Euthanasie ?

Eric dit:Je crois qu'avant de lancer un débat sur l'euthanasie, il est urgent de revoir les termes. Le choix ne se résume pas entre euthanasie et acharnement thérapeutique.

Pour le malade, pourtant, en pratique, si. Soit on le maintien en vie, soit on lui prodigue des soins paliatifs qui restent sans espoir et ne font que prolonger une vie devenue désormais inutile aux yeux du malade...
Eric dit:Si ma mémoire est bonne (j'ai été amené à participer à deux ou trois débats sur la question), débrancher un malade n'est pas illégal en France, pas plus que de lui administrer, si nécessaire pour calmer sa souffrance des doses de calmant que l'on sait nocive...

J'avoue que là je ne sais pas trop : le premier cas, oui on peut débrancher un malade, cela a été légiféré récemment (dans les actes, fait depuis longtemps et admis). C'est considéré comme "ne plus donner de soins". Dans l'autre cas franchement je suis moins sûr : il y a acte d'une personne extérieure, mais veux tu dire des calmants, nocifs, régulièrement ou bien une dose léthale ?
BananeDC dit:
Eric dit:Je crois qu'avant de lancer un débat sur l'euthanasie, il est urgent de revoir les termes. Le choix ne se résume pas entre euthanasie et acharnement thérapeutique.

Pour le malade, pourtant, en pratique, si. Soit on le maintien en vie, soit on lui prodigue des soins paliatifs qui restent sans espoir et ne font que prolonger une vie devenue désormais inutile aux yeux du malade...


Effectivement. Le problème de l'euthanasie se pose justement dans le cas ou le corps médical reconnait son incapacité à rien pouvoir faire pour le patient qui puisse améliorer notemment son état, ou même l'empécher de continuer à se dégrader.

Mais nourrir par sonde quelqu’un qui est dans le comas, ce n’est pas de l’acharnement thérapeutique, c’est simplement l’empêcher de mourir de faim. Vous militeriez vraiment pour qu’on vous laisse mourir de faim ? Je ne nie pas l’existence de l’acharnement thérapeutique (qui pour moi relève de la même idée que l’euthanasie) mais attention à ne pas qualifier tout est n’importe quoi d’acharnement thérapeutique.
Et encore une fois, vous omettez tout le système de soins palliatifs qui n’ont pas pour but de guérir un malade mais bien de l’empêcher de souffrir…
Une petite précision quand même pour éclairer mon point de vue. Je suis fils de gériâtre (la branche de la médecine dans lesquelles les médecins sont le plus confrontés au problème de l’euthanasie et aux demandes d’euthanasie. Et dans ce domaine , 80% des demandes viennent non pas du malade et des familles. Les malades n’ont jamais fait de déclarations dans ce sens…
Et même s’ils en on fait une, il est difficile d’appliquer à quelqu’un de 110 ans qui s’acharne à vivre (même en état de démence sénile complète, alors que c’est un âge ou mourir n’est pas si difficile), des choses qu’il a dite quand il en avait 80.
Un extrait d’un truc que j’avais écrit ici
http://miettesdetheo.over-blog.com/article-6091363.html

En effet, légaliser l’euthanasie équivaudrait à dire que la souffrance rend le suicide acceptable… Message désastreux quand on sait à quel point le suicide fait des ravages. Bien sûr, une loi permettant l’euthanasie fixera un cadre strict mais le message n’en sera pas moins lancé (il l’est déjà beaucoup trop à mon goût). Et puis ce cadre, qui va le fixer ? Qui va décider à partir de quel degré de souffrance la mort devient une option acceptable ? Quel juge, quel médecin, quel dieu pourra dire « Effectivement votre cas est désespéré et insupportable, vous êtes autorisé à mourir » ou bien « non, vous n’avez pas encore atteint le seuil limite, patientez encore un peu… » ?
A mon avis une légalisation de l’euthanasie donnerait un message désastreux sur la valeur de la vie et poserait des questions insolubles : à partir de quand ? qui décide ? que faire face à l’inconscience et à la démence ?

Eric dit: Je ne nie pas l'existence de l'acharnement thérapeutique (qui pour moi relève de la même idée que l'euthanasie) mais attention à ne pas qualifier tout est n'importe quoi d'acharnement thérapeutique.
Et encore une fois, vous omettez tout le système de soins palliatifs qui n'ont pas pour but de guérir un malade mais bien de l'empêcher de souffrir...


je crois aussi comme éric qu'il faut être très précis et que la réalité est bien plus complexe et nuancée que les situations que vous proposez.
Comme lui, je pense qu'une réflexion sur l'euthanasie doit s'accompagner d'une réflexion sur les soins en fin de vie.
On ne peut pas proposer come seule alternative à un individu : si tu peines à mourir, on peut te faire mourir plus vite.
je crois que la question ne se pose pas uniquement en terme d'écourter le temps mais aussi et avant tout en terme d'amélioration de l'accompagnement, et ensuite en terme d'euthanasie, de mort choisie.
le défi n'est pas moins grand à relever en terme d'investissement humain et matériel.

C’est clair qu’il y a une différence entre alimenter quelqu’un dans le coma, et continuer à “soigner” envers et contre tout quelqu’un qui souffre, sans espoir de rémission…

Eric, concernant l’impact de l’euthanasie sur le suicide, je ne suis pas forcément d’accord avec toi…
Taux de suicide en France : 17.2 pour 100.000 personnes.
Taux de suicide aux Pays-Bas : 9.2 pour 100.000 personnes.
(source wiki, donc bon, peut-être pas le plus fiable)

Y’a un pays où c’est légalisé (et très strictement encadré) et l’autre où c’est défendu, pas bien, mal…

Comme je l’indiquais plus haut, les personnes que j’ai connues qui ont subi (vécu ?) une euthanasie n’avaient aucun désir de mourir plus tôt… mais vraiment aucun. Dire le contraire et que c’était pour eux une solution de facilité est pour le moins incorrect.

VigneuxAmsterdam dit:...
Je ne crois pas avoir dit que l'euthanasie était une solution de facilité. D'ailleurs je ne crois même pas que le suicide soit une solution de facilité...
Mais, pour se faire une idée du bien fondé de ma crainte, il faudrait regarder le taux de suicide aux Pays-Bas avant et après la légalisation de l'euthanasie, cela serait déjà plus précis (pas encore parfait, parce qu'il y aurait bien d'autres vecteurs à analyser, mais plus précis). De plus, il me semble que les Pays Bas sont bien plus en avance que nous concernant les soins palliatifs et l'accompagnement de la souffrance. Je crois que c'est vrai aussi pour la Belgique. Bref, si nous devons vraiment copier ce qui se fait dans ces pays concernant l'euthanasie, nous devrions peut-être commencer par copier tout ce qui se fait avant cette extrêmité...

Je me permet d’intervenir dans ce débat car ayant été confronté de trés près à ce problème.

Il est évident que ce n’est pas à la famille ou aux médecins de décider si un patient dans une situation désespérée doit mourir (et d’ailleurs la loi considère que c’est un meurtre même si les dernières affaires ont montrés que l’on ne condamne que les infirmières mais pas les médecins dans ce pays), mais lorsque un malade n’a plus aucun espoir, est diminué et souffre le martyre, etc…et que c’est lui qui demande de débrancher les tuyaux (sans lequels il ne pourrait d’ailleurs pas survivre), je pense qu’il faudrait le faire et donc je milite pour changer la loi.

Dans le cas précedement cité, la maladie à duré 3 ans, le patient atteint du lock-in syndrom donc entièrement paralysé mais parfaitement conscient et ne pouvant communiquer avec l’extérieur que par des clignement d’oeil, me l’a demandé plusieurs fois…et je n’ai pas eu les courage de le faire. (il faut aller contre toute l’éducation sociale, morale, religieuse que l’on m’avait inculquée et à 16 ans on en est pas capable!)

Aujourd’hui, 24 ans après, je regrette encore amèrement de ne pas l’avoir fait.

Pour rappel: deux contributions au débat, initialement postées dans “Présidentielles,demandez le programme”

Euthanasie:

Voici le texte de l’appel signé par plus de 2.000 soignants(non anonymes) en faveur de l’euthanasie. (non anonymes)




“Nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir…

Parce que, de façon certaine, la maladie l’emportait sur nos thérapeutiques, parce que, malgré des traitements adaptés, les souffrances physiques et psychologiques rendaient la vie du patient intolérable, parce que le malade souhaitait en finir, nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir avec décence.


Tous les soignants ne sont pas confrontés à ce drame, mais la majorité de ceux qui assistent régulièrement leurs patients jusqu’à la mort, utilisent, dans les circonstances décrites, des substances chimiques qui précipitent une fin devenue trop cruelle, tout en sachant que cette attitude est en désaccord avec la loi actuelle.

Des améliorations ont été apportées par les textes législatifs d’avril 2005 (loi Leonetti) mais elles sont insuffisantes. Les récentes mises en examen de médecins et d’infirmières ayant aidé leurs patients à mourir prouvent que la loi est toujours aussi répressive et injuste car en décalage avec la réalité médicale.


Aussi nous demandons :

l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires à l’encontre des soignants mis en accusation ;

une révision de la loi dans les plus brefs délais, dépénalisant sous conditions les pratiques d’euthanasie, en s’inspirant des réformes déjà réalisées en Suisse, en Belgique et aux Pays-Bas ;

des moyens adaptés permettant d’accompagner les patients en fin de vie, quels que soient les lieux (domicile, hôpital, maisons de retraite) et les conditions de vie.


Il s’agit là, d’accorder à chaque personne, une singularité, une valeur absolue, qui se nomme, selon le préambule et l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 : la dignité.”

(sources: nouvel obs )




Une réflexion, à titre personnel d’un pasteur, sur l’euthanasie que j’ai trouvé très pertinente:


La bonne mort

On aimerait que ce soit plus simple. Selon le camp dans lequel on se place, on aimerait que les opposants à l’euthanasie soient d’horribles bigots revendiquant une souffrance rédemptrice ou de terrifiants médecins se prenant pour Dieu et s’acharnant thérapeutiquement sur le malade, le transformant en champs de bataille contre la mort. Ou bien, à l’opposé, on aimerait que les partisans de l’euthanasie soient d’irresponsables eugénistes, estimant que donner la mort est aussi anodin qu’administrer un vaccin, ou d’infâmes comptables, calculant le prix que le malade va coûter à sa famille et à la société… Malheureusement, les choses ne sont pas si simples. Dans chaque camp, on trouve surtout des hommes et des femmes confrontés à l’insupportable question de la souffrance et tentant de trouver une attitude acceptable face à l’inacceptable. Ceci posé, je ne jouerai pas les normands, ni la carte du « sans opinion ». Je suis, personnellement, hostile à l’euthanasie et plus encore à sa légalisation (je peux en effet être relativement hostile à quelque chose tout en étant favorable à sa légalisation)

Je suis hostile à l’euthanasie, non pas à cause du caractère sacré de la vie, et certainement pas à cause du caractère rédempteur de la souffrance (je réfute catégoriquement cette idée). Mais les plaidoyers pour la « bonne mort » sont généralement structuré en trois axes, or je suis en désaccord complet avec deux des trois.

Je suis d’accord avec le premier axe : la souffrance doit être combattue sous toutes ses formes. Mais ici, il existe une voie autre que l’acharnement thérapeutique et l’euthanasie : les soins palliatifs. Une voie encore à peine explorée, une voie sans doute dispendieuse mais la vie et la dignité ont elles un prix ?

Le deuxième axe en revanche me pose problème : l’idée que la souffrance supprime (ou tout au moins diminue) la dignité humaine. Bien sûr l’idée n’est jamais exprimée aussi directement mais elle est bien présente dans « le droit à mourir dignement ». Or c’est une idée malsaine, voire dangereuse. La souffrance physique, la souffrance morale l’angoisse face à la mort ne diminuent en rien la dignité de l’individu, elles ne lui retirent rien de son caractère humain. Voilà ce qu’il est urgent d’affirmer. Et cette affirmation ne peut se limiter à un discours : il faut que tout soit mis en œuvre en termes d’accompagnement et d’éducation pour que dans notre regard et le sien, celui qui souffre reste entièrement un être humain digne de respect, digne de considération et digne d’être aimé.

Le troisième axe souvent utilisé me paraît ne pas tenir la route : le droit de chaque être humain à choisir sa mort est une illusion complète. Il est d’ailleurs assez paradoxal que dans le débat sur l ‘euthanasie, on oppose euthanasie et acharnement thérapeutique, alors qu’en fin de compte ils ressortent tous deux de la même conviction, de la même illusion que l’homme peut se rendre maître de sa mort… C’est justement cette illusion qui provoque ma très forte hostilité à une légalisation de l’euthanasie. En effet, légaliser l’euthanasie équivaudrait à dire que la souffrance rend le suicide acceptable… Message désastreux quand on sait à quel point le suicide fait des ravages. Bien sûr, une loi permettant l’euthanasie fixera un cadre strict mais le message n’en sera pas moins lancé (il l’est déjà beaucoup trop à mon goût). Et puis ce cadre, qui va le fixer ? Qui va décider à partir de quel degré de souffrance la mort devient une option acceptable ? Quel juge, quel médecin, quel dieu pourra dire « Effectivement votre cas est désespéré et insupportable, vous êtes autorisé à mourir » ou bien « non, vous n’avez pas encore atteint le seuil limite, patientez encore un peu… » ?

A mon avis une légalisation de l’euthanasie donnerait un message désastreux sur la valeur de la vie et poserait des questions insolubles : à partir de quand ? qui décide ? que faire face à l’inconscience et à la démence ?

C’est pour cela que je suis assez d’accord avec le verdict rendu par la Justice lors de l’affaire du Dr Laurence Tramois et de Chantal Chanel : c’est un verdict qui punit l’acte lui-même sans pour autant détruire la vie ni la carrière de celle qui l’a accompli, un verdict qui condamne l’euthanasie sans oublier qu’elle peut partir d’un sentiment de compassion.

(Sur miettes de théo)

Eric dit:Mais nourrir par sonde quelqu'un qui est dans le comas, ce n'est pas de l'acharnement thérapeutique, c'est simplement l'empêcher de mourir de faim. Vous militeriez vraiment pour qu'on vous laisse mourir de faim ?

Je parlais d'euthanasie, donc de quelqu'un qui est dans le coma sans espoir de retour, ou qui souffre en phase terminale, ou encore dans une situation de souffrance psychique car entièrement paralysée et consciente, bref ce genre de situation extrême. Je ne parlais bien sûr pas de faire mourir quelqu'un dont on est pas sûr de pouvoir le sortir de son coma. Non non, je parlais bien d'acharnement thérapeutique.
Eric dit: Je ne nie pas l'existence de l'acharnement thérapeutique (qui pour moi relève de la même idée que l'euthanasie)

Pas compris le sens de ta phrase. Acharnement thérapeutique= euthanasie ?
Eric dit:mais attention à ne pas qualifier tout est n'importe quoi d'acharnement thérapeutique.
Et encore une fois, vous omettez tout le système de soins palliatifs qui n'ont pas pour but de guérir un malade mais bien de l'empêcher de souffrir...

Pas du tout, mon propos se base justement au delà de ces soins palliatifs. Un malade pour qui la vie avec ou sans ces soins est un enfer.
Eric dit:Une petite précision quand même pour éclairer mon point de vue. Je suis fils de gériâtre (la branche de la médecine dans lesquelles les médecins sont le plus confrontés au problème de l'euthanasie et aux demandes d'euthanasie. Et dans ce domaine , 80% des demandes viennent non pas du malade et des familles. Les malades n'ont jamais fait de déclarations dans ce sens...

J'imagine aussi la souffrance des membres de la famille, la difficulté de prendre cette décision terrible, y compris pour le corps médical. Je m'imagine difficilement ces 80% de gens ayant pris une décision facile pour eux...Mais et les 20% qui restent ?
Eric dit:Et même s'ils en on fait une, il est difficile d'appliquer à quelqu'un de 110 ans qui s'acharne à vivre (même en état de démence sénile complète, alors que c'est un âge ou mourir n'est pas si difficile), des choses qu'il a dite quand il en avait 80.

Certes, c'est une question qui est et restera très difficile, aux frontières floues, et ce quelque soit la loi en vigueur.
En effet, légaliser l’euthanasie équivaudrait à dire que la souffrance rend le suicide acceptable… Message désastreux quand on sait à quel point le suicide fait des ravages. Bien sûr, une loi permettant l’euthanasie fixera un cadre strict mais le message n’en sera pas moins lancé (il l’est déjà beaucoup trop à mon goût). Et puis ce cadre, qui va le fixer ? Qui va décider à partir de quel degré de souffrance la mort devient une option acceptable ? Quel juge, quel médecin, quel dieu pourra dire « Effectivement votre cas est désespéré et insupportable, vous êtes autorisé à mourir » ou bien « non, vous n’avez pas encore atteint le seuil limite, patientez encore un peu… » ?
A mon avis une légalisation de l’euthanasie donnerait un message désastreux sur la valeur de la vie et poserait des questions insolubles : à partir de quand ? qui décide ? que faire face à l’inconscience et à la démence ?

Un interdiction n'en donne pas moins une impasse. Refuser à quelqu'un le droit de mourir alors qu'il endure mille tourments(et se contrefout probablement du cadre juridique sur son lit de mort) est profondément injuste. Dans ce cas aussi on décide "désolé mon pote, on trouve que tu souffres pas encore assez, on te préviendra quand pour nous tu atteins la limite".(12 ans plus tard...)
Eric dit: Bref, si nous devons vraiment copier ce qui se fait dans ces pays concernant l'euthanasie, nous devrions peut-être commencer par copier tout ce qui se fait avant cette extrêmité...

Sommes nous si en retard que ça ?
Eric dit: Je ne crois pas avoir dit que l'euthanasie était une solution de facilité. D'ailleurs je ne crois même pas que le suicide soit une solution de facilité...

Heureusement...
BananeDC dit: Sommes nous si en retard que ça ?


les unités spécialisées sont réellement en nombre insuffisant même s'il est en augmentation :
"En France, environ 150 000 personnes par an (sur 550 000 décès) meurent après une maladie longue et incurable et nécessiteraient des soins palliatifs. On dénombre actuellement 122 unités de soins palliatifs et 265 équipes mobiles, avec un total de 1 040 lits d’hospitalisation.
Les soins palliatifs et l'accompagnement sont toujours du ressort d'une équipe pluridisciplinaire, comprenant les médecins et l'équipe soignante, des psychologues et des accompagnants bénévoles.
Les unités de soins palliatifs
L’unité de soins palliatifs est un service hospitalier à part entière. La journée d’hospitalisation est prise en charge à 100 % par la sécurité sociale, mis à part le forfait hospitalier (environ 11 €uros par jour), souvent couvert par les mutuelles. Les accompagnants ne sont pas pris en charge.
L’accueil se fait par une équipe pluridisciplinaire de soignants et de bénévoles. Ils assurent ensemble une prise en charge technique et relationnelle exigeante. En moyenne, il y a 10-12 lits d’hospitalisation par unité et la durée moyenne du séjour se situe aux alentours de 30 jours.
Les équipes mobiles
Alors que plus de 70 % des Français souhaitent vivre leurs derniers instants chez eux, seul 1 décès sur 4 se produit au domicile. Pour finir ses jours à la maison, il est nécessaire de préparer l’hospitalisation à domicile, qui n’est jamais irréversible.
Pour cela, il est important qu’il y ait :
1 - une demande du patient,
2 - un environnement familial favorable,
3 - une équipe mobile de soins palliatifs,
4 - un médecin traitant,
5 - un retour possible à n’importe quel moment vers une structure hospitalière.
Les soins médicaux et para-médicaux sont pris en charge à 100 %, mais le remboursement des aide-ménagères et des auxiliaires de vie est soumis aux conditions de ressources.
Les équipes mobiles en soins palliatifs ont deux missions :
1 - coordonner cette hospitalisation à domicile avec les nombreux
intervenants, et les conseiller sur les soins à prodiguer,
2 - proposer leurs connaissances sur la prise en charge de la fin de vie
et de ses douleurs aux autres services hospitaliers qui en feraient la
demande.
Elles peuvent intervenir sur la demande des familles ou du médecin traitant, qui joue un rôle primordial de lien entre la ville et le monde hospitalier.
Aujourd’hui, nous sommes entrés dans une période de plein essor des unités et des équipes mobiles de soins palliatifs, mais leur nombre est encore insuffisant, compte-tenu de la demande grandissante de ce type de soins.
Dr Jean-louis Crouan"

(site doctissimo)

en fait, les fins de vie qui ne sont pas accompagnées en soins palliatifs font l'objet de soins indifférenciés à la toute dernière extrémité et la douleur est souvent traitée sous forme de doses de morphine très fortes qui soulagent mais qui ne remplacent pas un accompagnement psychologique du malade et de sa famille vers la mort.
or ce chemin-là est le plus délicat et les familles après le décès se retrouvent en manque de quelque chose quand il n'a pas été parcouru ou alors dans l'inconscience quasi totale du malade.

en complément il y a un lien vers un rapport d’information du sénat qui date de la session 98/99.
un peu ancien mais qui définit bien les objectifs de ces unités, notamment en termes d’accompagnement :

“Pour essayer de répondre à ces souffrances, ces angoisses, ces besoins, ces désirs, il faut accompagner le malade. Accompagner, c’est être auprès de lui là où il en est de ses pensées, de ses angoisses, quand il le désire. C’est respecter son rythme, son cheminement. C’est lui permettre d’exister en tant qu’être humain vivant et non en tant qu’objet de soins.
Il s’agit de fournir au malade, dans un contexte de vérité, les repères dont il a besoin, de façon progressive et adaptée à ce que l’on perçoit comme sa demande réelle, souvent assez éloignée de la demande exprimée quand la menace de mort apparaît.”


http://www.senat.fr/rap/r98-207/r98-207_mono.html

BananeDC dit:.
Eric dit: Je ne nie pas l'existence de l'acharnement thérapeutique (qui pour moi relève de la même idée que l'euthanasie)

Pas compris le sens de ta phrase. Acharnement thérapeutique= euthanasie ?

Je sais que c'est paradoxal mais comme je l'écrit dans l'article entièrement cité par Bertrand qui fait rien qu'à essayer de mon conforter dans mon attitutde de connard prétentieux, à mes yeux l'acharnement thérapeutique et l'euthanasie procèdent tous les deux du même fantasme de contrôle... En précisant bien que c'est évidemment une analyse à froid et distanciée, ça ne me viendrait pas à l'esprit de balancer ça à une famille face à la souffrance extrême pas plus qu'à un médecin qui refuse de voir mourir son patient (parce qu'il ne faut pas oublier qu'il y a de l'humain aussi derrière l'acharnement thérapeutique)
Batteran dit:
Seulement voilà, allez donc trouver un corps médical qui accepte de reconnaitre son incapacité à rien pouvoir faire pour un patient et prendre la responsabilité de lui offrir cette dernière porte...


:roll: Visiblement tu ne dois pas connaitre beaucoups de personnes du corps médical...

C'est facile de les juger en méconnaissant complétement ce qu'ils vivent dans l'exercice de leur profession...
Eric dit: Je sais que c'est paradoxal mais comme je l'écrit dans l'article entièrement cité par Bertrand qui fait rien qu'à essayer de mon conforter dans mon attitutde de connard prétentieux, à mes yeux l'acharnement thérapeutique et l'euthanasie procèdent tous les deux du même fantasme de contrôle...


dans le rapport sur les soins palliatifs il y a une analyse très proche.
car pour que les soins palliatifs soient acceptés en tant que discipline médicale, il est nécessaire d'accepter que la médecine classique ne peut plus rien mais "qu'en des circonstances précises, dont la durée peut être plus ou moins longue, des besoins nouveaux et immenses apparaissent, et qu'ils nécessitent, pour le patient et son entourage, une prise en charge adaptée."
(...)
"Et l'adjectif palliatif renvoie à " insuffisant ", à " expédient ", au renoncement et au fatalisme, alors que l'ambition des médecins est toujours de soigner, et que parfois même affleure celle de l'immortalité. Pour expliquer sa vocation de médecin, le Professeur Willy Rosenbaum avoue ainsi: " J'avais en tête un objectif immature et fantasmatique : rendre les gens immortels ". "
(...)
" Les soins palliatifs et l'accompagnement considèrent le malade comme un être vivant et la mort comme un processus naturel. Ceux qui les dispensent cherchent à éviter les investigations et les traitements déraisonnables. Ils se refusent à provoquer intentionnellement la mort. Ils s'efforcent de préserver la meilleure qualité de vie possible jusqu'au décès et proposent un soutien aux proches en deuil. Ils s'emploient par leur pratique clinique, leur enseignement et leurs travaux de recherche, à ce que ces principes puissent être appliqués. "
bertrand dit:
Batteran dit:
Seulement voilà, allez donc trouver un corps médical qui accepte de reconnaitre son incapacité à rien pouvoir faire pour un patient et prendre la responsabilité de lui offrir cette dernière porte...

:roll: Visiblement tu ne dois pas connaitre beaucoups de personnes du corps médical...
C'est facile de les juger en méconnaissant complétement ce qu'ils vivent dans l'exercice de leur profession...



Ne jugez pas aussi promptement que vous dénoncez, ça fait mauvais effet :pouicok:

Autant que j'ai du respect pour ces personnes en tant qu'individus, autant j'exprime tout mon scepticisme de connard prétentieux sur ce que j'appelle le "corps médical" :lol: .

Ma remarque (gratuite, c'est vrai) visait surtout l'incapacité de la loi, mais aussi du corps entier médical de France à reconnaitre ou faire reconnaitre l'euthanasie.

Bon, les choses avancent petit à petit. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose, c'est justement un des objets du débat! Mais force est de constater qu'aujourd'hui, la position du corps médical français sur la chose est moins abrupte que l'ancien serment d'hypocrate, mais reste assez floue.

Le meilleur exemple restant l'abandon de ces quelques ouailles égarées dans les tribunaux pour affaire d'euthanasie. Alors même qu'on admet de cesser de nourir des patients qu'on juge sans espoir pour les laisser mourir (de faim. Et ça se fait pas en un jour. Certes, ils ne sont plus censés ressentir de douleur mais quand même, c'est assez éprouvant pour la famille). La position n'est pas franche, je trouve. Et c'est d'autant plus dur pour ces individus confrontés à la réalité des choses, et coincées entre leur devoir, la demande des patients et de leur famille, la justice française, abandonnées par l'appareil médical... (ok, j'en rajoute dans le drama ^^)

C'était du moins l'idée :china: