Depuis un moment je me dis qu’il faut que je vous raconte cette histoire.
Juste avant de quitter la Malaisie, une copine Chinoise qui connaissait mon goût immodéré pour les jeux de société a décidé de m’introduire dans son club de « CashFlow 101 ».
Devant mon ignorance sur le sujet, elle me narre une histoire à dormir debout : celle d’un jeu, inventé par un américain et joué dans le monde entier dans des clubs d’initiés, qui permettrait d’apprendre à devenir riche et qui donnerait toutes les clés du succès. Puis elle refuse de m’en dire plus, car c’est en jouant à ce jeu qu’on apprend tout et en parler ne sert à rien. Je passe juste pour un béotien car je ne connais pas le monsieur en question alors qu’il est l’auteur des incontournables « Rich Dad, poor dad » et autres « Les 7 points clés pour devenir millionnaire » (sic).
M’attendant à mettre le doigt sur une secte, je me laisse entraîner un soir dans le plus grand golf club de Kuala Lumpur. Là dans une salle de balle énorme, une centaine de personnes sont assises autour de tables rondes sur lesquelles trônent des plateaux, des cartes et… des calculatrices. Le centre de la salle est occupé par une projection Powerpoint commentée par une animatrice chinoise.
Le jeu est un basic mixte du « Le jeu de l’oie » et de « Destin, le jeu de la vie » : je lance un dé, je pioche une carte et j’applique son action.
Mais voila le jeu est censé simuler la réalité, tous les joueurs commencent donc avec un métier, un salaire, des emprunts sur le dos, des mensualités de cartes de crédits, des impôts à payer… le tout bien noté sur une double page qui vous rappellerait votre déclaration d’impôt et à chaque fois que quelqu’un lance le dés il va falloir vous saisir de votre calculatrice, de votre gomme et de votre crayon pour réduire de 5% vos revenus, prendre un nouvel emprunt que vous rembourserez à taux préférentiel, payer 15% de votre crédit à la consommation, augmenter de 2.5% vos impôts, retirer 500 dollars de vos revenus parce que vous avez tiré la carte « Bébé »…
Toutes les 15 min toutes les tables s’arrêtent de jouer pour « faire un point » avec l’animatrice et son projecteur : « Alors qui n’a pas encore remboursé son crédit immobilier ? Mais il faut le rembourser vous voyez bien que cela grève vos rentrés d’argent… Ah très bien je vois que certains on déjà pris de nouveaux emprunts pour acheter des immeubles, ce qui m’amène à vous parler de la différence entre bonnes dettes et mauvaises dettes, les bonnes c’est jouer avec l’argent des autres, donc emprunter à la banque, les mauvaises c’est prendre un emprunt pour vous faire plaisir… » 10 minutes de blabla et le jeu reprend de plus belle.
Après 2 heures au même rythme, le jeu s’arrête et pour vérifier si vous avez bien assimilé les bons principes du capitalisme rentier on vous fait remplir un questionnaire (les enfants sont : a/ des recettes, b/ des dépenses…).
Et puis surprise tout le monde se tape dans le dos, compare sa performance avec celle de la dernière partie, les animateurs viennent complimenter les plus riches, et les autres joueurs viennent écouter leur récit de la partie…
Euh mais comment dire c’est un jeu de hasard ! Ma voisine a perdu parce que dès les premiers tours elle s’est retrouvé avec une famille nombreuse, et moi parce que je n’ai jamais tiré de carte permettant de vendre mes actions et ma voisine a gagné parce qu’elle n’a fait que des « 6 »…
Mais non tout le monde semble persuadé que l’on peut s’améliorer à ce jeu.
Je vous passe les 10 minutes où je suis passé tour à tour pour un crétin prétentieux puis pour un baba cool extra-terrestre en expliquant que ce jeu ne m’avait rien appris (qu’il faille investir pour devenir riche et ne pas dépenser plus que ce que l’on gagne…) et que ce n’était surtout pas mon rêve ni mon idéal de vie (la tagline du jeu est « Acheter vos rêves »).
Le vrai choc des cultures s’est produit quand mon amie Chinoise a expliquée au reste de l’auditoire que chez nous en Europe nous ne reversions pas une partie de notre salaire à nos parents : consternation dans la salle, eh oui les enfants sont vraiment à ranger dans la colonne des pertes ! Et surtout qu’un jour s’étonnant de ce fait auprès d’un occidental, elle lui avait demandé « Mais alors pourquoi faites-vous des enfants ??? », il lui avait répondu, sûrement les yeux pétillants « Pour le plaisir de les voir grandir ! ». Et là toute la salle de reprendre en cœur et en s’étouffant de rire « pour le plaisir de les voir grandir !!! ahahahahhahahahhah »…
C’est beau la différence !
Ah oui j’oubliais pour ceux qui voudrait ajouter ce bijoux à leur ludothèque, le jeu coûte la bagatelle de 400 Euros, oui quatre cent euros, sans les calculatrices, hein ! J’en connais un qui a vraiment trouvé la combine pour devenir riche…
Elle est triste ton histoire… très triste.
Enfant = investissement ?.. ça rime… ouais…
Deux cultures peuvent s’observer et rirent l’une de l’autre sans jamais se comprendre… et chacun vit sa vie comme la plus juste et droite des normalités.
N’empêche, je regarde mon p’tit bonhomme et je n’arrive pas à le métamorphoser en portefeuille sur patte…
Espérons que ce mode de pensée ne soit pas général dans ce pays…
Heureusement non ce n’est pas généralisé, j’ai vécu 3 ans en Malaisie et ça a été mon plus gros choc
Mais au-delà de ça, ce jeu fait fureur en Asie, il y a apparement des centaines de club dont les Chinois expatriés raffolent.
Ca a surtout l’air très emmerdant, si vous me passez le mot…
Ubik Lyric dit:Le vrai choc des cultures s’est produit quand mon amie Chinoise a expliquée au reste de l’auditoire que chez nous en Europe nous ne reversions pas une partie de notre salaire à nos parents : consternation dans la salle, eh oui les enfants sont vraiment à ranger dans la colonne des pertes ! Et surtout qu’un jour s’étonnant de ce fait auprès d’un occidental, elle lui avait demandé « Mais alors pourquoi faites-vous des enfants ??? », il lui avait répondu, sûrement les yeux pétillants « Pour le plaisir de les voir grandir ! ». Et là toute la salle de reprendre en cœur et en s’étouffant de rire « pour le plaisir de les voir grandir !!!! ahahahahhahahahhah »…
C’est beau la différence !
D'un autre coté, notre système de retraite n'est pas très éloigné de la philosophie consistant à faire des enfants pour assurer ses vieux jours. Et si ce système n'existait pas, on aurait certainement une vision des choses plus pragmatique. D'ailleurs, pour pas mal de gens, le mariage a, entre autres, des raisons financières.
Bonjour,
arthemix dit:Ubik Lyric dit:Le vrai choc des cultures s’est produit quand mon amie Chinoise a expliquée au reste de l’auditoire que chez nous en Europe nous ne reversions pas une partie de notre salaire à nos parents : consternation dans la salle, eh oui les enfants sont vraiment à ranger dans la colonne des pertes ! Et surtout qu’un jour s’étonnant de ce fait auprès d’un occidental, elle lui avait demandé « Mais alors pourquoi faites-vous des enfants ??? », il lui avait répondu, sûrement les yeux pétillants « Pour le plaisir de les voir grandir ! ». Et là toute la salle de reprendre en cœur et en s’étouffant de rire « pour le plaisir de les voir grandir !!! ahahahahhahahahhah »…
C’est beau la différence !
D’un autre coté, notre système de retraite n’est pas très éloigné de la philosophie consistant à faire des enfants pour assurer ses vieux jours. Et si ce système n’existait pas, on aurait certainement une vision des choses plus pragmatique. D’ailleurs, pour pas mal de gens, le mariage a, entre autres, des raisons financières.
Je tiens tout de même à ajouter un petit quelque chose, relisez “Germinal” (si je ne fais pas d’erreur) et à l’époque aussi on tésorisait sur les enfants. De même qu’il y a trés longtemps, en France aussi on “vendait” ses enfants pour se faire un peu d’argent et sous couvert qu’il vivra mieux chez ceux qu’ils l’ont achetés. La différence est juste que l’on a passé ce cap (quoi que les retours en arrières sont toujours possibles). Mais le sujet est vaste et on pourrait philosopher la dessus pendant des heures…


C’est cela le choc des cultures

Par contre cela fait vraiment secte comme système, non en fait cela ressemble surtout à un systéme de vente pyramidal.
A Bientôt,
Thierry

wolfy dit:C'est cela le choque des cultutres
Voir même le troc des culs d'autruches ou encore le toc des trucluches.
Effectivement cela doit être une secte avec ses codes et son langage.
Je savais pas qu’ils avaient des allocations familliales en chine.
Bonjour,
Jeannot dit:wolfy dit:C’est cela le choque des cultutres
Voir même le troc des culs d’autruches ou encore le toc des trucluches.
Effectivement cela doit être une secte avec ses codes et son langage.



Excellent, je n’avais pas du tout vu cette ENORME double faute.
Je m’en vais corriger immédiatement, re-mouarf

A Bientôt,
Thierry

Que les enfants qui touchent un salaire en reverse une part à leurs parents ne me choque pas. C’est de ne pas comprendre qu’on fasse des enfants d’abord parce qu’on en a envi qui est triste.
Mais le choc c’est aussi de découvrir des gens qui jouent au Monopoly en croyant qu’ils vont apprendre à devenir riches.
Ce qui me choque, c’est l’opportunisme de ceux à qui profite ce jeu (les personnes touchant les 400 euros par jeu probablement) et le climat légèrement sectaire et peu ouvert qu’il me semble percevoir dans ces “clubs”…
Moi, je suis content qu’un jeu sur le capital rentier existe, ça peut être amusant d’y jouer à l’occasion (même si ça sort un peu de mes goûts habituels, et même pas qu’un peu), ça peut être bien en entreprise, mais je ne comprends pas la sorte “d’adulation” que j’ai cru percevoir. Et le prix, là alors, impossible de ne pas voir là un opportunisme digne des grands gourous (encore qu’il faut voir le matos, mais ça me semble être là le syndrome du casino, on fait un jeu sur l’argent alors autant se faire plein d’argent également).
Il y a cependant une valeur à apprécier : les cultures d’extrême-orient sont tout à fait capables de se valoriser à travers des jeux imaginaires (prendre pour exemple la pratique du Tamagoshi au Japon, les coréens dans les jeux vidéos) ce qui veut dire qu’ils sont très ouverts au concept du jeu… mais le climat de compétition est plus favorable au monopole d’un jeu et à l’effet de mode qu’à un esprit d’ouverture en fin de compte (en Corée notamment, les coréens essayant très peu d’autres jeux et étant parmi les plus fidèles à un jeu donné, mais le club décrit ici essaie aussi principalement de gonfler l’ego de ses participants comme si “c’était pour de vrai”).
C’est assez paradoxal.
Enfin, une chose à dire tout de même : il vaut peut-être mieux jouer dans ces clubs avec de l’argent virtuel que perdre tout son argent au casino !
Pour 400 euros, le jeu est vendu avec quel matos ?
Ubik Liryc dit:Que les enfants qui touchent un salaire en reverse une part à leurs parents ne me choque pas. C'est de ne pas comprendre qu'on fasse des enfants d'abord parce qu'on en a envi qui est triste.
Je suis d'accord. Mais je pense que c'est quelque chose qui est très difficile à comprendre tant que l'on ne s'est pas affranchi de certaines contraintes matérielles grâce à un système adapté comme celui des retraites.
Un peu comme quelqu'un vivant dans la misère et la faim aura du mal à comprendre le bio ou la lutte contre les OGM.
arthemix dit:
Un peu comme quelqu'un vivant dans la misère et la faim aura du mal à comprendre le bio ou la lutte contre les OGM.
Hum, hum....
Aekar dit:Pour 400 euros, le jeu est vendu avec quel matos ?
Un plateau en carton de qualité médiocre, environ 200 carte en cartons, une règles et quelques pions...
Ubik Liryc dit:
Le vrai choc des cultures s’est produit quand mon amie Chinoise a expliquée au reste de l’auditoire que chez nous en Europe nous ne reversions pas une partie de notre salaire à nos parents
Ca n'est pas du tout exact:
tous les jours tu cotises pour la caisse de retraite.....
C’est vrai mais c’est un système de redistribution mutualiste, pas familiale.