Les monnaies locales ... pourquoi faire ?

Pour faire suite à la demande du sujet Vegan, je reprends donc une partie de ma réponse sur les monnaies locales en ouvrant un nouveau sujet



Le film Demain l’aborde clairement mais peut-être aussi succinctement… en Novembre j’avais assisté à une rencontre des monnaies libres… on rentre dans la théorie relative de la monnaie et je ne me lancerais pas dedans   si ça vous dit c’est par ici: Vidéos - uCoin.fr

Notre récente monnaie, le BEL, reste adossée à l’euro. Certains diront que du coup ça sert à rien… reste que si ça sert quand même à relocaliser l’économie puisque elle circule sur des bassins de vie et qu’elle nous préserve de la spéculation.

La notre

est virtuelle, ce qui est plutôt nouveau. Celui qui a oeuvré pour la faire naître s’en explique très bien sur ce reportage:

L'agglomération de Valence dispose d'une monnaie locale et virtuelle : le BEL





Franchement je ne vois pas l’interêt.

Surtout qu’en plus dans le cas du BEL, de la fausse monnaie est créée par le biais des fameux points de fidelité …

Je ne comprends pas en quoi cela favorise le commerce locale.

[Edit] j’ai pas regardé la vidéo encore ^^ cela m’éclairera peut etre

C’est pour echapper au fisc.

A

L’argent circule plus vite et ça favorise les circuits courts : les commerçants s’engagent à se fournir auprès de producteurs locaux qu’ils paient en monnaie locale. On peut aussi être en direct entre le producteur et le consommateur.

Et puis l’argent échangé peut par exemple alimenter un fond de garantie qui peut servir à financer des projets locaux.

Historiquement, ces monnaies fleurissent dans un contexte de crise. L’idée c’est quand même bien de contourner un système spéculatif et de tenter de se préserver d’une récession.

L’exemple du Wir en Suisse est intéressant.

Et puis bon pour une fois, le truc vient pas d’en haut. Je m’éclate plus à sortir ma carte chez les commerçants du coin qu’à me pavaner avec une Gold.

Je ne peux qu’appuyer Mitsouko

L’exemple du Wir est assez édifiant.
Qui aurait pu penser que les Suisses aient une monnaie locale ?
Et depuis si longtemps en plus.

Pour les sceptiques, allez voir le film Demain (rapidement ca risque de ne plus être en salle), le sujet y est très bien abordé (en autres)

Là en l’état je ne vois pas trop l’intérêt non plus. Si les acteurs s’engagent à consommer localement, ça pourrait se faire sans monnaie spéciale, non ? 

J’ai déjà vu des monnaies artificielles qui disposent de mécanismes un peu différents des monnaies traditionnelles, par exemple la décentralisation complète pour le BitCoin (ou les matières premières comme l’or…) pour être indépendant de tout pouvoir centralisé, ou une inflation très forte et programmée comme à Wörgl dans les années 1930 pour pousser à la consommation… Sans ce genre de mécanismes je ne comprends pas bien le but de l’opération.

scand1sk dit :Là en l'état je ne vois pas trop l'intérêt non plus. Si les acteurs s'engagent à consommer localement, ça pourrait se faire sans monnaie spéciale, non ?

J'ai déjà vu des monnaies artificielles qui disposent de mécanismes un peu différents des monnaies traditionnelles, par exemple la décentralisation complète pour le BitCoin (ou les matières premières comme l'or…) pour être indépendant de tout pouvoir centralisé, ou une inflation très forte et programmée comme à Wörgl dans les années 1930 pour pousser à la consommation… Sans ce genre de mécanismes je ne comprends pas bien le but de l'opération.

La monnaie spéciale permet de concrétiser l'engagement. Ca n'est plus seulement des paroles verbales.
Ta monnaie locale crée un cercle fermé. L'idée centrale c'est que la valeur créée dans l'échange reste le plus possible dans la zone de ta monnaie virtuelle et en renforce l'économie ou même permette éventuellement de développer des mécanismes de solidarité locale. Ca redonne de la valeur d'usage à l'échange alors qu'au niveau global c'est la valeur d'échange qui se substitue à la valeur d'usage. De facto, ça doit être l'étape juste au dessus du troc : c'est local mais ce n'est plus des objets qui sont échangés.

OK je vois, une sorte d’outil contractuel…

Par ailleurs, une question bête : qu’est-ce que l’organisme gestionnaire fait des euros qu’il récupère en échange de leur monnaie ?

Rien à voir, mais au sujet de monnaie, ce WE, en Bretagne où les vide-greniers sont payants, les droits d’accès à l’un d’entre eux étaient à verser en fruits et légumes. J’ai trouvé l’idée sympa.

scand1sk dit :OK je vois, une sorte d'outil contractuel…

Par ailleurs, une question bête : qu'est-ce que l'organisme gestionnaire fait des euros qu'il récupère en échange de leur monnaie ?

Bonne question, je ne sais pas.
Dans l'absolu il devrait les garder pour gager la monnaie locale, comme l'étalon-or autrefois. Comme cela tout le monde peut changer toute sa monnaie contre des euros à tout moment, c'est la meilleure garantie que ta monnaie alternative vaut quelque chose
Après, on sait qu'une fois le contrat de confiance passé et solide (une monnaie c'est d'abord de la confiance), ta monnaie vaut plus que son simple gage matériel, donc il n'arrive pas (ou peu, ou alors c'est la m***) que tout le monde récupère tous ses étalons en même temps. C'est ce qui permet de diminuer/libérer les fonds propres (voire les en détacher définitivement comme aujourd'hui, ce qui fait qu'en réalité la plus grande partie de l'argent dans le monde... n'existe pas).
Que faire avec le reste... J'imagine que ça dépend un peu de l'esprit dans lequel a été créé la monnaie. Dans beaucoup d'endroits je les vois pas aller spéculer à Wall street pour augmenter le pécule, mais tu peux tout imaginer. A noter que peut-être certains pays imposent des restrictions légales sur la création de monnaies alternatives (et notamment une obligation absolue de réserve 1 pour 1).

Si quelqu'un a des réponses plus abouties, suis assez curieux aussi.

Pour notre Bel monnaie, les euros convertis sont conservés sur un compte du crédit coopératif. Ils constituent un fond de réserve qui garantit en effet la monnaie.
Les prestataires peuvent reconvertir leur monnaie en euros…
Mais l’idée est de pouvoir utiliser une partie de ce fond de réserve pour financer des projets locaux (dans le respect de la charte de valeur).

J’arrive un peu comme un cheveu sur la soupe mais j’avoue que quand j’entends parler de monnaie locale, je vois l’argent perdu quand l’organisme gestionnaire aura fait faillite sachant que ses créanciers taperont sans doute sans scrupule dans le fond de garantie, j’entends blanchiment de l’argent de la drogue, j’entends fausse monnaie à foison (je vois mal comment ça peut vérifier efficacement), etc …

Vu que perso je n’ai pas besoin de ça pour essayer de consommer local (ou au moins français), je n’y vois que des inconvénients, ou au moins des risques.

Cowboy Georges dit :je vois l'argent perdu quand l'organisme gestionnaire aura fait faillite sachant que ses créanciers taperont sans doute sans scrupule dans le fond de garantie, j'entends blanchiment de l'argent de la drogue, j'entends fausse monnaie à foison (je vois mal comment ça peut vérifier efficacement), etc ...

euh, en fait tu parles du dollar ou de l'euro, là... yes
 

La monnaie locale dont il est question étant adossée à l’euro, ça ne fait pas grande différence :wink:

Et j’attends avec impatience le jour où l’une de ces 2 monnaies disparaitrait, d’autres ont bien plus à perdre que nous autres, pauvres clodos. Et ceux-là ont le pouvoir de faire en sorte que ça n’arrive pas.

Entre les 5% de bonus à l’entrée et le financement des cartes et appareils de lecture, la maintenance des serveurs qui tiennent les comptes, sans parler des personnels qui s’occupent de ça (bénévoles ?), le rapport 1-1 est perdu d’office. Les marchands paient une redevance pour ça ? Avec quelle monnaie ? À terme ça pourrait être comblé avec des investissements bien menés (en local bien sûr), des micro-crédits avec des intérêts… mais il y a un danger au démarrage… Peut-être qu’imposer un malus en cas de remboursement (éventuellement dégressif avec le temps) éviterait une catastrophe en cas de perte de confiance… En tous cas, finalement l’association devient rien moins qu’une banque… Ça fait beaucoup de points de suspension mais c’est parce que je réfléchis tout haut :slight_smile:

Ah, et puis, comment est-ce que les marchands utilisant cette monnaie se débrouillent avec la TVA ?

Tiens en passant, même si je sais que c’est caricatural, ça me fait un peu penser à la BD Achille Talon « l’Archipel de Sanzunron ».

Salut,

Je m’investi pas mal dans la création d’une monnaie locale sur Nancy en ce moment, du coup quelques éléments de réponse à Scand1sk.

Pour le financement du système, il faut effectivement dans un premier temps de l’argent “extérieur”: subventions, fondations, crowdfunding… et souvent un mix des trois. En plus de cela, les personnes qui utilisent la monnaie locale sont adhérentes de l’asso et par conséquent payent une cotisation annuelle (souvent assez peu élevée, mais si la dynamique prend bien ça peut vite devenir une somme intéressante). De plus, il y a souvent un “malus” à la sortie (on rend 100 unités de monnaie locale, on ne récupère que 95 euros).

Pas de risque de ne pas pouvoir rembourser si la monnaie se casse la gueule, la loi impose que le fond de réserve soit d’un montant équivalent à l’argent en circulation, et ce dernier doit être réservé exclusivement à ça (même si dans la pratique on peut le mettre à la NEF qui elle même va financer des projets locaux avec).

Pour la TVA et la compta, pas de problème, le commerçants tient toute sa compta en euros (la parité est obligatoire).

A part ça, en ce qui me concerne, je pense que l’intérêt d’une monnaie locale est de renforcer les liens entre structures, et ainsi faire “système” plus facilement. Bien sûr que je peux faire des choix de consommation éthiques et à taille humaine sans la monnaie locale. Mais en l’utilisant je favorise également cette logique chez les gens qui la reçoivent.

Par ex, si un resto entre dans le réseau, et s’engage à avoir un minimum de produits locaux et/ou bio à sa carte, plus il sera payé en monnaie locale, plus il sera poussé à trouver dans le coin des maraichers, brasseurs, producteurs de jus… qui acceptent la monnaie locale pour écouler ce qu’il a encaissé.  Si je vais dans ce même resto parce que je suis séduit par sa démarche mais que je paye en euros, je contribue moins à cette dynamique.