[Elections européennes] Du grain à moudre

L’Europe souffre-t-elle vraiment d’un « déficit démocratique » ?



Selon Justine Lacroix, les institutions européennes ne sont pas et ne peuvent pas devenir un espace politique de débat démocratique aussi achevé et vivace que celui des États-nations. L’extension et l’universalisation de droits homogènes pour tous les citoyens européens constituent en revanche le principal apport démocratique de l’Union européenne, qui pourrait, si l’Europe résiste à la tentation du repli sur soi, servir de modèle ou d’exemple au reste du monde.

Justine Lacroix est professeur de sciences politiques à l’université libre de Bruxelles. Spécialiste des questions européennes, elle a participé, dans le cadre du Forum « Réinventer la démocratie » organisé par la République des Idées à Grenoble, à la table ronde « les institutions européennes sont-elles démocratiques ? »

Entretien réalisé dans le cadre du Forum « Réinventer la démocratie » à Grenoble les 8, 9 et 10 mai 2009.


Sommaire des vidéos :

- Vous dites que l’indifférence de l’opinion publique vis-à-vis des débats européens ne met pas en cause le caractère démocratique des institutions européennes…
- La construction européenne est-elle porteuse de liberté et de principes démocratiques ?
- Comment davantage démocratiser l’Europe ?
- La coopération économique va-t-elle permettre une extension universelle des droits ?

Les vidéos sont sur le site La vie des idées

Lettre ouverte du 11 mai aux candidats aux élections européennes du 7 juin 2009 à l’initiative des associations Minga et Nature&Progrès.



L’agriculture : un projet européen pour sortir des crises

Objectif : 1 000 000 de paysans en plus et 2 000 000 d’emplois induits en Europe d’ici 5 ans.

Le projet européen est né de la volonté d’assurer la paix et de lutter contre tous les totalitarismes. Ce fondement initial a rapidement laissé place à un modèle de construction basé sur l’intégration par l’économie. Le projet européen qui était d’abord politique est ainsi devenu essentiellement économique. Au moment où les Européens sont invités à renouveler le Parlement Européen le 7 juin prochain, l’Europe n’est plus portée par une vision commune à laquelle l’ensemble des européens puisse s’identifier. A ce manque de vision s’ajoute une récession économique qui met plusieurs États au bord de la faillite et l’Union Européenne à rude épreuve.

La crise économique mondiale se conjugue à une crise climatique avec pour conséquence entre autres une sécheresse touchant de larges zones de production alimentaire. Ce cocktail explosif annonce une crise alimentaire mondiale extrêmement grave et ce dès cette année. Les plans de reprise développés ici et là pour sauver les établissements de crédit et certaines branches industrielles risquent d’être noyés par la brutalité de la crise alimentaire. Le défi alimentaire planétaire, priorité de ce siècle, est d’abord l’urgence de la décennie. Autour de la question alimentaire se joue à nouveau, pour l’Europe, la question de la paix.

Sur les 6,7 milliards d’habitants de la planète, plus d’un milliard, soit 80 millions de plus en un an, souffrent de malnutrition, dont une grande partie sont des familles paysannes. Les trois quarts d’entre eux vivent en milieu rural et un quart dans des bidonvilles. D’ici 2050, c’est 9 milliards d’habitants qu’il faudra nourrir en produisant plus et mieux avec moins : moins de terres, moins d’eau, moins de chimie, moins d’énergie et deux fois moins d’émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Voilà le défi de ce siècle, défi dont l’Europe doit se saisir sans attendre pour assurer la paix. Faute de quoi, violences et répressions seront d’autant plus fortes que la pénurie sévira également dans nos pays si l’Europe maintient ses politiques agricoles et foncière actuelles.

Répondre à ce défi, c’est sortir du modèle agro-industriel productiviste qui épuise 10 millions d’hectares de sol par an dans le monde et détruit 15 millions d’hectares de forêts tropicales par an pour augmenter les surfaces cultivées. Cela conduit nécessairement à changer de modèle agro-alimentaire et à évoluer vers une agriculture n’épuisant pas les sols et adaptée à chaque territoire et à chaque type de sol. C’est cultiver avec moins d’eau. Cela induit surtout de rediriger l’agriculture vers une production capable de nourrir ses agriculteurs et les populations avoisinantes, rurales et urbaines, plutôt que vers une production dictée par les impératifs financiers d’une agriculture d’exportation. C’est également sortir de la prétention européenne à vouloir nourrir le monde grâce à sa production et ses techniques énergétivores et contaminantes. En faisant un usage massif de pesticides et d’engrais issus de la chimie de synthèse, le modèle agricole européen participe à la destruction des cultures vivrières notamment des pays du Sud et nourrit de plus en plus mal les Européens en ayant une part de responsabilité dans la baisse de la fertilité et le développement de l’obésité et des cancers.

Lancer un ambitieux programme d’installation de 1 000 000 de paysans en plus au niveau européen d’ici 5 ans, notamment en milieu péri urbain, et construire autour de cette ambition les fondations d’une politique européenne qui crée 2 000 000 d’emplois induits dans l’artisanat, le commerce de proximité, la recherche et la formation en agroécologie.

Développer l’agro-écologie aux dépens de l’agro-industrie ce n’est pas revenir en arrière, mais bien au contraire investir dans un projet d’avenir innovant porté par les jeunes pour construire une perspective de plein emploi et de pleine activité pour l’Europe.

En juin prochain vous sollicitez le suffrage des citoyens européens. Nous aimerions savoir si vous soutiendrez et défendrez les propositions suivantes au Parlement Européen :

Axe 1 : Le foncier, enjeu prioritaire

- Créer un Fond structurel européen du foncier rural et péri urbain, pour financer l’achat de foncier agricole par les collectivités locales et permettre l’installation de paysans à la périphérie des agglomérations afin de sécuriser et d’améliorer l’approvisionnement des villes en produits alimentaires frais et sains.

- Mettre en place un plan de formation européen autour des nouvelles techniques agro écologiques (compagnonnage, échanges européens, recherche, ferme école, etc.)

- Aider les paysans existants en Europe de l’Ouest, et surtout en Europe de l’Est, à maintenir leur activité.

- Dissuader l’agrandissement des grandes exploitations aux dépens des petites.

- Dissuader les politiques de spéculation foncière menées par des multinationales ou des Etats.

Axe 2 : La nourriture au cœur des politiques

- Freiner les logiques d’étalement urbain et redéfinir les politiques d’urbanisme en fonction d’impératifs alimentaires et de lutte contre les émissions de CO2.

- Définir une politique de l’eau (distribution, assainissement et prix) garantie par un vrai contrôle public.

- Soutenir le développement de filières agro-alimentaires régionales.

- Encourager la plantation d’arbres fruitiers en milieu rural et urbain.

- Intégrer à la construction de logements sociaux des parcelles de terres cultivables pour les habitants.

- Modifier le code des marchés publics permettant la relocalisation des approvisionnements de la restauration collective.

- Encadrer les prix par des marges imposées dans le secteur de la grande distribution, afficher les prix de cession, fixer des conditions générales de vente, les mêmes pour tous les acheteurs. Soutenir le commerce de détail indépendant de centre ville.

- Aider les paysans à sortir de l’endettement financier qui freine la reconversion vers l’agriculture paysanne et biologique.

- Sortir l’agriculture de l’OMC et mettre en place, sous l’égide de l’ONU, un Conseil de Sécurité Alimentaire.

Axe 3 : Des réglementations et des normes adaptées

- Interdire l’usage d’OGM, de pesticides et d’engrais issus de la chimie de synthèse.

- Développer et protéger la conservation, la création et l’usage des Semences Paysannes et des Préparations Naturelles Peu Préoccupantes.

- Protéger les consommateurs et les producteurs en mettant en place un Institut européen public et indépendant en charge du contrôle alimentaire.

- Reconnaître les Systèmes Participatifs de Garantie au niveau national et européen, en ce qui concerne les modes de production mais aussi la distribution dans des filières transparentes, équitables et à moindre coût environnemental.

- Adapter les normes sanitaires et environnementales, pour éviter les logiques de concentration et permettre le développement des circuits courts de distribution.

- Mettre un terme aux monocultures exportatrices qui se développent au détriment des cultures vivrières, en abandonnant les subventions à l’exportation et en créant un mécanisme de protectionnisme élargi à des critères sociaux et environnementaux (ressources servant à financer des programmes de co-développement).

- Mettre un terme aux politiques de soutien aux agro carburants et interdire leur importation.



Les signataires :

Frères des Hommes, AMAP Ile de France, Alliance PEC Rhône-Alpes (réseau régional des AMAP en Rhône Alpes), Alliance Provence (réseau régional des AMAP en Provence Alpes Côtes d’Azur.), Confédération Paysanne, Graines del païs, Biotropical, Liamm An Doaur (Terre de Liens Bretagne), Action Consommation, Réseau Ecobâtir, Fruits oubliés, Jardins et Arômes au naturel, Pour l’Ortie, Mouvement d’actions pour le Tibet, L’arbre est dans la graine, Tibet Languedoc, Comité National de Liaison des Régies de Quartier (CNLRQ), Association Européenne des Réseaux et des Régies de Quartier (AERDQ)


Les réponses

Europe : pour changer de cap



Trente-six economistes Bruno Amable (Paris-I), Angel Asensio (Paris-XIII), Michaël Assous (Paris-I), Philippe Batifoulier (Paris-X), Laure Bazzoli (Lyon-II), Rachid Belkacem (Nancy-II), Mathieu Béraud (Nancy-II), Eric Berr (Bordeaux-IV), Laurent Cordonnier (Lille-I), Elisabeth Cudeville (Paris-I), Jean-Paul Domin (Reims), Anne Eydoux (Rennes-II), David Flacher (Paris-XIII), Maryse Gadreau (Dijon), Ariane Ghirardello (Paris-XIII), Anne Isla (Toulouse-II), Florence Jany-Catrice (Lille-I), Hugues Jennequin (Rouen), Thierry Kirat (CNRS), Dany Lang (Paris-XIII), Florence Lefresne, Michel Maric (Reims), Jérôme Maucourant (Saint-Etienne), Jacques Mazier (Paris-XIII), Matthieu Montalban (Bordeaux-IV), Stefano Palombarini (Paris-VIII), Dominique Plihon (Paris-XIII), Muriel Pucci (Paris-I), Christophe Ramaux (Paris-I), Gilles Raveaud (Paris-VIII), Jacques Sapir (EHESS), Richard Sobel (Lille-I), Nadine Thèvenot (Paris-I), Damien Talbot (Bordeaux-IV), Bruno Tinel (Paris-I), Franck Van de Velde (Lille-I).


Trente six économistes qui n’étaient membres ni du PCF, ni des courants du PS qui ont créé le Parti de Gauche, ont décidé de soutenir la démarche unitaire du Front de gauche pour les élections européennes. Ils soumettent au débat les propositions suivantes.




Le contrôle des banques et de la finance

La prohibition des filiales «hors bilan» et des transactions avec les paradis fiscaux est indispensable pour en finir avec la finance parallèle qui nourrit spéculation et évasion fiscale. Les banques doivent être sous contrôle public. L’accès au crédit gagne à avoir une offre diversifiée avec une certaine concurrence. Mais un pôle de banques publiques articulé à des banques coopératives permettrait cela en protégeant la monnaie comme bien public. Les nationalisations en cours, menées trop timidement, en offrent l’opportunité. La Banque centrale européenne doit compter le plein-emploi et la stabilité financière parmi ses objectifs principaux et doit cesser d’échapper à tout contrôle politique. Simultanément, il faut mettre un terme à la domination des seuls actionnaires sur les entreprises.

Relance et planification écologique

Alors que les Etats-Unis et la Chine déploient des plans massifs de relance, l’Europe est à la traîne. Le budget de l’Union ne représente que 1 % du PIB européen. En Europe même, ce sont les Etats qui recapitalisent les banques et adoptent des plans de relance. Mais ceux-ci sont indigents, en particulier en France. Les pays européens s’accrochent à la désinflation compétitive : l’austérité salariale et budgétaire est durcie, pour prendre des parts de marché aux «partenaires» y compris européens. L’Europe a les moyens d’une autre ambition : une hausse coordonnée des salaires et des prestations chômage, en particulier, articulée à un plan de soutien, financé par un emprunt de l’Union équivalent à 2 % de son PIB, pour les transports publics et la rénovation écologique des bâtiments notamment. Car la crise doit être l’occasion de changer de mode de développement. Il ne s’agit plus de produire toujours plus, mais mieux. Et cet impératif écologique, qui met en jeu le long terme, mérite une véritable planification plutôt que les marchés de droits à polluer.

Réhabiliter services publics et impôt

Déficits et dette ne sont pas des maux en soi : ils permettent de lancer des activités. Pendant des années, les citoyens ont entendu parler du «trou du public», jamais du «trou du privé» autrement plus important. Du point de vue libéral, seul le privé crée de la richesse ce qui légitime sa dette. Mais une infirmière ou un enseignant du public créent aussi de la richesse. Quelles activités doivent relever du public, du privé ou bien de l’économie sociale ? Cette question doit revenir au cœur du débat. Le public a des arguments pour lui, la faillite du système de santé américain en témoigne. L’impôt n’est pas un fardeau qui grève le privé afin de financer des activités «improductives». Les «prélèvements obligatoires» financent des prestations sociales qui soutiennent la consommation. Ils rémunèrent également le travail des fonctionnaires dont le produit est accessible gratuitement. Le gouvernement vient d’offrir 2,5 milliards d’euros pour la restauration. Au mieux 40 000 emplois sont attendus. Près de 100 000 postes de fonctionnaires auraient pu être créés. Les besoins ne manquent pas : hôpital, accueil de la petite enfance pour réduire les inégalités hommes-femmes, etc. La crise exige de revenir sur la concurrence fiscale et sur la contre-révolution fiscale - le «bouclier» notamment - qui mettent à mal la progressivité de l’impôt et creusent les déficits. L’Europe ne grandirait-elle pas à être pionnière en retenant la règle d’un écart maximal de revenu ?

Plein emploi et droits sociaux

La mondialisation libérale est une catastrophe pour l’environnement. Fermer des usines en Ecosse, proches du lieu de pêche, pour décortiquer des langoustines en Thaïlande, puis les réimporter : est-ce cela le rêve européen ? Favoriser la relocalisation des activités et celles qui polluent peu est une première façon de concilier plein emploi et écologie. Il en est une autre : la baisse du temps de travail. Son mouvement séculaire a été stoppé, ce qui, avec l’austérité salariale, a permis la hausse des profits non réinvestis. L’assouplissement des heures supplémentaires qui joue contre les hausses de salaire est une calamité pour l’emploi. Le chômage qui s’accélère appelle des plans de soutien mais aussi une réduction généralisée du temps de travail. Un emploi décent pour tous : ne serait-ce pas une meilleure façon de faire vivre le rêve européen ? Compte tenu des inégalités de développement, il importe que le socle des droits sociaux soit défini au niveau national. S’il était européen, ce que le patronat préconise, cela se traduirait par une régression pour la plupart des travailleurs. Est-ce à dire que l’Europe ne peut rien ? Elle peut mais à condition que les principes de «convergence par le haut» et de «non-régression sociale» soient posés comme premiers, en lieu et place de la «concurrence libre». L’Union pourrait, en outre, retenir la norme d’un salaire minimum égal au moins à 60 % du salaire moyen. En France, cela se traduirait par une hausse du Smic net de 180 euros par mois. Les pays d’Europe de l’Est sont éloignés de cette norme. Une telle mesure permettrait de réduire la pression en faveur des délocalisations. Elle doit être articulée à un soutien à ces pays, qui, lâchés par l’Union, sont contraints d’accepter les plans d’ajustement du FMI.

Le marché peut faire bien des choses, mais ne peut pas tout. L’intervention publique est nécessaire. Les Etats-nations ont des marges de manœuvre. Par sa puissance, l’Europe est néanmoins un cadre idéal pour une autre politique. Mais cela ne pourra pas se faire si prévalent la libre circulation des capitaux et la possibilité pour les entreprises de localiser librement leur production dans des pays à bas coûts pour la réimporter ensuite. Quelles formes doivent prendre ces protections ? Le débat mérite d’être ouvert, en partenariat avec les pays du Sud.



In Libé

C’est du commentaire, mais je tiens à dire ma surprise de voir “cet appel” d’économiste relayé par libération.

Edit : je raye mon intervention sans aucun problème Bertrand, tiens moi au jus.

Dans Le Figaro

*
Déclaration ISF :
le guide pour le 15 juin
Carole Papazian
20/05/2009 | Mise à jour : 11:22 |

Cette année, la baisse des prix de la pierre et la chute des marchés financiers pourraient faire sortir certains contribuables de l’ISF.
L’impôt sera moins lourd cette année, en raison du relèvement du seuil à 790 000 euros, du retournement du marché immobilier et de la chute des actions.
L’ISF devrait rapporter moins à l’État en 2009 que les années précédentes. De 4 milliards en 2007, on était déjà tombé à 3,8 l’an dernier en raison notamment des sommes investies dans les PME qui avaient permis à beaucoup de contribuables de réduire leur impôt.
Cette année, la chute des actions, la stagnation des prix de l’immobilier, le relèvement du seuil à 790 000 euros (+ 2,9 %) devraient encore faire baisser le rendement de l’ISF pour le budget de l’État. Et, pour la première fois depuis longtemps, le nombre de personnes assujetties (565 966 foyers fiscaux en 2008) devrait baisser. Si vous en faites toujours partie, notre dossier vous donne les clés pour bien déclarer et éventuellement réduire votre impôt. Car il est encore possible de payer moins en investissant dans des PME ou faisant des dons.
«Aujourd’hui, un contribuable imposé à l’ISF qui a une société a tout intérêt à l’investir dans sa propre PME» , explique Christophe Chaillet, responsable de l’ingénierie patrimoniale chez HSBC. Plus de 73 000 personnes avaient investi l’an dernier dans des PME, elles pourraient être plus nombreuses cette année au vu de l’offre très large qui est proposée. Une offre à étudier avec précaution.
Les dons encouragés
Une autre manière de réduire son ISF d’ici au 15 juin peut être de faire un don à certains organismes. Il est en effet possible de déduire de l’ISF 75 % des sommes données dans la limite de 50 000 euros. La Fondation de France propose de répondre aux questions des personnes intéressées au 01 44 21 87 87. Les dons doivent soutenir l’enseignement, la recherche et l’insertion par l’activité économique. Les bénéficiaires peuvent être des établissements de recherche ou d’enseignement supérieur, des fondations d’utilité publique, mais pas des associations même si elles sont d’utilité publique.
Pour vos portefeuilles d’actions, vous trouverez également page 27 les cours à prendre en compte, comme chaque année vous pouvez retenir soit le dernier de l’année, soit la moyenne des 30 derniers cours. Cette année, certains particuliers qui ont des patrimoines de valeurs mobilières importants pourraient d’ailleurs «sortir» de l’ISF en raison du krach. Alors que, les années précédentes, beaucoup de nouveaux contribuables se demandaient s’ils devaient faire une déclaration du fait de la hausse des prix de la pierre qui les amenait au seuil de déclenchement de l’impôt, cette année tout a changé. Certains vont au contraire se demander s’ils sont encore imposables et s’ils doivent faire une déclaration. «Il faut être sûr d’être sorti de l’ISF pour ne pas faire de déclaration. En cas de doute ou de valorisation avoisinant 790 000 euros, mieux vaut en faire une. Sans déclaration, le délai de prescription est en effet de six ans contre trois ans seulement avec une déclaration», rappelle Yann de Givré, responsable du département fiscal de Fidal.
Simulations en ligne
Si vous voulez en savoir plus, Le Figaro vous propose en partenariat avec Le Journal des finances un guide très complet (au prix de 32,90 euros) réalisé par les équipes du cabinet d’avocats Fidal. Vous trouverez enfin des outils sur notre site, notamment pour calculer votre impôt (www.lefigaro.fr). Il vous reste encore près d’un mois pour vous atteler au fastidieux exercice de la déclaration. La date limite de remise de celle-ci et de paiement de l’impôt est en effet fixée au 15 juin pour les personnes qui résident en France. À vous de jouer.
LIRE AUSSI
» DOSSIER SPECIAL: guide pratique ISF 2009

Une crise de plus en plus européenne


Sur Telos

Vous avez la parole...
Mais à la condition de dire ce que nous avons envie d´entendre...

Où l´histoire navrante, mais pourtant révélatrice, d´une interview
manquée pour le bulletin du PS.
Jacques Sapir
Directeur d´Études à l´EHESS
Lundi 18 mai 2009

Ceci se passe en France, et non en un quelconque pays où l´on pratique,
nous dit-on, la censure et la désinformation. C´est bien en effet d´un
petit cas de censure qu´il s´agit. Un cas parmi d´autres bien sur, car
ils sont finalement plus nombreux qu´on ne le croit.
L´histoire est navrante, mais elle vaut d´être contée...

Acte I.

Sollicité par courriel, puis par téléphone, de donner une interview au
bulletin du PS, j´ai la faiblesse d´accepter. Il est vrai qu´agir
autrement me ferait à raison une réputation de sectaire, et que l´on ne
risque rien à entamer un débat. Après tout, c´est bien une règle de la
démocratie que de parler à tous sans rien renier de ses propres
convictions. Du moins c´était ce que je croyais...
Rendez-vous téléphonique est donc pris pour le vendredi 15 mai à 11H. À
l´heure dite ma correspondante appelle, me remercie d´avoir accepté de
lui répondre, et commence par me poser une question sur le problème des
délocalisations induites par les écarts salariaux qui existent entre les
nouveaux entrants de l´Europe et les pays du noyau originel.
Je m´exécute de bonne grâce et, comme mes lecteurs le savent déjà,
explique la différence qui existe entre les délocalisations pures, la
conception et la production de produits destinés à être « localisés »
dans ces pays à bas coûts, l´entrée d´entreprises de services
localisées dans ces dits pays sur nos marchés, et enfin les conséquences
directes et indirectes sur les travailleurs dans nos économies.
L´interview se déroule de manière très courtoise, et j´ai même
l´occasion de rappeler à ma correspondante les cas bien connus
d´entreprises qui ont remis en cause la législation française du travail
sous la menace de délocalisations. J´ai donc l´impression de trouver
une oreille attentive, et pour tout dire fort intéressée par mon propos.

Les choses se gâtent quand il est question des solutions. À la question
qui me fut posée sur la possibilité de faire passer une directive
européenne harmonisant les conditions sociales et rendant ainsi impossible
le « dumping » social et salarial, j´eu le tort de répondre avec ma
franchise habituelle - et je reconnais ne pas être de ceux qui font la
roue pour plaire ou qui manient la litote - que je tenais une telle
proposition pour une illusion, au mieux, et au pire une hypocrisie.
On ne voit pas comment ni pourquoi ces pays accepteraient de sacrifier cet
avantage qu´ils ont sur nous et qui est le produit du « grand marché »,
tel qu´il fut obtenu par l´acte unique. La règle de l´unanimité rend
impossible un tel projet. D´ailleurs, les dévaluations auxquelles ces
pays se livrent, et qui ont été tout à fait significatives ces dernières
semaines, entraînent une nouvelle baisse du coût du travail qui ne
correspond à aucune baisse de la productivité, bien au contraire.

C´est alors que mon interlocutrice me coupe la parole pour me dire qu´il
était impossible de passer dans son journal une telle réponse. Elle était
certes prête à conserver la première partie de mon interview, mais en
aucun cas elle ne publierait la seconde, car elle était contradictoire avec
la position du PS. Quand je lui fis remarquer que, n´étant pas militant
ni sympathisant de ce parti, je pouvais avoir les positions qu´il me
plaisait d´avoir ce qu´elle n´était pas sans ignorer au début de
l´interview, elle me répondit qu´elle n´était point là pour faire
de l´information mais de la communication.
On admirera le cynisme de la formule.
On y trouve cependant plus de profondeur qu´on ne pourrait le croire à
première vue.

Je passe les détails de la - grosse - colère qui me saisit et qui ne
m´a point quitté et je mis fin à l´entretien en disant que soit, elle
passait la totalité de mes propos soit elle n´en passerait aucun. Ce
qu´elle fit, en me disant que jamais ses « supérieurs » ne sauraient
les accepter.

Acte II.

La morale de cette triste et navrante histoire est double et mérite notre
attention. Car, si l´on n´y prend garde, elle se répètera.

Sur la forme, en premier lieu, il y a donc bine des choses à dire. Nous
sommes ainsi passés de la société de l´information à celle de la
communication. Car, il faut prendre au sérieux la réponse qui me fut
faite. Il s´agit bien de communiquer et non d´informer.
Si tel avait été le cas, on peut penser que le PS pouvait tolérer, et
même, pourquoi pas, (mais si, mais si...) solliciter des avis différents,
voire divergents. Mes positions sont connues et je n´en ai point
changées. Mais, après tout, rien n´empêchait à un journaliste de ce
parti de conclure en rappelant les positions qui sont défendues par le PS
à l´occasion des élections européennes.

J´ai déjà donné des interviews sur le même sujet dans de nombreux
journaux, dont certains défendent des positions qui ne sont pas les
miennes. S´il est bien un principe qui avait toujours - jusque-là -
été respecté c´était bien celui de ne pas altérer les idées e la
personne que l´on a interviewée.
Ici, et pour la première fois, on demande à un interlocuteur que l´on
sait pertinemment ne pas être membre, de prés ou de loin, du PS, de bien
vouloir reprendre les positions de ce parti ou de se taire. C´est inouï,
et à plusieurs titres.
Cela signifie d´abord un profond mépris pour les opinions de son
interlocuteur, qu´elles soient justes ou fausses. Cela signifie ensuite
qu´on tient son interlocuteur pour un être vil, prêt à tout pour se
voir publié. Cela signifie, enfin, un égal et non moins profond mépris
pour ses propres lecteurs, que l´on considère incapable de se faire une
opinion par eux-mêmes.

Je n´en veux pas tant à la malheureuse personne qui m´a interviewé, et
qui manifestait une certaine sympathie pour mes propos, qu´à ceux
qu´elle a désignés pas le joli mot de ses « supérieurs ». Si c´est
ainsi qu´ils conçoivent leur métier de journalistes en confondant
celui-ci et la « communication », nous sommes donc rendus bien bas. Mais,
si cela veut dire qu´ils considèrent que la presse partisane, dans le
sens originel du terme soit la presse d´un parti, comme se devant de
n´avoir qu´un visage et qu´un verbe à la gloire de ce dit parti, nous
sommes en fait encore rendu plus bas.
Dans ce cas, cela traduit une profonde dérive anti-démocratique de ce
parti.
Nous savions la Droite inféodée au pouvoir de l´argent. Nous
connaissions les figures imposées de la presse stalinienne, même si
aujourd´hui il s´agit d´un passé heureusement révolu. Que de telles
pratiques soit le fait d´un parti qui a toujours prétendu conjuguer
socialisme et démocratie est un triste spectacle. Même si ce parti n´a
sans doute plus rien à voir avec le socialisme, on pouvait croire à son
attachement à la démocratie. On s´est trompé. Le stalinisme n´est pas
mort, mais il a migré vers d´autres cieux politiques. C´est bien à un
cas exemplaire de ce que j´ai appelé le « liberal-stalinisme » que
l´on est confronté.

Mais cet incident est tout aussi révélateur sur le fond.
De quoi s´agissait-il donc ?
On n´a pas supporté que je qualifie d´illusion ou d´hypocrisie le
mythe de l´Europe « sociale » que l´on nous présente comme le saint
Graal que l´on atteindra - encore un effort camarade - quand nous
aurons une majorité de gauche au Parlement Européen. Que cette majorité
se soit souvent montrée plus libérale que la droite, avec qui elle
communie dans le culte de la concurrence « libre et non faussée », et que
le groupe socialiste au Parlement Européen ne soit même pas d´accord en
son sein pour savoir s´il faut garder Barroso ou le virer, est évidemment
passé sous silence.
Il s´agit donc d´une illusion, je le dis et je me répète. Il faut se
réveiller.
Quelle unanimité espère-t-on réaliser entre les 27 pays de l´Union ?
Les cultures, mais aussi les rythmes politiques, sont par trop différents.
Et d´abord, les structures économiques et sociales sont bien trop
divergentes pour que l´on puisse trouver une base d´accord commune. Le
principe du « grand marché », il faut quand même le dire, propose la
mise en concurrence de tout, des produits comme du travail. C´est lui qui
a organisé la mise en concurrence des travailleurs. À terme, il ne laisse
qu´une solution : c´est l´harmonisation par le bas, avec la garantie
que les rythmes politiques seront bien trop différents pour que l´on
puisse espérer un sursaut commun et simultané. Cette Europe sociale, qui
est certes désirable, se révèle comme la ligne d´horizon. Elle
s´enfuit dés lors que l´on s´en s´approche. Elle est inatteignable.
Elle n´aura pas lieu, comme le dit si bien un livre récent1.

Où alors, il s´agit bien d´une hypocrisie. Le ralliement à l´Europe
sert à masquer le vide conceptuel et programmatique dans lequel le PS se
complait et se débat. On sait très bien que réclamer plus d´Europe
sociale, une harmonisation fiscale, et bien d´autres choses, n´a aucun
sens dans la situation actuelle et par la voie parlementaire européenne.
Mais, cela permet de jeter le voile de Noé sur l´absence de toutes
proposition concrète en France même. L´Europe est devenu un alibi à
l´immobilisme, et c´est cette hypocrisie là qu´il ne faut en rien
toucher, et surtout pas dénoncer.
François Mitterrand disait avoir deux ambitions, la construction de
l´Europe et la justice sociale. Il a choisi la première et abandonné la
seconde. Jacques Delors s´est chargé, alors, de mettre tout cela en
musique. On sait ce qu´il en advint : la grande régression sociale des
années 1980, et la montée inexorable vers les 3 millions de chômeurs, le
tout couronné par la sanctification du « Franc fort ».
Les chiffres sont cruels.
Ils indiquent de manière indubitable que cette politique là a bien été
en France l´équivalent de celle d´un Reagan au Etats-Unis ou d´une
Thatcher au Royaume Uni. Ce fut donc bien un « socialiste », assurément
fort mâtinée de chrétien, qui se chargea d´initier cette politique. Son
coup fait, il partit pour Bruxelles, et laissa Beregovoy achever le travail.
Et l´on voudrait nous faire croire aujourd´hui que l´Europe pourrait
être sociale ?

Graphique 1
Sources : Tableaux de l´INSEE.

Ceci expliquerait alors la violence de la réaction. Et il est vrai que la
fille de ce Jacques Delors est aujourd´hui à la tête de ce parti.
Tant que je ne faisais que décrire un processus qui est aujourd´hui trop
évident pour être nié, c´était acceptable. Mais, que je remette en
cause le fondement de la politique du PS, sans l´Europe sociale point de
salut, et, tout d´un coup, la foudre se déchaîne.
Ma proposition, taxer les produits en provenance des pays à bas coûts de
l´Union Européenne (et par produits j´entends aussi ceux que l´on
assemble dans des pays où les coûts sont plus élevés), et le faire
unilatéralement s´il le faut pour enclencher un débat, a pour elle de
nous sortir de cet immobilisme, de ces lendemains qui ne chanteront pas.

Acte III.

Je vous laisse donc libre de choisir entre l´illusion et l´hypocrisie.
Quant à moi, cela fait longtemps que j´ai perdu mes illusions en ce qui
concerne le PS et j´avoue ne pas avoir de réserves suffisantes de
patience pour endurer son hypocrisie. Comme le disait Maurice Clavel en son
temps, Messieurs les Censeurs, bonsoir !

Mais il faut cependant revenir aux choses sérieuses. La question des
protections à adopter est aujourd´hui urgente.
Le rapport entre les coûts du travail (eux-mêmes considérablement
renforcés par la réévaluation de l´Euro) et les gains de productivité
n´a fait que se détériorer à notre détriment avec cette crise. Les
pressions à la baisse des salaires, baisse non plus relative mais absolue,
se font jour désormais en France, comme l´atteste la note de la direction
de Hertz à ses salariés. Ne croyons pas qu´il s´agisse ici d´un acte
isolé. Hertz a eu la bêtise de mettre par écrit ce qui est déjà
pratiqué aujourd´hui dans des dizaines d´entreprises, et ce qui le sera
demain dans des centaines, voire des milliers.
Et pourtant, on remarque que c´est bien grâce à ses « stabilisateurs
automatiques » soit l´ensemble du système social, que l´économie
française a plutôt mieux résisté à la crise que ses voisins. Pourtant,
ce sont ces mêmes stabilisateurs automatiques que ce gouvernement veut
remettre en cause, par petits bouts, points par points, toujours au
prétexte de doper notre compétitivité.

Sur le fond, l´Europe a été le meilleur élève du libre-échange
prôné par l´OMC. Ce faisant nous avons découplé la formation des
profits par les entreprises des conditions du travail telles que l´on peut
les avoir sur un territoire donné. Désormais, le profit se réalise de
manière globale et la mise en concurrence des salariés dans un vaste
marché se fait sous la forme du « moins disant, moins coûtant ». Les
règles du fameux « compromis salarial » cher aux auteurs de la Théorie
de la Régulation ont été mises cul par dessus tête dans cet évolution.
Il n´est pas étonnant, alors, d´apprendre que se creusent les écarts
de salaires et que les 1% supérieurs des revenus salariaux accumulent une
part croissante du revenu national. C´est une tendance constante dans les
pays qui se sont ainsi ouverts, sans entraves ni protections, au commerce
international2.

Seul, un retour au protectionnisme peut permettre d´inverser ce mouvement.
Il faut tendre à le faire en commun avec des pays qui ont le même niveau
de productivité. De ce point de vue, il y a une logique à chercher des
protections communes avec les pays du noyau originel de l´Europe. Mais,
s´il le faut, nous ne devrions pas hésiter à décider de mesures
unilatérales. Elles seraient, il n´en faut pas douter, ce que nous
appelons entre nous économistes, dans le langage si particulier de notre
corporation, un « optimum de second rang », ce que l´on peut traduire
par un pis-aller. Cependant, elles seraient préférables à ne rien faire
du tout, au prétexte toujours plus illusoire, de réaliser un jour cette
fameuse « Europe sociale ».
Il est plus que probable que le choc psychologique que provoquerait de
telles mesures permettrait d´ouvrir le débat et de penser, à
l´échelle de 5 à 6 pays, à des protections communes et coordonnées.

Pour cela, il faut faire tomber le tabou qui pèse aujourd´hui sur de
telles mesures unilatérales. Il faut pouvoir en discuter calmement et de
manière raisonné, en dehors et au-delà de toute invective et de toute
censure. Il faut aussi cesser de les concevoir comme une fin en soi, pour
comprendre que leur statut réel serait d´être d´une part des mesures
conservatoires et d´autres part des bases de départ pour des
négociations devant conduire à une nouvelle Europe.

Acte IV.

Il me faut maintenant revenir sur ce que cet incident révèle quant aux
pratiques du débat dans notre pays. Ce cas est navrant, mais il n´est pas
isolé.

On s´en souvient, le referendum sur le Traité Constitutionnel Européen
avait déjà donné lieu à pareille pratique. Frédéric Lordon et quelques
autres en ont rendu compte à l´époque3. Pour ma part j´y suis revenu
à froid dans un ouvrage4.
On l´avait constaté à l´époque et ce constat est toujours valable :
dès qu´il est question de l´Europe les principes les plus
élémentaires du débat démocratique sont foulés aux pieds par ceux
qu´Hubert Védrines qualifia « d´européistes ». Ils se révèlent
pour ce qu´ils sont : une poignée de technocrates englués dans leurs
certitudes, aveugles devant les conséquences, sourds à la colère qui
monte.

Mais, aujourd´hui, cette Europe là dévoile son véritable visage. Les
politiques sont de fait prises par les États. Ou donc se trouve le plan de
relance Européen ? Peut-on, là encore, croire un instant dans ces 1000
milliards d´Euro que l´on voudrait affecter à une hypothétique
relance, et ce alors que des gouvernements, et non des moindres, ont
exprimé leur opposition ?
S´il est vrai que la droite nous « enfume » dans cette campagne, on voit
bien qu´elle n´est pas la seule.
C´est bien parce que l´on se rapproche de l´heure de vérité qu´une
certaine parole doit être supprimée. Mais c´est bien aussi à ce moment
qu´elle se trouve être d´autant plus nécessaire.
1 F. Denord et A. Schwartz, L´Europe Sociale n´aura pas lieu, Raisons
d´Agir, Paris, 2009.
2 J. Bivens, « Globalization, American Wages, and Inequality », EPI
Working Paper, 6 septembre 2007, Washington, DC.
3 F. Lordon, « La procession des fulminants », sur le site
http://www.acrimed.org/article2057.hmtl
4 J. Sapir, La Fin de L´Eurolibéralisme, Paris, Le Seuil, 2006.
El comandante dit:

Graphique 1
Sources : Tableaux de l´INSEE.




Sources: Contre Info

:wink:

Une crise révélatrice des impasses européennes, par Philippe Frémeaux
20 mai 2009

« L’Union européenne est structurellement libérale, en ce sens que les différents espaces nationaux se retrouvent objectivement en concurrence sur le plan fiscal, social ou salarial, » constate Philippe Frémeaux, qui estime que « cette situation s’explique par les préférences idéologiques d’une large fraction des élites et par les pressions des milieux patronaux, mais elle tient aussi au refus des gouvernements des Etats membres de renoncer à leurs prérogatives. » L’Europe aujourd’hui est « dépendante des Etats-Unis pour [sa] défense, de la Russie pour [son] énergie, de la Chine pour [ses] importations industrielles et, peut-être demain, du Brésil pour [son] alimentation, » déplore-t-il. Mais l’Union peut-elle vraiment surmonter cette contradiction fondatrice : sa structure tend vers la création d’une instance supra-nationale - qui serait la condition d’une Europe puissance - mais dont ses membres ne veulent pas, et pour laquelle légitimité et cohésion apparaissent de plus en plus inatteignables, au gré des élargissements successifs.

L’article complet dans Contreinfo

Alternative économiques, magazine plutôt intéressant sort un Hors série sur L’Europe:




Le site

bertrand dit:Alternative économiques, magazine plutôt intéressant sort un Hors série sur L'Europe

Pour compléter, effectivement souvent bien faite.
Ca reste très européiste mainstream - cf. les noms sur la couverture : Delors, Lipietz, Quermonne...

Les éditions Raisons d’Agir viennent de publier L’Europe sociale n’aura pas lieu par François Denord et Antoine Schwartz :
A l'instar de Nessie, le sympathique monstre du Loch Ness, l'Europe sociale soulève les passions sans que jamais son existence n'ait pu être prouvée. Dans les eaux glacées du grand marché, ses chances de survie sont pourtant minces. Sa mythologie n'a qu'une raison d'être : elle désamorce la critique. Elle insuffle un supplément d'âme à une Europe qui flotte en apesanteur, au-dessus des peuples.
Dès les années 1950, la construction européenne fut l'autre nom donné au rétablissement du libre-échange. Elle prend racine dans un projet conservateur porté par des élites atlantistes soucieuses de dompter sous le fouet de la concurrence les soubresauts du Vieux continent. Cette empreinte s'est avérée indélébile, malgré les élargissements successifs du périmètre de l'Union.
Une Europe libérale ne saurait, par magie se muer en Europe sociale. Sauf à envisager une refonte complète de ses institutions et de ses principes. Ce à quoi invite ce livre qui dissipe bien des illusions et permet de découvrir les possibles écartés sur le chemin de l'histoire.


Travail très documenté, très intéressant sur la fondation de l'Europe et ses "Pères fondateurs".

On leur reconnaîtra qu’au moins les socialistes annoncent clairement la couleur…


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Elections 2009 | 14.05.2009
Changement de nom en vue pour le groupe socialiste après les élections européennes
Le groupe socialiste au Parlement européen prévoit de changer de nom après les élections européennes de juin dans le but d’absorber d’autres groupes, notamment la composante libérale du principal parti d’opposition italien, le Partito Democratico (PD).
Selon plusieurs sources socialistes, le nouveau nom du groupe pourrait être « l’Alliance des socialistes et démocrates », bien que la décision finale ne soit prise qu’après les élections, conformément aux résultats du vote.
La principale raison pour ce changement de nom est l’absorbtion du Partido democratico (PD), ce qui permettrait de résoudre le problème de son positionnement européen.
De plus, il est possible que ce changement de nom, qui aura pour conséquence d’élargir de manière effective le champ politique du Parti socialiste européen (PSE), puisse attirer d’autres mouvement politiques de différents Etats membres.
Cette manœuvre pourrait avoir de facheuses conséquences pour le groupe libéral ADLE, qui perdrait d’un seul coup sa seconde plus importante délégation après les libéraux britanniques. Une source libérale a confié à EurActiv.com qu’il n’y avait absolument aucun moyen de conclure un accord entre l’ADLE et le PD.
Cependant, cette source a ajouté qu’en dépit de la perte potentielle pour le groupe de ces eurodéputés, l’ADLE s’attend à conserver son nombre actuel d’environ 100 eurodéputés, conservant ainsi sa position de troisième groupe le plus important au Parlement.
Une alliance rouge-vert ?
Le 12 mai, les Verts européens ont émis un communiqué affirmant que le président du PSE, Poul Nyrup Rasmussen, voulait abandonner l’alliance informelle avec les chrétiens-démocrates en faveur d’une alliance rouge-vert pour la prochaine législature du Parlement européen.
Un tel changement serait une entorse significative à l’arrangement actuel entre le PPE et le PSE, qui apporte à ces deux grands groupes un partage égal des cinq ans de la présidence du Parlement européen.
Toutefois, un porte-parole socialiste contacté par EurActiv.com a démenti la conclusion de tout accord de ce genre, ajoutant que Rasmussen avait été contacté par les Verts. Bien qu’il ait reconnu que sur de nombreux sujets tels que la protection de l’environnement et les droits des travailleurs, les socialistes et les verts ont des positions similaires, le porte-parole a dit qu’il était trop tôt pour spéculer sur la composition de nouvelles majorités au Parlement.
Le PSE a aussi confirmé qu’il ne désignerait pas de candidat à la présidence de la Commission européenne avant les élections. «Ce qui est clair, c’est que si une nouvelle majorité est possible, alors Barroso, qui n’est pas le candidat du PSE, ne deviendra pas le président de la Commission», a dit M. Rasmussen.
© EurActiv.fr 2007-2009.


EurActiv

Europe : pour changer de cap
Mardi, 19 Mai 2009 12:53
Une version courte de ce texte est parue dans Libération du 19 mai 2009
Ce texte présente les propositions soumises au débat par les 36 écoonmistes appellant à soutenir le Front de Gauche
Nous sommes à ce jour trente six économistes à avoir signé un texte qui invite à sortir du « dirigisme libéral » en Europe et à soutenir la démarche unitaire du Front de gauche pour les élections européennes (cf. notre appel du 2 mai 2009[1]). Nous prolongeons cette démarche, à bien des égards inédite, en soumettant au débat les propositions suivantes.
Le contrôle des banques et de la finance
La banque et la finance ont été longtemps réglementées et le monde s'en portait plutôt mieux. Le tsunami en cours appelle un encadrement strict. La prohibition des transactions avec les paradis fiscaux et des filiales « hors bilan » est indispensable pour en finir avec la finance parallèle qui nourrit spéculation et évasion fiscale. Il faut limiter radicalement les nouveaux produits financiers afin que les banques reviennent à leur métier (distribuer des crédits en en assumant les risques).
Les banques doivent être sous contrôle public. L'accès au crédit gagne certes à avoir une offre diversifiée avec une certaine concurrence. Mais un pôle de banques publiques articulé à des banques coopératives permettrait cela en protégeant la monnaie comme bien public. Les nationalisations en cours, menées trop timidement, en offrent l'opportunité.
La Banque centrale européenne doit compter le plein emploi et la stabilité financière parmi ses objectifs principaux et doit cesser d'échapper à tout contrôle politique, d'autant plus qu'elle s'est arrogée la conduite du taux de change, laissant l'euro s'apprécier au détriment des exportations.
Simultanément, il faut mettre un terme à la domination des seuls actionnaires sur les entreprises en donnant de nouveaux pouvoirs aux salariés.

Relance et planification écologique
Alors que les Etats-Unis et la Chine déploient des plans massifs de relance, l'Europe est à la traîne. Ses apports propres sont nuls, les 30 milliards affichés étant des dépenses prévues.
Le budget de l'Union représente 1 % du PIB européen, contre environ 20 % (avant même la crise) pour celui des Etats développés, y compris européens. Ce sont les Etats qui recapitalisent les banques et adoptent des plans de relance, et non l'Union. Or, les plans nationaux sont eux-mêmes indigents, en particulier en France.
Au fond, les pays européens s'accrochent à la désinflation compétitive lancée par la France et reprise par l'Allemagne : l'austérité salariale et budgétaire et la flexibilisation du contrat de travail sont sans cesse durcies, pour prendre des parts de marché aux « partenaires », y compris européens. Cette politique non coopérative est suicidaire a fortiori dans le contexte actuel. L'Europe a les moyens d'une autre ambition : une hausse coordonnée des bas et moyens salaires et des prestations chômage, en particulier, articulée à un plan de soutien, financé par un emprunt de l'Union équivalent à 2 % de son PIB, pour les transports publics et la rénovation écologique des bâtiments notamment.
Car la crise doit impérativement être l'occasion de changer de mode de développement. Il ne s'agit plus de produire toujours plus, mais mieux. L'impératif écologique met en jeu le long terme. Elle mérite mieux que les marchés de droits à polluer et leurs produits dérivés : une véritable planification.

Réhabiliter les services publics et l'impôt

La puissance publique doit remettre en œuvre une politique active de soutien à l'industrie et à la recherche.
Déficits et dette ne sont pas des maux en soi : ils permettent de lancer des activités. Pendant des années, les citoyens ont entendu parler du « trou du public », jamais du « trou du privé » autrement plus important. Du point de vue libéral, seul le privé crée de la richesse ce qui légitime sa dette. Mais une infirmière ou un enseignant du public sont aussi créateurs de richesses. Quelles activités doivent relever du public, du privé ou bien de l'économie sociale ? C'est une question qui doit revenir au cœur du débat politique. Le public a des arguments pour lui, la faillite du système de santé américain en témoigne.
L'impôt doit être réhabilité. Il n'est pas un fardeau qui grève le privé afin de financer des activités supposées « improductives ». Les « prélèvements obligatoires » financent des prestations sociales - plus de 35 % du revenu des ménages en France -, ont un effet redistributif et soutiennent la consommation. Ils rémunèrent également le travail des fonctionnaires dont le produit est accessible gratuitement. Le gouvernement vient d'offrir 2,5 milliards d'euros de baisse de TVA pour la restauration (on peut faire la même critique au soutien à l'emploi d'une femme de ménage). L'inégalité (qui va au restaurant ?) rime avec gabegie : au mieux 40 000 emplois sont attendus, soit 62 500 euros par emploi. Près de 100 000 postes de fonctionnaires auraient pu être créés à la place. Les besoins ne manquent pas : hôpital, éducation, accueil de la petite enfance pour réduire les inégalités hommes / femmes, etc.
La crise exige de revenir sur la concurrence fiscale et sur la contre-révolution fiscale - dont le « bouclier » est le dernier avatar - qui mettent à mal la progressivité de l'impôt et creusent les déficits publics. Plus de deux siècles après la proclamation révolutionnaire de l'égalité, l'Europe ne grandirait-elle pas à être pionnière en retenant la règle d'un écart maximal admissible de revenu ?

Plein emploi et droits sociaux
La mondialisation libérale est une catastrophe pour l'environnement. Fermer des usines en Ecosse, proches du lieu de pêche, pour décortiquer des langoustines en Thaïlande, puis les réimporter : est-ce cela le rêve européen ? Favoriser la relocalisation des activités et celles qui polluent peu - comme la plupart des services publics - est une première façon de concilier plein emploi et écologie. Il en est une autre : la baisse du temps de travail. Son mouvement séculaire - et émancipateur - a été stoppé ces dernières années, ce qui, avec l'austérité salariale, a permis la hausse des profits non réinvestis, combustibles de la spéculation. L'assouplissement des heures supplémentaires qui joue contre les hausses de salaire est une calamité pour l'emploi. Le chômage qui s'accélère aujourd'hui appelle des plans de soutien ciblés sur certaines activités mais aussi une réduction massive et généralisée du temps de travail. Un emploi décent pour tous : ne serait-ce pas une meilleure façon de faire vivre le rêve européen ?
Compte tenu des inégalités de développement au sein de l'Union, il importe que le socle des droits sociaux soit défini au niveau national. S'il était européen, ce que le patronat préconise, cela se traduirait par une régression pour la plupart des travailleurs. Est-ce à dire que l'Europe ne peut rien ? Elle peut, au contraire, mais à la condition que les principes de « convergence par le haut » et de « non régression sociale » soient posés comme premiers, en lieu et place de la « concurrence non faussée » retenue par les traités et la Cour de justice européenne (cf. les arrêts Laval et Viking). L'Union pourrait en outre retenir la norme d'un salaire minimum égal au moins à 60 % du salaire moyen. En France, cela se traduirait par une hausse du Smic net de 180 euros par mois. La plupart des pays d'Europe de l'Est sont éloignés de cette norme (à 30% ou 40%). Une telle mesure permettrait de réduire la pression en faveur des délocalisations qu'ils exercent. Elle doit être articulée à un soutien à ces pays, qui, lâchés par l'Union, sont contraints d'accepter les plans d'ajustement du FMI (baisse des salaires et des dépenses publiques).

Quelles protections ?
Le marché peut faire bien des choses, mais ne peut pas tout. L'intervention publique est nécessaire. A quelle dose ? Le débat est ouvert et cela vaut pour tous les domaines, y compris les relations commerciales.
L'Europe doit cesser d'être le prétexte de tous les renoncements de la gauche. Les Etats nations ont des marges de manœuvre. Par sa puissance, l'Europe est néanmoins un cadre idéal pour une autre politique. Mais cela ne pourra se faire si continuent à prévaloir la libre circulation des capitaux et la possibilité pour les entreprises de localiser librement leur production dans des pays à bas coûts pour la réimporter ensuite. Quelles formes précises doivent prendre ces protections ? Le débat mérite d'être ouvert en partenariat avec les pays du Sud, vis-à-vis desquels une nouvelle ère en matière de politique de développement doit enfin s'ouvrir.

Le dirigisme libéral de l'Europe remonte loin. Le Traité de Rome, qui a d'emblée porté la concurrence au firmament, a été conçu par des économistes néolibéraux dotés d'un projet cohérent : la souveraineté populaire à l'œuvre au niveau national ne permettant pas de démanteler l'intervention publique, il convenait de la contourner en imposant de l'extérieur les « bonnes règles ». Cinquante ans ont passé : nous pensons qu'il est temps de concevoir autrement l'Europe.



Bruno Amable (Paris I), Angel Asensio (Paris XIII) Michaël Assous (Paris I), Philippe Batifoulier (Paris X), Laure Bazzoli (Lyon II), Rachid Belkacem (Nancy II), Mathieu Béraud (Nancy II), Eric Berr (Bordeaux IV), Laurent Cordonnier (Lille I), Elisabeth Cudeville (Paris I), Jean-Paul Domin (Reims), Anne Eydoux (Rennes II), David Flacher (Paris XIII), Maryse Gadreau (Dijon), Ariane Ghirardello (Paris XIII), Anne Isla (Toulouse II), Florence Jany-Catrice (Lille I), Hugues Jennequin (Rouen), Thierry Kirat (CNRS), Dany Lang (Paris XIII), Florence Lefresne, Michel Maric (Reims), Jérôme Maucourant (Saint-Etienne), Jacques Mazier (Paris XIII), Matthieu Montalban (Bordeaux IV), Stefano Palombarini (Paris VIII), Dominique Plihon (Paris XIII), Muriel Pucci (Paris I), Christophe Ramaux (Paris I), Gilles Raveaud (Paris VIII), Jacques Sapir (EHESS), Richard Sobel (Lille I), Nadine Thèvenot (Paris I), Damien Talbot (Bordeaux IV), Bruno Tinel (Paris I), Franck Van de Velde (Lille I).
[1] Une version courte de ce texte est parue dans Le Monde daté du 2 mai 2009.
El comandante dit:
Europe : pour changer de cap
Mardi, 19 Mai 2009 12:53
Une version courte de ce texte est parue dans Libération du 19 mai 2009


Et sur ce topic ICI :mrgreen:

Dans un débat il faut un peu de contradiction…

http://bruxelles.blogs.liberation.fr/co … ment-européen-des-alliances-politiques-surprenantes.html

J’ai l’impression que l’on va battre le record d’abstention.

Je me demande à partir de quel niveau de participation, les modes de scrutins pourraient changer ?

Faut-il arriver en-dessous des 5% pour que les politiques est un frémissement ?

Je vais faire un sondage…

Richard dit:blabla


:roll: Tu t'es trompé de topic.

Fatigué...
Jokin dit:Dans un débat il faut un peu de contradiction...
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/co ... ment-européen-des-alliances-politiques-surprenantes.html



Quand je clique sur ton lien j'ai une page vide :?

edit : trouvé!

http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2009/05/


Le sénateur Jean-Luc Mélenchon, ex-socialiste et fondateur du « Front de gauche », martèle sur toutes les ondes que socialistes et conservateurs, c’est blanc bonnet et bonnet blanc : "le PSE et la droite européenne n'ont pas tellement envie de discuter de leur exploit au parlement européen, par exemple sur la directive électricité qu'ils ont voté ensemble. Comme ils ont d'ailleurs voté ensemble 97% des décisions qui sont prises au PE. C'est quand même incroyable : droite et gauche se tirent la bourre en France, mais dès qu'ils arrivent là bas (à Bruxelles, NDLR), c'est fini, ils s'arrangent entre eux", a-t-il ainsi déclaré sur France 3 le 11 mai. Un chiffre de 97 % qui a également été cité par Olivier Besancenot, le leader du NPA, hier sur France 2.

Mélenchon et Besancenot ont été prendre leurs renseignements sur un site eurosceptique tenu par des proches de Philippe de Villiers, « L’observatoire de l’Europe ». Ce site s’appuie sur une étude (mais n’y renvoie pas directement) d’un chercheur en sciences politiques suédois, un certain Jan Johansson, qui a analysé les 535 votes finaux (et non amendement par amendement) par appel nominal intervenu en 2008. Conclusion du site, qui ne s’en tient pas à l’année 2008, « depuis le début de la dernière mandature, neuf fois sur dix, les groupes où siègent l'UMP, le PS et le Modem votent de manière identique au Parlement européen. Un score digne de la Douma de l'ex Union soviétique ». Ce n’est pas la première fois que la droite et la gauche radicale échange ainsi leurs arguments : durant la campagne référendaire de 2005, le fameux « plombier polonais » a été inventé par le vicomte avant de faire la fortune du « non de gauche ».

L’argument de la complicité « objective » entre la gauche et la droite « ne tient pas compte des conditions d’élaboration de la loi européenne », comme le dit Pervenche Berès, présidente socialiste de la commission des affaires économiques et monétaires (et noniste…) : Mélenchon, Besancenot et les Villiéristes pourraient aussi dénoncer le fait que des gouvernements de droite, de centre et de gauche travaillent ensemble au sein du Conseil des ministres de l’Union et du Conseil européen des chefs d’État et de gouvernement et élaborent des compromis pour construire l’Europe. Par nature, l’Union ne fonctionne pas « front contre front » : Union d’États, elle doit parvenir à des décisions dans lesquelles chacun se retrouve. Si une majorité de gouvernements de droite imposait systématiquement une politique de droite à des gouvernements de gauche, il est peu probable que l’Union y survivrait. C’est cette logique « bipartisane » qui est à l’œuvre au sein du Parlement européen. D’autant qu’aucun groupe politique n’y dispose de la majorité absolue à lui seul.

Or, pour obliger le Conseil des ministres à tenir compte des amendements à un projet de directive ou de règlement, il faut que le Parlement réunisse une majorité absolue de députés, soit 393 voix. Durant la législature 2004-2009, le principal groupe politique, le PPE (conservateurs) n’avait que 288 membres, le second, le PSE, 216 et les libéraux de l’ADLE (où siège le Modem), 99. Il faut donc négocier entre groupes politiques pour atteindre le chiffre magique de 393 : « Il y a 120 partis politiques représentés au Parlement, venant de 27 pas, parlant 23 langues et utilisant 3 alphabets différents », s’amuse Gérard Onesta, vice-président Vert du Parlement. Le compromis ainsi trouvé aura d’ailleurs de fortes chances d’être accepté par un Conseil des ministres lui-même composé de gouvernements de droite et de gauche et qui doit voter le texte à la majorité qualifiée (grosso modo, au moins vingt pays sur vingt-sept). « La négociation européenne, c’est comme une négociation syndicale : on se bat, mais au final il faut conclure un accord tenant compte du rapport de force », analyse Pervenche Berès.

Bien sûr, le vote amendement par amendement ne recoupe pas toujours le vote final : « cela dépend de l’appréciation que fera chaque groupe : s’il juge que le verre est à moitié plein, il votera pour, à moitié vide, il votera contre », résume Gérard Onesta. Ainsi, les socialistes français qui ont voté tous les amendements à la directive « services » dite Bolkestein n’ont finalement pas voté le texte global par opportunité politique… De même, le vote des amendements est loin d’être pertinent : « il y a une bonne partie des textes que nous votons qui ne posent strictement aucun problème. Ce qui est important, ce sont les votes de différenciation politique et ceux-là ne concernent qu’une petite partie des projets de directives », précise Onesta. Comme le constate Pervenche Berès, sur ces votes, la « majorité naturelle se fait entre le PPE et l’ADLE ».

Un site infiniment plus sérieux que « l’observatoire de l’Europe », votewatch.eu, mis au point par DSC07259 des chercheurs de la London School of economics et de l’Université libre de Bruxelles, montre que les majorités (amendement par amendement) sont autrement plus complexes que ne le disent Mélenchon et Philippe de Villiers. Ainsi, dans 13,22 % des cas, la majorité a réuni le PPE, le PSE, l’ADLE, les souverainistes de l’UEN, les Verts et les…communistes de la GUE. La seconde « coalition gagnante » (dans 12,47 % des cas) a réuni les mêmes plus les Villiéristes d’Indépendance et démocratie (ID). Le troisième type de « coalition gagnante » (7,76 % des cas) réunit le PPE, le PSE, les libéraux de l’ADLE, l’UEN et…ID. Dans plus de 46 % des cas, les Villiéristes font partie de ces coalitions et dans 52 % des cas, les communistes… Le PSE, lui, pointe à plus de 81 % des cas. Le PPE n’est exclu d’une coalition gagnante que dans 5,37 % des votes (majorité PSE, ADLE, Verts et communistes).

Le PPE et le PSE ne votent au final ensemble que dans 69,70 % des cas (mais seulement 56 % dans les affaires sociales et 52,5 % dans le domaine économique). Les Villiéristes votent avec les socialistes dans 40 % des cas alors que les communistes votent avec le PPE dans 42 % des cas et avec les Villiéristes dans 40,90 % des cas… Donc l’argument du « qui vote avec qui » peut être retourné comme un gant…
bertrand dit:
Richard dit:blabla

:roll: Tu t'es trompé de topic.
Fatigué...

Fatigué, certes, mais, somme toute, je me demandais si tout cela avait un sens au vue du peu d'intérêt démocratique... ?

Quelque soit l'importance de l'enjeu (et vous l'avez bien prouvez) si cela n'intéresse personne, n'y a t-il pas plus urgent ?

(je suis toujours hors sujet ?)