[Greed] Partage équitable

[Greed Incorporated]

Greed est un jeu pour le moins déboussolant au premier abord. Pendant notre première partie, nous nous sommes beaucoup demandé comment partager équitablement les profits du traitement de nos marchandises en marchandises de plus grande valeur. Après coup, voici le résultat de mes réflexions pour une transaction concernant 2 joueurs. Je serai heureux de lire vos commentaires.


Archibald et Bécassine engagés dans une partie de Greed très disputée décident de mettre en commun quelques marchandises et usines pour gagner un gros paquet d’oseille. Farouchement décidés à ne pas donner à l’autre le moindre million auquel il n’a pas droit, ils se demandent comment répartir équitablement les profits.

Archibald possède des marchandises pour une valeur de 200 M, Bécassine pour 100 M. Combinées, leurs marchandises peuvent générer 900 M. Archibald réclame un partage 600 M / 300 M en sa faveur parce qu’il apporte les 2/3 des marchandises. Bécassine rétorque que les marchandises initiales d’Archibald représentent seulement 100 M de plus que les siennes et qu’il ne mérite donc que 100 M de plus qu’elle dans le partage, soit 500 M / 400 M. Un autre joueur se croit permis de faire remarquer qu’il serait plus juste qu’ils se partagent équitablement les bénéfices 450 M / 450 M. Comme ce joueur occupe un siège de CFO dans la compagnie de Bécassine, les deux autres écoutent ce conseil avec suspicion.

Voyons comment nous pouvons aider Archibald et Bécassine.

Tout d’abord, remarquons que Bécassine dispose d’un siège de CFO et d’un siège de COO dans la société d’Archibald tandis qu’Archibald n’a aucun siège dans la société de Bécassine où celle-ci est elle-même uniquement CEO. Ainsi, chaque million dans les caisses d’Archibald rapporte presque autant à Bécassine, tandis que chaque million dans les caisses de Bécassine rapporte davantage aux joueurs n’ayant pas participé à l’opération (d’où le conseil intéressé du CFO de Bécassine). Clairement, il faut transférer un maximum de fonds dans la caisse de la société d’Archibald, mais combien ?

Estimons au préalable les participations de chacun dans les deux compagnies.
Archibald est CEO de sa compagnie, soit 40%.
Bécassine est CEO de sa compagnie, soit 40%.
Bécassine est aussi CFO et COO dans la compagnie d’Archibald. On peut considérer qu’elle sera virée en même temps que le CEO et touchera 20%, ensuite elle sera promue de COO à CEO et touchera encore 40% des 40% restant quand elle sera virée. En tout, sa participation est donc de 36% (20% + 40% x 40%).

Si Archibald et Bécassine ne font pas affaire, Archibald vendra ses 200 M de marchandises qui rapporteront 80 M à lui-même et 72 M à Bécassine. Bécassine vendra ses 100 M de marchandises qui lui rapporteront 40 M, et rien à Archibald.
Gain pour Archibald : 80 M. Gain pour Bécassine : 112 M.

Ainsi, si l’affaire ne se fait pas, Bécassine gagne 32 M de plus qu’Archibald, au grand étonnement d’Archibald. Si l’affaire se fait, un partage équitable devrait respecter ce petit bonus de 32 M en faveur de Bécassine.

Comment donc répartir les gains ?

Posons :
%A/A : la participation d’Archibald dans la société d’Archibald = 40%
%A/B : la participation d’Archibald dans la société de Bécassine = 0%
%B/A : la participation de Bécassine dans la société d’Archibald = 36%
%B/B : la participation de Bécassine dans la société de Bécassine = 40%
VA : valeur des marchandises d’Archibald = 200
VB : valeur des marchandises de Bécassine = 100
VF : valeur finale des marchandises après transformation = 900
GA : le gain d’Archibald à déterminer
GB : le gain de Bécassine à déterminer

On a :
— La valeur finale est le gain d’Archibald + le gain de Bécassine :
(1) : GA + GB = VF
— Le bénéfice de Bécassine (32 M) est préservé après transformation des marchandises :
(2) : (%A/A - %B/A) x (GA - VA) + (%A/B - %B/B) x (GB - VB) = 0

La résolution de ce système donne :
GA = 745 M : la part des 900 M qui va dans les caisses de la société d’Archibald.
GB = 155 M : la part des 900 M qui va dans les caisses de la société de Bécassine.

Ainsi, Archibald gagne 745 M x 40% = 298 M. Bécassine gagne 745 M x 36% + 155 M x 40% = 268 + 62 = 330 M, soit 32 M de plus qu’Archibald comme il était souhaité, bien que 83% du montant aille dans les caisses d’Archibald.

Remarquons qu’ensemble, ils gagnent 628 M soit 70% des 900 M, ce qui est évidemment beaucoup plus que lors d’un partage 600 / 300 (et encore plus 500 / 400).


Deuxième exemple.

Archibald apporte pour 60 M de marchandises. Il est COO de la société de Bécassine.
Bécassine apporte pour 40 M de marchandises. Elle n’est pas impliquée dans la société d’Archibald.
Profit attendu : 580 M.

On a :
%A/A : la participation d’Archibald dans la société d’Archibald = 40%
%A/B : la participation d’Archibald dans la société de Bécassine = 20%
%B/A : la participation de Bécassine dans la société d’Archibald = 0%
%B/B : la participation de Bécassine dans la société de Bécassine = 40%
VA : valeur des marchandises d’Archibald = 60
VB : valeur des marchandises de Bécassine = 40
VF : valeur finale des marchandises après transformation = 580

La résolution du système donne :
GA = 220 M : la part des 580 M qui va dans les caisses de la société d’Archibald.
GB = 360 M : la part des 580 M qui va dans les caisses de la société de Bécassine.

Archibald gagne 220 M x 40% + 360 M x 20 % = 88 + 72 = 160 M.
Bécassine gagne 360 M x 40% = 144 M.
La différence est de 16 M en faveur d’Archibald.


Dans une partie où les joueurs se montrent moins rapaces qu’Archibald et Bécassine (bien que ce soit contraire à l’esprit du jeu), ils pourront trouver négligeable de préserver le bonus éventuel de l’un des participants. Dans ce cas, les critères déterminant pour la répartition des gains sont :
— la participation de chacun dans la société de l’autre;
— la nécessité d’obtenir de l’argent à cours terme plutôt qu’à moyen terme;
— la nécessité de ne pas favoriser excessivement un joueur dangereux ne participant pas à l’échange mais siégeant dans l’une des sociétés;
plutôt qu’un critère secondaire comme la part des apports initiaux de chacun.

Sur le problème d’une juste répartition, j’ai pas le temps d’y réfléchir tout de suite, 2-3 remarques cependant :

Rien n’assure que Bécassine soit promu directement de COO à CEO, il arrive souvent que le 2ème CFO ne se vire pas lui même et abandonne ses 20% pour 40% le tour suivant. Dans la même veine le 1er CFO a régulièrement tendance à voter contre le second.

Je ne suis pas sûr que l’on puisse répondre à cette question “si simplement”, en effet il y a d’autres facteurs à prendre en compte, comme l’argent que chacun a pour l’instant accumulé, le prix des PV, les faillites pré-senties etc…

En tout cas il est évident que les participations de chacun dans les différentes entreprises est un élément majeur à prendre en compte, puisque c’est le moteur même du jeu.

Une réponse plus mathématico-réfléchie la semaine prochaine :oops:

Nous aussi, on est en phase de défrichement des intérêts croisés de chacun pour ne pas se faire enfler. On rame encore sévèrement, mais on avance. Si les calculs de pyjam sont assez hallucinants et que je joue plus au feeling, la réflexion générale m’intéresse beaucoup.

Un autre point à ne pas négliger : quelqu’un qui achète une entreprise supplémentaire à l’antépénultième tour est idéalement placé pour enfumer tout le monde à la dernière enchère. En effet il commence l’avant dernier tour avec une entreprise qui a uniquement un CEO, et ensuite il suffit qu’il se prenne comme CFO pour récupérer tout le fric de son autre entreprise via une manoeuvre douteuse, délestant par là même 2 CFO pendant que lui se prendra 60% du cash au dernier tour (voir 80% si on le laisse faire).

Je suis d’accord avec RicoH, il manque certains paramètres (difficiles à modéliser) mais c’est un bon point de départ pour y voir plus clair. Beau boulot, mais personnellement je n’appliquerai jamais ta formule dans une partie de Greed. Le jeu laisse une liberté énorme, je préfère y jouer de manière spontanée et créative tout en m’amusant.

En situation réelle cela dit je suis preneur :mrgreen:

L’idée de ce travail est bien sûr d’avoir une base mathématique pour débuter une réflexion. Je ne dis pas qu’il faut appliquer les formules aveuglément.

Si cela intéresse, je peux également poster les formules pour un partage dans une négociation à 3 joueurs.

juste une question.
Il y a le CEO,CFO, COO et 3 emplacements mais ce 3ème ne peut jamais être pris, non ?

Est ce qu’une tactique ne serait pas comme le dis Ricoh d’avoir 2 entreprises :
1 ou l’on est complétement au conseil d’admin et une autre qui produit des supers trucs.
La 2ème file ses ressources à la première, qui se gave.
On coule ensuite la première (ou mieux, on se vire juste son CEO et on repasse CEO avec son CFO)
On rachète une nouvelle compagnie, on se place au conseil d’admin et on recommence.

En fait il y a 1 CEO, 2 CFO et 3 COO

RicoH dit:En fait il y a 1 CEO, 2 CFO et 3 COO


d'accord mais c'est donc le 3ème emplacement COO que je ne voit pas de comment il pourrait être pris.
RicoH dit:En fait il y a 1 CEO, 2 CFO et 3 COO

Je crois vraiment que tu fais une erreur : il y a 1 CEO, 1 CFO, 1 COO, et 3 postes en attente de promotion dont le dernier ne peut pas être occupé.
benben dit:Est ce qu'une tactique ne serait pas comme le dis Ricoh d'avoir 2 entreprises :
1 ou l'on est complétement au conseil d'admin et une autre qui produit des supers trucs.
La 2ème file ses ressources à la première, qui se gave.
On coule ensuite la première (ou mieux, on se vire juste son CEO et on repasse CEO avec son CFO)
On rachète une nouvelle compagnie, on se place au conseil d'admin et on recommence.

C'est même la base du succès.
pyjam dit:
benben dit:Est ce qu'une tactique ne serait pas comme le dis Ricoh d'avoir 2 entreprises :
1 ou l'on est complétement au conseil d'admin et une autre qui produit des supers trucs.
La 2ème file ses ressources à la première, qui se gave.
On coule ensuite la première (ou mieux, on se vire juste son CEO et on repasse CEO avec son CFO)
On rachète une nouvelle compagnie, on se place au conseil d'admin et on recommence.

C'est même la base du succès.


Je ne suis pas sûr que ce osit la base du succès. C'est très cher, relativement lent et pas facile pour le timing qui reste primordial dans le jeu. C'est super fort pôur être super riche à la fin, mais ce n'est pas le but du jeu.

Pour l'instant, clairement, je préfère me placer chez les autres que de me placer chez moi. C'est moins risqué, très rentable, et on peut négocier entre joueurs plus facilement (puisqu'on gagne sur les deux tableaux quand même). Normalement, les joueurs font aussi très attention à ne pas laisser dans les mêmes mains deux entreprises qui "combotent" pour éviter une envolée du cash d'un joueur.
pyjam dit:
RicoH dit:En fait il y a 1 CEO, 2 CFO et 3 COO

Je crois vraiment que tu fais une erreur : il y a 1 CEO, 1 CFO, 1 COO, et 3 postes en attente de promotion dont le dernier ne peut pas être occupé.

Autant pour moi
loic dit:
pyjam dit:
benben dit:Est ce qu'une tactique ne serait pas comme le dis Ricoh d'avoir 2 entreprises :
1 ou l'on est complétement au conseil d'admin et une autre qui produit des supers trucs.
La 2ème file ses ressources à la première, qui se gave.
On coule ensuite la première (ou mieux, on se vire juste son CEO et on repasse CEO avec son CFO)
On rachète une nouvelle compagnie, on se place au conseil d'admin et on recommence.

C'est même la base du succès.

Je ne suis pas sûr que ce osit la base du succès. C'est très cher, relativement lent et pas facile pour le timing qui reste primordial dans le jeu. C'est super fort pôur être super riche à la fin, mais ce n'est pas le but du jeu.
Pour l'instant, clairement, je préfère me placer chez les autres que de me placer chez moi. C'est moins risqué, très rentable, et on peut négocier entre joueurs plus facilement (puisqu'on gagne sur les deux tableaux quand même). Normalement, les joueurs font aussi très attention à ne pas laisser dans les mêmes mains deux entreprises qui "combotent" pour éviter une envolée du cash d'un joueur.

Amha la clef du succès c'est un mélange des 2 : bien se placer chez les autres au début, puis chez soi pour la fin de partie

Pas trop court en 8 tours à 4?
RicoH dit:
Pas trop court en 8 tours à 4?


Non, ça passe. Le jeu est vraiment basé sur un turn over rapide des entreprises. Même 3 tours à la tête d'une entreprise peuvent suffire si on a su se placer correctement chez les autres.
Hier, j'ai échangé un charbon contre un sable avec A. Avec ce sable, j'ai fait 2 maisons, puis j'ai échangé cette maison contre le charbon du début, pour finir par revendre ce charbon à un joueur faisant du textile hors de prix dont j'étais dans la société. Greed est un jeu de timing et il est souvent (même si chaque situation est unique) préférable de faire un peu de fric vite que beaucoup lentement.
RicoH dit:Amha la clef du succès c'est un mélange des 2 : bien se placer chez les autres au début, puis chez soi pour la fin de partie

Comment tu fais pour décider dans quelle entreprise tu te places ?
pyjam dit:
RicoH dit:Amha la clef du succès c'est un mélange des 2 : bien se placer chez les autres au début, puis chez soi pour la fin de partie

Comment tu fais pour décider dans quelle entreprise tu te places ?

Évidemment tu ne décides pas vraiment, mais tu peux essayer d'influer sur les décisions.

Déjà il faut un peu de moule, et avoir un asset à proposer qui convienne bien à une entreprise dans laquelle il reste des places intéressantes.

Tu peux aussi essayer de créer un partenariat privilégié avec quelqu'un, je me place chez toi, toi chez moi et on se facilite les choses pour les échanges.

On a également poussé nos négociations jusqu'à des promesses d'embauche le tour suivant.