[jeux et arts] poursuivre le débat

Sans être archéologue, les gars, y’a un essai écrit par un plasticien pour le coup, qui s’appelle La plus vieille énigme de l’humanité, ou quelque chose comme ça, et qui propose une explication aux peintures rupestres qui me semble très bien tenir la route (en tout cas dans l’argumentation et l’expérience).
Et par ailleurs, l’art est aussi une notion faite et défaite par les récepteur autant que par l’emetteur, je pense que c’est une notion un peu plus “libre” qu’une somme de données culturelle, sociétale, etc… C’est en ça que ça me semble difficile à définir, puisque l’art propose un terrain de rencontre à l’intime et à l’universel… Donc pourquoi ne pas voir un dessin d’enfant comme de l’art ? La réponse ne peut pas être aussi tranchée, il me semble.

un grand penseur a dit un jour " quand je pète ça fait de la musique, cela fait il de moi un compositeur ? non tout au plus un phénomène de foire " :mrgreen:
désolé pour le HS !

:D bon, ce débat me semblait avoir un peu de tenue jusque là ! :lol:
Les dessins d’enfants ne sont pas comparables à des flatulences, c’est quand même déjà un début de symbolisation, en tous cas c’est un des processus qui conduit au langage et à la culture… On peut commencer à faire des ponts avec l’Art… Pour le prout, faut que l’auteur soit un sacré pétomane pour être considéré comme artiste (et il y en a !).
Certains jeux ont peut-être la valeur d’un pet dans l’eau mais ce n’est pas eux qui seront pris pour référence pour établir si le jeu de société moderne est une création artistique.
De la même manière qu’il y a des musiques parfaitement merdiques (ou disons que je n’aime pas du tout, sans jugement…) qui se vendent très bien, c’est pas pour ça qu’on ne considère plus la musique globalement comme un art.
Donc pour moi, oui, créer un “bon” jeu de société, ça suppose une forme d’implication artistique, ce qui ne sacralise rien d’ailleurs, et n’empêche pas de garder une modestie de bon aloi…

Si les logiciels sont une oeuvre de l’esprit, il me semble possible d’étendre ceci aux jeux.
Il s’agit dans les deux cas de concevoir un ensemble de règles (code source/règles de jeu), qui doit permettre une mise en oeuvre dynamique (exécution/partie) d’un système (utilisateurs/joueurs et information numérique/matériel de jeu).
Les adaptation logicielles de jeux sont un cas extrême : que les règles soient ré-écrites dans un langage formel ne change pas les règles initialement écrites en langage naturel.
Dans ce cas, ne pas reconnaître le jeu physique originel comme une oeuvre de l’esprit, c’est affirmer que la traduction a une qualité supérieure à l’oeuvre originale. Oserait-on affirmer cela pour la Littérature, même quand Baudelaire traduit Poe?

Une conséquence à prévoir de la reconnaissance du jeu comme oeuvre de l’esprit, c’est qu’il soit nécessaire de le considérer dans un sens très large qui ne limite pas l’intention de l’auteur à créer de l’amusement. Tout comme les logiciels ne se limitent pas aux jeux video (et Knuth est aussi sûrement l’auteur de TeX, que Pajitnov est l’auteur de Tetris).
En fait, limiter la définition d’un type d’oeuvre de l’esprit à une seule finalité particulière serait intolérable pour tout autre type d’oeuvre.
Un jeu peut être conçu pour une étude de psychologie expérimentale (Mafia de Davidoff) ou de théorie des jeux (Dilemme du prisonnier de Tucker), ou avec une intention éducative; ça peut être un serious game, un icebreaker…
Ce qui prime n’est pas la finalité de l’oeuvre mais son originalité, c’est elle qui rend pertinente la notion d’auteur.

Le débat était intéressant mais je ne suis pas d’accord quand Phal dis que l’on ne fais rien gratuitement. Il ne faut pas être si catégorique sinon cela s’appelle être égoïste. je m’explique, personnellement si j’aide à traverser une personne âgé ce n’est pas pour en tirer une quelconque satisfaction de soi ou pour paraître gentil… c’est juste un acte gratuit.
Ce n’est qu’un exemple bien-sûr.
Après si on le ramène à l’art effectivement peut être qu’il n’y a pas d’acte gratuit et je pense que Phal parlait de ça en pensant à l’Art.

/* HS */
Savoir si il existe des actes gratuits est une question philosophique.
As-tu déjà aidé un adulte bien portant à traverser une rue, sans raison? Probablement pas. C’est donc que l’acte d’aider une personne âgée est motivé d’une manière ou d’une autre. Il n’est pas gratuit.
L’égoïsme, c’est de n’agir que si tu espères en tirer un bénéfice supérieur à celui que pourrait en tirer l’autre, ou simplement ne pas te préoccuper de l’autre. C’est descendre de ta voiture pour aider la personne âgée, uniquement parce qu’elle te bloque le passage.
Fondamentalement, agir est l’expression motivée de ta volonté. Tu peux agir pour des raisons nobles ou égoïstes. Mais tu n’agis pas sans raison.

Tu peux créer des jeux et les mettre à disposition en print-n-play parce que tu aimes l’idée de partage, parce que tu penses que ça rendrait le monde moins matérialiste et que tu veux inspirer d’autres bonnes volontés… ou juste parce que pouvoir dire que tu es auteur flatte ton ego.
Mais tu ne le fais pas sans raison, ce n’est pas un acte gratuit.
Si c’était un acte gratuit, il y a des milliers de joueurs qui auraient la capacité de mettre en ligne un ou deux protos (qui n’a jamais essayé de faire un jeu?)… Pourtant, la mise en ligne de PnP est un comportement très marginal.

azds dit:Pour autant, ce qui fait qu'on peut parler d'art en matière de jeu vidéo
Pour ce qui concerne le droit d’auteur, il faut différencier «l’art» et la «création». La loi ne régit que les créations, quelles qu’elles soient. Elle ne définit pas le champ légal de «l’Art», ce qui en est ou non. La notion d’Art, telle qu’elle est abordée ici, est subjective comme on le voit. Chacun y voit sa propre définition.

azds dit:Pour autant, ce qui fait qu'on peut parler d'art en matière de jeu vidéo, se compose en général de créations détachables du logiciel lui même, par exemple dessins, illustrations, animations, films, musiques, personnages, fictions etc etc qui se rattachent aux arts classiques et qui en tant que tels bénéficiaient déjà de la protection du droit d'auteur avant que la loi n'ajoute les logiciels à la liste des créations protégés.
N’est-ce pas le cas des jeux de sociétés ? Illustrations, fictions, personnages…

Carrément, Nekhro !
Je suis peut etre démesurément enthousiaste mais le artwork des jds me sidère tres souvent, et compte beaucoup dans mes choix de jeux, notamment comme vecteur d’immersion. C’est un des aspects qui m’a fait me pencher sur le jds moderne il y a quelques années, alors que je ne jouais plus à rien. Et je pense que la mocheté du risk, du monopoly, de quelques classiques du genre, avait contribué àme démobiliser…
En tous cas, au risque de me répéter, les aspects combinés de création originale, soucis esthétique, interaction sociale, marqueur culturel et sociologique, me font classer le jds dans l’art.

Nekhro dit:
azds dit:Pour autant, ce qui fait qu'on peut parler d'art en matière de jeu vidéo
Pour ce qui concerne le droit d’auteur, il faut différencier «l’art» et la «création». La loi ne régit que les créations, quelles qu’elles soient. Elle ne définit pas le champ légal de «l’Art», ce qui en est ou non. La notion d’Art, telle qu’elle est abordée ici, est subjective comme on le voit. Chacun y voit sa propre définition.

azds dit:Pour autant, ce qui fait qu'on peut parler d'art en matière de jeu vidéo, se compose en général de créations détachables du logiciel lui même, par exemple dessins, illustrations, animations, films, musiques, personnages, fictions etc etc qui se rattachent aux arts classiques et qui en tant que tels bénéficiaient déjà de la protection du droit d'auteur avant que la loi n'ajoute les logiciels à la liste des créations protégés.
N’est-ce pas le cas des jeux de sociétés ? Illustrations, fictions, personnages…

Tout à fait d'accord, en fait c'est exactement ce que je voulais dire.
Après, ce qui n'est pas protégé dans un jds aujourd'hui, ce sont les mécanismes à proprement parler, indépendamment du support.