Le problème du consentement n’a pas de couleur politique, c’est un phénomène de société. A l’heure actuelle remettre sur la table, une idéologie de l’abolition de la majorité sexuelle ou faire la promotion des relations sexuelles enfants/adultes n’est pas du tout progressiste, mais plutôt réactionnaire.
Quand je dis que les abus sexuels n’ont pas de couleurs politiques c’est bien qu’ils se retrouvent aussi chez certains conservateurs de droite qui résument la place de la femme à sa seule fonction de procréation, qu’elles le veuillent ou non. Je parle aussi de ceux qui sont contre l’avortement, comme si les hommes ou les personnes extérieures à la vie de ces femmes savaient mieux qu’elles même si elles ont le droit d’avorter.
Les valeurs progressistes d’aujourd’hui de la gauche ne sont plus les mêmes qu’hier et, nous ne sommes pas obligés d’épouser les choix nauséabonds et abjects de ceux qui se prétendaient de gauche pour assouvir leur délire pour être soi même plutôt en adhésion avec des valeurs de la gauche.
Mais c’est sur que lorsqu’on voit que Simone de Beauvoir à signe la pétition, ça fait mal au ventre.
Mais d’autres exemples existent, P. De Coubertin était très sexiste, misogyne et pourtant, on continue de lui rendre hommage à chaque J.O. Faut il pour autant supprimer les J.O ? Je ne crois pas.
À cette époque certain(e)s philosophes, penseurs de gauche mettaient sur le même plan, homosexualité et pédophilie, pour dire, c’est normal. L’amalgame abject, heureusement que les temps changent. Il faut croiser les doigts pour que le consentement soit intégré à la loi…
Alors pour le coup, perso je ne sais pas trop. J’entends plusieurs voix (d’avocats de victimes) dire que c’est une fausse bonne idée. Si j’ai bien compris, ce serait G. Alimi qui aurait enlevé ce truc là de la loi parce que si le consentement apparait, alors il y a le risque que le comportement de la victime soit scrutée de fond en comble, avec toutes les dérives dégueulasses qu’on imagine (“quoi vous portiez une mini-jupe? C’est bien que vous étiez d’accord”) et que ce soit une violence supplémentaire pour elle.
Je suis du coup un peu circonspect, mais sans connaître le sujet à fond non plus.
Quand on parle de consentement dans la loi, je parle plus précisément du “recueil du consentement” et cela doit passer par du verbal, factuel.
Quand on voit le procès de Mazan et comment cette pauvre femme est malmené (Questionnement qui pourrait remettre en question sa parole. Les avocats font leur travail pour faire émerger la vérité, le procédé de contradiction est logique, ce n’est pas la question) alors qu’elle est victime, c’est dur.
Si le recueil du consentement était inscrit dans la loi, le questionnement sur son consentement ne se poserait plus. Car, clairement, elle dormait et était droguée par son mari.
Je suis assez d’accord sur le cas précis de Mazan. Mais il ne représente pas (je crois) la majorité des viols (par le côté sériel et industriel hein, pas du fait que le principale responsable soit le conjoint, parce que ça pour le coup ci)
J’ai bien compris l’intention et l’idée qu’il y a derrière. Ce que je crains c’est qu’il y a aussi la possibilité d’arracher le consentemen. J’ai l’impression qu’un des ressorts qui rendent les viols possible, c’est la sidération/peur de la victime, et je me demande à quel point un agresseur peut pas forcer (même sans violence physique) à dire à une victime qu’elle est d’accord, alors que non.
La loi française parle de «violence, contrainte, menace ou surprise». Dans le cas de Mazan, ça doit répondre au moins à la contrainte (soumission chimique) et à la surprise (elle était inconsciente). Je ne pense pas que ce cas précis, et par rapport à la loi française telle qu’elle est actuellement, soit le meilleur exemple sur lequel s’appuyer pour dire qu’il manque la notion de consentement. Je pense que des cas comme ceux décrits par @fouilloux (victime qui ne réagit pas car sidérée/apeurée) sont plus pertinents concernant ce manque dans la loi.
Comme @fouilloux, je me demande si ce n’est pas une fausse bonne idée. Mais l’affaire Mbappé nous a montré qu’en Suède, ils ont bien la notion de consentement. Mais elle semble être elle-même définie avec un cadre. Ce ne semble pas être juste «il faut le consentement», sans dire comment.
Ça me fait penser à un épisode de la mini-série Fleur bleue d’Enya Baroux (épisode Fleur & le mec déconstruit) dans lequel on voit un jeune couple dans les préliminaires et où le mec demande le consentement à chaque geste («je peux t’embrasser dans le cou ?» par exemple). C’est bien évidemment un sketch avec tout ce qu’il y a d’exagération, mais ça montre qu’il faut définir ce qu’on appelle «consentement» et que ce n’est pas aussi simple que cela quand on imagine tous les cas de figure (quand bien même ils sont marginaux et caricaturaux).
Dans le cas de Mazan, cela répond à la contrainte et à la surprise, en effet, en attendant, lors du procès, les avocats de la défense ont questionné le consentement de la victime de Gisèle Pelicot, malgré des vidéos la montrant inconsciente… (Perso, ça me choque de la part de la défense.)
J’ai vu un film très bien, “les choses humaines” qui parle justement de cette notion. Et quand elle n’existe pas dans la loi, car c’est parfois plus compliqué qu’un effet de “surprise” et de “contrainte”, la contrainte devant être bien caractérisée est sujette à interprétation, souvent en défaveur des victimes.
Et concernant le “non consentement”, il y a beaucoup de femmes, qui n’osent pas dire “non” car elles ont peur de subir pire, où parce qu’il s’agit de leur compagnon de vie. Et dans le cas de la prise de stupéfiant ou d’alcool, si les deux protagonistes en ont pris, bien souvent le viol se clos en “non lieu”. Et recueillir le consentement avant d’en arriver la, c’est quand même mieux, il me semble…
La question est délicate concernant “L’arrachage du consentement” mais, arracher un consentement avec un pistolet sur la tempe (je grossis volontairement le trait), on peut tout a fait expliquer que le consentement n’était pas plein est entier, le dol, renvoyant au vice du consentement.
Ils sont dans leur (mauvais) rôle avec tout ce que ça peut comporter de dégueulasse.
Oui, on se rejoint sur ces cas qui ne rentrent pas clairement dans les quatre notions données dans la loi. En ce sens, ajouter la notion de consentement serait utile/nécessaire.
En fait, comme je te dis je suis partagé: j’ai tendance à être d’accord avec toi, mais comme je te le disait, quand je vois les personnes qui disent que c’est une fausse bonne idée, et qui connaissent mieux le droit que moi, j’avoue que cela me pose question.
Mais, de toute façon, pour moi ce n’est pas un sujet qui se règlera par du judiciaire, parce que je pense que au vu de la nature de ces délits/crimes, il sera toujours très difficile de trancher.
Mais peut être que l’on se rejoint là dessus: là où je suis d’accord, c’est que faire que le recueil du consentement devienne “la norme”, là ça changerait des choses (et en plus c’est plutôt chouette). Mais ce n’est pas un changement dans la loi, mais dans nos habitudes
C’est évident que cela passe aussi par une éducation au consentement. Je m’y emploie tous les jours avec mes élèves, pas simple quand on a pas les mêmes codes ni le même rapport au corps…
Si déjà on commençait par laisser les tout petits enfants exprimer leur consentement : à ne pas finir le biberon, à avoir une tétée/un biberon quand ils le demandent, à rester contre leur adulte référent quand ils en ont besoin, à s’en décoller s’ils en ont besoin, à se laver, à (ne pas) manger ceci ou cela, à mettre ou ne pas mettre une veste pour aller dehors, etc., peut-être qu’on leur apprendrait d’une part le respect d’eux-mêmes mais aussi celui d’autrui.
Et à (a)voir des parents qui se respectent mutuellement.
M’enfin bon, je sais, c’est de la science-fiction pour la majorité des gens.
Non, c’est un objectif de vie, c’est beau, mais on reste des humains. Je ne me permettrai pas de juger, les parcours de vie sont tellement différents, c’est difficile d’être au top tous les jours, avec les casseroles éducatives que l’on se traîne de nos parents…
J’avoue que mon intervention peut prêter à confusion : ce ne sont pas les parents que je critique, bien évidemment, car chacun fait ce qu’il peut comme il peut, mais plutôt la façon dont notre société considère les enfants et leur accompagnement auquel elle préfère une éducation.
Ou disons que plutôt qu’une critique, c’est l’aspiration à une sorte d’idéal.