L'évolution de l'homme et de la langue

Parce que j’ai eu la chance de le voir en vrai, et parce que des fois tu rencontres des gens qui te filent une claque dans ta vision du monde :

http://www.universite-du-si.com/fr/conferences/8-paris-usi-2011/sessions/961-michel-serres

Keiyan, proselyte.

Passionnant, excellent, magnifique.
Le jour où l’on verra ce genre de colloque à la télé, je me remettrais à regarder la télé.

Merci beaucoup pour ce lien Keiyan.

C’est éclairant, le bonhomme met en évidence des choses pour le moins… évidentes et néanmoins frappantes une fois qu’on se penche dessus. Un vrai philosophe.
J’ai beaucoup aimé sa définition d’identité, comme intersection des appartenances. Et son rappel sur le fait que la culture différencialiste l’emportait toujours, historiquement, sur l’homogénéité.
Quelques rappels historiques bienvenus également, sur l’homme qui n’a pas attendu l’avion pour voyager. Je suis étonné de voir à quel point il connaît bien le sujet des nouvelles techno pour quelqu’un de sa génération.

Pas d’accord par contre, mais ça c’est un problème de génération et de métier sans doute, sur le fait de vouloir franciser des termes informatiques inventés par les anglo saxons.
E-mail, ça fait sens pour moi. Les francophones n’ont qu’à inventer des trucs pour leur donner des noms. Courriel, je trouve ça orrible. Adel, je ne connaissais même pas.
Il y a d’un côté cette conscience que la langue évolue, mais pourtant toujours la même frilosité chez les thuriféraires de la langue française d’employer des mots étrangers, particulièrement quand il s’agit de mot provenant de la perfide Albion.
J’ai constaté pour ma part l’évolution des langues en achetant récemment une méthode assimil d’une langue étrangère. J’avais la version de 1979, donc une ancienne version. C’est hallucinant de voir comment des termes courants pour se présenter, pour s’excuser, avaient évolué dans cette langue. En France nous n’en sommes pas encore là, nous sommes beaucoup plus conservateurs sur la question.
Ainsi quand il dit que la langue a beaucoup évolué, il précise qu’il s’agit en français essentiellement de mots de métier. Donc cela invalide un peu l’image qu’il donne de nos petits enfants qui parleront une langue que l’on ne comprendra plus.
Pour ce qui est par contre de l’identité qui se fonderait principalement au final sur la langue, je ne suis pas du tout d’accord.
Les irlandais parlent anglais, ils n’ont pas la même culture que les londoniens.
Un francophone suisse est bien plus proche culturellement d’un suisse italophone que d’un breton francophone. La géographie (terroir, climait…) est plus importante, en la matière, que la langue.
De même un wallon est culturellement bien plus proche d’un flamand que d’un basque francophone.
Mais bon le gars défend son beafteack, c’est normal!

Encore merci pour le lien!

Maldoror dit:E-mail, ça fait sens pour moi. Les francophones n'ont qu'à inventer des trucs pour leur donner des noms. Courriel, je trouve ça orrible.

Pour avoir été au Québec en 96 ou moment ou le terme courriel a commencé à apparaitre, je le trouve bien mieux pensé que le terme français de l'époque : mél, qui certes signifie message électronique, mais a surtout pour vocation de rester le plus proche possible de la terminologie anglo-saxonne.
Fadest dit:
Maldoror dit:E-mail, ça fait sens pour moi. Les francophones n'ont qu'à inventer des trucs pour leur donner des noms. Courriel, je trouve ça orrible.

Pour avoir été au Québec en 96 ou moment ou le terme courriel a commencé à apparaitre, je le trouve bien mieux pensé que le terme français de l'époque : mél, qui certes signifie message électronique, mais a surtout pour vocation de rester le plus proche possible de la terminologie anglo-saxonne.


C'est pourquoi mail, ou email, que 99% des gens emploient, me semble bien mieux adapté.
Tout comme des mots tels que week-end, parking...
Vous saviez qu'on ne devait plus dire tuning mais bolidage?

“J’aime !”

C’est très profond…

Merci Keiyan, c’était intéressant de même que d’autres vidéos plus ancrées dans le métier. :pouicok: :pouicok:

Je sens que je ne vais pas me faire que des amis, mais je n’ai pas été bouleversé ni très convaincu par cet exposé de Serres.

Bien sûr, il aborde des thèmes intéressant en mettant des perspectives longues et qui donnent le tournis et font rêver. Mais c’est un procédé assez facile, synthétique certes, mais assez peu analytique, rentrant peu dans le détail.

Des choses bien vues quoique pas très savantes non plus, comme le changement du rapport au corps dû aux progrès de la médecine…

J’ai trouvé rigolo sa datation du néolithique, prenant fin selon lui aux alentours de la seconde guerre mondiale.

Sa note positive de fin où il se réjouit de qu’il n’y ait pas eu de guerre depuis 65 ans est mignonne mais un peu courte; assez peu digne d’un philosophe.

Au même titre que comme selon lui l’Homme a changé depuis l’abandon de la ruralité, la guerre n’a pas été la même au cours de l’Histoire. Les guerres en Europe affectaient assez peu les populations jusqu’à la conscription née après la Révolution Française.

En philosophes “grand public”, je lui préfère Onfray, rentrant un peu plus profondément dans l’argumentation, même sur un plateau télé.

Mais oui, c’est toujours plus enrichissant que “La ferme academy”". :)

Pas convaincue non plus ni sur la forme ni sur le fond mais ce qui me chagrine en fait c’est qu’il définit “l’homme d’aujourd’hui”, “l’humanité” dans laquelle il met donc 7 milliards de terriens par le seul bout de la lorgnette occidentale…

La philosophie se serait elle un peu effacée au profit d’une ode à un public qui se doit d’aller toujours plus loin, plus vite, plus haut…?

joker75 dit: Les guerres en Europe affectaient assez peu les populations jusqu'à la conscription née après la Révolution Française.


Rigoureusement faux.
Un exemple parmi d'autres, la guerre de 30 ans a effacé pas loin d'un tiers de la population allemande.
Je ne parle même de l'antiquité où certains peuples ont été purement et simplement effacés de la carte pour s'être révoltés.
Tu fais sans doute référence aux guerres en dentelles, mais la guerre n'a en fait que très rarement épargné les populations civiles.
Mitsoukos dit:Pas convaincue non plus ni sur la forme ni sur le fond mais ce qui me chagrine en fait c'est qu'il définit "l'homme d'aujourd'hui", "l'humanité" dans laquelle il met donc 7 milliards de terriens par le seul bout de la lorgnette occidentale...
La philosophie se serait elle un peu effacée au profit d'une ode à un public qui se doit d'aller toujours plus loin, plus vite, plus haut...?


Le fait est que le monde non occidental suit l'occident sur les deux points abordés dans l'exposé:
l'abandon de la ruralité et l'accès aux nouvelles technologies.
Certes tout le monde n'avance pas au même rythme, mais c'est tout de même la direction générale qui est prise.
La "lorgnette occidentale" comme tu dis est donc très bien placée en la matière.
Et effectivement, on va toujours plus loin, plus vite, plus haut, c'est pas toujours agréable, mais stagner, c'est mourir. C'est pour cela que je pense que toutes les idéologies régressives sont inadaptées et ne fonctionneront pas car elles s'opposent au progrès et à l'évolution.
La vie elle même suit ce mouvement, mais sur une échelle bien plus grande il est vrai.

Du reste quand il rappelle qu'on peut aujourd'hui montrer son corps, c'est tout à fait juste, et c'est un fait facilement vérifiable, même s'il est plus tentant parfois de croire que nos ancêtres était tous des gros pudiques frigides et que nous on a tout compris et qu'on s'est libéré de tout ça.

Après son exposé n'était pas forcément hyper exhaustif, mais en 40 minutes, c'est déjà pas mal.

Perso j'ai beaucoup appris en tout cas, même si encore une fois certaines choses sont évidentes. Tellement qu'on doit nous mettre le nez dessus pour réaliser. (rapport à l'agriculture, etc. ...)
Maldoror dit:Pas d'accord par contre, mais ça c'est un problème de génération et de métier sans doute, sur le fait de vouloir franciser des termes informatiques inventés par les anglo saxons.

Et pourtant, on parle de pilotes, de carte mère, de carte vidéo, de mémoire vive, de système d'exploitation, de disquette, de clé USB, de navigateur, de lecteur MP3, de tableur, de base de données, de traitement de texte... Pourquoi certains mots sont-ils naturellement francisés et pas d'autres, ça m'a toujours intrigué...
Maldoror dit:
Un exemple parmi d'autres, la guerre de 30 ans a effacé pas loin d'un tiers de la population allemande


OK. Evidemment, on peut prendre des exemples où la population a été impliquée lourdement. Il y a eu aussi bon nombre de guerres où étaient seulement affectés les professionnels de la guerre.

Ce que je voulais simplement souligner, c'est qu'on ne peut pas conclure une conférence "philosophique" sur un constat aussi simpliste, même si on ne peut que se réjouir qu'il n'y ait pas eu de guerre depuis 65 ans... en Europe occidentale... encore que plus récemment, les conflits liés à la décolonisation ont aussi affectés des populations européennes.

Et la réflexion s'arrête aux frontières de l'Union Européenne ? C'est très ethnocentrique, non ?

Pour préciser : déjà, c’est à la base un événement pour informaticiens, donc pas centré sur la philo. D’où parfois une simplification qu’on peut percevoir excessive, surtout si on est un peut versé dans le domaine.

Ensuite, concernant la conclusion, ben c’est un message fort, et un ressenti personnel de cet homme (pour lui avoir parlé après la conférence, il ne fait pas semblant). C’est con, c’est egocentré, c’est bateau, mais merde, c’est vrai. Vous avez connu la guère, vous ? Moi non. Mes parents non plus. Je ne sais même pas ce que c’est, la guerre. Un reality-show, peut-être ? Y’en a pas beaucoup dans l’histoire humaine qui peuvent dire ça. Et avant qu’on ne me mette le nez dedans, je ne m’en rendais pas compte. Donc pour un truc qui s’adresse à des français, à trois pouillèmes d’exception près, ça fait sens.

Il s’adapte à son public, quoi.

Keiyan, contextuel.

Et surtout ces idées partent de constat. Les constats ne sont pas juste un support aux idées mais bien à l’origine de l’idée.

Malheureusement, à mon avis, ce processus de pensée où l’on part réellement de constat avant d’échafauder ses idées est rare. Je
déteste quand on part de l’idée et qu’on fait rentrer la réalité au chausse-pied dedans…

bobdju dit:Et surtout ces idées partent de constat. Les constats ne sont pas juste un support aux idées mais bien à l'origine de l'idée.


Oui, d'accord. Le problème ici, c'est que sur l'ensemble de la conférence, il aborde certains sujets en les mettant en perspectives suivant des angles particuliers, qu'on soit d'accord ou non. La conclusion, elle, est un constat extrêmement partiel sans aucune mise en perspectives. Et quel est le rapport avec l'ensemble de l'exposé ?
joker75 dit:... assez peu digne d'un philosophe...

Michel Serres est davantage un conteur gascon qu'un philosophe, et dans ce sens il est normalement caricatural.

Sa bonhommie et sa pointe d'accent gascon séduisent et aident à faire passer ses discours.

C’est juste un exposé libre.
Je vois ce que tu veux dire mais il n’est pas en train de donner un cours académique. Donc moi ça ne me gêne pas les sauts dans l’exposés…

shingouz dit:
Maldoror dit:Pas d'accord par contre, mais ça c'est un problème de génération et de métier sans doute, sur le fait de vouloir franciser des termes informatiques inventés par les anglo saxons.

Et pourtant, on parle de pilotes, de carte mère, de carte vidéo, de mémoire vive, de système d'exploitation, de disquette, de clé USB, de navigateur, de lecteur MP3, de tableur, de base de données, de traitement de texte... Pourquoi certains mots sont-ils naturellement francisés et pas d'autres, ça m'a toujours intrigué...


USB c'est de l'anglais, MP3 pareil, donc bon...
pour la mémoire on parle en informatique de RAM et de ROM, là encore c'est de l'anglais.
Pilote est une traduction un peu décalée de "driver"...

Mais moi non plus je ne sais pas pourquoi certains termes ont été traduits alors que pour d'autres ça fait juste un peu con.
Fadest dit:Pour avoir été au Québec en 96 ou moment ou le terme courriel a commencé à apparaitre, je le trouve bien mieux pensé que le terme français de l'époque : mél, qui certes signifie message électronique, mais a surtout pour vocation de rester le plus proche possible de la terminologie anglo-saxonne.

Il me semble que courriel c'est le courrier électronique, qu'en France ce terme n'a finalement pas marché et a été abandonné au profit de email (l'usage ayant gagné sur le proposition académique du début du siècle).
En revanche, aujourd'hui, mél. reprend le format tél. et indique l'adresse où envoyer des emails, mais pas l'email en tant que tel.