Bonjour à tous les Belges de ce forum,
Avec la dernière version adoptée par le parlement de la CFB le décret inscriptions prend un air tourmenté digne de la pire règle de jeu de société jamais édité (pourquoi croyez-vous que je pense à Samuraï et Katana ?)
Succédant au décret “mixité sociale” il réserve des surprises aux enfants navetteurs vivants en dehors de Bruxelles et scolarisés à Bruxelles dans le primaire (et vice versa).
Les trois critères principaux retenus pour classer l’ordre de priorité d’un enfant sont désormais les suivants :
1° distance école primaire d’origine - école secondaire souhaitée
2° distance école primaire - domicile
3° distance école primaire d’origine - école secondaire souhaitée > ou < à 4 km.
Jusque là pas de problème majeur sauf que … ces critères se multiplient.
Ainsi si on choisi l’école secondaire la plus proche de l’école primaire on se voit attribuer d’une pondération = 2 (valeur dégressive avec la distance).
Si on choisi l’école secondaire la plus proche du domicile on reçoit une pondération = 1,87 (valeur dégressive avec la distance).
Si on combine les deux données ci-dessus on arrive à une pondération = 21,87 = 3,74.
Si en plus de cela la distance école primaire d’origine - école secondaire souhaitée est < 4 km on multiplie le tout par une pondération 1,54 → 3,741,54=5,75.
Le résultat de tous ces calculs intéressants est des plus simples pour les enfants de navetteurs : ils se voient attribués de pondérations les reléguant dans le bas des listes ; devant donc se contenter d’être envoyés dans les écoles où il reste de la place, à savoir les écoles ghetto de la Communauté Française de Belgique.
En effet votre enfant vivant en périphérie et scolarisé à Bruxelles verra sa pondération domicile-école secondaire tomber à 1, il se verra donc attribuer au mieux une pondération de 2*1,54=3,08. Quasiment tous les enfants vivant à Bruxelles et scolarisés à Bruxelles seront donc classés devant lui.
Les parents dans un sursaut de lucidité vont se dire : “Eh bien inscrivons le dans l’école secondaire la plus adaptée à ses besoins tout près de chez nous” … et là même problème mais en pire. Eh oui dans ce cas là ce sont les pondérations école primaire-école secondaire et < ou > 4 km qui tombent à 1 et sa pondération sera alors au mieux de 1,87. S’il habite Braine-l’Alleud par exemple tous les enfants de Braine-l’Alleud scolarisés à Braine-l’Alleud seront prioritaires sur lui -de même que tous ceux de Lasne, Waterloo, etc.- et il échouera dans le fin fond de la liste.
Ce fabuleux décret aura donc pour conséquence d’obliger les parents à changer leurs enfants en 5e primaire pour les rapprocher de l’école secondaire désirée et du domicile sans qu’à aucun moment on ne parle de pédagogie et du bien de l’enfant.
Mes enfants sont actuellement dans le réseau communal à Ixelles et je me disais déjà que la pédagogie utilisée ne me plaisait pas au point que je pensais les changer pour les mettre dans une école utilisant la pédagogie Freinet (l’Autre Ecole pour ceux qui connaissent). Mais avec ce nouveau décret je vais devoir changer totalement de plan et les mettre dans une école catholique tout près de mon domicile -mais à 17 km de l’endroit où nous travaillons sa mère et moi-. Aucun soucis de pédagogie, ni des besoins de l’enfant, ni de la réalité socio-économique de Bruxelles et du Brabant.
A un problème global mobilité-éxode des Bruxellois vers la périphérie-qualité de l’enseignement ils n’apportent que des solutions bancales et incensées sans tenir compte des premiers intéressés : les enfants.
Parce qu’en réalité ces trois problèmes sont liés. Si la mobilité à l’entrée et autour de Bruxelles est un problème majeur c’est surtout du fait des navetteurs qui vivent en dehors de Bruxelles et viennent y travailler. Une bonne partie de ces gens sont en fait des Bruxellois qui ont dû émigrer vers la périphérie faute d’être capables de supporter les hausses incessantes des loyers et des prix de l’immobilier liées à la spéculation immobilière que nous connaissons depuis dix ans. En périphérie l’infrastructure de l’enseignement n’a jamais été adaptée à ce flux de nouveaux habitants et le nombre de places dans les écoles n’a pas augmenté parallèlement à l’augmentation du nombre d’enfants.
A Bruxelles même constat : ces enfants vivants à l’extérieur de Bruxelles et scolarisés à Bruxelles pèsent sur les finances de la ville. Les parents ne payent en effet pas leurs impôts à Bruxelles mais mobilisent les moyens financier de l’enseignement communal de Bruxelles. On invente alors des décrets censés régler les conséquences de ces problèmes sans s’attaquer aux causes.
Vivant du côté de Charleroi, j’ai du mal à comprendre où se situe ton problème: les écoles de Braine L’alleud sont elles-réellement toutes en surpopulation scolaire, de sorte qu’il y a nécessairement sélection?
J’avais l’impression que le souci de surpopulation scolaire concernait surtout les écoles de Bruxelles-ville, et à vrai dire, j’aurais tendance à trouver normal qu’elles prennent en priorité les élèves qui habitent dans le coin.
Tu as essayé de te renseigner sur la réalité de terrain, ou tu as juste fait un calcul théorique?
Par ailleurs, et à nouveau sauf erreur de ma part, l’ancien décret permettait aux écoles primaires de s’adosser à des écoles secondaires, d’avoir une sorte de partenariat privilégié. Est-ce que ce système est totalement exclu avec les nouvelles règles?
Les écoles adossées n’existent plus, on a remplacé le concept par la distance école primaire-école secondaire.
Ce qui me pose problème c’est simplement que le choix effectué à la fin des primaires va maintenant être pré-posé au dernier cycle du primaire. Les école de Braine sont tout autant en surpopulation que celles de Bruxelles. Le twist c’est que si je veux mettre mes enfants en secondaire à Braine ils finiront dans l’école poubelle le plus proche (et idem pour Bruxelles).
Pour éviter ça je dois les mettre dès les 5e primaire dans l’école la plus proche de leur futur école secondaire. Je dois donc réfléchir 3 ans à l’avance sur l’école où ils voudraient aller en secondaire … un poil ridicule. A quel moment parle-t-on dès lors de pédagogie ? On a trois (ou quatre je ne sais plus bien) réseaux scolaires différents mais une école n’est pas une autre.
En communauté Française de Belgique il n’y a que peu d’écoles pratiquant la pédagogie Freinet par exemple. Toutes à Bruxelles, Wavre et Liège. Le seul endroit où je pourrais les mettre c’est donc Bruxelles … avec les conséquence que j’ai décris plus haut.
Oui ces calculs sont théorique mais bien réels (c’est un peu mon job de tous les jours que de transformer des décrets en situations réelles).
RenaudD dit:Ce qui me pose problème c'est simplement que le choix effectué à la fin des primaires va maintenant être pré-posé au dernier cycle du primaire. Les école de Braine sont tout autant en surpopulation que celles de Bruxelles. Le twist c'est que si je veux mettre mes enfants en secondaire à Braine ils finiront dans l'école poubelle le plus proche (et idem pour Bruxelles).
Le concept d'école poubelle me semble quelque peu exagéré, non? Tu es sûr que tu ne dramatises pas un peu?

C'est pas parce qu'une école n'est pas une école de bourges que c'est une école poubelle. Il me semble qu'il y a tout un éventail de nuances entre ces deux extrêmes.
Sherinford dit:
Le concept d'école poubelle me semble quelque peu exagéré, non? Tu es sûr que tu ne dramatises pas un peu?
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Mmm laisse moi réfléchir ... une école qui ne propose que les deux premières années du secondaire et ensuite uniquement les techniques et professionelles ... c'est pas ce que j'appelle une école générale. Le niveau d'enseignement y est nettement plus bas que dans les autres écoles pour le même niveau d'enseignement (comprendre 1e secondaire, 2e secondaire).
Ma femme enseigne dans une école de ce type qui n'est effectivement pas une école poubelle ... quoique ... des élèves renvoyés pour divers problèmes judiciaires (dont on m'a demandé de retirer le détail)... Des élèves renvoyés d'écoles comme Charles Janssens, Saint-Pierre et dont aucune autre école ne veut ... et ce n'est effectivement pas une école poubelle, il y a bien pire.
Mais revenons sur le niveau d'enseignement des ces classes de 1e et 2e générales. Le niveau y est catastrophique. Pour preuve ces élèves renvoyés des autres écoles secondaires qui réussissent sans étudier et en dormant en classe. Le taux moyen de réussite y est pourtant particulièrement bas. Ces élèves ne pourront donc jamais continuer leurs études dans le général et sont destinés au professionnel et au technique.
Pour tout dire le niveau y est adapté pour laisser passer quelques élèves quand même ; si le niveau d'exigeance y était le même que dans les autres écoles ils sortiraient du secondaire à 18 ans avec leur "diplôme" de 2e ou de 4e.
Moi j'appelle ça des écoles poubelles désolé.
Ce sont des écoles pour lesquelles il n'y a jamais eu de files, des écoles dans lesquelles il restera de la place à coup sûr. Désolé de nourrir de plus grandes ambitions pour mes enfants ... et là c'est moi qui met un

Pour tout dire près de chez moi il y a trois écoles sesondaire, à 500m chacune. Une de bourges ultra-bourges et ultra-péteux (Cardinal Mercier), je n'ai absolument aucune envie qu'ils aillent là. Il y a une école telle que je l'ai décrite plus haut et enfin il y a une bonne école avec tout un éventail d'options et de panachages de programmes afin d'offrir le plus de choix possibles aux ados -options comme sport, histoire, études artistiques, etc.-, une école avec un programme pédogogique qui me parle. Il est compréhensible que je préfère ce genre d'école pour mes enfants et que j'enrage à l'idée que quelqu'un d'autre veuille décider à me place où ils iront sans se soucier d'eux en tant que personnes.
Selon ce nouveau décret, l'école de péteux et la bonne école auront des listes d'attente longue comme mon bras et mes enfants seront dans les fonds de liste ... les voilà condamnés à l'âge de 9, 6 et 4 ans à aller dans le professionnel. Ce n'est pas de la paranoïa c'est l'application stricte du décret.