Du polar sous toutes les latitudes

Bonjour,

Je viens de finir Millénium, polar suédois, (bien aimé, mais là n’est pas le sujet), et j’ai embrayé avec Les soldats de l’aube de Deon Meyers, polar sud africain.

Le contraste est amusant en soit, et m’a amené à m’interroger. J’ai bien sur tâté du polar américain et du français, du mexicain (Pablo Ignacio Tabo II), de l’anglais (David Peace), un peu d’allemand (pas de bon souvenir) et de l’italien et certainement d’autre, mais je ne m’en souviens pas pour l’instant.

Alors, ma question est, partant du principe que le polar est un genre universel, avez vous une expérience du polar d’autres contrées, plus ou moins exotiques (japonais, chinois, thaïlandais, australien, argentin, polonais, nigérian… enfin, vous voyez, quoi…) ?

chinois : Qiu Xiaolong
australie : Arthur Upfield,
tibet : eliot pattison
algérie : yasmina khadra
autriche : friedrich glauser
russie : boris akounine
israel : Kemelman

edit : comment j’ai pu l’oublier :roll:
Arnaldur Indridason : Islande

Qiu Xialong : j’y pensais en rédigeant mon premier message. J’aime beaucoup Don Winslow, du coup je tombe toujours sur elle (lui ?) quand je regarde si il y a du nouveau chez Winslow.

Et Eliot Patison, il écrit au et sur le Tibet, mais il est américain, non ?

Et la question sous entendue, était aussi : vous en pensez quoi ?

Tu peux commencer par le grand ancêtre qui faisait du polar en chine ancienne avant même que ce soit à la mode (maintenant tout le monde y va de son polar chinois Han, T’ang, Ming, Japonais, Bantou, Egyptien et j’en passe).

A savoir Robert van Gulik et les enquêtes du Juge Ti.

Sachant que Van Gulik
- a été dipplomate en chine
- composait de la poésie chinoise en chinois
- était autentiquement sinologue, auteur d’un fort sérieux “traité de la vie sexuelle dans la chine ancienne”
- a commencé la série en traduisant un vrai manuscrit chinois du XVII° dans le but de faire connaître le genre policier qui existe dans les classiques chinois depuis trrrrès longtemps (ils ont vraiment tout inventé, les vaches, même le concours d’entrée à l’administration. :wink: )
- s’inspire d’authentiques sources chinoises, qu’il cite dans la postface

Et qu’enfin ses polars de sont d’authentiques vrais polars interressants.

Signalons aussi Tony Hillerman pour du polar Navajo

enfin on peut aussi suggérer Umberto Eco, et le Nom de la rose qui est un genre de polar médiéval. :wink:

Indridason pour l’Islance c’est du solide. Commence par La Femme en Vert, c’est son meilleur (c’est le 2é sur les 4 qui sont traduits, les 3 premiers sont sortis en poche), meme si idéalement il vaut mieux commencer par le premier - La cité des Jarres.

coté Suédois, Henning Mankell est aussi excellent. Par exemple Le guerrier Solitaire puis La 5é femme.

[edit suite à la remarque de Kouynemum, avec laquelle je suis d’accord]

Babayog dit:Qiu Xialong : j'y pensais en rédigeant mon premier message. J'aime beaucoup Don Winslow, du coup je tombe toujours sur elle (lui ?) quand je regarde si il y a du nouveau chez Winslow.
Et Eliot Patison, il écrit au et sur le Tibet, mais il est américain, non ?
Et la question sous entendue, était aussi : vous en pensez quoi ?


Qiu Xialong assez incisf sur son premier polar, s'essouffle un peu au fur et à mesure des parutions. reste intéressant d'un point de vue "informatif", mais beaucoup moins d'un point de vue litéraire. je me suis limite ennuyée sur le dernier.
Upfield, akounine, glauser ont des factures très classiques mais assez efficaces, des héros récurrent accrocheurs. des polars d'été.
yasmina khadra : très engagée sur la situation algéroise et algérienne
kemelman : inattendu, un rabbin détective.
le juge ti de de robert van gulick : de l'agatha christie extrême oriental. impeccable, mais terriblement classique

mon préféré et de très loin : indridason. sombre, profond et sociologiquement exotique pour qui n'a aucune idée de ce qu'est l'Islande.

pattison est américain mais grand connaisseur de la chine et du tibet qu'il fait vibrer de l'intérieur. poignant.
ReiXou dit:Indridason pour l'Islance c'est du solide. Commence par La Femme en Vert, c'est du solide (c'est le 2é sur les 4 qui sont traduits, les 3 premiers sont sortis en poche).
coté Suédois, Henning Mankell est aussi excellent. Par exemple Le guerrier Solitaire puis La 5é femme.


je recommande de commencer par le premier d'indridason, parce que comme mankell il bâtit ses romans autour d'un héro récurrent dont la psychologie et la situation individuelle évolue au fil des parutions.
Mankell est devenu un classique du polar scandinave, mais il ne fait pas que des polars.
puisqu'on parle suédois : je recommande le puissant Ake Edwardson qui fait des romans d'un puissance très sombre et très dure. âmes sensibles s'abstenir, psychologiquement, c'est du lourd.

Je pensais plutôt que le polar était en soi un objet culturel situé : urbanité, violence, relativisme des valeurs (quand il y en a), érotisme, etc. et donc intranscriptible dans toutes les cultures.
A moins que l’on appelle tout livre où il y a un meurtre suivi d’une enquête “polar”. Mais est-ce bien cela ?

oli dit:A moins que l'on appelle tout livre où il y a un meurtre suivi d'une enquête "polar". Mais est-ce bien cela ?


oui c'est ça, mais ce n'est pas réducteur parce que quelqu'un qui meurt par le fait de la volonté d'autrui, c'est une faille dans un édifice social et que l'enquête ou la recherche des causes qui s'en suit, donne à décrire cet édifice, ses profondeurs, ses forces et ses faiblesses, les failles de ses habitants eux-même.
on peut donc déboucher sur des peintures très riches d'univers et d'individualités différents, Chine médiévale, Islande Contemporaine, Navajos, Aborigènes etc...
c'est un bon moyen d'aborder des problèmes politiques et/ou sociaux, des cultures différentes, des lieux différents, ou même tout simplement les replis de la nature humaine, à la fois à travers le roman lui-même mais aussi à travers le regard porté par l'auteur(e) et ce qu'il peut ou veut nous en transmettre.

ah bon. Jusqu’à maintenant je mettais Agatha Christie et Dashiell Hammet dans deux sacs différents. Pour moi le polar c’est crade, c’est populo, ça ne se passe pas entre deux princes égyptiens ou deux lords britanniques.

oli dit:ah bon. Jusqu'à maintenant je mettais Agatha Christie et Dashiell Hammet dans deux sacs différents. Pour moi le polar c'est crade, c'est populo, ça ne se passe pas entre deux princes égyptiens ou deux lords britanniques.[/quote

Un peu pareil. Policier et polar, ce sont deux genres différents de mon point de vue, même s'ils peuvent être parfois proches.
oli dit:ah bon. Jusqu'à maintenant je mettais Agatha Christie et Dashiell Hammet dans deux sacs différents. Pour moi le polar c'est crade, c'est populo, ça ne se passe pas entre deux princes égyptiens ou deux lords britanniques.


Hammett, c'est le père du roman noir américain, Christie, c'est la papesse du roman policier classique.
ce qui est au coeur des romans de l'une, n'interresse pas l'autre : l'intrigue et sa résolution.
pour autant, les rapports humains qui servent de supports à Agatha Christie ne sont pas toujours propres.
on a bien deux rayons de bibliothèque différents, le roman noir et le roman d'énigme.

après à chacun de mettre sous l'appellation "polar" ce qu'il veut et les étiquettes qu'il veut là où il veut.

bon, depuis ses deux-là, le roman "policier" a évolué et s'est diversifié, hein ?! et s'est enrichi de pleins de sous-catégories qui n'ont quelques fois de communes qu'une histoire originelle commune, comme dans tout phénomène d'évolution.

edit :
pour plus de précision terminologique courante, une petite recherche google et bibliographique permet de vérifier que l'appellation "polar" est communément admise comme englobant un ensemble de genres différents :
par exemple voir la bibilothèque idéale du site noircommepolar
ou le titre du guide sur ce genre littéraire : le guide Totem du Polar paru chez Larousse qui en fait l'historique, et une présentation par différentes entrées, auteurs, héros, cinéma etc...

Si vous voulez en savoir plus sur le polar, il faut lire les “Chroniques” de Jean-Patrick Manchette (Rivages/Noir).
C’est bien écrit, souvent drôle, et très instructif.

Après, vous pouvez acheter l’intégrale de ses polars parus en Quarto et lire son journal que vient d’éditer son fils.

Jer dit:Si vous voulez en savoir plus sur le polar, il faut lire les "Chroniques" de Jean-Patrick Manchette (Rivages/Noir).
C'est bien écrit, souvent drôle, et très instructif.
Après, vous pouvez acheter l'intégrale de ses polars parus en Quarto et lire son journal que vient d'éditer son fils.


Monsieur Jer, vous avez raison! Je suis en passe de terminer ce même parcours de lecture...........très très prennant tout ça!

J’ai fait un petit tour en Scandinavie à travers les polars…
La Suède:
- Staffan Westerlund (La série Inga-Lisa Ostergren)
- Björn Larsson (le cercle celtique)

La Finlande de Matti Yrjänä Joensuu (avec l’inspecteur Harjunpää)

La Norvège
- avec Jo Nesbo
- et surtout Gunnar Staalesen (la série Varg Veum).

J’y ai découvert par exemple l’envers la société norvegienne et surtout les boulversements spectaculaires que la découverte du pétrole a apporté à une population plutôt pauvre de paysans et de marins.

Je lisais dans ce sujet que le polar en France…voilà…tout ça…Avec des auteurs aussi différents que Didier Daenincks, JP Manchette,Thierry Joncquet, Tonino Benacquista, Caryl Ferey, Dantec…je crois qu’il y a quand même de quoi trouver son bonheur! :D

krapoto dit:la Norvège
- avec Jo Nesbo


qui avec "l'homme chauve-souris" propose un polar délocalisé en Australie et aborde la culture aborigène dans l'univers australien contemporain. très bon.

Polar c’est un terme presque argotique pour désigner le roman policier que l’on appelle aujourd’hui le roman noir.
Christie c’est un sous-genre du roman policier : le roman à énigmes.


Pour la Thaïlande tu as John Burdett et son Bangkok 8, il n’est pas Thaïlandais mais il est super documenté. L’intrigue est moyenne, mais il réussit vraiment à se glisser dans la peau d’un policier Thaï, bouddhiste. Toutes les réflexions de son héros sur l’occident et notre manière d’être alors qu’il doit travailler avec le FBI sont excellentes et traduisent fidèlement la pensée asiatique et la manière dont nous voient les Thaïs.

Ils sont très intéressants également ceux qui se cantonnent dans une géographie limitée et font revivre une ville, une époque, une musique.

George Pelecanos, Denis Lehane, David Peace, Lawrence Block (avec les deux séries qui se passaient à New York.)