Du Game Design Minimaliste

Salut à tous,
A l’occasion du prochain salon d’Essen, je me suis penché sur les jeux Japan Brand et, du coup, au Game Design Minimaliste. Ce type de jeu venu d’Asie (enfin je crois) a pour principe un minimum de matos pour des parties courtes et renouvelables à souhaits à un prix dérisoire. Mais dire qu’il vient d’Asie serait oublier l’ami Paresseux et son Blue Lion qui, sur ce forum même, en posa les bases avec Jactalea et la collection qui suivie.
Depuis l’année passée et l’apparition de Love Letter et de Coup (devenu Complot), peu de jeux, à ma connaissance, ont suivi cette voie hors Japan Brand. Bien sûr, on me dira que qu’il y a Mascarade de B. Faidutti voire de Shadow over Camelot d’un autre Bruno (D’après Anoitne Bauza…) Et c’est là bien mon soucis, ou plutôt la base de ma réflexion : qu’est-ce qu’un GDM ?
A mon sens, et ça n’engage que moi, pour avoir du Game Design Minimaliste, il faut, en plus d’une quantité de matos inférieure aux standards d’aujourd’hui (nos chères 54 cartes qui nous font revisiter nos tables de multiplication de 2 à 6 à chaque création de proto) un prix nettement inférieur à ce que l’on peut trouver sur le marché. Je prends pour exemple les 3 euros dépensés à Essen pour avoir mon Love Letter de chez AEG. Scène assez étonnante qu’était celle de ce panier en acier semblable à celui des soldes de supermarché avec je ne sais combien de centaines de petites pochettes en plastique transparent contenant les 16 + 4 cartes du jeu.
Cette petite réflexion n’est pas anodine puisque lors d’un dépoussiérage de proto je suis retombé sur une idée d’un jeu en 16 cartes (peut-être 20). Aussi, je reste persuadé que plusieurs d’entre nous se sont plongés dans un proto minimaliste soit par défi, soit pour répondre à l’appel du magasine Plato si je me souviens bien.
D’où plusieurs questions:
- Au fond qu’est-ce qu’un GDM pour vous ? Quelles en sont les exigences ?
- Ce type de jeu est-il lié à un marché en particulier (la saveur exotique du marché asiatique et d’une conception totalement différente du marché de l’euro-game ou des jeux à l’allemande) ?
- Est-ce un effet de mode ?
- D’un point de vue de l’édition, suit-on le même processus qu’un jeu plus “traditionnel” ?
- Quel est l’intérêt ludique d’une telle catégorie de jeu (j’entends par là : doit-on considérer que la faible représentation de ce type jeu concoure à sa réussite) ?
- Bref que pensez-vous de cette catégorie de jeux ?
PS: Désolé au cas où ce Sujet aurait déjà été abordé dans cette partie du Forum

Voilà un sujet qui m’intéresse bien aussi :D
Pour moi il s’agit bien d’un effet de mode dans le sens où l’on en parle actuellement comme une manière de concevoir des jeux. Mais je pense que les auteurs ont toujours réfléchit à savoir comment réduire le matériel, comment l’utiliser au mieux, comment épurer les règles de jeu. Je me rappelle avoir découvert sur le net les “bonzaïs games”, ces jeux qui tiennent sur 1 carte, règles+matériel. J’avais beaucoup aimé ce concept.
Je pense que la définition de base de ce type de jeu est liée au fait qu’il y a un minimum de matériel, ce qui, je crois, pose un réel problème à nos éditeurs occidentaux.
J’avoue que je participe à cette tendance puisque j’ai moi aussi un jeu de ce type en développement actuellement: “Chasse-partie”, 16 cartes, 2-6 joueurs. C’est un jeu que l’on a imaginé à 8 mains et 4 cerveaux, ce qui est assez paradoxal.
A mon sens, le grand intérêt de ces jeux, c’est qu’ils utilisent les joueurs comme un élément très important du jeu. Ainsi, se sont les joueurs qui amènent de la variété dans les parties.

Concernant le Japon, cette tendance n’en est pas une pour eux : il n’ont tout simplement pas de place pour des grosses boîtes. Et comme le marché japonais émerge, on a l’impression d’une tendance chez nous.
Le récent succès de quelques jeux minimalistes inspire naturellement les auteurs, ce qui renforce la tendance.
Par exemple, Brett Gilbert, l’auteur de Divinare a ouvert un site sur lequel des auteurs proposent des jeux en Print & Play qui logent 18 cartes / 2 pages : Good Little Games.
Difficile de créer un jeu intéressant avec peu d’éléments quand il s’agit d’autre chose que des cartes, sans retomber sur du déjà vu…

Pour moi il s'agit bien d'un effet de mode dans le sens où l'on en parle actuellement comme une manière de concevoir des jeux. Mais je pense que les auteurs ont toujours réfléchit à savoir comment réduire le matériel, comment l'utiliser au mieux, comment épurer les règles de jeu.

Je pense pareil (j'en ai un aussi dans les tuyaux, "Storytellers", 20 cartes^^). Mais je lisais dans un article l'autre jour (dans Plato je crois bien) une réflexion assez intéressante sur le fait que la tendance pouvait finalement correspondre à une modification des comportements de jeu, à savoir aller vers du temps de jeu toujours plus court. Ce que je trouve intéressant, c'est que ces jeux proposent des parties courtes avec matos minimaliste, mais sans sacrifier forcément au niveau de complexité - sans tomber dans le party game. Ca pousse à concevoir un moteur d'interactions (puisque c'est bien là ce qui va faire la force de ces jeux sans matériel) astucieux. Et à épurer, toujours, ce que je crois être le graal de beaucoup d'entre nous.
Donc perso c'est un format que je trouve super élégant, reste à voir quelle place lui sera faite par nos éditeurs occidentaux - après tout, Coup et Love Letter, pour l'instant c'est de la récup de jeux qui ont déjà montré leur succès, ils ne prenaient pas trop de risque. Effectivement Jactalea a déjà donné dans le créneau, et c'est tout à leur honneur. A suivre... :wink:

bah le morpion n’est pas originaire du japon et dans son genre il est minimaliste :)
En fait je pense que la tendance des jeux minimalistes se démarquent surtout car il ne s’agit pas de jeu abstrait, ce en quoi je différencierais les jeux proposés par Jactalea/Blue Orange (blue lion, button up …) des love letter and co.
Sinon moi aussi j’ai un jeu minimaliste en test mais il est dans la branche abstraite.

Bon, j’aime bien le sujet, alors je me lance et je raconte ma vie…
Perso je fais partie des intéressés de cette branche de jeux, et pour plusieurs raisons :
- Les règles sont en général très simples et rapides à expliquer;
- Les stratégies n’en sont pas moins complexes;
- Les parties peuvent s’enchaîner sans vraiment se ressembler;
Du coup, c’est parfait pour les beaux-parents, les élèves de Segpa qui ont 5 min d’attention, les petits moments entre l’apéro et le repas, ou après le dessert avec les amis.
Et puis comme c’est ce que j’apprécie dans les jeux de plus en plus, je me mets à faire des jeux de ce style (même si je n’atteint pas les 10 cartes… j’en ai 60 pour Deal, et juste une feuille et quelques meeples pour Little Italy). Du point de vue de l’auteur, c’est aussi un argument de vente pour appâter les éditeurs !

keniz dit:Du point de vue de l'auteur, c'est aussi un argument de vente pour appâter les éditeurs !

En fait je me posais la question de savoir si c'était véritablement un argument de vente pour un éditeur. Visent-ils le minimum de matos possible ou un nombre bien précis de pièces dans la boite pour le coût de cette dernière...?