Bonjour,
Quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi la France et l’Allemagne pratiquent des tarifs si différents sur les jeux ?
Pour ne pas mettre en cause nos boutiques préférées j’ai juste comparé les tarifs sur mazon :
Linko sur Mazon.fr : 19.87€
Abluxxen (sous son nom allemand) sur mazon.de : 9.99
Carcassonne en France : 23.95
Carcassonne en Allemagne : 13.99
qwixx : 11.40 / 6.15
Les deux marchés n’en sont pas au même stade de maturité (ou de dérèglement, comme on veut). Et les deux cultures sont différentes, que ce soit du côté des consommateurs ou chez les éditeurs/distributeurs. Les prix français étant plus proches d’un prix sain et normal pour la bonne santé du secteur. Il y a déjà eu plusieurs discussions sur cette question dans le forum. Fais des recherches…
Sylvano dit: Les prix français étant plus proches d'un prix sain et normal pour la bonne santé du secteur.
... c'est vrai que le jeu se porte moins bien en Allemagne qu'en France ...
OK, j'comprends bien ... alors pourquoi pas 5x plus cher plutôt que 2x ???
la santé économique des Français est-elle 2x meilleure que celle des allemands ?
... ça se saurait non ?
Les frais d'édition et de distribution sont-ils si différents en Allemagne ?
... visiblement en Allemagne ils misent sur des ventes à long terme (moins cher pour des jeux qui restent plus longtemps au catalogue) alors qu'en France on mise sur le "gros coup" : on vend cher et on encaisse vite ... non ?
redan dit:... c'est vrai que le jeu se porte moins bien en Allemagne qu'en France ...
Je te sens ironique, mais je pense que d'une certaine façon, c'est le cas, oui.
redan dit:
... visiblement en Allemagne ils misent sur des ventes à long terme (moins cher pour des jeux qui restent plus longtemps au catalogue) alors qu'en France on mise sur le "gros coup" : on vend cher et on encaisse vite ... non ?
Je pense que c'est complètement l'inverse. L'idée est d'écouler le plus de stock possible, parce que le marché du jeu est saturé de sorties. Les "classiques", et même les sorties récentes au bout de quelque temps, sont bradés parce que sinon, ils ne trouvent plus acheteurs. Si vendre à prix plus élevé permettait de faire des "gros coups", comme tu dis, ça se saurait, et les Allemands feraient pareil. Il y a deux écoles : vendre normalement à prix normal ou essayer d'écouler du volume à prix plancher (pour l'instant, seuls les Allemands peuvent faire ça avec leurs tirages énormes). Mais si tu veux mon avis, c'est un mauvais calcul sur le long terme. Voir l'effondrement actuel du modèle hard discount, dans l'alimentaire. Une fois que tu as compressé tes prix au maximum, quel autre levier te reste-t-il ?
Et puis bon, de toute façon, les deux marchés ne sont pas du tout comparables. Tu n'as qu'à aller voir le rayon jeux de société dans un grand magasin allemand, tu verras ce que je veux dire.
Non pas que je ne sois pas d’accord avec les arguments avancés, mais je vais apporter un tout petit son de cloche différent (ou complémentaire). Cela fait des années qu’on parle de saturation et de marché qui court à sa perte en Allemagne. Ne pouvant présager de l’avenir, je constate toutefois jusqu’à présent qu’ils s’en sortent.
Certes, leur politique de prix est différente et elle est conditionnée par des volumes d’édition plus importants, mais quand j’ai le choix (au delà de la barrière de la langue), je préfère payer un jeu (souvent bien) moins cher.
Qui peut affirmer sans hésitation et sans retenue que le juste prix est toujours le plus élevé, et donc indirectement que ce sont les autres pays qui font fausse route dans leur démarche ?
Pour en revenir à l’agro-alimentaire (long débat potentiel), quand les prix sont trop tirés vers le bas, c’est la qualité qui pâtit. Mais dans notre secteur, nous considérons des produits de qualité égale, il n’est donc pas anormal à qualité égale de se poser des questions sur les différences de prix.
Salutations ludiques.
Docky
P.S. Pour préciser et éviter les amalgames, oui, je me considère bien plus comme passionné (qui souhaite la pérennité de ce domaine) que comme client pour qui tout est dû.
Il me semble aussi qu’en Allemagne le système de distribution ne soit pas le même. Plusieurs distributeurs différents peuvent distribuer un même jeu. Il y a donc une vraie concurrence.
" L’idée est d’écouler le plus de stock possible, parce que le marché du jeu est saturé de sorties"
Peut-on parler d’écouler des stocks sur un jeu qui vient de sortir ?
Merci Fox et Docky
Les plus grosses différences en politique de prix (pas les seules mais les plus grosses) se dessinent après quelques mois de présence sur le marché. Sans jugement aucun :
1) D’un côté, on a ceux qui considèrent que le jeu finira par s’écouler, qu’il vaut son prix (calculé entre autres en fonction du prix de revient), et que casser les prix de vente serait se tirer une balle dans le pied non seulement sur le court mais aussi et surtout sur le long terme. Le jeu y est souvent plutôt considéré comme une oeuvre.
2) De l’autre côté, on a ceux qui considèrent qu’un jeu a un cycle de vie relativement défini, qu’au bout d’un certain temps, il vaut mieux un peu brader, au moins pour récupérer sa mise financière (marge sur coûts variables), et passer à la conception / vente du jeu suivant, considérant que sinon des effets de cannibalisme peuvent surgir. Le jeu y est alors souvent plutôt considéré comme un produit.
J’ai conscience de la caricature que je viens de faire, mais ça me semble quasi indispensable pour dissocier ces 2 politiques de mercatique. A+.
Docky dit:Non pas que je ne sois pas d'accord avec les arguments avancés, mais je vais apporter un tout petit son de cloche différent (ou complémentaire). Cela fait des années qu'on parle de saturation et de marché qui court à sa perte en Allemagne. Ne pouvant présager de l'avenir, je constate toutefois jusqu'à présent qu'ils s'en sortent.
Certes, mais le potentiel du marché allemand est encore tout autre qu'en France (mais jusqu'à quand ?). Les jeux cités en début de fil sont susceptibles d'entrer dans n'importe quel foyer là-bas, clairement pas chez nous. Mais quand on voit les prix cassés à Essen (jusqu'à 3 ou 5 euros sur certains titres relativement récents qui valaient 5 ou 6 fois ça) ou la politique de certains éditeurs type Queen Games, qui dévalue ses propres jeux d'une année sur l'autre, je ne vois pas comment ça peut aller dans l'intérêt de l'industrie ludique. De sa diversité et de la qualité de ses produits, disons. Quand on voit déjà ce qu'il reste au final aux éditeurs français sur une boîte une fois tous les coûts déduits...
J'imagine que cette guerre des prix est un peu due au fait que le marché ludique allemand ne doit plus tellement être en croissance, contrairement au marché français. Mais peut-être que je me trompe.
Pour info :
Linko sur Mazon.fr : 19.87€
Abluxxen (sous son nom allemand) sur mazon.de : 9.99
… et 33€ à la fnoc
osez me dire que 33€ est le juste prix pour un jeu de cartes (si bon soit-il) que l’on peut trouver à 9.99 en Allemagne !
allez, on remet ça en francs pour les vieux cons comme moi ???
Je me posais la meme question… La difference de prix peut-elle avoir un lien avec une hypothetique difference entre le cout du travail en france et en allemagne? Est-ce que quelqu’un sait si le coût est reellement inferieur en allemagne? Je sais juste qu’il n’y a pas de smic mais rien de plus… Si oui, ceci pourrait peut être expliquer cela…
redan dit:
... et 33€ à la fnoc
osez me dire que 33€ est le juste prix pour un jeu de cartes (si bon soit-il) que l'on peut trouver à 9.99 en Allemagne !
Je ne sais pas trop ce que tu cherches à démontrer, mais personne ne t'oblige à acheter ici ou là. Ni à acheter des jeux en France si tu trouves ça abusivement cher. Libre à toi d'aller te fournir en Allemagne, sur place ou avec frais de port. Je te conseille le voyage au salon d'Essen : tu pourras revenir avec 6m3 de jeux bradés pour un budget imbattable. Prévois un utilitaire, quand même.
redan dit:Pour info :
Linko sur Mazon.fr : 19.87€
Abluxxen (sous son nom allemand) sur mazon.de : 9.99
... et 33€ à la fnoc
osez me dire que 33€ est le juste prix pour un jeu de cartes (si bon soit-il) que l'on peut trouver à 9.99 en Allemagne !
allez, on remet ça en francs pour les vieux cons comme moi ???
Pour le prix sur le market place de la Fnac, le vendeur ne semble pas être spécialement un vendeur de jeux de société. Sa souris a peut-être dérapé
Binon, 13,50 chez Philibert. On reste dans le raisonnable, il me semble.
oui, correct … en version allemande
BreizhVal dit:La difference de prix peut-elle avoir un lien avec une hypothetique difference entre le cout du travail en france et en allemagne?
Une différence entre le coût du travail en France et celui en Allemagne aurait une incidence sur le prix de fabrication d'un jeu si les jeux français étaient fabriqués en France et les jeux allemands en Allemagne. C'est très très loin d'être aussi marqué, d'autant moins avec l'Asie qui se mêle à la danse.
BreizhVal dit:Est-ce que quelqu'un sait si le coût est reellement inferieur en allemagne?
La plus grande différence de prix est de mon humble point de vue explicable par des volumes d'édition plus importants (ce qui mène de plus en plus les éditeurs à préférer les icones aux textes sur le matériel : possibilité d'utilisation polyvalente sur plusieurs marchés). Et j'ai déjà abordé le sujet de la politique de prix (de vente) qui n'est pas directement corrélée au prix de revient sur toute la longueur du cycle de vie du jeu.
BreizhVal dit:Je sais juste qu'il n'y a pas de smic mais rien de plus... Si oui, ceci pourrait peut être expliquer cela...
À ma connaissance, un salaire minimum vient d'être pris en ligne de mire par A. Merkel et son application est prévue pour bientôt, si ce n'est pas déjà le cas. Mais la chancelière veut poser des conditions à ce salaire minimum. Elle ne veut par exemple pas qu'un jeune mineur et sans formation préfère entrer dans une vie active précaire plutôt que de débuter une formation plus sécurisante à long terme. Le chômage chez les jeunes en Allemagne est justement bien moins élevé qu'en France, aussi parce que le mot apprentissage est implanté et valorisé outre Rhin.
Sinon, l'absence de salaire minimum, c'est un long sujet, très long et délicat. Mais pour simplifier, l'absence de salaire minimum se faisait surtout ressentir sur les emplois précaires, non qualifiés et mal-aimés (donc pas vraiment dans la production ou l'édition de matériel de jeu).
Pour exemple, et puisque c'est la saison, prenons la cueillette des asperges qui est un travail erreintant que personne ne veut exécuter. Jusqu'à présent et depuis de nombreuses années, des travailleurs (entre autres de Pologne) viennent pour la petite saison et gagnent correctement par rapport à leur mode de vie habituel dans leur pays.
On peut rétorquer que cela soustrait de l'emploi au peuple allemand, mais celui qui sait comment se déroule la cueillette des asperges sait aussi que même avec un salaire minimum, ce sont encore les polonais qui continueront ce travail les prochaines années car personne ne veut faire ça.
Résultat : cette décision politique du salaire minimum profite dans ce cas à d'autres ressortissants européens et n'aura pas de conséquence importante sur le marché de l'emploi en Allemagne. La seule chose, qui est loin d'être négligeable, c'est que ça enlève de la précarité et tendra à terme à niveler les niveaux de vie entre pays européens.
Merci Docky pour cette reponse claire et precise ca eclaire ma lanterne au sujet de l’allemagne, pays dont je ne connais vraiment pas grand chose si ce n’est qu’il accueille tous les ans un festival international du jeu à Essen