Eric dit:En fait, pour moi ça pose une question pas inintéressante sur le statut de la création et sur notre relation à l'imaginaire. Est ce que J K Rowling (ou n'importe quel autre auteur) en sait plus que moi sur la vie 'hors roman" de ses personnages ?
Intéressante question ! Qui en rejoint une autre : à qui "appartient" le personnage, une fois livré à l'imagination du public ? A l'auteur qui en fait donc ce que bon lui semble ? Ou quelque part aux lecteurs qui s'approprient l'oeuvre ? Comme ceux de Conan Doyle qui militèrent pour que l'auteur ressuscite le héros dont il avait décidé la disparition...
Un héros doit-il absolument "appartenir" à quelqu'un? Le monde de Sophie explore une piste intéressante : celle de "l'autonomie" des personnages de fiction.
Ceci dit du point de vue de l'auteur il est quand même clair et net que seul l'auteur connait la plupart des tenants et aboutissants de son histoire et de ce qui est hors champs car il s'agit bien là de "création". Et l'auteur met un peu de lui-même dans ses personnages ou l'histoire. Les personnages étant en quelques sorte une "extension" (c'est fort comme terme mais je ne trouve pas mieux) de l'auteur, lui seul peut répondre de manière cohérente aux questions du public.
Après chacun assimile l'histoire et ses personnagesà sa manière et l'on peut dire qu'il existe autant de version du seigneur des anneaux que de personnes qui l'ont lu. Et à ce titre chaque lecteur s'est un peu approprié l'histoire et les personnages. ce qui lui donne un début de légitimité pour en discuter avec l'auteur (mêmem si celui-ci possède des arguments plus importants dans toute discussion ca il a du forcément faire un plan, une liste, de son monde. L'oeuvre est toujours réductrice par rapport à ce qu'il y a dans la tête d'un auteur.
Vieux chat dit:lui seul peut répondre de manière cohérente aux questions du public.
je pense qu'il reste cependant des questions que l'auteur lui même ne s'était jamais posées, et qui le surprendrait si ces lecteurs pouvaient l'interpeler - un peu comme il serait vain pour un mj de vouloir prévoir toutes les réactions de ses joueurs...
Ce qui est génial, c'est que si on cherche ce texte sur le net ("Actes du Séminaire de la Tour Noire" sur google), on tombe sur une demie douzaine de sites ou il est pris au premier degré, rigolo.
Vieux chat dit:lui seul peut répondre de manière cohérente aux questions du public.
je pense qu'il reste cependant des questions que l'auteur lui même ne s'était jamais posées, et qui le surprendrait si ces lecteurs pouvaient l'interpeler - un peu comme il serait vain pour un mj de vouloir prévoir toutes les réactions de ses joueurs...
Lors de la dissection de textes en cours de français ou d'anglais je me demandais toujours si l'auteur avait vraiment voulu dire tout cela...
Vieux chat dit:lui seul peut répondre de manière cohérente aux questions du public.
je pense qu'il reste cependant des questions que l'auteur lui même ne s'était jamais posées, et qui le surprendrait si ces lecteurs pouvaient l'interpeler - un peu comme il serait vain pour un mj de vouloir prévoir toutes les réactions de ses joueurs...
Lors de la dissection de textes en cours de français ou d'anglais je me demandais toujours si l'auteur avait vraiment voulu dire tout cela...
Bien sûr !
L'important n'est peut etre pas ce que l'auteur a voulu y mettre, mais ce qu'on y trouve.
Vieux chat dit:lui seul peut répondre de manière cohérente aux questions du public.
je pense qu'il reste cependant des questions que l'auteur lui même ne s'était jamais posées, et qui le surprendrait si ces lecteurs pouvaient l'interpeler - un peu comme il serait vain pour un mj de vouloir prévoir toutes les réactions de ses joueurs...
Ce n'est pas parce qu'il ne s'est jamais posé ces questions qu'inconsciemment elles n'ont pas "déjà" une réponse. Comme on dit il y a souvent plus dans un texte que ce qu'on voulait y mettre. Mais ce "plus" vient forcément de celui/celle qui a écrit. C'est cela que je voulais dire : toute question en suspens à forcément une réponse dans la psyché de l'auteur. Que ce soit conscient ou inconscient. Après est-ce la "meilleure" réponse c'est une autre histoire Car après tout seuls compte ce qui est écrit.
Vieux chat dit:lui seul peut répondre de manière cohérente aux questions du public.
je pense qu'il reste cependant des questions que l'auteur lui même ne s'était jamais posées, et qui le surprendrait si ces lecteurs pouvaient l'interpeler - un peu comme il serait vain pour un mj de vouloir prévoir toutes les réactions de ses joueurs...
Lors de la dissection de textes en cours de français ou d'anglais je me demandais toujours si l'auteur avait vraiment voulu dire tout cela...
Souvent, et sans même s'en apercevoir. Ma professeur de français en 6eme avait l'exercice en inverse : on avait écrit des histoires et elle en faisait l'analyse. C'était impressionant de voir son texte disséqué, surtotu qu'après coup on se rendait compte de chose que l'on avait faite inconsciemment. Le texte que j'avais fait était triste et évoquait un "jardin secret". Or toutes mes descriptions était dans le champs lexical de la saleté (des murs sales, poussiéreux etc..) au contraire du champs lexical décrivant ce fameux jardin secret. Je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais "choisi" ce champs lexical de la saleté. Mais après y avoir réfléchi c'était bien l'effet que je voulais provoquer ... Bref cette analyse de texte en avait révélé plus que ce que j'avais essayé d'y mettre, mais sans rien découvrir de "nouveau".
Ceux qui s'emparent d'un texte et qui essaie de rajouter ce qui est hors-champ ne font qu'écrire une nouvelle histoire, pas le prolongement de celle déjà écrite.
Par apport au texte, en fac de théo comme en fac de lettre on nous rappelait les trois intentions : l’intention de l’auteur, l’intention du texte, l’intention du lecteur. En bref, ce que l’auteur veut dire, c’est bien mais c’est jamais qu’un tiers de ce que le texte me dit… (sinon quand je posais la question, je ne pensais pas vraiment à de la propriété intellectuelle au sens juridique du terme, je me demandais juste si hors roman, un auteur a vraiment le droit de m’imposer telle ou telle vision de son personnage. Elle a fait son travail d’écrivain, je fais mon travail de lecteur et c’est de ces deux travaux que nait mon Dumbledore
Vieux chat dit:Un héros doit-il absolument "appartenir" à quelqu'un?
Je ne dis pas que c'est un devoir, mais c'est un fait dans le sens où une foultitude de personnes vont chercher à se l'approprier. Tant que cela reste dans la sphère privée, qu'importe. Mais lorsque cela influence le travail de l'auteur, cela pose question.
Les personnages étant en quelques sorte une "extension" (c'est fort comme terme mais je ne trouve pas mieux) de l'auteur, lui seul peut répondre de manière cohérente aux questions du public.
Vrai. Mais comment réagir face aux questions les plus farfelues des fans ? Dans le cas de Rowling, elle a tellement bossé son univers qu'elle peut difficilement être prise au dépourvue. Mais c'est loin d'être le cas pour tous.
L'oeuvre est toujours réductrice par rapport à ce qu'il y a dans la tête d'un auteur.
Je ne dis pas que c'est un devoir, mais c'est un fait dans le sens où une foultitude de personnes vont chercher à se l'approprier. Tant que cela reste dans la sphère privée, qu'importe. Mais lorsque cela influence le travail de l'auteur, cela pose question.
Il est normal d'assimiler ses lectures je trouve. Après il s'agit de fiction, d'imaginaire. Même portées sur la place publique les questions saugrenues des fans restent ce qu'elles sont : des questions saugrenues, et de toute façon l'auteur fait ce qu'il veut (ceci dit il est vrai que parfois un auteur va ressusciter un héros pour faire plaisir à ses lecteurs..) Pour des documentaires là oui cela poserait question car cela aurait un rapport avec l'Histoire (avec un graaaaaand H) et donc des manipulations possibles. Après tout si j'en ai envie je peux considérer que Dumbledore n'est pas homo mais bi, ou rien du tout ou que c'est un truc de façade ou encore d'autres choses. Ceci dit quel auteur peut écrire à partir de rien? (c'est-à-dire sans influence aucune du monde extérieur)
Mais comment réagir face aux questions les plus farfelues des fans ? Dans le cas de Rowling, elle a tellement bossé son univers qu'elle peut difficilement être prise au dépourvue. Mais c'est loin d'être le cas pour tous.
En répondant de manière farfelue? Ou tout simplement que l'on ne sait pas (c'est encore la meilleure solution à mon avis : chacun se fait sa propre idée et tout le monde est content ...) Ce qui est intéressant dans un texte, à mon avis, c'est la possibilité d'interprétation. Dans l'extrait de Nail Gaiman cité par Greuh il raconte qu'un des meilleurs passage de l'un de ses livres avait été viré car il trouvait que le récit fonctionnait mieux sans ce passage. Il faut parfois laisser des zones d'ombre dans un récit je pense. "Show, don't tell" comme disent nos amis d'outre-manche. Je rajouterai que parfois il est intéressant de cerner un personnage par ce qui n'est pas écrit, une sorte de silhouette en creux.
Vieux chat dit:lui seul peut répondre de manière cohérente aux questions du public.
je pense qu'il reste cependant des questions que l'auteur lui même ne s'était jamais posées, et qui le surprendrait si ces lecteurs pouvaient l'interpeler - un peu comme il serait vain pour un mj de vouloir prévoir toutes les réactions de ses joueurs...
Lors de la dissection de textes en cours de français ou d'anglais je me demandais toujours si l'auteur avait vraiment voulu dire tout cela...
pour moi cette dissection a toujours ôté la magie du texte. Ca m'a éloigné définitivement des études littéraires. Oui je sais, c'est d'un primaire, pero yo ser bruto.
Sinon je n'ai pas lu Harry Potter, je laisse le soin à ma petite de me le raconter...
Vieux chat dit:et de toute façon l'auteur fait ce qu'il veut
Eh bien je me le demande parfois, vis-à-vis notamment de séries à succès : pression du public et pression éditoriale ne rognent-elles pas les envies de l'auteur ?
Pour des documentaires là oui cela poserait question car cela aurait un rapport avec l'Histoire (avec un graaaaaand H) et donc des manipulations possibles.
Encore heureux que cela pose question, car c'est l'une des bases de la démarche historique.
Ceci dit quel auteur peut écrire à partir de rien? (c'est-à-dire sans influence aucune du monde extérieur)
Tout à fait. Cela se voit d'ailleurs parfaitement dans les anciennes oeuvres de SF, historiquement très marquées.
Il faut parfois laisser des zones d'ombre dans un récit je pense. "Show, don't tell" comme disent nos amis d'outre-manche. Je rajouterai que parfois il est intéressant de cerner un personnage par ce qui n'est pas écrit, une sorte de silhouette en creux.
Certes, mais l'on dirait parfois que la "peoplelisation" touche les persos imaginaires : "je suis le lecteur, j'ai le droit de tout savoir !"
Certes, mais l'on dirait parfois que la "peoplelisation" touche les persos imaginaires : "je suis le lecteur, j'ai le droit de tout savoir !"
Entièrement d'accord. Cela me fait penser à la manière dont Agatha Christie a "tué" Hercule Poirot. Une manière de dire "bon ce perso là il est sympa mais maintenant on passe à autre chose." D'ailleurs cette dernière enquête de Poirot est un vrai bijou, il faut vraiment l'avoir lue (tout comme les dix petits nègres ou le meurtre de Roger Acroyd).
Vieux chat dit:(tout comme les dix petits nègres ou le meurtre de Roger Acroyd).
Bluffant tous les deux. Mais avec une petite préférence perso pour Acroyd : c'était le premier Christie que je lisais, la fin m'avait scotchée à l'époque, je ne m'en suis toujours pas remis !
Philippe dit:Bon, ça suffit maintenant ! C'est pire que Le masque et la plume, ici !
Et c'est un fanatique de débats philosophiques et théologiques qui vous le dit ! Don Lopertuis
Tu me connais ! "Quand j'entends le mot culture, etc." Et puis je sens que derrière cette conversation se cache un complot judéo-maçonnico-protestanto-sodomite.