En ce moment, ce n’est pas vraiment la joie au niveau ludique.
Après un été assez énorme, avec le trophée Flip frôlé et une grosse bonne nouvelle, et niveau personnel un déménagement en Guadeloupe, là c’est, niveau ludique je le reprécise, un peu (beaucoup) la déprime.
Pourquoi ?
D’abord - parce que la grosse bonne nouvelle de l’été vient de s’effondrer comme un château de carte.
Ensuite - car j’attends toujours des réponses depuis Cannes dernier pour trois de mes protos que j’ai donné à des éditeurs. Je ne dis pas que je n’ai aucune nouvelle, mais juste que j’ai des “on n’a pas encore décidé”, “on n’a pas eu le temps” ou autre truc du genre. Bref, pas de “non” ferme et définitif, mais pour moi ça y ressemble tout de même et j’ai très peu d’espoir.
Enfin - car pour certains jeux je suis au bout du rouleau. Pour quelques uns d’entre eux, c’est sans doute dans ma soute à proto abandonnés qu’ils ont leur place, mais pour d’autres, comme Crapules, c’est très douloureux. Oui, Crapules, j’en fais quoi ? J’abandonne tout ? Je le jette ? Pourtant il marchait bien, très bien même en salon, off et autre. J’ai refusé un paquet de fois d’en vendre des protos (pas les droits sur les illustrations), je ne suis pas passé loin à Ludix du prix des jeunes comme celui du public. Mais il ne tape absolument pas dans l’œil des éditeurs. Il y a forcément une raison, mais impossible de l’avoir. Jamais d’explication de leur part sur les raisons de leur refus. Ce qui est difficile pour avancer, pour progresser. Bref, ça fait suer de le tuer ce jeu. S’il y toujours au moins un mort par partie, je crains que Crapules ne soit sa dernière victime. Et ça ça me fait chier de façon impressionnante.
De tout ça, il en ressort que si je continue à travailler sur des protos, à continuer à créer, je suis dégouté par avance d’aller démarcher les éditeurs. Déjà que c’est plus que dur quand on peut les voir, leur présenter les jeux, les questionner sur ce qu’ils recherchent … lors des salons et autres manifestations ludique, à distance que peut-on faire ?
Pour avoir des réponses pour des jeux qu’on a donné en main propre, parfois testé avec eux, cela peut prendre des mois. Pour avoir une réponse à un mail, pareil, mais en pire.
Bref, ça me fait suer. J’adore la création de jeu, mais je suis clairement en train de me demander justement, si le jeu en vaut la chandelle. Et si l’énergie que je dépense à tenter d’avoir des contacts constructifs avec les acteurs du monde du jeu ne nuit pas totalement à mon plaisir de création.
Mais créer des jeux sans espoir du tout de les voir éditer, c’est comme un peintre qui met ses tableaux dans son garage, c’est encore plus déprimant.
Bref de bref de bref, je ne sais pas comment vous faites, mais bravo, vous êtes plus courageux et plus endurant que moi.
Bonjour Étienne,
Tout est une question d’ambition, je trouve. Tu as (je me permets de te tutoyer), comme nous tous, la “flamme de la création”. Mais dans la création de jeux, comme en peinture, il y a plusieurs étapes : les croquis, l’oeuvre finale, le fait qu’il soit dans un garage ou dans une galerie d’art. La flamme fait qu’on passe les deux premiers étapes avec enthousiasme, et qu’on estime que la troisième étape est une consécration.
Ton témoignage me fait penser à la création d’un jeu, du moins de mes jeux (je ne vais pas m’avancer pour les autres). À savoir de l’enthousiasme, le plaisir de la création. Puis la diffusion du jeu, et déjà les premières réactions positives, voire les premières illusions (tomber sur quelqu’un qui nous dit “J’éditerais bien ton jeu”). Mais après chaque événement clef, il y a encore de l’enthousiasme (j’ai des critiques constructives, cette idée est cool, mon jeu sera mieux !) et puis… aussi de la déception. Pourquoi ma page Facebook n’a quasiment pas eu de like en plus après tel festival ? Pourquoi personne ne répond sur le topic Tric-Trac ? Alors les doutes viennent : et si le jeu était pas si bien ? et s’il n’évoluait pas dans la bonne direction ? … J’ai déjà envisagé de me dire que mon jeu avait atteint une impasse. Qu’il était “bon” mais “pas assez” et qu’il n’y avait pas moyen de l’évoluer.
Bien sûr, mon expérience ludique et surtout mon expérience des festivals est trop faible pour que j’ose dire “je comprends ce que tu ressens”. Mais je me permets de parler de ma maigre expérience pour tâcher de relativiser : tout d’abord, il y aura toujours des hauts et des bas. Ensuite, il faut voir comment tu te situes par rapport à la création : est-ce que tu cherches à tout prix l’édition, ou simplement partager des jeux, des idées, est suffisant ? Tous les peintres ne voient pas le musée commme étant le but à atteindre, mais simplement une cerise sur le gâteau.
Après, si tu trouves quand même le “peintre garagiste” est déprimant, tu peux te dire que ce n’est peut-être pas le bon moment pour ton jeu. Après tout, même des jeux comme Jungle Speed ont mis des années pour s’éditer, et pourtant personne ne nierait que c’est un bon jeu. Donc autant en profiter pour faire évoluer le jeu. Et s’il n’évolue plus, c’est peut-être qu’il a trouvé une sorte de “forme finale”. Pas forcément le jeu qui sortira tel quel à l’édition, mais le jeu qui a trouvé son type de gameplay, son public-cible, ce genre de choses. Hélas, parfois le public qu’on vise est parfois moins nombreux ou plus réservé, ce qui explique que le jeu aura plus de mal à s’éditer.
Enfin, développer un réseau ludique ne peut qu’être une bonne chose, ne serait-ce pour l’échange d’idées et tout le bazar. Bon, ça peut aussi servir à s’intégrer plus facilement dans le milieu si on est timide (ce qui est mon cas ^^).
Voilà ! Quant à tes congratulations, je ne peux les accepter car, comme je l’ai dit, je suis trop jeune dans le milieu. Je n’ai donc pas faire preuve d’endurance ni de beaucoup de courage. D’autant plus que je suis dans ma phase “créons avec insouciance”, où je tâche de créer des jeux qui correspondent à ma gamme, à ce que je veux, plutôt qu’à convenir à un éditeur ou au grand public.
Après, pour l’édition, il y a différentes voies : l’édition (certes), l’auto-édition (mais il faut l’argent, et le goût du risque), l’édition participative (je sais plus le nom du site, mais où chacun peut donner du pognon à un projet)… Si ton ambition est de retrouver ton jeu dans le commerce, il y a différentes voies. Et si tes jeux sont bons (or les jeux bons tournent bien lors des off et compagnie), il n’a pas de raison qu’il marche pas.
Cela dit, ça ouvre un autre débat : est-ce que tu recherches l’édition proprement parlé, la reconnaissance des éditeurs, du public, du “milieu” (journalistes, concours, etc.) ? Il y a différents objectifs et différents moyens pour y parvenir.
Sirian dit:...
C'est dommage qu'il n'y ait pas de bouton j'aime sur TT pour le coup
Tout pareil que Keniz; bien repondu Sirian.
Je ne m’etendrai pas trop ici, j’ai deja repondu sur facebook.
Mais juste bon courage pour cette mauvaise passade.
Sirian,
Pour moi, un livre est fait pour être lu, un tableau pour être vu. Pas forcément dans un musée, juste vu. C’est pareil pour un jeu, il est fait pour être joué.
Ce qui fait que l’édition, d’un jeu comme d’un livre, n’est pas le but en soi, c’est l’outil qui permettra à ton jeu de vivre en étant jouer.
Donc, lorsque j’en suis au développement du jeu, qui n’est pas forcément la partie la plus excitante, à la réalisation de proto, qui reste toujours fastidieuse pour moi, et qui est couteuse il faut l’avouer. Bref, quand je suis dans le dur d’un projet et que la question de l’édition me vient en tête, ça me bouffe. Pourquoi faire tout ça ? Le plaisir de la création pure (qui ne donne pas que des bons résultats, soyons honnête) est derrière, devant il y a le dur.
Et si je suis capable d’être dur au mal pour arriver à mes fins, c’est pour atteindre l’étape d’après. Dans le cas contraire, j’ai beaucoup plus de mal.
C’est là que je dis que ce problème me bouffe de l’énergie, et me gache l’envie et le plaisir de créer, ou tout du moins d’aller au bout de mes créations.
Pour être tout à fait honnête, et vu que je gamberge là-dessus en ce moment, tout ce travail m’a tout de même permis d’aller sur des salons et de faire des rencontres absolument géniales. Et ça, on est d’accord que ça n’a pas de prix. C’est d’ailleurs peut-être parce que je n’ai plus cette possibilité aujourd’hui qu’il y a un truc qui s’est cassé.
En tout cas, merci de vos réactions et réponse. Désolé aussi pour le double poste ici/FB mais fallait que j’en parle et je souhaitais avoir les réactions et avis du max de personne (même si en fait on trouve les mêmes des deux côtés ^^)
Bientôt je reviendrais parler de mes nouveaux projets, qui existent bel et bien.
Questions :
Cela fait combien de temps que tu créés des jeux ?
Combien de tes jeux te semblent aboutis pour être édités ?
Combien ont été édités ?
T’es tu déjà posé la question de l’auto-édition ?
lonis dit:Questions :
Cela fait combien de temps que tu créés des jeux ?
Heu, si j'ai le droit à un joker, je le prend ici
lonis dit:Combien de tes jeux te semblent aboutis pour être édités ?
Si je m'en tiens au nombre de jeu qui intéresse vraiment les éditeurs, un. Même si rien n'est fait.
Si je m'en tiens au nombre de jeu qui ont réussi à retenir l'attention des éditeurs pour qu'ils soient en test chez eux au moment où j'écris, quatre.
Si je m'en tiens au nombre de réponse ferme, zéro.
lonis dit:Combien ont été édités ?
Zéro, même si pour un il y a des contacts plus que sérieux.
lonis dit:T'es tu déjà posé la question de l'auto-édition ?
Oui, plein de fois. Mais je ne suis pas sur que ce soit, pour moi, la bonne solution. Je ne dis pas non plus que ce soit la mauvaise. Mais être éditeur, c'est un métier. Et je n'ai pas la prétention de savoir mieux faire le travail d'éditeur que les éditeurs qui m'ont refusé des protos.
Ceci dit, comme je le dis dans le lien ci-dessous, je suis tenté par une autre voie, bien plus modeste. La fabrication de quelques dizaines de jeux.
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=616834735033684&set=a.428663137184179.103508.428651987185294&type=1&theater
Encore merci à vous pour ce coup de boost.
Ah bah non il n’y avait pas de joker
En plus c’était la question la plus intéressante, je pense que tout le monde se pose ce genre de question au bout d’un moment reste que pour certains elle arrive beaucoup plus vite - question de caractère et de contexte.
Je suppose que ton récent éloignement doit te peser car tu vois cela comme un frein à ton envie d’édition.
Pour ma part j’ai commencé à créer des jeux dans une optique d’édition il y a environ 3 ans.
Étant jeune papa je ne me déplace sur aucun salon, les week-end c’est pour la famille (si le désir de créer est toujours là d’ici quelques années, je le ferai sans doute). Et je me suis interdit de dépenser beaucoup d’argent dans mes protos.
En tout j’ai du créer une dizaine de jeux, 4 ont intéressé des éditeurs et 1 devrait logiquement sortir l’année prochaine (entre les règles définitive et l’accord de l’éditeur il s’est écoulé 2 ans).
Donc si c’est l’éloignement qui te préoccupe dis toi que cela est toujours possible, cela peut être plus long mais c’est possible. Cela changera peut être un peu tes habitudes, il faudra soigner les règles et tes fiches de présentation.
Le milieu est de plus en plus concurrentiel, il y a de plus en plus de jeune auteur (mais il y a de plus en plus d’éditeur).
Donc ne perd pas courage et espoir
Zous dit:Pour moi, un livre est fait pour être lu, un tableau pour être vu. Pas forcément dans un musée, juste vu. C'est pareil pour un jeu, il est fait pour être joué.
Hello
ma réponse est : NON !
Certains livres méritent le feu, certains tableaux la benne. Par suite logique, certains jeux, le fond d'un placard humide pour le pourrissement.
Je peins et je fais des jeux. Plus ont vu le fond de la poubelle qu'un mur ou une table.
Quand on créé, il y a forcément des merdes. Une fois la pointe de déception passée, on jette et on recommence.
Jean-Yves, nous sommes d’accord sur le fond je pense, le tout est de s’entendre sur les mots. Bon nombre de mes protos ont terminé à la poubelle ou totalement démembré afin que le matériel serve autre part.
Même des protos aboutis, jouables. Mais cela restait des protos soit qui avait un manque d’intérêt, soit des fausses bonnes idées, soit des impasses à mes yeux, soit un proto trop similaire dans le contenu, la mécanique ou l’esprit à un jeu qui sortait où que je découvrais ou toute autre raison qui me faisait prendre la décision de ne pas aller plus loin dans le projet.
Oui, des projets non fini, c’est aussi la majorité chez moi, comme chez beaucoup d’auteurs je pense.
Donc, quand je parle de jeu, je parle de quelque chose d’abouti. Et pour moi, un jeu doit être joué pour vivre (même si pas tous les projets de jeu). Après c’est ma vision des choses.
Salut Zous,
Meilleures salutations.
Oui, il y en a plein qui finissent au trou mais c’est tellement bien ceux qui tournent même s’ils ne sont pas édités !
Amitiés
Emmanuel
Hola,
J’ai eu l’immense chance d’avoir un jeu édité rapidement et mon expérience mettra du baume au coeur aux auteurs en quête d’une premiére édition.
Certes il faut être au bon endroit au bon moment avec le bon jeu (avantage évident pour les auteurs qui connaissent le milieu) mais il y a de la place aujourd’hui pour de nouveaux auteurs et ça peut aller vite.
Regardez le nombre d’auteurs qui ont débarqué récemment ou débarquent avec des jeux à succès : Y.Levet en est un des meilleurs exemples…
Certes la concurrence est importante mais il n’est jamais sorti autant de jeux en France qu’en ce moment.
L’activité créatrice est faite de doutes, joies et déceptions, et de beaucoup de rencontres. C’est ça qui est intéressant non?
d’accord avec Chabousse, ne boudons pas notre chance, ce milieu est un des rares à rester accessible, bon enfant et à taille humaine.
essaie de présenter des projets dans le milieu littéraire ou cinematographique et tu verras que le secteur du jeu de société reste encore très ouvert et accueillant.
allez zou! Zous retrousse tes manches (même si t’en a pas aux antilles…)
Bien le bonjour mes amis, voilà que je ressors une fois de plus ce sujet qui commence à dater afin de donner quelques nouvelles.
En même temps ce sujet, je l’ai créé pour ça.
Tout d’abord, il y a la sortie imminente de Deal, Gentlemen Collectionneurs, fait avec Keniz, édité aux Editions La Donzelle. Le jeu est en cours de production chez le fabricant et on espère le voir le plus rapidement possible dans toutes les bonnes boutiques.
Ceux qui y ont joué, n’hésitez pas à aller donner votre avis sur la fiche TT dont le lien est ci-dessus (surtout s’il est bon ).
Sinon, voici une petite réflexion personnelle concernant l’autre cause de mon enthousiasme ludique du moment, et également un aperçu des conséquences. (faceboukophobes, ne cliquez pas sur ce deuxième lien)
Comme quoi, si après des hauts il y a souvent des bas, l’inverse est vrai aussi.
Et voilà, après bientôt trois ans à trainer dans la protozone, mon premier jeu vient d’être édité. Il s’agit d’un jeu créé avec Keniz que j’ai rencontré sur un concours de créateur. 
Quelques infos concernant Deal, gentlemen collectionneurs dans ma signature.
Normalement présent dans toutes les bonnes boutiques, et s’il ne l’est pas, réclamez le, il peut-être présent partout où il y a Dixit vu qu’il est distribué par Paille.
Tout ça pour dire que quand ça veut pas, ça veut pas mais qu’il faut persévérer
Durant ces quelques années, beaucoup plus de déceptions (en nombre) que de satisfactions, mais les satisfactions et les rencontres valent infiniment plus que toutes les couleuvres.
Bon, avec tout ça, ça me donne la pêche pour bosser mes protos.
Je l’ai fait dédicacé par Flo et par ton éditeur Raphael.
Il ne manque plus que la tienne pour ton futur retour en France !
Félicitation !
ça motive ^^
Parce que bon c’est ingrat des fois 
…au plaisir de se recroiser en festoche.
Julian
Félicitations !
PS: est-ce utile un message d’un seul mot ? Moi je pense que oui. Et pis comme ça c’est plus un post mono-mot.
Deux petites nouvelles dans ce “fil rouge”
- J’ai créé un petit site pour faire le tour de mes jeux, et également mettre quelques petits articles dans mon blog.
Pour l’instant je n’ai mis qu’un ou deux jeux dans chaque rubrique, mais bien évidement je vais compléter tout ça petit à petit
- Comme vous pourrez le lire justement dans l’article du blog (le seul actuellement), j’ai un deuxième jeu en cours d’édition. Dès que je pourrais en dire plus sur l’éditeur, les dates, les visuels et autres, je le mettrais dans les jeux édités.
C’est fou, car après m’être mis en veille de création ludique durant ma première année Guadeloupéenne et m’y être vraiment replongé depuis septembre (merci Boulogne) je n’imaginais pas un dénouement de ce type à plus de 6500 kilomètres.
A bientôt pour de nouvelles nouvelles.