La vie du rail

Après avoir soigneusement vérifié mon billet, le contrôleur me le rendit.
Il n’en fît pas de même à mon voisin de fauteuil car, lui dit-il, ce billet à réduction imposait de présenter la dite carte de réduction. Après plusieurs minutes de vaines recherches, mon voisin du admettre qu’il ne trouvait pas la fameuse carte parmi ces nombreux bagages mais qu’il était certain de l’avoir sur lui. Le contrôleur impatient indiqua à mon voisin qu’il devait immédiatement s’acquitter de la différence d’avec le plein tarif, soit 42 euros.

Mon voisin, un tantinet amer mais affable, il sorti les billets de son porte-monnaie pour en réunir le montant sa dette. Malheureusement, même toutes pièces comptées, il n’avait que la somme de 29 euros et quelques centimes. N’ayant aucun autre mode de paiement accepté par l’administration des chemins de fer, le contrôleur signifia à mon voisin que le non paiement de ce billet allait le ranger au rang des fraudeurs et que cette infraction impliquait le dressage d’un procès verbal pour un montant de 88 euros, frais de dossier inclus.
De plus en plus amer et de moins en moins affable, mon voisin voulu savoir à quelle autorité il devait se rendre en gare d’arrivée pour présenter cette fameuse carte de réduction, une fois celle-ci retrouvée. Que nenni, expliqua le contrôleur, un PV est du ressort du Trésor Public, auprès duquel vous devrez d’abord payer puis contester... si le cœur vous en dit. Mais sachez monsieur, que cette administration est encore plus ferme que la mienne et qu’il est impossible d’aboutir dans ce genre de réclamation. Sachez encore que si vous ne payez pas dans les 2 mois, il vous en coutera au moins le double, sans parler des frais de dossier. Et si vous ne payer toujours pas, vous entourerez une peine pouvant aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement.
Il y avait dans ce contrôleur toute la hargne d’un Javert doublé de la suffisance de l’idiot.
Dans ce wagon nous étions plusieurs à nous offusquer en remarques plus ou moins contenues quand mon voisin interpella poliment le contrôleur et lui demanda s’il pouvait profiter de cette rencontre pour obtenir un renseignement d’une toute autre nature que celle qui les occupait actuellement. Réajustant sa casquette, notre contrôleur avoua non sans une pointe de fierté, que sa fonction impliquait aussi le renseignement aux voyageurs.
« Et bien voilà, dit mon voisin, j’ai un fils de 17 ans dont je ne sais que faire. Il n’a jamais rien fait de bon à l’école et nous cause les pires inquiétudes à sa mère et moi. Certes, il n’est pas très futé mais il faut bien l’avouer, il a un gout prononcé pour la fainéantise et sa principale activité consiste surtout à nuire à son entourage. Vu les circonstances, je me demandais s’il ne pouvait au moins devenir un bon contrôleur dans les transports ferroviaires ? »
Le contrôleur resta coi pendant plusieurs secondes. Le wagon silencieux attendait une réaction. On sentait bien que notre contrôleur avait ébauché une réponse mais il fut saisi d’une sorte de hoquet qui lui bloquait toute forme d’élocution. Sans autre avertissement, il tourna les talons et nous quitta d’un pas pressé. Après son passage, un voyageur se leva et applaudit. Puis deux puis trois puis l’ensemble du wagon frappa dans ses mains.

Certain saluait la sortie du contrôleur mais en ce qui me concerne je saluais la finesse d’esprit de mon infortuné voisin.
Il se rassit calmement, rangea soigneusement le procès verbal dans son portefeuille.
Au milieu de ses nombreux papiers, il sorti une petite de carte au couleur de la SNCF.
« Je savais bien que je l’avais ! ».

un conte de Noël en juillet ! ... merci Richard !

Voila qui égaye ma fin de journée de boulot :lol:

Richard dit:« Et bien voilà, dit mon voisin, j’ai un fils de 17 ans dont je ne sais que faire. Il n’a jamais rien fait de bon à l’école et nous cause les pires inquiétudes à sa mère et moi. Certes, il n’est pas très futé mais il faut bien l’avouer, il a un gout prononcé pour la fainéantise et sa principale activité consiste surtout à nuire à son entourage. Vu les circonstances, je me demandais s’il ne pouvait au moins devenir un bon contrôleur dans les transports ferroviaires ? »


Bon, on est dans la cage et tout ça, mais, outre que ledit contrôleur semble dépeint comme désagréable, est-on toujours obligé de faire valoir du "pas très futé" et autre "fainéantise" quand on parle de cheminots et, plus généralement, de fonction publique ?

scand1sk dit:
Richard dit:« Et bien voilà, dit mon voisin, j’ai un fils de 17 ans dont je ne sais que faire. Il n’a jamais rien fait de bon à l’école et nous cause les pires inquiétudes à sa mère et moi. Certes, il n’est pas très futé mais il faut bien l’avouer, il a un gout prononcé pour la fainéantise et sa principale activité consiste surtout à nuire à son entourage. Vu les circonstances, je me demandais s’il ne pouvait au moins devenir un bon contrôleur dans les transports ferroviaires ? »

Bon, on est dans la cage et tout ça, mais, outre que ledit contrôleur semble dépeint comme désagréable, est-on toujours obligé de faire valoir du "pas très futé" et autre "fainéantise" quand on parle de cheminots et, plus généralement, de fonction publique ?


Surtout qu'il a fait son boulot, en fait... (au moins pour le pan contrôle, il y a aussi tout un pan sécurité qui n'est pas connu du public)

Amis contrôleurs zélés (et solidaires), lâchez-vous au niveau du poncif.
Je me suis mis dans la cage exprès pour ça.

Ouais ben l'autre jour, ils étaient deux à se tirer la bourre pour controler les billets, avec le recul, il y avait réelle necessité à se soutenir psychologiquement...t'ain il fesait une chaleur à crever dans le train :china: :pouicboulet:



Tiens! Tout ça me fait penser à cette chouette bd de Killoffer......A lire absolument :pouiclove:

J'ai effectué mon service national en Yougoslavie du temps ou ca pleuvait du plomb là bas (ouahh le mec qui se la joue ancien combattant), avec un casque bleu sur la tête.

Quand je suis revenu à la fin, mon service national durait officielement encore une quinzaine, je suis allé voir des amis en train. Ne voulant pas payer un plein tarif comme il se devait, j'ai pris un billet militaire avec 75 % de réduction normalement réservé aux billets pour se rendre de la caserne à son domicile et devant être accompagné d'un justificatif appellé modèle Z.

Je monte dans le train, et évidement, sinon je n'en parlerais pas, je me fais controler. Je tends mon billet au contrôleur, qui me demande mon justificatif.
"Désolé monsieur, je reviens juste de Sarajevo - mon voisin se retourne pour me regarder, le contrôleur ouvre de grands yeux -, et vous savez - là, je la joue warrior humble - c'est un peu la guerre là bas, ce qui fait que l'administration n'a pas pu me délivrer de modèle Z. "
Et là, je lui tends ma petite carte bleu clair avec le symbole de l'ONU, et ma trogne. Il regarde mon crâne rasé, mes rangers brillantes (c'est tout ce que j'ai retenu de toutes les conneries de l'armée : des pompes bien cirées) et ma carte en plastique, et aprés 15 secondes de réflexion, il me fait : "C'est bon, pas de problème".

Comme quoi il n'y a pas que des cons chez les contôleurs. Et on peut en citer dans tous les corps de métiers réputés ne pas abriter que des gens aimables.

Evidemment (heureusement) qu'il n'y pas que des fonctionnaires zélés (même dans ceux dont le boulot est purement répressif)
J'ai même vu des gendarmes avec de l'humanité (plus que dans dans l'oeil d'un chien quand il remue la queue... et pas moins que dans la queue de Lepen quand il remue son oeil)

Mais le propos n'est pas la !

Le héros de cette histoire est le voisin.
C'est lui le personnage qui mérite toute l'attention...

J'ai écrit cette histoire car les héros du quotidien me manque.
Ceux dont l'impertinence pousse à la réflexion.
Je suis d'une génération ou les conventions se devaient d'être bousculées juste afin de voir si elle avaient de la pertinence et de la pérennité.
Peut-être qu'aujourd'hui on a fait le tour, et que tout est établit.
A mon sens il reste des points de vigilance mais je me sent en décalage d'avec la société.

Ne plus faire preuve d'impertinence et s'abstenir de bousculer les conventions, c'est d'une certaine façon se preserver de la "Société" qui a le jugement si facile...C'est alors tenter de tendre vers une certaine sérénité... Ca devient mortellement chiant mais il se trouve que c'est de bon ton...

Babayog dit: [...]Comme quoi il n'y a pas que des cons chez les contôleurs. Et on peut en citer dans tous les corps de métiers réputés ne pas abriter que des gens aimables.

Il n'y a pas que des cons dans tous les métiers. Mais pafois on tombe sur une ou deux têtes de con digne de ce nom. Faut faire avec et pas généraliser.

Mitsoukos dit:Ne plus faire preuve d'impertinence (...) ça devient mortellement chiant (...)

et vous pensez que 23 gamins de 16/17 ans dont les principales activités se résument à :
-fumer
-jouer au billard
-critiquer toutes les sorties qu'une équipe propose
pourraient être envoyer en stage à la SNCF ???

:mrgreen:

pff je m'ennui
ils sont pas méchants hein
mais je m'ennui quand même

encore UN MOIS
la sncf pourra peut être faire un geste pour nous :roll:

Girafe dit:et vous pensez que 23 gamins de 16/17 ans dont les principales activités se résument à :
-fumer
-jouer au billard
-critiquer toutes les sorties qu'une équipe propose
pourraient être envoyer en stage à la SNCF ???
:mrgreen:
pff je m'ennui
ils sont pas méchants hein
mais je m'ennui quand même
encore UN MOIS
la sncf pourra peut être faire un geste pour nous :roll:
tu pourais les faire jouer à jungle speed... En remplaçant le totem par un couteau ! :twisted:

ou un stage dans un sous-marin dont les hublots ferment mal....
ok, je :arrow:

Richard dit:J'ai écrit cette histoire car les héros du quotidien me manque.
Ceux dont l'impertinence pousse à la réflexion.
Je suis d'une génération ou les conventions se devaient d'être bousculées juste afin de voir si elle avaient de la pertinence et de la pérennité.
Peut-être qu'aujourd'hui on a fait le tour, et que tout est établit.
A mon sens il reste des points de vigilance mais je me sent en décalage d'avec la société.

Le problème c'est qu'aujourd'hui, les gens impertinents ne savent plus l'être de manière polie... donc ça passe mal... donc les gens polis n'osent plus être impertinents de peur que ça passe mal aussi...

C'était la pensée du jour... et je crois qu'il est vraiment temps que je parte en vacances !!!