Par curiosité, est ce qu’il y a des espérantophones sur le forum?
Pour présenter l’espéranto qui est une langue construite pouvant servir de langue auxiliaire:
L’espéranto est la langue la plus qualifiée pour être la langue de travail d’une institution comme l’UE. C’est une langue qui, par la simplicité et la régularité de sa grammaire et par la logique de son vocabulaire, peut être apprise en 10 fois moins de temps qu’une langue « nationale ». Son fonctionnement en fait un outil à la fois souple, étant capable d’exprimer toute les nuances de la pensée, que l’on souhaite écrire un manuel technique, de la poésie ou des textes juridiques, et à la fois précis, ses performances comme « langue-pont » étant bien supérieures aux autres langues. Les espérantistes sont relativement peu nombreux mais la vitesse de progression de la langue est très importante, et ce sans le soutient d’aucun état ou organisation. Et comme elle est 10 fois plus facile et rapide à apprendre que l’anglais, les européens économiserait, collectivement et individuellement, énormément de temps, d’énergie et d’argent à l’apprendre.
Sources et plus d’infos ici : http://esperanto-france.org/ et là : Espéranto — Wikipédia
Je m’intéresse beaucoup aux langues, mais j’avoue ne m’être jamais sérieusement penché sur l’esperanto.
Je crois que c’est parce que je considère les langues comme un portail vers une culture, pour m’aider à comprendre comment pensent les gens de cette culture. Les exceptions, irrégularités, et tous les trucs “pas pratiques” d’une langue sont justement ce qui me fascine.
Du coup, les langues artificielles, bien qu’elles puissent être des constructions intellectuelles fascinantes, ne me font aucune envie. Je conçois ce qu’elles peuvent avoir de pratique, mais justement elles réduisent la langue à son côté purement utilitaire.
Justement j’avais pensé créer un tel topic. S’il y a des espérantophones, ça m’intéresserait d’échanger avec eux en privé car, ayant des idées en tête pour créer une langue construite, je voulais vérifier que tout n’avait pas déjà été fait par l’espéranto.
Bonjour,
Oui, il y a des espérantophones sur ce forum, du moins au moins moi-même. J’ai même par le passé bossé pendant 5 ans pour une asso locale d’espéranto en tant qu’emploi-jeune, donc je l’ai déjà enseigné, j’ai fait des expos sur l’espéranto, j’ai fait une petite méthode de cette langue, j’ai pas mal voyagé avec de par le monde… Même si je ne la pratique plus beaucoup aujourd’hui, faute de temps principalement, je reste affectivement très attaché à cette langue (j’avais même créé il y a 5 ans un prototype de quatre jeux de cartes pour apprendre l’espéranto uniquement en jouant aux cartes).
Et néanmoins, l’intérêt que j’ai pu avoir pour l’espéranto ne m’a absolument pas fermé aux autres langues et aux autres cultures (comme j’ai pu le lire plus haut). Au contraire, c’est même l’espéranto qui m’a donné le goût des langues, ayant depuis appris à des degrés très divers une trentaine d’autres langues (vivantes, mortes, régionales, nationales, internationales). Bref, l’intérêt pour l’espéranto n’est absolument contradictoire avec l’intérêt pour les autres cultures, et peut même en être un moteur (pour 2 raisons principalement : tout d’abord parce qu’elle amène à rencontrer des gens de tous pays et ça donne envie d’en savoir plus sur leurs cultures ensuite ; et secundo, du fait de la grande facilité -à ne pas confondre avec simplicité- de la langue, l’espéranto débloque les barrières et appréhensions que l’on peut avoir vis-à-vis de l’apprentissage des langues étrangères).
Voili, voiloù !
Ludiquement et linguistiquement,
Henrri
PS : Beri, si tu as des questions sur l’espéranto par rapport à ton projet de langue, je suis dispo (même si je ne suis pas toujours rapide à répondre).
Henrri dit :PS : Beri, si tu as des questions sur l'espéranto par rapport à ton projet de langue, je suis dispo (même si je ne suis pas toujours rapide à répondre).
En fait, je viens de regarder une onzaine de vidéos qui confirme les réserves que je pouvais avoir sur la langue, mais je pense pouvoir m’inspirer de ce que l’espéranto a de bon. Et être en contact avec des espérantistes m’enlèvera peut-être ces réserves.
Merci pour ta disponibilité, je note.
Si d’autres ont carrément Skype, je suis preneur aussi ! (et je cherche des « co-auteurs », si certains se sentent l’âme linguistico-créatrice)
Beri, il existe des centaines d’autres langues construites (dites “conlang” en anglais), même si d’entre elles il n’y a que l’espéranto à avoir eu un relatif succès (si on met de côté les langues construites nationales comme le nynorsk norvégien, la bahasa indonesia ou l’hébreu moderne).
Et il y a aussi je crois toute une communauté de passionnés créateurs de langues, langues crées pour des raisons les plus diverses : langues de fiction pour un univers plus immersif (comme le Klingon de StarTrek ou l’elfique de Tolkien), langues à visée internationale (comme l’espéranto, le volapük, l’interlingua ou l’ido), langues à but ludique ou construites autour d’une certaine philosophie (à ce sujet-là, je conseille la très amusante langue minimaliste -inspirée du taoisme- le Toki Pona avec ses 120 mots, qui est une langue créée par une espérantophone canadienne Sonja Lang, qui se trouve également pour l’anecdote être la femme du célèbre auteur de jeu Eric M. Lang), ou encore pour plein d’autres visées possibles comme le simple plaisir intellectuel de créer une langue…
Donc l’univers des langues (construites ou non) est en effet bien vaste, et riche également en éléments culturels (y compris dans le cas de langues construites).
Have fun! …ou, en espéranto : Ĝuu !
Henrri dit :Beri, il existe des centaines d'autres langues construites (dites "conlang" en anglais), même si d'entre elles il n'y a que l'espéranto à avoir eu un relatif succès (si on met de côté les langues construites nationales comme le nynorsk norvégien, la bahasa indonesia ou l'hébreu moderne).
Et il y a aussi je crois toute une communauté de passionnés créateurs de langues, langues crées pour des raisons les plus diverses : langues de fiction pour un univers plus immersif (comme le Klingon de StarTrek ou l'elfique de Tolkien), langues à visée internationale (comme l'espéranto, le volapük, l'interlingua ou l'ido), langues à but ludique ou construites autour d'une certaine philosophie (à ce sujet-là, je conseille la très amusante langue minimaliste -inspirée du taoisme- le Toki Pona avec ses 120 mots, qui est une langue créée par une espérantophone canadienne Sona Lang, qui se trouve également pour l'anecdote être la femme du célèbre auteur de jeu Eric M. Lang), ou encore pour plein d'autres visées possibles comme le simple plaisir intellectuel de créer une langue...
Donc l'univers des langues (construites ou non) est en effet bien vaste, et riche également en éléments culturels (y compris dans le cas de langues construites).
Have fun! ...ou, en espéranto : Ĝuu !
Oui, je m’étais penché sur les langues que tu cites (ido, interlingua, volapük), mais dans mon souvenir, aucune ne m’avait conquis (encore que l’ido semble d’accord avec les réserves que j’émets quant à l’esperanto), parce que je ne trouve dans aucune d’elles certains concepts qui me semblent évidents, simples et nécessaires et, pour certaines, à cause de leur complexité. De plus, regarder les exemples de constructions de phrases est toujours un peu abscons car, ne parlant pas la langue, tu ne sais pas quel mot correspond à quel concept.
Et j’avais vu qu’il y avait une communauté de conlangers et même un fil RSS qui recensait les articles issus de blogs de conlangers. Je voulais les contacter pour en faire partie, mais je voulais avoir avancé sur ma langue avant de me lancer, pour avoir de la matière à montrer.
J’ai déjà fait quelques articles, mais je dois m’y remettre et en faire d’autres avant de présenter le tout ici ou ailleurs :)
D’autres espérantophones dans les parages ?
Je suis curieux d’en savoir plus sur la langue que tu souhaites creer? Son objectif et ce que tu reproches à l’esperanto?
Extrait de mon blog (WIP) :
Cette langue se veut être une langue auxiliaire :
– simple
° pas d’exceptions, de déclinaisons, de conjugaison
° accords réduits au minimum nécessaire
° prononciation simple
° construction des phrases ne nécessitant pas de paraphrase (exemples : « je veux [tu ne fais pas ça] » // « [tu lui as mal parlé] me déplaît ») ;
– logique (par exemple, « 2017 décembre 8 » plutôt que « 8 décembre 2017 », car dans ce dernier cas, tant que la personne n’a pas fini de parler, on se situe mal dans le temps) ;
– pratique et aussi peu ambiguë que possible. Exemple 1 : dans « les oies et les canards sauvages », on pourra savoir si seuls les canards sont sauvages ou si les deux le sont. Exemple 2 : un pronom « nous » qui signifie « juste toi et moi » ;
– égalitaire : genres neutre, masculin, féminin (avec encouragement à l’emploi du neutre sauf en cas de nécessité).
Ce qui me gêne en esperanto, avec le peu que j’en connais :
- pas de genre neutre : l’eo reste une langue à dominante masculine, les radicaux s’entendant souvent comme étant masculins (notamment viro)
- accusatif
- accord des adjectifs en accusatif et en nombre
- certains mots très courants (« petit ») sont très longs (« malgranda »)
- on n’a pas toujours 1 lettre = 1 phonème
- inconfort de lecture et de frappe en raison des accents
- volitif
- comme toutes les autres langues, elle ne permet pas de distinguer “les sauvages” de “les oies et ”
Les principales idées derrière ma langue :
- genre neutre (+ masculin et féminin sur les êtres sexués, si précision nécessaire) ;
- “i” et “o”, qui introduisent respectivement une précision sur ce qui précède (adjectif, complément du nom, proposition relative…) et les objets directs (objet direct, proposition complétive, certains compléments du nom…). Ils permettent ainsi d’exprimer en peut de caractères des idées qui le seraient de façon plus complexe et d’articuler les phrases en montrant clairement la fonction de chaque partie ;
- < et >, qui permettent de regrouper certains éléments pour lever certaines ambiguïtés (exemple : les sauvages) ;
- ordre des mots : le plus important/grand d’abord. Exemples :
° nom-déterminant (y compris articles, nombres, adjectifs)
° construction de la prononciation des nombres : ordre de grandeur puis quantité. 8500 se prononce “mill(iers) huit et cent(aines) cinq” ou, en version simplifiée, 8-5-0-0 ou mille 8-5-0-0
° année-mois-jour (-heure-minute-seconde)
- un même mot ne peut pas avoir plusieurs sens très différents (pas de polysémie excessive). On traduira donc le « de » français de plusieurs façons différentes selon le sens ;
- à partir de radicaux et d’affixes, on pourra créer simplement des mots qui n’existent pas dans d’autres langues.
beri dit :
- genre neutre (+ masculin et féminin sur les êtres sexués, si précision nécessaire) ;
Différencier le genre des personnes deviendra probablement un archaïsme au cours des prochaines décennies. Je crois qu'il ne devrait être précisé que par un adjectif, comme n'importe quel autre attribut. Ce qui, du reste, autorise beaucoup plus de nuances.
C’est bien possible, mais le détacher du nom ne ferait que rallonger l’expression de la chose, alors qu’avec un suffixe d’une ou deux lettres, ça peut être réglé.
On pourrait dire la même chose du pluriel – je crois que certaines langues n’ont pas de pluriel pour les noms et le traduisent dans un article.
beri dit :Ce qui me gêne en esperanto, avec le peu que j’en connais :
- pas de genre neutre : l’eo reste une langue à dominante masculine, les radicaux s’entendant souvent comme étant masculins (notamment viro)
- accusatif
- accord des adjectifs en accusatif et en nombre
- certains mots très courants (« petit ») sont très longs (« malgranda »)
- on n’a pas toujours 1 lettre = 1 phonème
- inconfort de lecture et de frappe en raison des accents
- volitif
- comme toutes les autres langues, elle ne permet pas de distinguer "les sauvages" de "les oies et "
Alors je maîtrise l'espéranto et sans être spécialiste, je pense que l'espéranto, de par son ancienneté, conservera encore longtemps le monopole des langues construites à vocation universelles. Je pense que même une langue objectivement et indiscutablement meilleure que l'espéranto ne parviendrait pas à le remplacer (malgré une réelle bienveillance des espérantophones face à la "concurrence"); mais que par contre l'espéranto comme les autres langues évoluera avec son usage et avec le temps. En fait, c'est déjà en train de se passer.
En tout cas concernant le problème du genre, à mon sens le plus gros problème de l'espéranto, plusieurs alternatives circulent. Le suffixe "icx" par exemple, est relativement utilisé et je ne me rappelle pas avoir rencontré quelqu'un qui ne le comprenne pas.
Le principe étant d'être le pendant masculin du suffixe "in" qui existe depuis le début. Le suffixe "icx" a pour conséquence de faire basculer la dominance masculine des mots. Alors que selon les règles le mot "kato" (chat) est par défaut masculin, avec le "icx", le mot "kato" devient neutre.
Pour le reste je n'ai pas vraiment de réponse à apporter… "petit" peut se dire "eta" aussi). Qu'est-ce que tu reproche à l'accusatif ? Il me semble que c'est un atout car il permet une flexibilité dans la construction des phrases.
Je veux bien te croire.l'espéranto, de par son ancienneté, conservera encore longtemps le monopole des langues construites à vocation universelles.
Je n’en ai jamais entendu parler. Tu veux dire qu’on aurait katino et katicxo ? Je ne vois même pas comment ça se prononcerait.En tout cas concernant le problème du genre, à mon sens le plus gros problème de l'espéranto, plusieurs alternatives circulent. Le suffixe "icx" par exemple, est relativement utilisé et je ne me rappelle pas avoir rencontré quelqu'un qui ne le comprenne pas.
C’est contre-intuitif pour de nombreuses langues et m’apparaît comme une complication non-nécessaire. Si par flexibilité tu parles de la possibilité de mettre les mots dans l’ordre qu’on veut, pour adapter la structure de la phrase à celle de sa propre langue, j’y vois un avantage très petit, car si c’est mieux pour toi qui formules, ça perturbera peut-être ton interlocuteur, dont la langue n’a pas la même structure de phrase. Donc l’un dans l’autre…Qu'est-ce que tu reproche à l'accusatif ? Il me semble que c'est un atout car il permet une flexibilité dans la construction des phrases.
L’accusatif n’est pas plus nécessaire que le datif, le vocatif, etc.