Inventeur ou esclave ?

Bonjour,

Je trouve que le fait de devenir inventeur de jeu (enfin, d’UN jeu) depuis bientôt un an, a énormément accentué le mépris que j’ai au plus profond de mon âme, pour mon métier que j’ai d’ingénieur informaticien x qui pisse du code pour un client y, employé dans une SSII z, métier que je fais depuis 5 ans et mon entrée dans la vie professionnelle.

Cette vocation d’auteur de jeu a agi comme révélateur de mon mépris profond pour mon job.

Seulement, pour faire bouffer ma femme, mes deux enfants et moi, il faut que je continue, tant que je n’ai pas signé un contrat d’édition qui me permettrait d’arrêter ce métier qui m’indifférait avant, et que je déteste désormais. Le seul problème, c’est qu’il y a infiniment peu de chances que ca arrive, et quand bien même, c’est dans de nombreuses années que j’aurai la somme suffisante (soyons optimiste)… Je tiendrai pas jusque-là.

Ma question est donc la suivante : à ceux qui ont vécu cette situation déchirante lorsqu’ils se sont découverts la vocation, comment la supporter mieux ?

A toi qui pour réaliser un rêve : faire professionnellement ce qui te fait plaisir personnelement, je te souhaite courage et réflexion.

Cette démarche n’est pas sans risque. Ayant eu ce genre de réflexion dans un domaine différent (la musique) j’imagine combien cette étape est déchirante pour toi. Quoi que tu choisisses ne regettes pas, et ne reviens pas sur ce choix infiniment, au pire tu auras voulu exercer ton rêve, mais les dures conditions te feront revenir vers ce que tu ne veux plus, au médium tu exerceras un métier pour pouvoir pratiquer ta passion librement, au mieux exercer dans ta passion te feras vivre correctement ta famille et toi. C’est un choix difficle et sans pouvoir t’aider, je t’apporte mon soutien.

Et bien il m’arrive exactement la même chose que toi, je me suis mis à inventer des jeux, et je me rends compte que mon boulot m’ennuie profondément. Par contre je n’ai pas d’enfants à nourrir et la boite dans laquelle je travaille est en train de mourir, j’ai donc profité de la situation pour tirer ma révérence et je vais essayer de me lancer comme créateur de jeux. En gros je me donne un an pour voir si çà peut donner quelquechose, sinon retour à la case départ en espérant pouvoir retrouver du boulot.
Je n’ai pas de plan bien défini, et c’est un peu mon problème, il me semble que pour pouvoir vivre de cette activité il faut s’occuper aussi de l’édition, et çà n’a pas l’air d’être une mince affaire… (d’ailleurs si vous avez des conseils je suis preneur :wink: )
J’ai plein de jeux dans mes tiroirs plus ou moins finalisés, je participe au concours de Boulogne et j’essaie d’obtenir un stand créateur au festival de Parthenay pour commencer à faire connaitre mon travail… On va voir.
Comme disait la grand mère d’un de mes amis: “Mieux vaut avoir des remords que des regrets”

Salut Hoguie,

Je suis actuellement sans emploi et la seule chose qui me tienne à coeur et qui me fait tenir c’est mon jeu.

Chaque jour quand je me lève j’ai une raison de ne pas craquer.
Lorsque j’ai voulu créer un jeu je ne me suis pas poser la question sur l’avenir ce qui compte c’est d’avancer progressivement et de toujours espérer et se remettre en question quand il ya un problème.

Mais dis toi qu’on ne choisi jamais par hazard ce que l’on deviendra et ce malgré les embuches. Et tu sais tu n’es pas seul il ya des associations pour t’aider à chacunes des étapes de ta création.

Moi par exemple j’ai conçu mon jeu seul sans faire appel à personne puis la question du test s’est posée et là j’ai cherché et je suis tombé sur une super association qui aujourd’hui me soutien et me permet de faire tester mon jeu.

Si tu veux je peux te donner l’adresse de cette association par message privé ou par mail.


LPN°1

Ayant une expérience en informatique au départ, j’ai eu un parcours similaire même si je dois avouer que je n’ai jamais eu l’impression d’être ni un esclave (même si j’ai bossé en SSII), ni un inventeur (je n’invente rien à proprement parler).

J’ai créé une société pour faire le lien entre mes deux activités et pour apprendre mon métier. Maintenant je continue à apprendre et faire converger mes 3 métiers : management de projet, production multimédia et ecriture de jeux. La forme change et là je suis à nouveau indépendant après un intermède en salarié.

Je ne suis pas sûr qu’il soit nécessaire d’opposer métier et passion, il peut y avoir une autre voie, un équilibre entre activité professionnelle et projets persos… seul hic, on devient beaucoup plus lent puisque l’on fait plusieures choses mais bon je ne suis pas vraiment d’un naturel pressé. L’avantage c’est que je n’ai jamais attendu de percevoir un royaltie pour en vivre.


a+ cb

Je suis informaticien depuis 7 ans.
Je suis “créateur” depuis tout petit et j’accentue la création dans le domaine des jeux depuis 6 mois (deux jeux et un 3e en cours).

En bien depuis que j’ai trouvé mon équilibre entre vie privé / loisir créatif ça va mieux mais j’ai eu cette même période de nausée pour ce métier.
Le problème vient d’après moi de l’info de gestion qui est finalement éloignée d’une informatique créatrice. On pisse effectivement du code et la créativité est reléguée à l’entretien annuel ou on t’explique pourquoi tu n’as pas été force de proposition et on t’écoute en disant “Oui, Ok. Je note tes idées… au crayon gris”.

Il faut absoluement garder pieds sur terre, garder une force mentale et morale pour l’essentiel : ta créativité privée + ta vie privée (surtout les petites têtes blondes).
Ta boite te paye pour faire un job que tu dois faire… cherche pas plus loin. C’est du gâchi ? Ben oui, mais quadn tu y réfléchi c’est une conséquence de mécanismes bien complexes (vie en société, capitalisme, etc…) n’entrons pas dans ce débat.


Donc bref, je suis dans le même cas que toi.
Mais je supporte mieux mon sort, peut-être est-ce mon âge. Et l’utopie de vivre de mes créations je la sors de ma tête… patience.

Le bonheur est un luxe que tout le monde ne peut pas se payer.
Depuis que j’ai accepté ça, ma vie est plus chiante, mais moins compliquée.
:?

D’un autre côté, qui ne tente rien n’a rien, mais il faut se prévoir un parachute. Et ne pas prendre ses rêves pour la réalité. Sinon tu peux te faire très mal.

Je suis informaticien moi aussi, mais j’ai la chance de travailler dans un secteur qui m’intéresse (les services pour téléphonie mobile), sur des projets intéressants, et dans une entreprise sympa. Mais la chance, ça se provoque aussi un peu, hein. Je n’ai pas hésité à changer de boîte quand, au bout d’une seule petite année d’expérience, je trouvais que je tournais en rond. Je me suis donc trouvé une place avec des projets plus intéressants, et plus de responsabilités (et plus de travail à faire, on n’a rien sans rien !). Sans oublier que j’ai toujours fui les SSII, pour éviter le côté “chair à canon”.

Je ne peux pas concevoir de passer 8 à 12 heures par jour pour faire un boulot qui ne me plairait pas. Ce serait comme faire de la musique (je joue de la basse) dans un groupe dont je n’aimerais pas les compositions. Ce serait comme ne pas avoir le droit de développer chez moi les programmes informatiques qui me passent par la tête. Ou comme ne pas pouvoir créer les jeux dont j’ai envie.

Je comprends tout à fait que dans certains secteurs il soit difficile de se trouver une bonne place, et qu’il faille bien travailler pour manger. Mais je pense que l’informatique est un domaine assez diverse pour permettre à tout ingénieur d’y trouver quelque chose d’intéressant. Mais il ne faut pas avoir peur de se remettre en question, de réfléchir un peu à sa carrière (ça fait pompeux dit comme ça), et d’essayer réellement de se trouver une place qui corresponde à ses préférences. Et toujours chercher à gagner des responsabilités, c’est ce qui évite de tourner en rond dans son coin à faire sans cesse la même chose.

Je crois avoir lu sur le forum que seulement 3 créateurs de jeu en vivent, c’est à dire que c’est leur seul “emploi”:
Kramer, Knizia et Moon.
Alors… :?

Potrick dit:Je crois avoir lu sur le forum que seulement 3 créateurs de jeu en vivent, c'est à dire que c'est leur seul "emploi":
Kramer, Knizia et Moon.
Alors... :?

+ bruno F qui a dit jesaisplusou qu'il s'était posé la question suite au succès de citadelle

edit pour ludo: il a dit ( si ma mémoire est bonne) que le succès de citadelle lui aurrait permis d'arreter le boulot de prof pour devenir créateur de jeu à plein temps. et puis j'ai pas que ca à faire de te battre à twixt, faut aussi que je bosse un peu
brunbrun dit:
Potrick dit:Je crois avoir lu sur le forum que seulement 3 créateurs de jeu en vivent, c'est à dire que c'est leur seul "emploi":
Kramer, Knizia et Moon.
Alors... :?

+ bruno F qui a dit jesaisplusou qu'il s'était posé la question suite au succès de citadelle


Non, non, il est prof. pfff... tu ferais mieux de jouer à Twixt.... :roll: :lol:

Cher Monsieur,

En france, ils sont très peu à vivre que de la création. Le calcul est simple, un auteur touche maximum 10% du prix de vente de l’éditeur qui est, généralement, le prix boutique divisé par 2. Donc, en gros d’à la louche, une boite à 30€ rapporte maximum, avec les impôts de taxes de tout ça allez disons 1€ à l’auteur, pour dégager disont 1000 € par mois, il faut donc vendre 1000 boîtes par mois. Quand on sait qu’un 1er tirage en France c’est autour de 3000 boîtes et qu’il faut parfois 1 an pour les vendre… :roll: Après, tout dépend de combien vous avez besoin pour “vivre” :wink:

Bien à vous de cordialement

Monsieur Phal

Ces reflexions poussent à réfléchir sur l’influence de la création de jeu (ou d’une autre passion) sur notre vie professionnelle, c’est vrai, mais je trouve qu’elle donne surtout à penser sur le métier d’informaticien.

Franchement, vous en connaissez beaucoup des informaticiens expérimentés heureux ? J’en connais quelques uns, mais pour la plupart, passé les 10 ans dans une ss2i, ils en ont marre de pisser du code, auteurs de jeux ou non. Le problème est que se reconvertir, ce n’est jamais si facile que ce que l’on dit…

Ainsi, ce ne serait pas la passion qui détournerai du métier, mais parfois l’inverse… Enfin, c’est un peu mon sentiment…

hoguie dit:
Ma question est donc la suivante : à ceux qui ont vécu cette situation déchirante lorsqu'ils se sont découverts la vocation, comment la supporter mieux ?


J'ai connu il n'y a pas si longtemps ce genre d'angoisse métaphysique entre un job qui me gâvait et le besoin de ramener le steak le soir à la maison. Il n'y a pas de solution miracle malheureusement. J'ai eu la chance que soit nommé à la tête de ma cellule de développement un gars du même âge que moi et plutôt détendu dans sa conception des rapports humains et professionnels ... c'est ça qui m'a sauvé de la déprime.

Donc en résumé : peut-être l'ambiance générale de ton boulot, sa finalité, sont ce qui te dérange vraiment et pas le boulot en soi ?

Parler de mépris pour son job me semble extrême, excessif comme expression. Je penserai plutôt à de la lassitude, de l’ennui. Mais enfin, c’est toi qui ressens cela comme ça. Si cette aversion est si forte, cela vaut peut-être la peine d’en parler avec ta femme et d’envisager quelque chose, une reconversion. Si elle travaille de son côté vous pouvez peut-être vous serrer la ceinture quelques temps pour que tu aies le temps de trouver autre chose. Maintenant, comme le dit RenaudD, dans un job, les collègues et les relations humains l’emportent souvent sur le job lui-même, en terme d’épanouissement et de satisfaction personnelle.

D’un autre côté, comme cela a été dit, il ne faut pas s’illusionner sur le fait de pouvoir gagner sa vie comme auteur de jeu ! Tu aurais plus de chances de vivre en tant qu’écrivain (il faut 10.000 lecteurs /an environ pour subsister) !


Enfin, relativiser n’est pas toujours possible ni facile, mais sincèrement, il y en a combien qui s’épanouissent dans leur job ? Combien qui ont l’occasion d’être créatif dans leur job? Qui n’a pas besoin d’un jardin secret à côté du boulot (phénomène d’aliénation et tout le toutim) ?


Bonne chance quand même dans cette remise en question, mais n’imagine pas que tout est rose d’un côté et tout noir de l’autre… :)

Parler de mépris pour son job me semble extrême, excessif comme expression. Je penserai plutôt à de la lassitude, de l’ennui. Mais enfin, c’est toi qui ressens cela comme ça. Si cette aversion est si forte, cela vaut peut-être la peine d’en parler avec ta femme et d’envisager quelque chose, une reconversion. Si elle travaille de son côté vous pouvez peut-être vous serrer la ceinture quelques temps pour que tu aies le temps de trouver autre chose. Maintenant, comme le dit RenaudD, dans un job, les collègues et les relations humains l’emportent souvent sur le job lui-même, en terme d’épanouissement et de satisfaction personnelle.

D’un autre côté, comme cela a été dit, il ne faut pas s’illusionner sur le fait de pouvoir gagner sa vie comme auteur de jeu ! Tu aurais plus de chances de vivre en tant qu’écrivain (il faut 10.000 lecteurs /an environ pour subsister) !


Enfin, relativiser n’est pas toujours possible ni facile, mais sincèrement, il y en a combien qui s’épanouissent dans leur job ? Combien qui ont l’occasion d’être créatif dans leur job? Qui n’a pas besoin d’un jardin secret à côté du boulot (phénomène d’aliénation et tout le toutim) ?


Bonne chance quand même dans cette remise en question, mais n’imagine pas que tout est rose d’un côté et tout noir de l’autre… :)

Bonjour hoguie,

Je n’ai pas la réponse absolue à ta question, mais me posant la même depuis (très) peu, je te donne la réponse que je me suis auto-faite. Abus d’avis de tous bords ne nuit pas.

Personnellement, je travaille dans l’informatique depuis 4 ans, SSII pareil, mais avec des collégues sympas, dans une boite relativement pas trop esclavagiste (certes, c’est paradoxal pour une SSII). J’aime programmer, je le fais chez moi, et je trouve que le kilométrage de code peut parfois être relaxant s’il est alterné avec des défis conceptuels, fussent-ils sporadiques.

Mais j’en suis tout de même arrivé au même point, malgré la bonne ambiance et la hiérarchie presque sympa: je n’aime pas ce métier. J’aime l’informatique, mais c’est un fait: faut que je me tire. Pour info, ce qui me déplait, c’est les problèmes fonctionnels dont je n’ai cure (comptabilité, gestion de métiers qu’est pas le mien, tout ça ; pfff!)

A coté de ça, j’écris des romans, des nouvelles, des regles de jeu, depuis tout gosse. Lorsque j’ai choisi mes études, je me suis dit trivialement que l’intéret pour l’informatique me permettrai de vivre, contrairement à la création. C’était vrai, mais je ne savais pas à quel point l’informatique dans la vrai vie, c’était ianch… résultat, je me vois forcé, si je tiens à ma santé mentale, de repartir de zéro…

Et pour ça, une seule solution : économiser. Ce métier a au moins l’avantage de pouvoir économiser beaucoup si on ne va pas au resto à tous les repas, aux matchs tous les week-ends et qu’on n’achéte pas toutes les consoles et tous les jeux qui vont bien avec…

En quelques mois on peut se faire suffissement d’économies pour créer des prototypes d’un ou deux jeux, mettre ces proto dans des ludothèques, voir quels sont les retours de joueurs, améliorer, puis lorsque ça parait plaire, faire de la micro-édition en se concentrant sur le jeu qui a le mieux marché, puis recommencer avec un autre, et de temps en temps toquer à des portes quand un jeu se vend plus que ce qu’espéré.

Et là, faut croiser les doigts pour être repéré.

En tous les cas, moi, pour la phase ludothèque, j’ai beaucoup de chance: ma copine est éducatrice de jeunes enfants, donc pourra placer mes protos en tests sur les enfants et j’aurai ainsi des avis de 1ere main (je conseille à tout le monde d’avoir cette chance là).

Bref (quand je disais que j’écrivais des romans!), mon plan optimiste en résumé:
1° Trois ans de cohabitation informatique/création
2° Deux ans de vaches maigres en me concentrant sur la création
3° Selon fin phase 2 : renoncer à ses rêves et revenir dans l’informatique pour nourrir les marmots que j’aurai surement à cette époque-là. Ou : et plus si affinités.

Si j’ai pu aider…