, oui, mais en pratique, c’est souvent la surprise.
J’aimerais ajouter un point : le consumérisme.
Ma ludothèque a plus de vingt titres (mettez le chiffre qui vous semble raisonnable à la place, pour jouer régulièrement à vos jeux tout en variant assez les plaisirs), donc oui, forcément le consumérisme a un rôle là-dedans, et je ne pense pas être mieux que qui que ce soit sur ce plan-là. Donc j’achèterai plus facilement un jeu quand je me sens triste, par exemple, une sorte de sucre d’orge palliatif… C’est moche, c’est triste, mais c’est la vie et c’est comme ça. Heureusement, comme je suis attentive au suivi de mes sous, ça ne me met jamais dans l’embarras, mais c’est une réalité que de façon terre-à-terre je n’ai absolument aucun besoin d’un quelconque nouveau jeu dans ma ludothèque déjà bien fournie (j’ouvre là une parenthèse pour dire que si le jeu flirte avec nos besoins primaires, nul besoin d’avoir du matériel pour cela, seulement des gens disposés à jouer avec vous, donc à mon sens on n’a jamais vraiment besoin d’acheter un jeu), et que si j’en achète encore et que j’ai ce besoin de craquer devant une nouveauté, une promesse de bonheur renouvelé, je crois que c’est le résultat d’un beau formatage de nos esprits et âmes au consumérisme.
Donc c’est moche, mais oui, le consumérisme va jouer dans le fait que j’achète un jeu (désolée, j’espère ne pas trop casser l’ambiance).
Peut-il être excusé/expliqué par une certaine passion ? Certainement, un peu, un tout petit peu, car expliqué oui, mais excusé ? Mais en tout cas c’est bien cette passion qui fait que je vais sans cesse m’intéresser à ce domaine malgré tout ce que j’ai déjà dans ma ludo. Mais nous y jouons. Et y rejouons. Et au lieu d’en acheter un nouveau, on pourrait revenir à nos anciennes amours. Pas tout le temps, car nos envies ont pu changer avec le temps, en fonction de notre expérience aussi, de notre disponibilité d’esprit, etc. Mais tout ça est un autre sujet !
Bonne journée.