Les Carnets de Tom’ - Page 1
Chroniques, Récits, Élucubrations et Inepties…
“Un soleil de Novembre”
Il faisait un froid de Novembre, un froid de saison, le soleil perçait dans la maison,
comme un appel
Résonnait alors ce conseil de mon ex-femme vue la veille : sortir me reconnecter à la Nature,
car elle savait le bien que cela me faisait
et puis elle avait perçu ce signe parmi d’autres…
J’avais du travail à la maison, le genre de travail qui rapporte un petit chèque, j’avais donné une date de remise du boulot.
mais bon, il faisait si beau…
Alors, je me suis habillé de circonstance pour parcourir les sous bois et chemins boueux dont j’ai la chance qu’il me soit accessibles immédiatement à pied.
Un pantalon d’randonnée, un sweatshirt vert à capuche une taille au dessus (pour être à l’aise pour le bricolage à la base), une veste polaire kaki à capuche itou, une paire de pompes de rando Quechua et une casquette informe…
A peine sorti de chez moi, je rentre dans le sous-bois, un chemin sous les frondaisons assez court mais instantanément, je sens que ça m’fait du bien, j’enquille un chemin herbu à découvert qui mène jusqu’au stade de foot. L’air est vif, l’herbe mouillée, le soleil perce la froideur de Novembre et j’entends au loin des ados au city stade qui jouxte les terrains en herbe tondus de frais.
Aux abords de la clôture du stade, des sangliers ont défoncés le chemin, j’aperçois un employé municipal qui pousse une carriole antédiluvienne destinée à tracer les lignes du terrain, j’actionne une espèce de grille bricolée dernièrement semble t’il pour empêcher les cochons de fouir le gazon sportif. Arrivé à l’aplomb d’une ligne de poudre blanche, je me fends d’une vanne concernant la rectilignité de la chose ayant rapport à un supposé apéro, loin de s’offusquer, le municipal s’approche pour discuter le bout d’gras sur les taupes, les sangliers et la légèreté qu’il accorde à sa tâche.
Le soleil lui fait fermer un œil, je lui regarde son œil ouvert au milieu d’une mine fatiguée par les années, coiffée d’un bonnet de ski défraîchi mais criard ne lui ayant pour autant pas épargné une goutte au pif jouant au yoyo.
Nous nous quittons sur des banalités réconfortantes et je me dirige vers la sortie ; Ce faisant, je passe devant le city stade où j’observe un rituel inhabituel : le jeune se préparant à tirer un penalty enchaîne les pompes (sans doute pour déstabiliser son adversaire) avant de se foirer lamentablement.
Me voici remontant la rue principale désormais, et je m’arrête quelques secondes devant cette grande baraque en vente depuis près de 10 ans à un tarif prohibitif et irréaliste, pensez donc : en pleine rue passante, face au terrains d’foot où ça gueule le dimanche et les mercredis d’entraînement avec tout le rafraîchissement à refaire la d’dans ! le feutre du numéro de téléphone de la pancarte s’efface doucement, les pancartes des agences immobilières se décolorent … le bitume rouge de l’entrée qui faisait si chic est rapiécé de béton ça et là …
Bref, je continue ma route, pressé de quitter la civilisation et de monter dans le bois par un chemin proche.
M’y voici enfin, les premiers mètres sont comme la plupart des gens : degueulasses.
Sacs poubelles, canettes … mais j’ai connu pire et ce chemin est somme toute assez correct quand on s’y enfonce, excepté toutefois que de récents travaux (au black) de coupe de bois l’ont totalement massacré. Ce n’est qu’ornieres inondées, boues grasses et branches éparses commises par des branleurs qui sont juste venu faire du fric à la tronçonneuse (même le dimanche). Mes godasses font le job et j’arrive à dépasser le segment défiguré pour apercevoir la portion restée belle et naturelle qu’éclaire un soleil prometteur m’attendant en plaine.
Ce soleil est comme un appel, je suis sorti pour lui, pour le rencontrer en rase campagne, qu’il me raconte les feuilles orangées qu’il éclaire par le dessous et les herbes tendres qu’il réchauffe de ses pâles rayons hivernaux.
Nan vraiment, j’en suis content d’mes godasses ! je m’étais gourré en les achetant cet été, j’avais pas vu qu’elles étaient imperméables et épaisses, du coup, j’avais transpiré dedans et m’en était acheté d’autres plus légères, mais là ! elles sont impeccables, je foule les chemins et prés détrempés en restant tout à fait au sec dans des baskets ! et au chaud aussi. Je vous les recommande (ce qui est une façon de parler car je n’en mettrai pas de lien.
Me voici rendu à un tournant, je le connais bien ce virage en plaine, il précède une lisière de sous-bois et va me ramener sur le chemin du retour, je le connais bien , car en VTT, il suit une légère montée en herbe et précède souvent un long chemin plat mais en vent de face, toujours en herbe. Ce chemin est beau, j’entends par là que les tracteurs ne le marquent pas, il ne doivent pas y passer je pense. Je repère des traces de fers à cheval (il y a des bourrins partout dans ces plaines, et un centre équestre dans les parages) et aussi des traces de cervidés, mais je remarque comme une patte de loup ! j’ai lu dernièrement que le loup est partout en région, partout, c’est pas des blagues ! Aperçu à Reims, mais aussi dans la Somme ! Je me surprends à me retourner quelques fois et en rigole tout seul.
La civilisation résonne au loin, quelques motos tout-terrain se font entendre, je souris en pensant que des mômes font encore les cons loin des écrans et smartphones…, entre-temps je suis arrivé sur une portion de chemin que les tracteurs empruntent, mais ça reste tout à fait praticable à pied. C’est alors que je remarque un arbre remarquable au loin (ce qui est sa destinée remarquez), il est vraiment plus grand que la ligne de crête, on dirait un résineux, je le prend en photo pour tenter de le localiser via google et aller le visiter, j’essaye de prendre des points de repères et je remarque alors la triangulation des antennes relais ! nous sommes cernés ! J’habite dans une vallée où coule une rivière et bien entendu, lorsque l’on s’éloigne de dite vallée, on grimpe des collines larges, des plateaux ; Du haut de ma promenade, je surplombe la vallée et peut aisément contempler les paysages qui s’élèvent de part et d’autres de la rivière … et les antennes relais. A tout prendre, je préfère ça aux éoliennes moins discrètes qui se campent en troupeau.
Puis, juste devant moi, comme un grand rectangle oublié, s’étale un champ bizarre … je ne suis pas scpecialiste des cultures, mais cette plante ne m’est pas familière … et pis y’a des tiges folles rebelles qui s’elancent au dessus de cette intriguante colonie rougeatre. Je suis touché par ce spectacle quasi post-apo (c’est l’idée que j’en ai eu) et je le prends en photo. Je n’ai pas la présence d’esprit de googliser le bordel pour savoir ce que c’était mais peu m’importe en fait sur le moment.
Je reprends mon chemin.
J’aperçois bientôt une pierre blanche presque cubique qui détonne sur le côté du chemin d’ornières boueuses, en m’approchant je distingue qu’un petit mammifère (sans doute un renard) y a fait trôner son étron, comme une fierté, une exposition, une oeuvre ; Mes pensées vont à Cloaca pour le côté arty mais je ne sais si je dois en sourire ou pester contre si peu d’égard de la faune envers le promeneur… bah, après tout nous sommes chez eux non ?! … alors s ‘ils veulent y foutre le bordel et laisser traîner les chaussettes …
Sortant du chemin qui s’est progressivement changé en pierreux, j’avise une curiosité qui n’est pas sans faire écho avec ma reflexion ci-dessus … un lopin de terre planté d’arbres avec une méchante cabane en bois est farouchement défendu par un double portail, il faut comprendre en cela qu’il y a 2 portails l’un derrière l’autre. Voila un sens exacerbé de la propriété. ils sont aussi bas l’un que l’autre mais je conçois que ça peut dérouter l’envahisseur.
Je m’apprête à rejoindre une intersection lorsque débouche de la gauche une promeneuse, elle continue son chemin tout droit ; elle ne m’a pas vu car je fin de mon chemin est encaissé de talus.
Damned ! Que fais je ? je me laissais le choix de continuer par la droite pour prolonger dans les champs et pâture à chevaux en une boucle, mais elle s’y engage !
Si je la suis, elle pensera que je la suit ! imparable, et je n’ai pas envie de forcer le pas pour la dépasser, et quand bien même je le ferais juste histoire de passer en tête, mon allure baguenaude va me faire m’arrêter à tout bout d’champ pour regarder un caillou qu’aurait une drôle de forme, admirer une trace de tracteur dans la boue ou encore zieuter 2 mouches copuler sur un tas d’fumier … et donc, ce serait extrêmement gênant de la dépasser à nouveau et encore et encore. ha bon sang !
Je pourrais engager la conversation et ainsi finalement régler mon pas sur le sien cela dit, mais alors ce serait faire une croix sur les mouches… et peut être l’indisposer dans sa quête de balade tranquille … bon, finalement je continue tout droit et la laisse à sa solitude de chemin.
Du coup, me voici revenu sur le goudron en une longue pente descendante vers le bourg, je nettoie mes chaussures toutes crottées dans l’herbe grasse des bas côtés, elles sont chouettes mes pompes, vraiment un bon achat (et pas cher), imperméables, confortables et tout, faudra que je laisse un avis élogieux sur le site de Decathlon, hé, chuis pas un locdu moi hein ! c’est le dirlol en personne qui m’envoie un mail pour savoir ce que j’en pense de ses pompes ! hé ouais !
Des fois, c’est beau l’equilibre de la nature, parce que figurez vous que comme je descend, une jeune femme tenant un beau cheval blanc par la bride remonte doucement ! Avouez que c’est troublant. Le bourrin s’appelle Camajon, je discute quelques secondes avec sa propriétaire pendant qu’il broute consciencieusement le talus pourtant fraîchement tondu à cet endroit.
Je suis frappé par une chose assez inhabituelle vous allez en convenir : cette jeune femme sent le frais, un parfum délicat, entendez par là qu’elle ne sent pas le bourrin ! c’est assez rare pour le souligner et puis bon voilà quoi, je vais pas m’extasier plus que ça, mais rencontre sympathique tout de même.
Je continue ma descente, la balade touche à sa fin, j’atteins des trottoirs… des trottoirs de cambrousse qui longe une ferme, mais ce sont tout de même des aménagements qui trahissent la civilisation circulante à chaussures voulant rester propres.
Il me vient alors un poème que j’envoie illico à mon ex (avec laquelle j’ai gardé de très bonnes relations)… qui l’adore dans la foulée.
Cette fois, je suis en plein centre, je jette un coup d’œil à l’armoire Fibre dont j’ai remonté les portes cassées l’autre jour de plein vent. ok, les portes sont toujours là.
Je croise 2 femmes dont une rousse, me retourne sur elle, je jette un coup d’œil dans une vitre de voiture pour voir mon allure : ainsi vêtu, je ne ressemble à rien … je choisis de rentrer chez moi par le chemin d’herbe qui contourne l’arrière de la maison plutôt que de passer par la rue, c’est bon, j’ai vu assez d’humains pour aujourd’hui sans blague !
Mon chat me capte au portail et je me demande si je vais finalement éplucher les topinambours que m’a donné la voisine il y 3 semaines …
Le soleil commence à raser les collines.
Tomfuel.