Avant de commencer ma thèse en anthropologie sur les mondes du jeu de société moderne, je dois d’abord finir ma thèse de musicologie que je soutiens normalement en mars prochain. Le titre est “Concept de groove dans la musique de la Motown et de la Stax : compréhension et perception du flux métrique.”
Dans ce sens, je m’intéresse aussi à la connotation du terme de groove. Donc ma question est simple :
Le terme de groove ça vous évoque quoi ?
(merci de préciser avec votre réponse votre rapport à la musique. Si vous pratiquez un instrument, si vous avez une formation musicale, etc…)
Merci d’avance à tous les trictraciens et les trictraciennes qui prendront le temps de me répondre.
Oulala, c’est bien difficile de répondre à cette question sans se sentir un peu con, face à la somme de connaissances que tu dois avoir réunie dans cette thèse. Je vais essayer de te donner ma version du groove.
Je n’ai pas à proprement parler de formation musicale, mais j’ai joué dans deux groupes de rock/pop-rock pendant quelques années et ai toujours plus ou moins pratiqué un instrument ou l’autre, préférentiellement la basse.
Pour moi, le groove est lié au pattern basse/batterie. C’est ce qui donne la pulsation d’un morceau, qui te donne envie de bouger en l’écoutant, de taper des mains sur les cuisses pour l’accompagner. Un truc vachement biologique et incontrôlable. Un truc pas mal lié aux sens, et du coup, qui va bien avec le sexe.
Les musiques que j’écoute qui ont le plus de groove, ce sont les morceaux de funk et de soul, mais le rock aussi peut avoir du groove. Par exemple, dans certains morceaux de Radiohead, je le ressens.
Haaaaaa la musique… La musique est partout, le groove peut être partout! Pour moi, un TER ça peut “Groover”!
Comme dit Zakouski, le groove pour moi aussi, c’est ce qui va te donner envie de bouger dans un morceau, ce qui va te faire hocher de la tête sans même que tu t’en rendes compte!
Mais pour moi il est difficilement dissociable des grandes voix Soul ou Funk… Celles là mêmes qui ont fait la réputation des entreprises comme la Motown (que je connaissais) et visiblement la Stax (que je connaissais pas, mais merci!).
En termes technique je pourrais pas dire ce que c’est, vu que j’y connais rien… J’ai fais que 2 ans de solfège quand j’étais gamin… La musique je l’écoute, je l’apprécie c’est tout.
Bon courage pour ta thèse!
- Rhhaaaa ! Il m’a pourri mon groove !
- Pardon, mais vous avez pourri le groove de l’empereur
- Désolé…
… Ben quoi, j’ai répondu, non ?
Je ne saurais pas décrire de façon précise… Même avec un bon niveau de solfège.
Pour moi, le groove, c’est Superstition de Stevie Wonder.
Je rejoins Zakouski sur l’importance du rythme. Et je ne conçois pas le groove sans cuivres. Car c’est ce qui donne au groove sa chaleur, sa couleur, comme la peau qui habillerait le squelette du tempo.
Merci à tous pour vos premières réponses.
Pour détendre les suivants, je ne vous demande pas une définition du groove (ça c’est mon boulot )
Voilà juste ce que le mot vous évoque, vous pouvez fournir une liste de mots du type :
Stevie Wonder, sensualité, basse etc…
Dncan dit:- Rhhaaaa ! Il m'a pourri mon groove !
- Pardon, mais vous avez pourri le groove de l'empereur
- Désolé...
Je vois qu'on a les même références
Pour répondre à la question, groove j'associe ça au rythme et aux basse avec une connotation de transe même, un côté musique qui ne s'arrête jamais . D'ailleurs ça rejoint limite cet extrait de Kuzco avec un empereur complètement dans sa bulle avec sa musique
james brown
si ma mémoire est bonne c’est donner de l’impulsion en jouant sur l’attaque (premier temps) d’un rythme tout ça tout ça…
toutefois, pour moi art blakey groove à mort et sa main droite préfère s’amuser sur les deuxièmes et troisièmes temps… du coup ça va devenir le boxon…
du coup je dirai que (pour moi toujours hein) c’est le fait que les musiciens sont suffisamment à l’aise avec un morceau, une compo ou une impro et entre eux pour commencer à tourner autour du rythme, à l’enrichir, parfois à devancer un temps, à lui rajouter des subtilités
après on déplorera (enfin “on” = “moi” ^^) la perte du sens, parce que si dans le jazz il y a groove (ou swing enfin un machin truc qui fait qu’on peut poser une walking bass tout en s’amusant sur des influences afro ou cubaines ou même, soyons fous, afro cubaines)… on retrouve surtout ça dans le funk (le jazz funk, un peu dans la disco) et la soul…
du fait de la volonté de faire de la musique populaire (au sens qui fait danser et donne envie de remuer même si on ne danse pas) de qualité…
ce qui suppose (encore une fois) une maîtrise de folie mais également la possibilité d’oublier la technique pour se laisser aller et revenir aux fondamentaux… du coup, je peux dire qu’art blakey groove, que brown groove, que funkadelic groove, que chic groove, que booker T and the mg’s groove (sérieux derrière otis c’est monstrueux la section rythmique de ce groupe, jamais entendu mieux c’est du niveau stratosphérique)… mais après on pourrait extrapoler sur le quintet de miles en 65’ est ce que la télépathie (si si, je ne vois pas d’autres explications que celle ci pour parvenir à ce niveau) du groupe et notamment de la rythmique fait partie du groove… perso je dirais non, car le groove doit rester à un certain niveau d’accessibilité…
si cela devient trop complexe il disparait (parfois ça ne veut pas dire que c’est mal ou moins bien), idem si cela devient uniquement un principe mécanisé et simplifié pour “faire un effet” alors il disparait aussi.
en fait, il me semble que le groove suppose une forme de nonchalance chaloupée et féline qui s’incarne dans la musique vivante jouant sur la surprise, la joie, le partage, la communion, la sexualité (et le savoir faire).
en ce sens pour moi il ne serait être associé à toute production type “r’n’b” contemporaine, du fait justement de l’aspect systématisant que les producteurs cherchent à lui donner.
… donc : james brown ^^ (disais je)
Dans le plus récent, je trouve qu’un type comme M a un groove incroyable.
je suis d’accord sur le côté irrépréssible, incontrôlable, animal de ce ressenti.
Par ailleurs il y a dans ma perception du groove, l’idée d’une rondeur, d’une douceur, d’une chaleur. On est vraiment dans l’activation des sens…
Pfiou ! par quel bout prendre cette question ?
Le mieux vu ta question c’est de pas réfléchir.
Alors quand je pense groove je pense d’abord à la section rythmique, surtout la basse. En fait je pense surtout contrebasse mais ça c’est parce que j’écoute surtout de la musique acoustique. Donc une bonne grosse ligne de contrebasse avec un son bien rond. Epais ?
Par exemple Niels Orsted Henning Pedersen pour moi à un son groovy.
Mais bon, la contrebasse en général ça peut groover pour moi, sauf quand c’est joué à l’archet.
D’ailleurs quand je pense à un son qui groove je pense rarement aux musiques funky ou disco. Les adjectifs qui me viennent sont plutôt bluesy ou churchy. Que des adjectifs en anglais, parce qu’on les trouve comme ça dans les liner notes.
Mais en fait ça n’a rien à voir. Effectivement je pense d’abord à un genre de son, de mélodies, de riffs. Mais si je réfléchis un peu c’est autre chose qui me vient. Le groove c’est plutôt le tempo. “A loose tempo”, un tempo relaché (encore un adjectif à ajouter à ta palette). Un tempo plutôt lent. Pas aussi lent qu’une ballade, pas trop rapide. Un tempo proche de la pulsation cardiaque, c’est là que réside le secret du groove. Allez 110-120 ! Mais ça suffit pas hein… me faites pas dire que la Marseillaise groove.
Dans un second temps je pense vocabulaire et je me dis que ce terme est connoté années 60/70. Avant on disait qu’une musique était “hip”, et encore avant qu’elle swingait. Mais tout ça c’étaient d’autres musiques.
Tempo relaché, lent, ligne de basse rebondie avec un son bien rond, lourd.
Direct comme ça, ça m’évoque aussi une ambiance, une moiteur. Peut-être le groove des bayous, un son un peu sale, marécageux (là je suis en pleine écriture automatique, faut m’arrêter sauf si c’est ce que tu voulais…)
Un saxophone peut aussi groover. Gene Ammons peut groover. Par exemple, je pense à son morceau “Moito mato grosso” qui évoque un peu l’ambiance à laquelle j’ai pensé juste ci-dessus.
http://www.youtube.com/watch?v=icnnNy5NWFE
Là y’a tout, le tempo est parfaitement groovy, l’ambiance est bien moite de marécageuse, le son est chaud, rond et lourd et c’est un blues.
Mais en fait non, l’illustration parfaite du groove ce serait plutôt le “Memphis Soul Stew” de King Curtis.
Voilà, une bonne écoute valant mieux qu’on long baratin (trop tard…) :
http://www.youtube.com/watch?v=ukOs3am7CtE&feature=related
D’ailleurs en prime, on prend un cours de groove en écoutant ce qu’il demande à ses musiciens, au début, quand il introduit chaque nouvel instrument un par un. Et il y a d’autres adjectifs. ;o)
Ah oui, mon rapport à la musique, j’ai oublié.
Je joue de la trompette, dans un groupe de jazz.
Je n’ai strictement aucune formation musicale si ce n’est celle apprise sur le tas.
J’écoute beaucoup de musique, tous les jours. Pas forcément très diversifié. Beaucoup de jazz, mais même pas tous les jazz, loin de là.
Et pas que du jazz mais essentiellement du jazz quand même parce que quand c’est pas du jazz c’est de la musique qui y ressemble : rhythm’ & blues (je parle pas du RnB moderne hein mais plutôt de trucs comme Al Green ou Otis Redding), ska, blues. Mais si peu en fait.
Bon allez j’écoute que du jazz, cherchez pas.
Comme les autres, le truc qui va t’animer sans fin en écoutant un morceau de musique. C’est le rythme avec un truc en plus, comme une ondulation. La techno n’a pas de groove, sans manquer de rythme; la salsa non plus à mon sens (et j’en bouffe tous les jours dans ma république bananière) mais par contre j’en donnerai au son cubain - va comprendre, Carlos; l’electro peut en avoir (j’ai quelques morceaux de Kid Loco en tête), le rock de temps à autres. Mais je crois que la quintessence absolue du groove, c’est le funk (et après le jazz) - et d’ailleurs si tu bosses sur la Motown… Quoique là je suis en train d’écouter BB King et il a quelques blues, voire des gospels, assez groovants. De là à dire que c’est un truc de musique de Noirs (no offense meant, merci) et qu’il y a quelque chose de religieux dedans, donc de sexuel, ça rejoindrait les évocations de transe déjà mentionnées.
Ca me rappelle les paroles de Deee Lite sur Groove is in the heart :
The chills that you / Spill up my back / Keep me filled with / Satisfaction when we’re done / Satisfaction of what’s to come
Niveau musical : absolute noob. Jamais trouvé par où on soufflait dans une guitare.
Zakouski dit:Pour moi, le groove est lié au pattern basse/batterie. C'est ce qui donne la pulsation d'un morceau, qui te donne envie de bouger en l'écoutant, de taper des mains sur les cuisses pour l'accompagner. Un truc vachement biologique et incontrôlable. Un truc pas mal lié aux sens, et du coup, qui va bien avec le sexe.
Ca c'est parce que le tempo est proche de la pulsation cardiaque. J'y tiens à cette idée. Ca colle.
Kryshna dit:james brown
si ma mémoire est bonne c'est donner de l'impulsion en jouant sur l'attaque (premier temps) d'un rythme tout ça tout ça...
toutefois, pour moi art blakey groove à mort et sa main droite préfère s'amuser sur les deuxièmes et troisièmes temps... du coup ça va devenir le boxon...
du coup je dirai que (pour moi toujours hein) c'est le fait que les musiciens sont suffisamment à l'aise avec un morceau, une compo ou une impro et entre eux pour commencer à tourner autour du rythme, à l'enrichir, parfois à devancer un temps, à lui rajouter des subtilités
après on déplorera (enfin "on" = "moi" ^^) la perte du sens, parce que si dans le jazz il y a groove (ou swing enfin un machin truc qui fait qu'on peut poser une walking bass tout en s'amusant sur des influences afro ou cubaines ou même, soyons fous, afro cubaines)... on retrouve surtout ça dans le funk (le jazz funk, un peu dans la disco) et la soul...
du fait de la volonté de faire de la musique populaire (au sens qui fait danser et donne envie de remuer même si on ne danse pas) de qualité...
ce qui suppose (encore une fois) une maîtrise de folie mais également la possibilité d'oublier la technique pour se laisser aller et revenir aux fondamentaux... du coup, je peux dire qu'art blakey groove, que brown groove, que funkadelic groove, que chic groove, que booker T and the mg's groove (sérieux derrière otis c'est monstrueux la section rythmique de ce groupe, jamais entendu mieux c'est du niveau stratosphérique)... mais après on pourrait extrapoler sur le quintet de miles en 65' est ce que la télépathie (si si, je ne vois pas d'autres explications que celle ci pour parvenir à ce niveau) du groupe et notamment de la rythmique fait partie du groove... perso je dirais non, car le groove doit rester à un certain niveau d'accessibilité...
si cela devient trop complexe il disparait (parfois ça ne veut pas dire que c'est mal ou moins bien), idem si cela devient uniquement un principe mécanisé et simplifié pour "faire un effet" alors il disparait aussi.
en fait, il me semble que le groove suppose une forme de nonchalance chaloupée et féline qui s'incarne dans la musique vivante jouant sur la surprise, la joie, le partage, la communion, la sexualité (et le savoir faire).
en ce sens pour moi il ne serait être associé à toute production type "r'n'b" contemporaine, du fait justement de l'aspect systématisant que les producteurs cherchent à lui donner.
... donc : james brown ^^ (disais je)
Intéressant, merci.
Art Blakey, oui !
Et Bobby Timmons alors puisqu'on parle des jazz messengers. Ce type avec ce que son jeu contient de blues et de musique d'église, il groove non ? Pas sûr que je confonde pas avec la soul pour le coup.
Mais oui, Booker T & the MG's, voilà un truc auquel j'aurais pu penser. Typiquement groove, je suis d'accord.
El comandante dit:C'est le rythme avec un truc en plus, comme une ondulation. La techno n'a pas de groove, sans manquer de rythme; la salsa non plus à mon sens (et j'en bouffe tous les jours dans ma république bananière) mais par contre j'en donnerai au son cubain - va comprendre, Carlos
Là encore le truc en plus que tu cherches c'est une question de tempo. Ma main à couper.
D'ailleurs je rejoins ton avis et moi aussi je trouve comme un groove dans le "son" cubain. Mais c'est bien plus lent que la salsa. CQFD.
Je ne suis pas du tout un spécialiste : 2 ans de solfège et de cours piano étant enfant, un tout petit peu de basse en autodidacte et j’écoute surtout du rock où la notion de groove ne me semble pas pertinente.
Pour moi, le groove, c’est associé à une sensation organique dans la musique noire “historique” : soul, jazz, funk…
Ce lien organique avec la musique tient au rythme (battement cardiaque, mouvement sensuels/sexuels), à la présence de basses (qui pénètrent le corps plus que les sons aigus), et à une part d’improvisation qui la rend vivante.
https://www.researchgate.net/publication/Groove https://essays.agency/thesis-writing-service.html
Je suis musicologue (j’ai reçu ma maîtrise à l’Eastman School of Music). Pour moi, le groove est une interprétation sensuelle du temps, mais ce n’est pas directement lié au rythme.
Une référence intéressante:
La perception du groove dans la musique funk et ses dérivés: revue et analyses
Oxford handbook of critical concepts in music theory
Edit : beau déterrage en effet
J’espere que depuis 2012 il a fini sa thèse l’ami Larsen.
Comment faites-vous pour nous dépoussiérer des sujets comme cela ? Vous allez jusqu’aux pages 50+ de la liste des sujets dans les sous-forums au fin fond de la Tric Tracosphère pour trouver un truc intéressant ?