Finition et Lassitude

Bonjour à tous !

Cela fait maintenant deux longues années que je travaille à mon jeu Puissances Médiévales. Deux ans de tests acharnés, de réflexions sur la mécanique, de parti pris esthétique, de recherches historiques…
Le jeu y a gagné en équilibre, en fluidité, en intérêt stratégique, en renouvellement des parties, en fidélité historique, en temps aussi ; il est désormais proche de ce que j’avais imaginé par rapport au thème. Et pourtant…

…alors que le jeu est presque présentable (le presque, c’est parce qu’il y a toujours à améliorer ; et la moindre modification remet en question tout l’équilibre du jeu ), je ressens comme une lassitude alors que j’en suis à la dernière ligne droite. Un sentiment d’avoir visualisé toutes les stratégies abordables (et pas qu’en test). Et surtout, un désintérêt, relatif, alors que le jeu est abouti. Ou comment créer le jeu dont on avait envie pour finalement ne plus avoir envie d’y jouer alors qu’il est terminé !!

Il faudrait vraiment que je passe à une autre création mise sur la touche durant ce temps. Ou bien faire un dernier effort pour enfin en finir.

Ca vous est arrivé aussi ?

Oui et j’ai pour cela deux explications possibles, je me garde bien de choisir entre les deux et je pense qu’elles sont toutes deux exactes.

- La lassitude dont tu parles et tout à fait compréhensible, même le meilleur des mets s’il est servi à tous les repas devient fade …

- La peur face à l’échéance du jugement, en effet notre cerveau est ainsi fait qu’il nous est très facile de nous mentir pour nous faire avaler des couleuvres et ne pas affronter la vérité.

Si tu penses que ton jeu est “terminé” alors laisse le de côté quelques temps histoire que La vraie lassitude ne soit plus là et ensuite fonce :wink:

Ceci étant dit je devrais en faire de même au lieu de donner des conseils :roll:

2 ans sur le même jeu, j’en serai totalement incapable!! Je suis obligé de passer d’un projet à un autre pour que chacun d’eux avance. Passer à autre chose puis revenir sur le jeu est le meilleur moyen, de par chez moi, d’avoir plein d’idées et d’avoir un nouveau regard…Cela permet d’éviter la lassitude qui te guette! Et au final, je reste convaincu que la durée de création globale n’est pas augmentée tant que cela…

Les deux ans ont tout de même complètement changé le jeu ; au départ, je voulais un jeu sans hasard, à tendance allemande ; puis j’ai intégré des éléments historiques et du hasard, ce qui a été problématique pour l’équilibrage. En cela, j’ai vraiment eu l’impression d’avancer dans la bonne direction, avec beaucoup de motivation.

La lassitude n’est pas de l’ordre de la création, mais est liée au plaisir de jouer. Je connais le jeu sous tous ses angles et il ne me délivre beaucoup moins de surprise qu’avant. On pourrait cependant dire que c’est le cas pour la majorité des jeux ; en fait c’est vraiment dommage de ne pouvoir apprécier pleinement un jeu qu’on a créé une fois abouti. Le pire, c’est qu’on risque de ne plus avoir assez de recul sur certains éléments.
Je pense que je vais définitivement le terminer puis le mettre de côté pendant un certain temps. J’ai 2-3 autres projets sur le feu. Celui-ci était quand même le plus ambitieux.

astur dit:- La peur face à l'échéance du jugement, en effet notre cerveau est ainsi fait qu'il nous est très facile de nous mentir pour nous faire avaler des couleuvres et ne pas affronter la vérité.


Ah celle-là je la connais... :D dur dur de trouver le sommeil c'est dernier temps... Plus qu'un pas à faire et dix milles questions dans la tête... Vivement la semaine prochaine car après y'aura plus le choix ni de question a ce poser. Faudra foncer.

pareil que sebduj mais en plus lent. :mrgreen:

Salut,

essaye de rester 2 ans non-stop à jouer sur n’importe quel titre du commerce je te garantie que tu va te lasser avant l’échéance…

cela dit essaye peut-être de faire autre chose, puis de finaliser le tout et de le présenter dans le même temps, histoire que tu sois motivé car si tu présente ton jeu en commençant par:

“bon, alors voilà mon jeu, il me lasse, mais sinon il est pas mal” à mon avis c’est pas gagné,

Bon courage dans tous les cas. ++

Je vis souvent ces phases de mini-déprime vis-à-vis d’un jeu, et de La Terre des Dieux en particulier. 2 ans aussi sur ce proto, mine de rien c’est long. :oops:

J’ai connu des périodes vraiment déprimantes après Cannes et le SJSP, le tout fortement aidé par le manque de répondant d’éditeurs qui promettent du temps qu’ils n’ont pas. :china:

Astur soulève exactement ce qui motive ces mini-déprimes. (Et je parle de déprime parce que mon moral était vraiment très bas à ces moments là). J’ai mis du temps à identifier parce que c’est plus ou moins inconscient. :)

Qu’est-ce qui m’aide à m’en sortir?
:arrow: d’une en parler. C’est pas une psychothérapie, hein, mais ça soulage quand même
:arrow: de deux attaquer autre chose, un nouveau jeu comme moi avec les Royaumes Combattants ou Amik
:arrow: confier des protos à des testeurs pour qu’ils fassent leurs propres retours. Ils agiront comme des rappels rassurants.
:arrow: faire autre chose, comme passer du temps avec sa femme. Bien, ça

Courage en tout cas :wink:

C’est sans doute lié au type de jeu que tu crée ? (équilibre, gestion,…)

Je ne me lasse jamais, pour la raison suivante : je n’ai pas beaucoup de testeurs, et ceux-ci ne sont pas corvéables à merci :mrgreen: mes occasions de faire des tests sont donc assez rares.

Du coup, mes jeux sont très vites bouclés.

Je les amène la première fois autour d’un groupe de testeurs, pour un test que j’appelle “Ca passe ou ça casse”. C’est généralement lors de ce 1er test que je poursuis le jeu ou bien qu’il passe à la trappe :mrgreen:

Je suis très attentif lors de ce 1er test. S’il est concluant, si la mayonnaise prend, j’en fais un 2e, lors duquel j’applique les principales modifications (améliorations?) du jeu résultant de la 1ere partie.

Ensuite, ce sont surtout des modifs à la marge, qui viennent toutes seules au fil des tests - pour les tests ultérieurs, mes testeurs sont motivés, ils participent largement aux modifs “à la marge”.

J’observe qu’il se crée autour du proto une sorte de “folklore” composées de pratiques verbales et gestuelles, qu’il est très important de retenir : elles servent notamment dans l’écriture des règles, pour le choix des termes à employer.

Bref, je crée le jeu, je fais un test, s’il est concluant je modifie et en fais un 2e… et ensuite j’y joue en faisant des modifs à la marge, en fonction des réactions de mes testeurs. Au bout d’une 10ene ou 15ene de parties, le jeu est “stabilisé”.