urraca dit:Pour en revenir au propos initial, je pense qu'il serait intéressant d'analyser pourquoi tant de jeux actuels adoptent ce ressort thématique de la soumission, l'asservissement au pouvoir. Simplement par paresse? Parce que c'est commode de dire "historiquement, c'était comme ça à l'époque"? Ou est-ce que ça va plus loin?
Parce que c'est vrai, quoi... pourquoi ne pas transformer la course aux points de prestige en course aux points d'expérience, de connaissance? Pourquoi ne pas valoriser le savoir plutôt que la soumission au pouvoir?
Personnellement, j'aimerais mieux ça.
Ce qu'il serait intéressant d'analyser, en plus de la question thématique, c'est l'idéologie sous-jacente à un choix mécanique.
En effet, que ce soit pour du prestige ou de la connaissance, il s'agit toujours d'une course au point, d'une exploitation d'un système de jeu pour en sortir le maximum, soit capitaliser, et mieux que ses adversaires.
La question, du coup, c'est est-ce qu'un jeu de société peut fonctionner autour d'autres enjeux que la gagne?
Il y a là à discuter des jeux coopératifs, des jeux de communications (comme Concept ou Dixit par exemple, où les systèmes de points ne sont pas au cœur du jeu), etc.
Peut-on, en dehors du jeu libre ou dans certaines formes de jeux de rôle, envisager une règle du jeu qui prévoit une fin de partie sans qu'il n'y ait ni gagnant ni perdant, tout en proposant une expérience ludique intéressante?
Cela pause également la question de la place du joueur dans le jeu, qui est bien souvent une place omnipotente et omnisciente, de pouvoir (sur un peuple, une ville, une usine, etc.) - en particulier dans les jeux de gestion, mais pas uniquement.
Cela rejoint des questions qui se posent dans l'analyse de films, de tableaux, de photos, de livres ou même de jeux vidéos. A quel place je suis, comment je vois les choses, avec quelles informations et dans quel but je fais mes choix, autant d'éléments qui, en plus du thème, imprègne en profondeur d'idéologie le jeu.
Après, il ne s'agit pas de juger les jeux dans une volonté de tri de ce qui est acceptable ou non, mais d'au moins réfléchir au support ludique et à ses enjeux.
C'est un peu en vrac, ça part dans tous les sens, mais ce sont des questions que je me pose souvent.