«Môquet, c’est le pote de Sarkozy !»Témoignages de profs

Philippe dit:...


Avec quelles classes as-tu fait cela ?
Dans quel cadre leur as-tu présenté cela ?

Don Lopertuis
Jopajulu dit:Je précise enfin que je suis enseignant, pas commémorateur.


Je plussoie l'ami ! Je plussoie.
Et je rajouterai qu'Histoire et mémoire sont deux choses trop différentes pour les mélanger impunément.

Don Lopertuis

G. Môquet, 17 ans, résistant communiste, réintègre l’histoire


Travail. Famille. Patrie. Guy Môquet n’aurait sans doute pas aimé qu’on lise sa lettre à la lumière de cette trilogie qui, en 1941, était plus à rapprocher de la France de Vichy que de celle de la Résistance. Et pourtant le danger est bien réel si elle est lue sans qu’aucun commentaire ne lui soit apporté.

« Il faut comprendre que c’est une lettre intime, sans référence au contexte ni à l’engagement politique de son auteur. A l’époque, il n’en avait pas besoin, ses parents savaient qui il était, et pourquoi il mourait. Et sans doute n’imaginait-il pas qu’on la ressortirait, cinquante ans plus tard. », explique Stéphane Paquelin, professeur d’histoire, dont la crainte première pour lundi est de faire dire tout et n’importe quoi à l’histoire.

Alors pour palier cet écueil, il a décidé de raconter à ses élèves la résistance communiste, en France, « à laquelle Guy Môquet a participé. Au moins à ses balbutiements. »

Petit cours d’histoire.

1939. Le Parti communiste français est interdit après la conclusion du pacte germano-soviétique. « Les élus sont déchus de leur fonction, raconte Stéphane Paquelin. Certains quittent le Parti, d’autres sont internés, comme le père de Guy Môquet. »

1940. Malgré les errements de la politique soviétique et de la direction du Parti, de premiers embryons de résistance communiste voient le jour. « Sous forme d’actes isolés », précise le professeur. Et de citer la distribution de tracts ou le collage de « papillons » sur les murs de la ville. « En zone occupée, les tracts appelaient à ne pas accepter l’occupant. En zone non-occupée, à refuser le régime de Vichy. » Guy Môquet, intégré dans les jeunesses communistes était de ceux-là. Arrêté à 16 ans, le 15 octobre 1940, au métro Gare de l’est (Paris) pour faits de propagande communiste, il est emprisonné à Fresnes, à Clairvaux, puis au camp de Châteaubriant.

1941. « Avec la déclaration de guerre des Allemands contre l’URSS, le PC, décomplexé, trouve réellement sa place dans la Résistance. » Résultat, une vague d’attentats perpétrés par les communistes s’abat en France sur les Allemands. Ce qui déclenche un processus de représailles consistant en l’exécution d’otages juifs ou communistes. Comme le 22 octobre, 22 internés du camp de Chateaubriant, parmi lesquels le jeune Guy Môquet.

1942. Les Francs Tireurs Partisans (FTP) sont mis sur pied comme un mouvement de résistance armée structurellement indépendant du Parti. « Cette date est très importante car malgré les difficultés, elle signifie que le PC est le premier parti politique à mener une action collective. »
Jusqu’en 1944, la résistance monte en puissance, avec une réelle diversification des activités, « tracts, maquis, filières d’évasion. »
Les dernières années de guerre, le PC s’autoproclame le parti des fusillés. « Sans doute était-ce un peu exagéré, mais cette idée a contribué à sa montée en force politique à la Libération. »
T.V.

( sources: Le journal de Saone et Loire)

Don Lopertuis dit:
Philippe dit:...

Avec quelles classes as-tu fait cela ?
Dans quel cadre leur as-tu présenté cela ?
Don Lopertuis


Une classe de seconde, une de première L.
Je n'ai pas eu besoin de créer un cadre : tous s'attendaient à ce que je le fasse. Ils savaient qu'il y avait une lettre que l'on devait leur lire, et que cela portait sur la Résistance. Dès qu'ils m'ont vu sortir un paquet de feuilles et qu'ils m'ont entendu dire qu'il y avait quelque chose de "spécial" aujourd'hui, je les ai entendu en parler entre eux.
Philippe dit:Je n'ai pas eu besoin de créer un cadre : tous s'attendaient à ce que je le fasse.

Au contraire, cela justifiait ahma de lui donner un sens. Car que retiendra l'élève lambda de tout cela en définitive ? Qu'il y a eu une polémique autour de cette lecture ? Qu'on en a débattu ? Et après ?
Ils savaient qu'il y avait une lettre que l'on devait leur lire, et que cela portait sur la Résistance.


Que l'on devait leur lire ? Non, je ne suis pas d'accord : tu restes maître de tes choix pédagogiques... :wink: Si cette lecture s'inscrit dans un travail que tu entreprends, ok, pourquoi pas. Mais si elle vient comme un cheveu sur la soupe, je doute de son intérêt....

Don Lopertuis

Oh, je n’avais pas lu ta réponse, sorry…

Alors, tout d’abord : le programme d’histoire que j’enseigne est quelque chose qui m’est imposé ; il correspond à des objectifs politiques. Cette lecture ne déroge donc pas à la règle.

Si tu penses que tu n’es pas là pour commémorer, il y a beaucoup de choses que tu ne vas pas faire, je pense.

J’insiste : le cadre était créé par l’événement. Ne pas lire la lettre aurait aussi bien dû être justifié. J’ai évidemment justifié le fait que je la lisais, et j’imagine qu’un professeur qui n’a pas lu la lettre alors que cela faisait du bruit dans les médias a dû s’expliquer devant les élèves, et que les plus dégourdis ont dû le prendre à parti.

Il ne s’agit pas pour moi de choix pédagogique ou de progression dans les programmes : on est clairement ici dans du hors programme, un peu comme quand on doit intervenir sur le thème de la violence suite à un incident dans l’établissement, par exemple.

Philippe dit:j'imagine qu'un professeur qui n'a pas lu la lettre alors que cela faisait du bruit dans les médias a dû s'expliquer devant les élèves, et que les plus dégourdis ont dû le prendre à parti.


J'imagine tout aussi bien l'inverse...
Jopajulu dit:
Philippe dit:j'imagine qu'un professeur qui n'a pas lu la lettre alors que cela faisait du bruit dans les médias a dû s'expliquer devant les élèves, et que les plus dégourdis ont dû le prendre à parti.

J'imagine tout aussi bien l'inverse...


Exactement ! Nous étions placé dans une situation impossible, puisque l'on nous demandait en fait de prendre partie dans une controverse, alors que cela est contraire à l'idée de l'école républicaine et de ses "cieux paisibles" comme dirait Jules Ferry.

EDIT : c'est "régions sereines", en fait, je crois.

Je n’ai rien à ajouter à ton dernier post :wink:

Jopajulu dit:Je n'ai rien à ajouter à ton dernier post :wink:


Waw ! C'est rare d'entendre un prof dire cela, puisque nous sommes payés à parler, n'est-ce pas !? :lol:
Philippe dit:Alors, tout d'abord : le programme d'histoire que j'enseigne est quelque chose qui m'est imposé ; il correspond à des objectifs politiques. Cette lecture ne déroge donc pas à la règle.

A ceci près que le programe a une cohérence et est (en théorie) le fruit d'une réflexion (et évidemment de négociations...). Ce n'est pas le cas ici.
Si tu penses que tu n'es pas là pour commémorer, il y a beaucoup de choses que tu ne vas pas faire, je pense.

Si tu penses que tu es là que pour commémorer, tu n'as pas choisi le bon métier à mon avis. :wink:
on est clairement ici dans du hors programme, un peu comme quand on doit intervenir sur le thème de la violence suite à un incident dans l'établissement, par exemple.


Exemple discutable à mon sens, vu que tu places sur un même niveau deux choses très différentes sur le fond.

Don Lopertuis