[Elections européennes] Du grain à moudre

El comandante dit:
.
Blabla troll pour l'esprit du topic




:evil:

Fatigué, moi...J'abandonne.

bertrand, qui pissait dans un violon, dit:L'idée est de pointer ici sites et articles, sur l'europe et les les élections européeens que l'on trouve pertinent, sans forcément adhèrer à leurs propos, de donner du grain à moudre...
L'idéal serait aussi de ne pas poster de commentaires sur ce topic. Au besoin, il est toujours possible de commenter sur un autre topic
Pour réagir, je propose de le faire là:Europe, du grain à moudre : ce qui fait débat

bertrand dit:
bertrand, qui pissait dans un violon, dit:L'idée est de pointer ici sites et articles, sur l'europe et les les élections européeens que l'on trouve pertinent, sans forcément adhèrer à leurs propos, de donner du grain à moudre...
L'idéal serait aussi de ne pas poster de commentaires sur ce topic. Au besoin, il est toujours possible de commenter sur un autre topic
Pour réagir, je propose de le faire là:Europe, du grain à moudre : ce qui fait débat


aaaah, bon, ok. Faut dire que c'est pas évident ton truc, avec deux titres qui se ressemblent autant. Mais bon, y'a pas besoin de se mettre en pétard non plus, suffit de le dire sans violence.

El comandante dit: suffit de le dire sans violence.


Je m'étais promis d'utiliser le pingouin massacré :twisted: mais dans un "et si" cela aurait fait mesquin :kingboulet:


:oops: Merci El comandante :china:

Tiens, dans vos lectures, quelqu'un n'aurait-il pas un bon article qui indique clairement les partis politiques européens et quelles sont leurs composantes nationales?

Pour une taxe européenne sur les banques,

par Pervenche Berès et Denis Gettliffe
LE MONDE | 30.04.09 | 13h03 • Mis à jour le 01.05.09 | 07h48

lusieurs centaines de milliards d'euros ont été consacrés par les Etats en Europe au sauvetage du secteur financier, sous forme d'apport en capital, de garanties ou de rachat de produits toxiques.

Cet effort était nécessaire pour limiter les conséquences économiques et sociales du krach financier. Le Parti socialiste a regretté qu'il n'ait pas été, en Europe et particulièrement en France, assorti de suffisamment de contreparties en ce qui concerne l'activité dans les paradis fiscaux des banques aidées, la rémunération de leurs dirigeants, la distribution de dividendes aux actionnaires et le crédit aux PME.

L'argent public ne peut et ne doit pas servir à rémunérer les actionnaires ou des dirigeants, qui doivent, eux aussi, supporter les conséquences du krach financier. Ces conditions simples et de bon sens, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a refusé de les imposer aux banques aidées.

Il aura fallu que l'opinion publique s'offusque de la distribution d'importants dividendes aux actionnaires de la BNP et de la Société générale et du scandale des stock-options accordées aux dirigeants de la Société générale, pour que le gouvernement réagisse. Il est trop tôt pour dire si cet effort massif s'avérera suffisant, ou s'il faudra à nouveau injecter de l'argent public, mais une chose est d'ores et déjà certaine : une part significative de cet apport d'argent public s'est effectuée par de l'endettement public.

L'idée saugrenue selon laquelle l'Etat serait in fine gagnant ne peut nous satisfaire. Si les banques versent des commissions sur ces apports, ceux-ci ne sont pas sans risque ! Le gouvernement savait-il que la Société générale était engagée à hauteur de 12 milliards de dollars vis-à-vis d'AIG avant de lui prêter des fonds propres ? Combien d'autres actifs toxiques sont détenus par les banques françaises ? Ces incertitudes pèsent désormais sur l'Etat et sur ses comptes.



INVESTISSEMENTS DU FUTUR



Dans ces conditions, la question de l'effort à consentir pour rembourser cette dette et de sa répartition entre entreprises et ménages ainsi qu'entre catégories sociales est posée. Poser ce problème, ce n'est pas seulement revenir sur le bouclier fiscal, qui protège ses bénéficiaires de tout effort supplémentaire pour financer la solidarité nationale ou pour rembourser le surplus de dette publique. C'est aussi poser le principe de la contribution du secteur financier au coût de son sauvetage.

Le secteur financier, mettant en avant la compétition et le caractère délocalisable de ses activités, a obtenu des mesures de dérégulation mais aussi des allégements significatifs de la fiscalité qui pèse soit sur les entreprises, soit sur leurs dirigeants. Ce mouvement de dumping réglementaire et fiscal est l'un des facteurs de la crise, il a été en principe interrompu par celle-ci. Pour la stabilité même du système financier, il est indispensable que celui-ci contribue à son sauvetage et au coût de sa régulation, car les citoyens ne comprennent pas, à juste titre, la privatisation des profits et la socialisation des pertes.

Demain, nous devrons fonder la stabilité du système financier sur un socle solide et universel de règles, et sur une vraie éthique. Faire porter au secteur financier et à ses acteurs une partie du coût de son sauvetage est une exigence à la fois morale et économique, garante de la stabilité du système financier et de la justice sociale.

Pour y parvenir, et dans l'esprit du Manifeste adopté par les partis socialistes et sociaux-démocrates d'Europe, nous proposons d'instaurer une taxe européenne sur les résultats du secteur financier. Seul l'échelon européen permettrait d'assurer l'universalité de cette taxe et sa neutralité entre les différents acteurs financiers de l'Union.

Cette taxe, assise sur les résultats des établissements bancaires et financiers, aurait vocation à fournir des ressources à l'Union européenne, et pourrait être affectée aux investissements du futur dont l'Union a tant besoin, alimenter le Fonds social européen ou le Fonds européen d'ajustement à la mondialisation. Les citoyens européens sont exigeants à l'égard de l'Union, ils ne comprendraient pas qu'elle ne soit pas capable d'assurer la stabilité et la justice sociale, pour qu'Union européenne rime avec ambition et protection.



Pervenche Berès est présidente de la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen ;

Denis Gettliffe est conseiller du président de la Commission des finances de l'Assemblée nationale.



Article paru dans l'édition du 02.05.09

Europe : pour sortir du dirigisme libéral
15 économistes soutiennent le Front de Gauche




Le marché permet-il le progrès économique et social ? Les tenants du libéralisme économique le pensent. D'autres estiment que s'il peut faire bien des choses, il ne peut ni subvenir à une série de besoins sociaux, ni assurer le plein emploi, la réduction des inégalités ou encore un développement respectueux de l'environnement. L'intervention publique est nécessaire. Qui a raison ? Le débat est ouvert tant chez les économistes que parmi les citoyens. Ce qu'on peut reprocher aux traités européens est avant tout cela : au lieu de se contenter d'établir un cadre institutionnel permettant aux citoyens de faire des choix, ils tranchent le débat en amont.

N. Sarkozy s'enorgueillit d'avoir obtenu qu'avec le traité de Lisbonne, la libre concurrence ne figure plus dans les « objectifs » exposés à l'article 3 du Traité de l'Union européenne, à l'inverse de ce qui prévalait dans le projet de Constitution. Pourtant, un Protocole, partie intégrante du Traité, stipule : le « marché intérieur tel qu'il est défini à l'article 3 [...] comprend un système garantissant que la concurrence est libre et non faussée ».

De façon méthodique, le Traité de Lisbonne, à la suite des traités en vigueur en Europe, organise la soumission de tous les instruments d'intervention publique aux principes du marché.

Ainsi en va-t-il de la politique budgétaire et monétaire : celle-ci doit être « conduite conformément au respect du principe d'une économie de marché ouverte où la concurrence est libre, favorisant une allocation efficace des ressources ». Même lorsqu'ils prêtent beaucoup de vertus aux mécanismes de marché, la plupart des économistes admettent que, dans bien des cas, la concurrence libre n'est pas possible et n'est donc pas en mesure de permettre cette « allocation efficace ». Les traités disent l'inverse.

Le débat sur l'opportunité qu'il y a, ou non, à mettre en œuvre des protections commerciales concertées est d'emblée écarté, tandis que « toutes les restrictions aux mouvements de capitaux [...] sont interdites ». De même, la politique industrielle est en grande partie empêchée. Elle doit être menée « conformément à un système de marchés ouverts et concurrentiels » et à l'« exclusion de toute harmonisation des dispositions législatives et réglementaires des Etats membres ». Cette dernière condition, ajoutée par la défunte Constitution, est reprise dans le Traité de Lisbonne.

Quant aux services publics, la prémisse retenue par l'Union est claire : le privé est tout aussi compétent pour assumer des missions d'intérêt général. D'ailleurs, les traités se bornent à régler le sort des Services d'intérêt économique général, qui doivent être ouverts à la concurrence. Les services publics non marchands (services « non économiques » selon le vocabulaire symptomatique de l'Union) n'y sont pas mentionnés. Tant que la prémisse retenue prévaudra, il n'est d'ailleurs pas sûr qu'ils gagnent à l'être. On retrouve le même type de difficulté pour l'Europe sociale. Par la « méthode ouverte de coordination », l'Union intervient dans les domaines de la politique de l'emploi et de la protection sociale qui ne comptent pas parmi ses compétences traditionnelles. D'aucuns y ont vu les germes d'une Europe sociale en formation. A regarder de près les préconisations prises en son nom (flexibilisation du droit du travail, retraite par capitalisation, etc.), il est permis d'en douter.

La crise a deux principales sources : l'austérité salariale qui a conduit à l'explosion de l'endettement privé et la libéralisation financière qui a transformé cette dette en bulle spéculative. Mais où sont les plans européens de réglementation drastique de la finance et de relance des salaires et des prestations sociales ?

Les traités sont aujourd'hui transgressés. Les déficits publics crèvent le plafond des 3 % du Pib, la dette publique celui des 60 % ; la Banque centrale européenne, avec beaucoup d'atermoiements, se résigne à intervenir sur les marchés financiers pour dénouer une crise que l'initiative privée s'avère incapable de surmonter ; des banques sont nationalisées, etc. Ces transgressions pourront servir de point d'appui pour un gouvernement qui serait soucieux de rompre avec le libéralisme : au nom de quoi seraient-elles acceptables pour sauver la banque et la finance, et non pour les domestiquer afin de satisfaire les besoins du plus grand nombre ? On ne peut pour autant soutenir que les traités ne sont que des tigres de papier. Juridiquement, ils s'imposent aux Etats membres. Ils expliquent, pour une part, que l'Europe, et singulièrement la zone euro, soit à la traîne en matière de relance.

Financière et économique, la crise est aussi sociale et écologique. Elle exige une redéfinition de la construction européenne. Pour ne citer que cet exemple, un vaste plan financé par l'emprunt en faveur du ferroviaire et de la rénovation thermique des bâtiments permettrait de concilier écologie et soutien à l'activité et à l'emploi. Mais les traités n'autorisent pas cette solution puisqu'ils interdisent à l'Union toute possibilité d'emprunt.

Les gouvernements usent depuis longtemps de l'Union européenne pour introduire des mesures qu'ils peuvent difficilement imposer directement faute d'assentiment populaire. C'est une première entorse à la démocratie. Il en est une autre aussi grave qui renvoie au jeu propre des institutions européennes. Au fil des décennies, s'y est constituée une véritable bureaucratie pour laquelle le libéralisme économique est devenu une seconde langue. Sachant que le ralliement des gouvernements est potentiellement fragile, puisqu'ils sont soumis à la sanction des élections, elle leur impose le plus étroit des corsets. On comprend ainsi ce qu'il importe d'expliquer : la frénésie de détails des traités. Le libéralisme économique et le dirigisme politique font décidément bon ménage.

L'art de gouverner suppose des compromis. La crise ne peut être une méthode permanente de gouvernement. Au risque de l'enlisement, il est néanmoins des situations qui ne peuvent être débloquées que par des crises. La construction européenne relève clairement de ce cas de figure. Le « non » lors du référendum de mai 2005 a été une étape en ce sens. Malgré les menaces agitées, il ne s'est pas traduit par un cataclysme économique. Ce dernier est venu ensuite, et chacun s'accorde à dire qu'il vient du libéralisme... que les traités élèvent au pinacle. De même, un plan B était possible. Les gouvernements en ont trouvé un, à leur façon, avec le Traité de Lisbonne que les partis socialistes soutiennent explicitement. Le mépris pour la souveraineté du peuple aidant, ce Traité, loin d'être « simplifié », reprend la quasi-totalité des dispositions de la Constitution. Comme toujours dans l'histoire, c'est donc aux citoyens qu'il revient, à nouveau, de dire « stop ».

Les prochaines élections européennes en offrent l'opportunité. Les signataires de ce texte sont des économistes non libéraux qui n'étaient membres ni du Parti communiste, ni des courants du Parti socialiste ayant donné naissance au Parti de gauche. Avec d'autres, ces partis ont lancé un Front de gauche pour les élections européennes afin de prolonger la dynamique unitaire du référendum. L'urgence qu'il y a à dessiner des alternatives au capitalisme libéral mérite mieux en effet que la priorité donnée à son pré-carré. En gardant notre indépendance d'esprit, nous soutenons et appelons à soutenir cette initiative. Notre pays a connu un beau débat de fond à l'occasion du référendum. Dans un contexte, celui de la crise, qui l'exige plus encore, les élections européennes gagneraient à ce qu'il en soit de même.





Bruno Amable (Paris 1), Mathieu Béraud (Nancy II), Anne Eydoux (Rennes II), Florence Jany-Catrice (Lille I), Thierry Kirat (Cnrs), Jérôme Maucourant (St-Etienne), Jacques Mazier (Paris XIII), Matthieu Montalban (Bordeaux IV), Stefano Palombarini (Paris VIII), Christophe Ramaux (Paris I), Jacques Sapir (EHESS), Richard Sobel (Lille I), Nadine Thévenot (Paris I), Bruno Tinel (Paris I), Franck Van de Velde (Lille I).

in Le Parti de Gauche

Flapy dit:Tiens, dans vos lectures, quelqu'un n'aurait-il pas un bon article qui indique clairement les partis politiques européens et quelles sont leurs composantes nationales?


A défaut:

Groupes politiques au Parlement Européen

Partis politiques européens et fédérations européennes de partis

A quoi rêvent les députés européens ?



Entre le 4 et le 7 juin prochains, les citoyens des 27 États membres de l’Union européenne éliront les 736 députés chargés de les représenter au Parlement européen. Mais qui sont réellement ces parlementaires ? Comment s’organise leur travail ? Quelles sont leurs aspirations ? Pour Julien Navarro, chercheur au SPIRIT et auteur d’un ouvrage sur Les députés européens et leur rôle (éditions de l’Université de Bruxelles, 2009), ces derniers souffrent du manque de reconnaissance de leur fonction. Nombre d’entre eux rêvent de retrouver la scène politique nationale. La plupart ont néanmoins conscience de « construire l’Europe » et se réjouissent de travailler au sein d’une véritable« effervescence internationale »...


Existe-t-il un profil-type du député européen ?

D’une manière générale, l’élection des parlementaires européens obéit aux logiques classiques du recrutement du personnel politique : plutôt des hommes, d’environ 40 ou 50 ans, issus des catégories sociales supérieures et fortement diplômés.

Néanmoins, il y a plus de diversité dans le Parlement européen que dans les parlements nationaux. On y compte plus de 30% de femmes, contre 18,5% dans le Parlement français et probablement davantage de députés issus des minorités visibles, tels que les députés Kader Arif (PS) ou Tokia Saïfi (UMP).

Il faut enfin noter que le Parlement européen se caractérise par sa forte instabilité. Beaucoup de députés démissionnent en cours de mandat, une bonne part ne se représente pas non plus pour une nouvelle législature. En 2004 par exemple, moins de la moitié des députés élus étaient des sortants.


...

Quelles sont alors les principales motivations de ces parlementaires?

Il y a bien sûr l’idéal européen, la satisfaction de participer à la construction européenne et de faire vivre la démocratie. Mais dans les entretiens, on ressent aussi fortement le plaisir de participer à une effervescence qui dépasse les frontières, de se sentir soi-même « international ».

...


Au sein du Parlement, quelle est l’importance respective des oppositions nationales et des clivages partisans ?

Les identités nationales sont de moins en moins importantes. Elles ne jouent que de manière ponctuelle, sur des questions où émergent de forts intérêts nationaux, ou dans la distribution des postes de pouvoir (présidence du Parlement, des groupes, des commissions...) qui représente de manière tacite l'importance de chaque délégation.
Mais d’une manière générale, les clivages partisans sont de plus en plus prégnants, et les députés se réunissent par groupes politiques selon leurs affinités idéologiques. La polarisation reste néanmoins encore inférieure à ce que l’on rencontre dans les parlements nationaux : on collabore beaucoup entre partis à Strasbourg, y compris de « bord » opposé. Cela s’observe notamment dans le travail au sein des commissions.


Concrètement, quelles sont les principales activités d’un député européen ?

L’emploi du temps mensuel (moyen) donne un bon aperçu : une semaine à Strasbourg consacrée aux séances plénières (vote des textes), deux semaines à Bruxelles pour le travail en commission et avec les groupes politiques, et la dernière semaine en circonscription, dans le pays d’origine.

Chaque député définit aussi lui-même ses priorités : j’ai ainsi défini cinq « idéaux-types » selon l’importance affichée à la délibération et au travail de discussion (profil d’« animateur »), au travail législatif en commission (« spécialiste »), ou à la pédagogie et la communication auprès de ses électeurs (« intermédiaire »). Il existe aussi des profils « contestataires » (souvent des tribuns eurosceptiques et issus des extrêmes) et des « dilettantes », peu investis dans leur fonction, tel Philippe de Villiers, récemment épinglé dans les médias pour sa faible participation aux séances plénières.

D’une manière générale, les députés européens français se distinguent par de grandes disparités dans leur investissement, ce qui s’explique en partie par la forte propension de certains à cumuler les mandats…


Aricle complet sur Sciences Humaines

Et ils s'étonnent après que l'élection ne passionne pas les foules...

Droite et gauche ont un vote identique dans 97% des cas, selon une étude
03/05/2009
Droite et gauche ont un vote identique dans 97% des cas, selon une étude
Le PS de Madame Aubry tape sur l’UMP de Monsieur Sarkozy qui tape sur le PS de Madame Aubry et ainsi de suite, avec au milieu Monsieur Bayrou qui se présente comme l'anti-système bien qu'il en soit l'épicentre. Une élection approche, on rejoue donc la partition gauche-droite-gauche-droite qui rassure l'électorat de chacun sur l'identité de l'ennemi. Mais il s'agit cette fois de l'élection européenne. Que se passe-t-il vraiment dans l’hémicycle européen une fois que droite et gauche ont fini leurs chamailleries électorales ? Une étude à paraître (Observatoire de l’Europe) portant sur le sens des votes des groupes politiques au Parlement européen pourrait faire grand bruit, au moment où fusent les critiques tant du côté du Front de gauche que de celui de Philippe de Villiers contre les « arrangements et collusions de toujours » entre les grands partis qui siègent au Parlement européen depuis 1979. Jusqu’ici, personne ne s’était livré au fastidieux travail de recension des votes de chaque groupe puis à leur comparaison. L'étude à venir porte sur l’année 2008 et fait apparaître que le groupe du PPE-DE, majoritaire, qui rassemble les partis de centre-droit en Europe (dont l’UMP pour la France) et le groupe PSE (socialistes) ont voté dans le même sens sur 97% des votes par appel nominal (rapports, résolutions) examinés par le Parlement européen. Un score digne de la Douma de l'ex Union soviétique. Sur 535 votes par appel nominal (votes électroniques, les seuls qui soient enregistrés et donc traçables) les groupes PPE et PSE n’ont voté différemment que dans 18 cas. Et sur ces 18 votes par appel nominal où ils ont divergé, ça n’était pas forcément pour s’opposer puisque l'un des deux groupes à choisi l'abstention 8 fois. C'est à dire que droite et gauche au Parlement européen ne se sont opposées que dans 10 cas sur 535 votes. Sur ces dix votes qui les ont vus s’opposer, un seul était un texte de nature législative. La convergence des votes du PPE et du PSE exprimées en pourcentages est donc de 97%. Constatant déjà la convergence de leurs politiques au plan national, l’historien Max Gallo avait un jour résumé en disant qu’ « ils se chamaillent sur le perron pour faire oublier qu’ils se partagent la maison ». Le fait est qu'ils soutiennent constamment les mêmes traités et aujourd'hui le même M. Barroso pour un nouveau mandat à la tête de la Commission. ChB
L'Observatoire de l'Europe


Là.

Une petite précisions toutefois sur ce résultat : au PE aucun parti n'a de majorité suffisante (et ce ne sera vraisemblablement toujours pas le cas après les élections en juin) pour voter seul, en conséquence de quoi, le votes au PE sont issus de négociations en amont entre les groupes, et le faible intérêt des médias pour son travail permet d'éviter dans bien des cas des prises de position populistes (le très fameux au plan national "je suis contre car ça vient des autres, même si je pense que c'est une bonne idée") et immuables (le fait de négocier en amont permet d'arriver à un consensus et de facto, le PSE bien que minoritaire, a beaucoup plus d'influence et de poids qu'un parti national de l'opposition). En outre, le PPE et le PSE sont des coalitions de partis nationaux et ces coalitions ne sont pas homogènes (aucun réel programme commun, grandes divergences d'opinions entre les membres d'une même coalition), résultat on tend à voter au centre (exemple assez typique en Belgique au niveau fédéral depuis la fédéralisation il a été impossible d'avoir un gouvernement homogène et donc une politique réellement à droite ou à gauche)... même si ce n'est pas toujours flagrant (ce n'est qu'une tendance).
Et le gros problème du PE c'est qu'en dehors des 4 groupes au centre (pour résumer en politique française : PS, UMP, Modem, Vert), l'immense majorité des autres listes est anti-européenne affirmée (FN, Veritas) ou de facto (Front de Gauche, NPA) et plus ces listes auront de siège, plus le PE votera au centre et les 4 groupes pré-cité en bloc contre les autres.

akhela dit:blablaes.


:roll: c'est si dur de respecter la régle du jeu? :evil:

"Si l’Europe sociale est imaginable, ce n’est pas sur les bases de l’Union Européenne."

François Ruffin : « Si l’Europe sociale est imaginable, ce n’est pas sur les bases de l’Union Européenne. »
samedi 9 mai 2009, par Lémi
Il a débarqué dans les kiosques il y a quelques jours. Avec quelques défauts - sans doute [1] - mais aussi une sacrée gniaque et une vision revigorante du journalisme, sans faux-semblants ni chichis. Le premier numéro de Fakir (le journal qui pique, autrefois réservé aux Picards) à l’échelle nationale donne le ton en s’attaquant à un gros morceau, le projet européen, celui du libre-échange et du libéralisme débridé. Loin, très loin, de l’Europe sociale prétendument en chantier.
François Ruffin, qui n’en est pas à sa première apparition sur ses pages (voir ici et ici), est l’instigateur du projet [2]. Il l’a pensé, mûri, porté sur ses épaules. Également franc-tireur chez Mermet et au Monde Diplomatique, il revient ici sur un idéal de plus en plus flou et sur les errements d’une construction européenne contaminée dès ses débuts par le virus libre-échangiste.
Est-ce qu’il y a encore des espaces où une autre voix sur l’Europe peut se faire entendre ?
Très peu. Les médias sont une machine à propagande, c’est particulièrement flagrant avec l’Europe. Sur ce sujet, ils ne remettent jamais en cause les fondements économiques, ça leur est interdit. Par exemple : hier [3], il y avait une journée consacrée aux Européennes sur France Inter, avec entre autres pour invités le président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering, le responsable du site Café Babel, un Italien très européiste, et pour animateurs des journalistes pro-européens, Nicolas Demorand et Bernard Guetta. La seule chose que tout ce beau monde mettait en avant, c’était Erasmus, qu’ils décrivaient comme le symbole de la réussite européenne. C’est un peu ridicule : Erasmus, ça fait peut-être jeune et Europe qui bouge, mais ça ne représente pas grand monde. Au final, ça concerne uniquement 1% des étudiants européens et les bourses accordées sont généralement minimes.
"Erasmus, ça fait peut-être jeune et Europe qui bouge, mais ça ne représente pas grand monde."
Pourquoi est-ce que ce pseudo-consensus n’est jamais remis en cause ?
Le point commun du PS, de l’UMP du Modem et de tous les partis de gouvernement est l’européisme. Pour eux, c’est un dogme qu’on ne peut pas remettre en cause, comme le libre-échange. Dès que ces sujets - considérés comme les fondements économiques de la société - sont abordés, comme hier sur France Inter, c’est le grand déferlement : la notion de pluralisme disparaît et le débat est occulté dans les médias dominants.
[4]
Tu as des exemples précis ?
Bien sûr. Par exemple, la France ne compte qu’un seul prix Nobel d’économie, Maurice Allais. Et pourtant – je pense que c’est significatif – on connaît davantage les noms d’Alain Minc, de Jacques Attali ou de Pascal Lamy que le nom de ce monsieur : il est interdit de médias parce qu’il est contre l’Europe du libre-échange et qu’il revendique le protectionnisme pour défendre les salariés. Il est scandaleux qu’un intellectuel de cet acabit n’ait pas le droit de s’exprimer dans les médias simplement parce qu’il est en faveur d’une Europe différente. Pour nous, c’est parfait, puisqu’il prend finalement la parole dans Fakir. Mais même là, ça pose question : quand l’unique entretien publié du seul prix Nobel Français d’économie l’est dans un journal aussi marginal que Fakir, il y a un problème. C’est le signe que toute idée qui n’est pas conforme à la pensée économique dominante est marginalisée.
"Quand l’unique entretien publié du seul prix Nobel Français d’économie l’est dans un journal aussi marginal que Fakir, il y a un problème."
La chape de plomb semble paradoxalement s’être encore plus développée depuis le "Non" du 29 mai 2005.
On entend beaucoup ce discours. Les gens estiment que ce vote n’a rien changé et que le passage en force du Traité de Lisbonne en est la preuve. Je ne suis pas tout à fait d’accord.
Alors, c’est vrai : le soir même, en direct à la télévision, Arlette Chabot et ceux qui l’entouraient, Strauss-Kahn et Cie, niaient ce vote, le réduisant à une victoire nationaliste, comme tous les médias et partis dominants. Pourtant, le 29 mai 2005 a d’abord été un vote de classe : 80 % des ouvriers ont voté pour le "non", comme 67 % des employés et 71 % des chômeurs ; à l’inverse, la grande majorité des cadres a voté pour le "oui". Et on retrouve ce même schéma en Irlande, où les élites tentent aussi de faire comme si la population n’avait pas voté "non".
"Le 29 mai 2005 a d’abord été un vote de classe : 80 % des ouvriers ont voté pour le "non", comme 67 % des employés et 71 % des chômeurs."
Mais je pense qu’il y a des choses qui avancent malgré toutes ces négations de la démocratie. Il ne fallait pas s’attendre à ce que le 29 mai au soir, les socialistes, la droite, les banquiers, les publicitaires, les médias changent leur fusil d’épaule. Cela fait un demi-siècle qu’ils construisent cette Europe du libre-échange, ils n’allaient pas rebrousser chemin d’un coup. L’histoire n’avance pas comme ça.
A la limite, le fait que le gouvernement n’ait pas fait voter les français sur le traité de Lisbonne en le passant en force à l’assemblée est une victoire pour notre camp. Ça veut dire qu’ils savent très bien qu’ils auraient essuyé un échec sévère – 60 ou 65% de non – s’ils avaient organisé un scrutin sur ce traité.
Ces élections à venir ne passionnent pas : le fossé se creuse encore avec les citoyens ?
C’est déjà le cas depuis un bout de temps. Et puis, dans le cas des élections européennes, il n’y a pas ce vrai enjeu qu’on retrouvait en 2005, celui de se positionner pour ou contre l’Europe du libre-échange. Et les gens ont compris que le Parlement européenne était une instance sans poids réel, à l’influence plus limitée que celle de la Commission européenne, pourtant pas élue.
Pour que les gens votent, il faut aussi qu’il y ait des forces politiques convaincantes. Aujourd’hui, il y a les partis du "oui" qui sont organisés d’une manière forte, tandis que ceux du "non" ne se présentent pas de manière unie et crédible. La division du camp du "non" – le Front de Gauche, le NPA et tout un tas d’autres formations plus marginales – sabote en partie ce vote.
Pourquoi cette alliance n’a pas pu se réaliser ?
Je pense que c’est le résultat de tactiques internes. La gauche de gauche ne s’est pas montrée à la hauteur de l’enjeu. Il y avait pourtant une opportunité historique, avec la possibilité de rebondir sur le 29 mai 2005, de réaffirmer l’opposition à l’Europe du libre-échange tout en pointant la crise actuelle. Montrer que cette crise, cette impasse, résulte du libre-échange. C’est un discours crédible qui aurait séduit.
"La gauche de gauche ne s’est pas montrée à la hauteur de l’enjeu. Il y avait pourtant une opportunité historique."
Au fond, je pense que ces formations prouvent leur manque de maturité en agissant ainsi. Il n’y a jamais eu de climat aussi favorable à leur discours, et pourtant les scores risquent d’être limités. Pour prendre un exemple historique : à la veille de 1789, quand ils sont arrivés aux États Généraux, Mirabeau, Brissot, Danton et Robespierre ont commencé par marcher ensemble, avant de s’opposer plus tard ; s’ils avaient fait l’inverse, 1789 n’aurait jamais eu lieu.
Il me semble que si, avant même la première marche politique, on n’arrive pas à trouver un terrain d’entente, c’est mal barré. En face, il y a une machine de guerre : ils ont les entreprises et les banques, les médias, l’Elysée, l’assemblée, le Sénat… Si on veut leur rentrer dedans, il faut construire une force crédible. Ce n’est pas le cas cette fois-ci.
Ils ne vont donc pas être « punis » ?
Il y a de bonnes chances pour qu’ils ne le soient pas. Ceci dit, je pense que se mobiliser de manière marginale peut être utile. Même les petits journaux et les petites réunions servent à quelque chose. Ça s’est vérifié dans le passé : la formation de la classe ouvrière anglaise au 19e ou l’avancée des idées politiques en France au 20e siècle se sont faites par petites étapes. Rappeler que le vote du 29 mai n’a pas été oublié permet de maintenir la flamme allumé. Et un jour, quand il y aura une circonstance historique, cette petite flamme pourra se transformer en incendie.
Tu penses que l’Europe sociale reste une possibilité ?
Non. Si l’Europe sociale est imaginable, ce n’est pas sur les bases de l’Union européenne. Pour exemple, je me suis récemment livré à une généalogie des traités européens pour retracer la genèse de cette idée de libre-circulation des capitaux - y compris avec les pays-tiers - qui m’avait le plus choqué dans le Traité constitutionnel de 2005. Et bien, ça remonte au traité de Rome de 1957 : le vers était déjà dans le fruit à cette époque. Maurice Allais, que je citais tout à l’heure, le remarque également : « Toute la construction européenne et tous les traités relatifs à l’économie internationale (GATT, OCDE, etc.) ont été viciés à leur base par une proposition enseignée et admise sans discussion dans toutes les universités américaines – et à leur suite dans toutes les universités du monde entier : "Le fonctionnement libre et spontané des marchés conduit à une allocation optimale des ressources." »
Bref, le Traité de Rome proclamait déjà la toute-puissance du marché. C’est pour ça que si on veut une Europe sociale, il faut demander des fondements complètement neufs.

[5]
Autre exemple, je suis allé à Bruxelles pour enquêter et j’ai vu le poids des lobbies et de l’industrie. Par des plaques, par des cadeaux aux députés, par des réunions où les banquiers parlent côte-à-côte avec Manuel Barroso, le poids de la finance se visualise concrètement. Une présence aussi éhontée des lobbies et de la finance ne passerait pas, par exemple, au sein du parlement français, de la démocratie française. Pourquoi l’accepter au niveau européen ?
Quand on voit ça, il est difficile de s’imaginer un simple raccommodage menant à une Europe sociale. Pour qu’elle devienne sociale, il faudrait une remise à plat radicale. Ce qui demande une exigence populaire, voire un soulèvement populaire.
Tu parlais d’enquête : quelle est l’approche développée par Fakir ?
Fakir, à la base, c’est une une démarche en rupture complète avec l’approche journalistique habituelle. Je te parlais de l’entretien avec Maurice Allais : ça fait un an qu’il traînait dans les cartons, sans nulle part où le publier. Il faut s’interroger : pourquoi personne ne voulait de cette interview avec le seul prix Nobel d’économie français ? De même, le papier sur les lobbies à Bruxelles : je ne l’imagine pas publié ailleurs. Même le Monde Diplomatique ne sera pas dans cette ligne-là, de reportage, d’enquête. Mon approche sur ce genre de papiers, c’est presque du reportage à la Tintin, un peu naïf.
Un peu naïf mais… ça débouche sur quelque chose. Quand tu enquêtes sur les lobbies, tu n’enquêtes pas sur des secrets cachés, tu ne mets pas à jour des complots : tu décris ce que tout le monde pourrait voir. Mon reportage part ainsi d’une plaque apposée sur le Parlement européen, posée à 15 mètres de l’entrée et financée par les lobbies - c’est écrit noir sur blanc. Elle est là, visible, évidente, mais des centaines, des milliers de journalistes sont passés devant elle sans jamais s’interroger dessus. Comment ça se fait ?
"Quand tu enquêtes sur les lobbies, tu n’enquêtes pas sur des secrets cachés, tu ne mets pas à jour des complots : tu décris ce que tout le monde pourrait voir."
Pour moi, les médias classiques reposent sur une double censure. Une censure politique, d’abord, qui refuse le "non" à l’Europe et ne veut pas donner la parole à un économiste défendant le protectionnisme. Mais aussi une censure dans la forme : le journaliste est quelqu’un qui fait des papiers de 1 500 signes extrêmement sérieux mais vides. Pour moi ça se joue autant sur le fond que sur le forme, ce que je montrais d’ailleurs dans Les petits soldats du journalisme.
Deuxième exemple, j’ai aussi enquêté sur Delors, avec un démontage en règle de la politique qu’il a menée entre 1985 et 1995 à l’Union Européenne, et avant ça au sein du Parti socialiste et du ministère de l’Économie. Je me suis coltiné beaucoup d’archives, ça a été long et fastidieux, mais il n’y avait rien de secret, de caché. En visionnant des dizaines de vidéos à l’INA, n’importe qui déboucherait sur la même conclusion que moi : Delors est l’homme des multinationales, la marionnette de l’industrie. On essaye de lui faire une statue de saint homme, on prétend qu’il aurait réconcilié la France avec l’Europe, la gauche avec l’économie. Les archives suffisent pourtant à mettre à jour la vérité : c’est un traitre, un renégat. Et le fait qu’il soit considéré comme un saint et que sa fille revendique son parcours est tout un symbole de ce qu’est aujourd’hui le socialisme français, libre-échangiste et européiste.
La crise financière aura au moins eu le mérite de mettre à mal ce modèle…
Tu crois ? Jusqu’à maintenant, pas tellement je trouve. C’est d’ailleurs ce qui me surprend dans le débat : on présente toujours la crise comme n’ayant rien à voir avec l’Europe. Comme si elle n’avait pas toujours été un encouragement à la libre circulation des capitaux, à la déflation salariale, à la maximisation des profits des entreprises et à la réduction des droits des salariés. C’est pour ça que la crise est aussi fille de l’Europe telle qu’elle s’est construite. C’est d’ailleurs ce qu’expliquait clairement le grand patron Denis Kessler : « L’Europe est une machine à réformer la France malgré elle. »
Cette machine, il lui a fallu du temps pour se mettre en place. Mais aujourd’hui, elle est devenue très efficace. A preuve, en France, les salaires n’ont plus augmenté plus depuis 20 ans, les temps partiels ont triplé, le travail précaire a été multiplié par deux…C’est pour ça que Kessler et tous ses amis grands patrons sont si satisfaits de l’Europe : ils savent très bien qu’elle contribue fortement à diminuer les salaires et les droits sociaux.
Notes
[1] Votre serviteur pense notamment à un ton uniforme et à une maquette parfois un peu chargée.
[2] Auquel participe JBB, copinage assumé.
[3] Soit le mardi 28 avril
[4] Ce dessin est oeuvre de l’ami Tristan. Tu peux retrouver son très bon coup de crayon sur son blog. Hop !
[5] Signature du Traité de Rome, 25 mars 1957.

Pourquoi voter ?

par le Mouvement Politique d'Education Populaire (M'PEP).

Là.

Article de la rubrique « Actualité de la recherche »
Sciences Humaines N° 205 - juin 2009



L'intégration des immigrés : un modèle européen qui se cherche

Lydie Fournier


L’Europe veut assimiler ses immigrés. Mais comment ? Dans chaque État, les nouvelles dispositions législatives oscillent entre muticulturalisme et assimilationnisme.

Nouveau passage obligé des candidats à l’immigration en France : l’apprentissage de La Marseillaise. Hautement symbolique, cette mesure est une nouvelle disposition du contrat d’accueil et d’intégration que doit signer depuis 2006 tout arrivant sur le territoire. Elle s’inscrit dans les décisions prises à Vichy en novembre dernier, à l’occasion de la conférence européenne sur l’intégration des immigrés, réunissant les ministres de l’immigration de chaque État membre. L’acquisition et la maîtrise de la langue du pays d’accueil, la connaissance des valeurs de la société européenne et l’accès à l’emploi ont constitué les trois axes majeurs de la rencontre, confirmant la volonté européenne d’une certaine conformité culturelle des candidats à l’immigration. Cette politique s’illustre à travers l’institution, surtout ces cinq dernières années, de plusieurs instruments législatifs sur le continent : contrats d’intégration en France, en Suisse et en Autriche, cours de langue obligatoires pour les nouveaux migrants en Allemagne et en France, tests à l’entrée aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, en Estonie, au Danemark, en Allemagne, etc. Dans le cas des Pays-Bas, les candidats à l’immigration, même dans le cadre du regroupement familial, doivent débourser 350 euros afin d’être évalués par téléphone sur leur maîtrise du néerlandais.

Ces mesures récentes ont généré une levée de boucliers au sein des organisations militantes et de la communauté scientifique. Commentant l’actualité de la conférence de Vichy, Haleh Chahrokh, chercheuse sur l’Europe occidentale à Human Rights Watch, déclare que « les politiques d’intégration basées sur la discrimination risquent d’aliéner les migrants au lieu de favoriser leur intégration ».


Le déclin du multiculturalisme ?

Dans le même état d’esprit, le philosophe Jean-Claude Monod s’interroge sur le sens de politiques d’intégration qui, loin d’une conception de l’intégration comme « processus social produit par l’immersion dans le pays d’accueil », réclament que les candidats soient en quelque sorte déjà intégrés avant même de s’installer sur le territoire.

Dans ce contexte, le postulat de Christian Joppke refait surface. Selon ce sociologue, ces nouvelles politiques européennes marqueraient la fin du modèle du « multiculturalisme », caractérisé par l’organisation politique du respect des différences culturelles, au bénéfice d’un type de lien social fondé sur l’assimilation des minorités ethniques dans la société majoritaire.

Symbole du multiculturalisme européen, la Grande-Bretagne a développé des politiques de gestion communautaire et d’égalité des chances, telles que le contrôle de la représentation des minorités ethniques dans l’emploi public. Allant plus loin encore dans la défense des particularismes culturels, les Pays-Bas se sont longtemps caractérisés par un système social dit « des piliers », selon lequel chaque confession dispose d’une organisation sociale propre favorisant l’entre-soi, et d’une série d’institutions communautaires (écoles, associations, médias, etc.) financées par l’État. Ce sont des événements tels que l’assassinat de Theo Van Gogh par un islamiste radical en 2004 à Amsterdam, et les attentats de Londres en 2005 qui ont impulsé le renouvellement de ce modèle de lien social. Aujourd’hui en Grande-Bretagne, les subventions publiques des associations concernent prioritairement celles soucieuses de générer un pont entre les différentes composantes ethniques de la société.


Ambiguïtés de l’État français

Toutefois, au-delà de tendances nationales en faveur d’un modèle ou de l’autre, « l’intégration est partout et toujours un mélange d’assimilation et d’accommodation de la diversité culturelle », comme le souligne Jean-Claude Monod. À titre d’exemple, si l’État français est historiquement associé au modèle dit d’« assimilation », fondé sur le rejet des politiques publiques de gestion communautaire, il participe à l’introduction de la viande hallal dans les cantines, à l’organisation d’une aumônerie musulmane dans les prisons et les hôpitaux, ou encore à l’institution d’un Conseil représentatif du culte musulman. L’équipe de recherche « Migrations, asile, multiculturalisme » de l’université libre de Bruxelles rappelle que la France instaure également « des zones d’éducation prioritaire, des dispositifs d’insertion professionnelle, des zones franches, etc. En d’autres termes, des politiques dont le but implicite est de lutter contre les effets des discriminations ethniques ».


11 septembre et Marseillaise

Ainsi, au-delà des débats idéologiques sur l’intégration et l’immigration en Europe, les travaux de ces chercheurs interpellent justement sur les usages politiques et idéologiques des modèles dits d’« assimilation » et de « multiculturalisme ». Comprendre l’introduction de tests à l’entrée pour les nouveaux migrants aux Pays-Bas et au Danemark implique notamment de prendre en compte les scores historiques des partis xénophobes dans ces pays. Loin de contester toute légitimité aux nouvelles dispositions législatives en matière d’intégration, ces chercheurs invitent toutefois à les entrevoir à l’aune d’une société européenne marquée par la peur de l’autre et par la crise des institutions politiques, économiques et sociales. Pour le politiste Fred Constant, lorsque le climat social et politique est serein, la tendance est aux politiques de la différence. Celles-ci étant délaissées au profit de l’assimilation dans les conjonctures plus difficiles. Dans le contexte de l’après 11 septembre, convoquer la force symbolique de La Marseillaise ou souligner la distance culturelle de la Turquie à l’Europe procèdent du même processus : faire émerger une unité culturelle supposée, et générer une nouvelle forme de liant social et identitaire. Prôner l’assimilation constituerait alors, en partie, une ressource identitaire et politique à disposition d’institutions nationales et européennes en quête de légitimité.


Équipe de recherche Migrations, asile, multiculturalisme, « L’Étranger et l’autre à l’épreuve des transformations normatives et identitaires en Europe », projet de recherche 2008-2011, université libre de Bruxelles.
Jean-Claude Monod, « Quelle(s) politique(s) d’intégration au sein de l’Union européenne ? », Questions d’Europe n° 53, fondation Robert Schuman, mars 2007.
Milena Doytcheva, Le multiculturalisme, La Découverte, 2005.
Fred Constant, La citoyenneté, Montchrestien, 1999.

L'edito (de cette semaine) de Denis Sieffer directeur du journal hebdomadaire Politis (c'est à gauche).
(on peut le lire sur le site du journal : www.politis.fr


Revoilà l’Europe ! À trois semaines des élections au Parlement européen, nos concitoyens sont donc invités à se souvenir qu’ils appartiennent à un vaste ensemble géopolitique qui conditionne en partie leur vie quotidienne. Tous les cinq ans, c’est à peu près la même chanson. Hélas, entre-temps, rien ou presque. Ce sont les grands partis, PS et UMP, qui donnent le ton de l’indifférence. Ceux-là se désintéressent à tel point de cette assemblée qu’ils y envoient généralement leurs seconds couteaux, voire de futurs ex-ministres en disgrâce. C’est un peu les culs-de-basse-fosse de la République. Les oubliettes. Sommée de quitter les munificences de la Place Vendôme pour l’austère bâtiment strasbourgeois, Rachida Dati n’a d’ailleurs rien trouvé de mieux récemment que de tourner sa propre candidature en dérision, pouffant de rire et avouant publiquement son incompétence. Mais le mal est plus profond. Si la participation n’en finit pas de baisser depuis trente ans que l’on vote pour élire des députés européens, c’est surtout que les gouvernements n’ont cessé d’invoquer l’Europe pour légitimer leur politique néolibérale. L’Europe et le néolibéralisme, c’est un peu comme la poule et l’œuf. En façonnant l’Europe à partir des dogmes néolibéraux, ils ont créé une sorte d’imperium qu’ils invoquent ensuite pour inviter les peuples à la résignation. Peu à peu, « Bruxelles » et « Strasbourg » sont devenus, dans l’imaginaire collectif, le cœur des décisions contre lesquels on ne peut rien.
La vérité est évidemment tout autre. Cette Europe néolibérale n’est pas une donnée météorologique qu’il conviendrait de subir dans une sorte de désenchantement démocratique. Ce n’est pas l’Europe qui a inventé le dumping social, la précarité, les délocalisations, la mise en concurrence de la main-d’œuvre, ni affaibli les services publics avant de les liquider, c’est l’idéologie néolibérale de nos dirigeants. Et l’alibi européen pour justifier tous les maux et toutes les vilenies est moins le fait des antilibéraux que des partisans déclarés de cette Europe-là. Ils contribuent à faire haïr ce qui leur est si utile pour se disculper devant leurs électeurs et pour échapper à leurs responsabilités. L’autre grande raison de l’indifférence mâtinée d’hostilité que beaucoup de nos concitoyens éprouvent à l’égard de l’Europe tient à l’attitude de la social-démocratie européenne. En France, la date symbolique est sans aucun doute 1983. Avec la fameuse parenthèse de la rigueur, le pouvoir socialiste a renoncé à toute transformation sociale. Il a adhéré au néolibéralisme ambiant. Il a cédé à un nouveau partage capital/travail tout à l’avantage du capital et du capital financier. Comme les pouvoirs néolibéraux de droite ou de centre-droit, il a instrumentalisé l’Europe pour accréditer l’idée que sa politique lui était imposée de l’extérieur. Mais, plus grave encore, nos socialistes se sont emparés de « l’européisme » comme d’une idéologie de substitution.
L’Europe n’était plus un espace politiquement neutre auquel la démocratie devait donner un contenu, néolibéral pour les uns, social pour d’autres, mais un objectif qui se suffirait à lui-même. Comme si l’Europe, n’importe quelle Europe, avait en soi des vertus sociales, voire socialistes. Ainsi, « Bruxelles », qui était déjà le lieu d’où tombaient les mauvais coups, et où se concoctaient les directives antisociales, devenait de surcroît l’espace des confusions idéologiques. L’Europe, privée d’épithète et de caractérisation politique, devenait le lieu où s’abolissaient les différences entre droite et gauche. La campagne menée de concert par une majorité du PS, l’UDF et une partie du RPR, en 1992, en faveur du traité de Maastricht, allait une première fois répandre ce venin mortel pour notre démocratie, celui de l’indifférenciation politique. Une deuxième fois, en 2005 – et plus spectaculairement encore –, les socialistes partisans du « oui » allaient se fondre et se confondre avec la droite néolibérale. Bras dessus, bras dessous, on alla même jusqu’à battre les estrades ensemble. Mais en 1992 comme en 2005, si le peuple ne voyait plus guère de différences entre droite et gauche traditionnelles, il voyait clairement en revanche les enjeux entre le « oui » et le « non ». Ces deux référendums sont la preuve évidente que nos concitoyens ne se désintéressent pas de l’Europe ; qu’ils peuvent même se passionner pour elle, pour autant que les enjeux sont clairs. Souvenons-nous que vingt-six millions de Français ont voté le 7 février 1992 « pour » ou « contre » le traité de Maastricht. Soit plus de 69 % de participation. Souvenons-nous que trente millions se sont prononcés « pour » ou « contre » le traité constitutionnel européen, un certain 29 mai 2005. Soit 70 % de participation. Peut-on parler d’indifférence ? En revanche, quand il s’agit d’arbitrer un duel PS-UMP sans enjeu – ce qui est le cas aujourd’hui –, alors le risque est grand d’une abstention teintée d’hostilité. Il n’y eut guère que 46 % de participation aux européennes de 1999, et 42 % à celles de 2004…
Comment éviter que ce sentiment d’impuissance ne se manifeste plus fortement encore cette fois ? Sans doute en s’efforçant de convaincre que les enjeux des deux grands référendums de 1992 et de 2005 existent toujours et plus que jamais aujourd’hui. Et que l’ambition d’une Europe démocratique, sociale et écologique, qui s’était exprimée dans le « non » au cours de ces deux grands débats, est représentée dans le scrutin du 7 juin. La crise, qui n’était pas là il y a quatre ans, rend plus urgente encore la mobilisation pour une autre Europe.

Source POLITIS :

Ben oui, on est jeudi et je suis abonné :wink:

- Il y avait 785 députés jusqu'aujourd'hui. Ils seront 736 après le 7 juin.
- le PPE (la droite européenne) = 288 députés
- le PSE (socialiste, socio-démocrate, travaillistes) = 215 députés
- Pour avoir la majorité le PPE avait besoin des voix du PSE
- En 2008, il y a eu 535 votes électroniques. PSE et PPE ont voté seulement 18 fois de manière différente.

Des ponts ,pas des murs

La politique migratoire européenne relève de plus en plus de la responsabilité du Parlement européen, la politique migratoire européenne fait de plus en plus dépendre l’aide au développement de l’UE du bon vouloir des pays du Sud à soutenir l’approche répressive et sécuritaire des Etats membres.

A l’approche des élections européennes le réseau euroafricain des ponts pas des murs regroupant des associations du Sud et du Nord, mobilise pour une approche à la hauteur des ambitions démocratiques et solidaires de l’UE.

Les migrations sont un phénomène ancien et constituent un apport social, culturel et économique inestimable.

L’Union européenne pourtant, continue de s’enfermer dans une vision répressive, euro-centrée et réductrice des migrations qui s’illustre notamment dans l’adoption de la Directive retour et le Pacte européen sur l’immigration et l’asile. Contrôle des frontières et chasse aux sans papiers, sont devenus les mots d’ordre de la plupart des politiques migratoires dans l’UE. L’étranger est un bouc émissaire tout trouvé pour attirer les votes des partis extrémistes et faire oublier les échecs des politiques économiques et sociales.

Cette politique migratoire est contraire aux principes dont se réclame l’Union européenne : paix, démocratie, solidarité, justice, respect des droits humains et libre circulation.

Pour replacer le respect de la justice, des droits et de la dignité humaine au coeur des politiques migratoires, nous réclamons :

• La régularisation des sans-papiers • L’arrêt de la répression envers les migrants et leurs défenseurs • Des politiques de développement cohérentes et solidaires des migrants

A travers l’Europe et l’Afrique des actions de sensibilisation auront lieu le weekend du 17 mai 2007 dans la perspective des élections du Parlement européen.

Despontspasdesmurs : réseau euroafricain regroupant des centaines d’associations qui soutiennent la présente démarche dont à Luxembourg l’ACAT, les APL, l’ASTI, l’ASTM, la CCPL, la FAAL, la FAEL, la FNCTTFEL, le SYPROLUX,

action des chrétiens contre la torture, amitiés portugal -luxembourg, association de soutien aux travailleurs immigrés, action solidarité tiers monde, confédération de la communauté portugaise au luxembourg, fédération des associations africaines au luxembourg, fédération des associations espagnoles au luxembourg, les syndicats FNCTTFEL et SYPROLUX.


Document PDF

LeChef dit:...


Excellent article sur le double langage.
Le double langage des députés européens
jeudi 14 mai 2009, par Michel Soudais
L’examen détaillé des votes de nos élus au Parlement européen procure bien des surprises. Martine Aubry : Nous, nous le savons, le discours n’est pas le même à Bruxelles et ici ! » Sur tous les grands dossiers de libéralisation, le PPE, le PSE et l’ADLE s’entendent.
Miracle du dédoublement. Ce jeudi 23 avril, Razzy Hammadi se mêle au rassemblement des personnels d’EDF et de GDF-Suez aux abords de l’Assemblée nationale. Le fougueux secrétaire national aux services publics du PS ignore-t-il que ses camarades élus au Parlement européen ont, la veille, entériné une vaste réforme visant à poursuivre la libéralisation des marchés européens de l’énergie ? On ne sait. Et qu’importe ! On ne retiendra que l’écart entre le discours et les actes. Razzy Hammadi apporte donc le « soutien » de son parti « aux salariés engagés dans la défense du service public » et dont « les exigences […] relèvent, insiste-t-il, de l’intérêt général de nos territoires et de notre pays ». En la circonstance, la rhétorique socialiste est invariée : « Le PS demande le retrait des projets de démantèlement et d’externalisation de l’activité » de ces deux entreprises publiques.
La veille, la travailliste britannique Eluned Morgan, qui rapportait sur une directive clé du « 3e paquet énergie » sur le marché de l’électricité, a obtenu à une très forte majorité (588 pour, 81 contre, 9 abstentions) que les entreprises historiques comme EDF opèrent une séparation entre leurs réseaux de transmission et leurs activités de production. L’hypothèse d’une cession pure et simple de ces réseaux ayant été refusée par plusieurs gouvernements, dont Paris et Berlin, les géants de l’énergie qui refusent ce démantèlement définitif pourront opter pour deux autres solutions à peine moins douloureuses : la location de leur réseau à un opérateur ou sa filialisation avec une séparation stricte. Et c’est cette disposition qu’ont votée les élus européens du PS, à l’exception d’Anne Ferreira et de Marie-Noëlle Lienemann, qui ont voté contre, de Benoît Hamon et d’Harlem Désir, qui se sont abstenus ; les élus européens du PS ont fait corps avec le Parti socialiste européen (PSE) pour approuver ce saucissonnage avec leurs collègues UMP du groupe du Parti populaire européen (PPE) et les élus du MoDem, qui siègent dans le groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE).
« Oui, nous défendons les services publics », s’exclame néanmoins Martine Aubry en lançant la campagne européenne des socialistes, deux jours plus tard, à Toulouse. Et, dans sa bouche, ce « nous » désigne autant le PS que le PSE, dont les principaux dirigeants sont à ses côtés. Difficile de ne pas réprimer un sourire lorsqu’elle s’en prend au double discours de François Bayrou : « Nous, nous le savons, le discours n’est pas le même à Bruxelles et ici ! » Car ce qui est vrai du MoDem l’est au moins autant du PS. Et François Bayrou n’est pas moins menteur quand il affirme, la main sur le cœur, dimanche dernier sur Europe 1, que ses députés ont « constamment, sans aucune exception, voté dans le sens de la défense des services publics ». Avec un culot mitterrandien, il soutient même qu’« il suffit de reprendre la totalité des votes au Parlement européen » pour le voir. Si la complexité du site web de cette institution protège les eurodéputés de la curiosité des citoyens, l’examen du vote de nos élus n’est jamais dénué de surprises.
À condition de s’armer de patience, on peut y découvrir que la fin du monopole de La Poste sur le courrier de moins de 50 grammes – avec tous les risques d’abandon des territoires « non rentables » et de fermeture de bureaux qu’implique cette décision – a été votée le 11 juillet 2008 par les amis de Bayrou et la quasi-totalité du PSE, sauf les socialistes français. Ces derniers n’avaient pas été aussi unanimes lors d’un premier vote sur la directive électricité, le 18 juin 2008, qui exigeait alors une séparation patrimoniale totale coupant tout lien entre la production, le transport et la fourniture d’électricité. Les socialistes Robert Navarro, Vincent Peillon et Béatrice Patrie avaient voté pour ; les Verts Daniel Cohn-Bendit et Gérard Onesta également. Cette entente sacrée entre le PPE, le PSE et l’ADLE se retrouve sur tous les grands dossiers de libéralisation et de déréglementation qu’a eu à connaître le Parlement européen. Une cogestion qui se manifeste aussi dans le dépôt de résolutions communes. L’une d’elles, présentée par ces trois groupes, le 15 mars 2006, marquant la « contribution » du Parlement « au Conseil de printemps 2006 relative à la stratégie de Lisbonne », soulignait l’importance « d’achever le marché intérieur selon ses quatre principes fondamentaux, à savoir la libre circulation des capitaux, des marchandises, des personnes et des services ». Elle encourageait « une plus grande ouverture des marchés au sein de l’UE » et soulignait l’importance « de la poursuite de la libéralisation des marchés de l’énergie d’ici à 2007 ». Adoptée à une très grande majorité (431 pour ; 118 contre ; 55 abstentions), elle a été approuvée par 20 socialistes français, Mmes Castex, Ferreira et Lienemann s’abstenant.
Cette union sacrée s’est bien évidemment manifestée sur le traité constitutionnel européen. À plusieurs reprises. « Le maintien du texte actuel [rejeté par les Français et les Néerlandais, NDLR] constituerait un résultat positif de la période de réflexion », affirmait ainsi en janvier 2006 une résolution qui demandait « qu’en tout état de cause tous les efforts soient accomplis pour garantir que la Constitution entrera en vigueur en 2009 ». Facilement adoptée (385 pour, 125 contre, 51 abstentions) elle reçut les voix de quatre socialistes français (Catherine Guy-Quint, Michel Rocard, Yannick Vaugrenard, Bernadette Vergnaud), 19 autres se réfugiant dans l’abstention malgré le clair mandat que le peuple leur avait donné le 29 mai 2005 et l’engagement du PS au congrès du Mans de respecter le vote des Français.
Lors de la campagne électorale de 2004, le PS avait promis de mettre un terme à la cogestion PPE-PSE qui domine la construction européenne depuis ses origines. C’est le contraire qui s’est produit. En 2008, affirme l’Observatoire de l’Europe sur son site web, ces deux groupes « ont voté dans le même sens sur 97 % des votes par appel nominal (rapports, résolutions) examinés par le Parlement européen ». Un chiffre à détourner du vote socialiste les plus fidèles militants de ce parti ! Ce site web proche de Philippe de Villiers affirme tirer ce chiffre d’une étude systématique des « 535 votes par appel nominal (votes électroniques, les seuls qui soient enregistrés et donc traçables) » de l’année 2008 ; il ne prend en compte que le vote des groupes (les députés restent individuellement libres d’émettre un vote différent). « Les groupes PPE et PSE n’ont voté différemment que dans 18 cas », dont 8 fois pour s’abstenir ; et sur les 10 votes qui les ont vus vraiment s’opposer « un seul était un texte de nature législative ».
La crise peut-elle changer le comportement des eurodéputés en réactivant le clivage droite-gauche ? En campagne, le PS le prétend. Mais, jeudi dernier, au dernier jour de la dernière session de la mandature, le Parlement européen a très largement adopté, par 363 des 475 élus présents, une résolution préparée par l’ancien Premier ministre belge, Jean-Luc Dehaene. Ce texte, qui traite de l’« incidence du traité de Lisbonne sur le développement de l’équilibre institutionnel de l’Union européenne », « se félicite que le rôle essentiel de la Commission comme “moteur” […] de l’Union soit réaffirmé » par ce traité, notamment par « la reconnaissance de son quasi-monopole d’initiative législative, qui est étendu à tous les domaines d’activité de l’Union, à l’exception de la PESC », la politique étrangère et de sécurité commune.
Il est pour le moins curieux de voir des parlementaires qui font campagne en arguant de l’augmentation de leurs pouvoirs se satisfaire d’être toujours le seul parlement au monde à ne pas pouvoir proposer de lois, cette possibilité restant un monopole de la Commission. Ils contribuent à octroyer ainsi à une institution qui n’est pas démocratique le pouvoir de bloquer des institutions issues du suffrage universel, puisque ce pouvoir permet à la Commission de refuser de proposer ce que le Conseil des ministres ou le Parlement voudrait qu’elle propose. C’est ainsi qu’à six reprises elle a refusé de proposer une directive sur les services publics. Il est au moins aussi surprenant de découvrir que les socialistes français (excepté l’abstention de Mmes Ferreira et Lienemann), comme les élus du MoDem et du PPE, réclament la poursuite de la cogestion de l’Europe, au plus haut niveau. Le texte de la résolution qu’ils ont voté demande aux « États membres et [aux] grandes familles politiques » de ne pas oublier de respecter « l’équilibre politique et l’équilibre entre les deux sexes » lors des « nominations aux postes politiques les plus importants de l’Union européenne ». En attendant de se partager les postes de commissaires avec les conservateurs libéraux et les démocrates libéraux, les socialistes continuent de faire croire aux électeurs que l’Europe de la (leur) gauche n’a rien à voir avec l’Europe de la droite.




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Avant-propos

Le 7 juin 2009, les Français vont devoir choisir les
hommes ou les femmes qui les représenteront au Parlement
européen.

L’ensemble des partis politiques français présente des
candidats, en jouant souvent sur la notoriété de ceux-ci,
ce qui entraîne un double risque : celui d’une confusion
(habituelle dans ce scrutin) avec une élection nationale,
et celui que les électeurs se laissent séduire par la réputation
médiatique et la dimension « people » des candidats,
sans réfléchir au rôle que les élus seront appelés à
jouer au sein du Parlement européen.

Plus que jamais, pourtant, se scrutin vaut la peine
qu’on y réfléchisse. En ce temps de crise financière et
économique, l’Union européenne, plus souvent que précédemment,
semble parler d’une seule voix et apparaît
comme seule susceptible de mettre en oeuvre les
mesures indispensables pour nous sortir du marasme –
bien plus, en tout cas, que les États membres ne peuvent
le faire, englués qu’ils sont dans des politiques électoralistes,
des calculs politiciens avec des moyens
financiers réduits et pas toujours bien employés.

L’union fait la force, dit-on. Il faut y croire. D’ailleurs,
avons-nous le choix ?

L’Union européenne va devoir prendre de nombreuses
décisions, plus encore qu’il ne lui appartient
de le faire en des temps moins troublés. Le Parlement
détient nombre de pouvoirs et son rôle sera déterminant.
Cette élection revêt donc une importance toute
particulière. Par notre choix des hommes et des femmes
que nous enverrons nous représenter, nous déterminerons
ce que seront demain notre vie quotidienne, nos
entreprises et la place de la France tant au sein de l’Union
européenne que dans le monde qui se construit et qui
sera très différent de celui que nous connaissons.

Pour bien voter, il faut être bien informé. C’est l’ambition
de ce volume, qui entend fournir à chacun les
renseignements lui permettant de faire son choix en
toute connaissance de cause.

La première partie présente, en quelques pages, le
Parlement européen, son histoire, son fonctionnement
et sa place au sein des institutions européennes. Elle
rappelle le rôle du député européen, dans les divers
travaux qui sont les siens, les moyens dont il dispose,
les privilèges et les contraintes qui accompagnent son
élection. Un panorama des groupes parlementaires, très
différents de ceux de notre Assemblée nationale, complète
cette section.

La seconde partie détaille les positions des principaux
partis, de leurs candidats et de leurs responsables,
que nous avons interviewés. On y découvrira de nouvelles
formations, nées après la dernière élection présidentielle.

L’ensemble des points cruciaux sont abordés :
leur vision de l’Europe, de son avenir, de son rôle en
matière sociale, économique, financière et diplomatique,
de la place que la France doit occuper dans cet ensemble
qui regroupe aujourd’hui vingt-sept pays et peut-être
davantage demain. De plus, plusieurs partis ont souhaité
publier leur appréciation des six mois de la présidence
française de l’Union européenne exercée par Nicolas
Sarkozy.

Pour la rédaction de ce volume, nous avons sollicité
l’ensemble des plus importants partis politiques. Ils
ont, pour la plupart, répondu à notre demande. Nous
les en remercions. Une exception : le Nouveau Parti
anticapitaliste (NPA) n’a pas souhaité nous répondre,
prenant prétexte du manque de temps, alors qu’il
disposait du même délai que tous les autres partis.
Qui le croira ?

On appréciera, à la lecture de ces interviews, si les
camps qui s’étaient formés lors du référendum sur la
Constitution européenne défendent toujours les mêmes
positions ou si la validation du texte par nos élus, réunis
en Congrès convoqué par le président de la République,
après son rejet par voie référendaire, a modifié
les façons de penser de certains.

Les enjeux de cette élection sont importants. Pour
l’Union européenne, pour les partis politiques français
(certains y jouent probablement leur avenir), pour
les citoyens. Ceux-ci en prendront-ils conscience ?
Souhaitons-le.

Claude Perrotin