de vos lectures...

Vaste et complexe sujet que les traductions/retraductions suivant les époques… Avec plein de facteurs différents : qui est l’éditeur, à qui s’adresse l’édition (livre de poche vs Pléiade), qui est le traducteur ou la traductrice, quel est le contexte socio-historique (on ne traduit pas dans les années 50 comme en 2024), etc. ? Tellement de choses à dire sur ces quelques lignes : “métis”/“bâtard” traduit ou pas traduit (cf la personnalité “polémique” de Lovecraft), des traductions plus ou moins concises ou développées par rapport à la VO, etc. Après, il y a autant de traductions que de traducteurs…

Les Carnets du sous-sol de Dostoïevski, petit livre méconnu est excellent !
Bonnes lectures.

Rien que les titres ont parfois droit à des traductions assez différentes. The Thing at the Doorstep a par exemple été traduit en:

  • le rôdeur devant le seuil
  • le monstre sur le seuil
  • la chose sur le seuil

Les traductions que tu cites sont très intéressantes. La version de Gilbert est étonnante car elle est presque verbatim avec une formulation qui n’a pas de sens en Français. La traduction de Papy, elle, prend des libertés amusantes avec le texte original. Ça me rappelle l’histoire de Kundera qui a traduit lui même son œuvre en Français quand il a vu ce que les traducteurs avaient fait de ses textes. La chose amusante étant que Kundera a d’ailleurs pris énormément de libertés avec son texte lorsqu’il l’a traduit, allant jusqu’à réécrire plusieurs passages.

Kundera s’est tout simplement aperçu que traduire une fiction, c’est en grande partie réécrire cette fiction. Malgré la présence de l’original, c’est (toutes proportions gardées) un peu comme créer une nouvelle oeuvre, dans une autre langue, une autre culture, etc. Il y a toujours une part d’interprétation et de décodage/conversion : comprendre et transcrire les intentions et le style de l’auteur, ce qu’il a voulu dire exactement, utiliser des références qui parlent au lecteur, parfois selon l’époque où le livre est lu, etc. Bref, c’est plus complexe que ça en a l’air.