Day 11
Je suis comme les vautours, moi, les cadavres, je les sens à des lieues à la ronde.
J’ai découvert les restes d’une diligence incendiée, et quelques yards plus loin, ce qui avait dû être un riche commerçant qui avait réussi à ramper avant de rendre son dernier souffle.
On ne se refait pas: je lui ai fait les poches avant de lui creuser une tombe de fortune. Bien m’en a pris, ce mec était probablement brillant dans son domaine, et c’est bibi qui en profitera.
Prudence est mère de sûreté, j’ai vite fichu le camp, pour planter ma tente au milieu d’un convoi. J’y ai fait la rencontre d’un joueur de banjo qui a écrit une chanson sur mes exploits, si peu honorables soient-ils.
Day 12Voilà longtemps que je ne me suis pas fait une petite diligence, et ce n’était pas par apathie pour la chose, croyez-moi, mais les opportunités ne sont guère légion pour qui évite les sentiers mille fois battus.
L’occasion s’est présentée aux premières heures de l’après-midi.
Je n’étais pas trop rouillé, et ai pu faire parler mon canon.
Day 13J’ai marché toute la nuit jusqu’à rallier un village perdu au milieu de nulle part.
C’est ici que j’ai à nouveau entendu parler de la jeune Martha, qu’on surnommait Calamity Jane dorénavant.
Il était devenu clair qu’avec autant d’avis de recherche exhibant ma tête à la populasse, des chasseurs de prime devaient être à mes trousses. Je ne pouvais décemment pas continuer à me déplacer à pied. Je me suis donc offert une folie: un cheval. Alors pas le fougueux étalon qui fait fantasmer les jeunes cowboys, non une rosse au pas sûr qui ne déchaussera pas au premier caillou.
Le maire a proposé de m’héberger en échange d’un coup de main au cimetière. Que cela ne tienne ! Et ce n’est pas comme-ci je ne m’y connaissais pas en moribonds. Aux premières lueurs du jour, je reprenais la route.
Ce maire, aussi aimable fût-il, n’aurait pas tardé à faire le lien entre ma cabosse mal rasée et les dessins me représentant plus ou moins, et même pas vraiment si vous voulez mon avis, placardés aux quatre coins de sa ville.
Day 14Sacramento! Et c’est, fourbu, sur le dos de mon fidèle destrier, que j’atteignis Sacramento.
Le journaliste croisé quelques jours plus tôt avait parlé de moi au journal de la région, qui a dépêché un jeune stagiaire pour entendre mon récit.
Plus une seule rombière n’ignore que j’existe maintenant. Le sort me sourirait-il ? Orville, tu vis probablement tes dernières heures de célibat, pardi.
Day 15Levé dès l’aurore, je n’ai pu m’empêcher de voler une valise à l’arrière d’une diligence, pendant que le cocher aidait les dames à descendre.
Je me suis ensuite rendu au cadastre acquérir un petit lopin de terre pour m’établir.
Enfin, avant toute chose, je suis allé vendre mes talents au croque-mort du cru qui s’est empressé de m’engager, m’assurant une solde pas trop dégueu.
Pour célébrer l’événement, je suis allé vider quelques verres au saloon, où j’ai une nouvelle fois manquer de briller au poker.
Les hommes de loi ayant eu vent de mon arrivée sont venus m’arrêter.
J’en ai été quitte de mon passif après avoir payé une lourde amende de 18$.