[Nagashino 1575 - Shizugatake 1583]
Bonsoir à tou(te)s.
J’ai reçu aujourd’hui même le Volume I de la série “age of the warring states” sobrement intitulé Nagashino 1575 - Shizugatake 1583, tout premier jeu édité par la nouvelle maison d’édition française de wargames ; Serious Historical Games. Oui, oui, ne vous y trompez pas, on parle bien de petits frenchies derrière ce nouveau label, enfin en l’occurrence d’un frenchy ; Philippe Hardy. Le monsieur ne vous sera pas inconnu si vous êtes des lecteurs de Vae Victis ; il est en effet l’auteur d’un certain nombre de jeux en encart comme “La Guerre du Bien Public” (n° 123) ou “La Guerre d’Indépendance de Bretagne” (n° 160), que j’avais eu le plaisir de playstester et que j’avais beaucoup apprécié. Il est également au crédit de Par le Feu, le Fer et la Foi et The fate of Reiters superbement présentés ici-même par JudaNanas.
Vous l’avez compris, nous n’avons pas à faire à un débutant ! Mais ici, point d’éditeur derrière lui puisqu’il s’est lancé lui-même dans l’auto-édition. Une production (presque) 100% française (j’y reviendrai), et donc d’ors et déjà un grand bravo à lui ! Mais voyons ce que son dernier né a dans le ventre (et si possible sans l’ouvrir à coup de katana !).
La musique d’ambiance indispensable…
Vous l’aurez probablement compris grâce à votre grande perspicacité ; nous partons pour le Japon, et plus précisément le Japon à l’époque du Sengoku Jidai, en français dans le texte “l’époque des provinces en guerre”. Cette période, qui dura environ 150 ans (de la fin du XVème siècle au début du XVIIème), vit s’affronter militairement les dirigeants des clans les plus puissants de l’île pour tenter de devenir Shogun, titre militaire dont la puissance et l’influence surpassait dans les faits celle de l’Empereur lui-même. Ces presque deux siècles de guerres incessantes et d’intrigues politiques marquèrent le tournant entre le Japon médiéval et le premier Japon “moderne”, et conduisit notamment à son unification.
Ce premier opus (d’autres à venir si tout se passe bien) nous propose de rejouer deux batailles de la période, les deux ayant pour thème commun le siège d’un château situé sur la frontière entre deux clans et son “secours” par une armée de relève.
Ainsi, Nagashino (28 juin 1575) voit les armées des clans Oda et Tokugawa se porter au devant des forces du clan Takeda qui assiègent la garnison commandée par Sadamasa Okudaira, un vassal d’Ieyasu Tokugawa. Cette bataille voit l’excellente cavalerie du clan Takeda se faire mettre en pièce dans une série de charges sanglantes par un “mur de feu” érigé par Nobunaga Oda, lequel a disposé ces quelques 3.000 arquebusiers derrière des panneaux en bois. Cette défaite marquera le début de l’inexorable déclin du clan Takeda au profit du clan Oda. Je vous mets le lien de la vidéo de Sur le Champ consacrée à la tactique de Nobunaga.
La bataille de Shizugatake (11 juin 1583) se distingue quant-à-elle par la marche forcée imposée par Toyotomi Hideyoshi à ses hommes qui permit à son armée de parcourir en un jour et demi une distance normalement couverte en quatre jours, et d’ainsi surprendre les forces de Sakuma Morimasa qui assiégeait les fortifications de Shizugatake. Cette victoire donnera naissance à la légende martiale des “Shizugatake no shichi-hon yari”, ou, en français dans le texte, les “sept lances de Shizugatake”, à savoir les gardes du corps de Toyotomi qui se distinguèrent au cours de cette campagne.
Le contexte étant posé, regardons comment cela se passe sur le terrain ; enfin, ouvrons la boîte car je n’ai que feuilleté les règles pour le moment (mais comptez sur moi pour un décorticage à l’avenir).
Premier constat, la couverture, juste magnifique ! Oeuvre de Giuseppe Rava (le seul “non français” dans les crédits mais vu son trait, on lui pardonnera aisément !) ; elle symbolise la fameuse charge des cavaliers Tokugawa contre les arquebusiers du clan Oda. Franchement, c’est superbe !
Deuxième constat, la boîte est assez petite (je dirai au format des jeux Hexasim). Si j’avais une critique à faire, le carton est un peu fin et je crains, à l’usage, qu’il supporte assez mal l’usure du temps. Les bords commencent déjà à s’écarter sur mon exemplaire tout neuf. Je suis chagriné, même si c’est un mal connu de tous les collectionneurs de boîtes et auquel je n’ai pas trouvé de remède efficace.
Troisième constat, si la couverture vous a bluffé, alors attendez de voir le matériel ! Là, on est dans le sublime ; l’alliance parfaite du thème et du graphisme !
Je commence par le moins impressionnant ; le livre de règles. Assez classique, police un peu petite, mais papier glacé agréable au toucher et couleurs. 23 pages… mais elles sont en VF et en VA ! De fait, comptez seulement 8 pages (assez denses toutefois) pour la mécanique, le reste étant consacré aux deux scénarios et aux notes du concepteur. Surtout, en page centrale, une belle illustration nous résumant le déroulé historique des deux batailles.
Je crois que l’on est pas mal à aimer le wargame pour également (re)découvrir l’histoire en jouant. Ce genre de chose, cela devrait être auto-include dans tous les jeux dignes de ce nom. J’aime comprendre les manoeuvres qui mènent à la bataille simulée. J’adore cette idée !
Nouvelle petite claque, les pions ! Que ce soit les unités ou les marqueurs, tout est fait pour mettre dans l’ambiance japonisante.
Silhouettes des unités, mon (symbole) des différents clans. Et notez le sens du détail, avec la bannière déchirée qui signifie que le pion est sur sa face réduite. Hyper immersif je trouve !
Même les marqueurs nous plongent au pays des samouraïs et du Soleil Levant.
Et la cerise sur le gâteau (le poisson sur le riz ?), la carte, dans le style estampe japonaise…
Non vraiment, la direction artistique est superbe et dès l’ouverture de la boîte, on se sent plongé dans la période. Visuellement, rien à redire !
Allez, histoire d’être impartial, j’ai bien noté une petite faute de frappe sur l’arrière de la boîte, un “l” à la place d’un “t” à Shizugatake, mais pour un premier jeu, c’est vraiment une réussite sur la forme.
A voir maintenant si le fond est à la hauteur. Réponse dans quelques jours…
