Pourquoi le parler « normal » n’est pas celui des pâtres béarnais ? Parce que c’est celui des gens des bords de Loire.
L’histoire est ce qu’elle est.
Cela devient une histoire de domination sociale non pas parce que la bourgeoisie parle cette langue et l’impose, cela devient un outil de domination sociale parce que, depuis Villers Cotteret, 1539, le francais a été normalisé, même s’il évolue, et la bourgeoisie s’est emparée de cette langue française, par l’éducation.
Ce n’est pas la bourgeoisie qui impose sa langue, c’est l’état qui, en définissant une langue officielle pour unifier l’organisation (principalement légale) et en essayant de la cadrer (académie française, même si son action est discutable) impose une langue.
La volonté de l’état n’a jamais été d’en faire un outil de domination sociale mais un outil d’unification (un peuple, une langue, une loi).
Historiquement, un effort très important a été porté pour l’éducation : 1880, l’école est obligatoire jusqu’à 13 ans, elle est portée par « les hussards noir de la république ». Un élève niveau certificat d’étude en 1950 maîtrisait probablement mieux le francais qu’une bonne partie des bacheliers d’aujourd’hui.
Dans mon enfance (primaire, sixième), dans des écoles publiques ou la mixité sociale s’appliquait vraiment, les élèves, quelque soit leur milieu, savaient parler un francais correct et connaissaient la différence entre le parler local, l’argot, le vocabulaire generational. Ils savaient faire la différence entre la langue employee avec les copains et celle utilisée dans les rédactions ou pour parler avec les enseignants.
Ensuite, clairement, comme ce francais « correct » n’était pas utilisé dans la vie de tout les jours, il se perdait probablement.
Ce long pavé pour dire que, si la langue officielle en France, celle utile pour la loi, les contrats, les actes officiels était le patois béarnais plutôt que celui des bords de Loire, « la grande bourgeoisie » parlerait à la perfection le patois béarnais. Bref… c’est la faute à Henry IV (qui parlait béarnais mais ne l’a pas imposé) et de François 1er, qui parlait le « françoys » et l’a imposé.
Il ne faut pas confondre les causes (l’origine de la langue officielle et efficace) et les effets (la classe dominante maîtrise la langue officielle et efficace), et la contraposée : si tu ne maîtrise pas la langue officielle et efficace tu ne fais pas partie de la classe dominante.